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the frenchbooklover - Page 54

  • Agatha Raisin and the quiche of death

    Agatha Raisin and the quiche of death

    de

    MC Beaton

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    "Mrs Agatha Raisin sat behind her newly cleared desk in her office in South Molton Street in Mayfair. From the outer office came the hum of voices and the clink of glasses as the staff prepared to say farewell to her"

    Agatha Raisin a décidé de prendre une retraite anticipée et de vendre son agence londonienne de relations publiques. Elle entend ainsi réaliser son rêve d'enfant et s'installer dans un petit cottage d'un village des Costwold.

    Cependant, elle est loin de s'imaginer qu'elle va avoir autant de mal à s'adapter à sa nouvelle existence. Pour fuir sa solitude, elle tente de se faire de nouvelles connaissances et participe même à un concours de quiches local.

    Comme elle ne sait pas cuisiner, elle a acheté une quiche déjà préparée chez un traiteur londonien.

    Mais, au lendemain de la compétition, le juge est retrouvé mort empoisonné, une part de la création culinaire d'Agatha, à côté de lui.

    Notre héroïne se lance alors dans une enquête afin de trouver l'identité du meurtrier et de faire oublier sa réputation de tricheuse.

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    Cela faisait quelque temps que j'avais entendu parler de la série des Agatha Raisin, notamment sur le forum Whoopsy Daisy. Aussi, quand deux de mes copinautes, Emjy et Titine, m'ont proposé d'en faire une lecture commune, j'ai aussitôt accepté leur proposition.

    Dès les premières pages, je suis tombée sous le charme de ce personnage pas banal. Agatha Raisin est une spécialiste de la communication londonienne, entièrement focalisée sur son travail. Elle n'accepte aucune résistance et se bat pour remporter les meilleurs contrats pour ses clients. Elle a donc négligé tout un pan de sa vie personnelle et ne compte aucun ami. Prendre sa retraite anticipée lui semble, par conséquent, l'occasion rêvée pour démarrer une nouvelle vie.

    Une nouvelle vie où elle apprendrait enfin à faire la cuisine, où elle verrait des gens, où elle lirait, où elle se promènerait dans la nature.

    Une nouvelle vie, en somme, assez idyllique mais qui va très vite se confronter à la réalité de l'existence dans un petit village des Costwolds.

    On s'amuse des multiples maladresses d'Agatha, de sa décoration intérieure, de ses réflexions sur les comportements des autochtones, sur ses querelles avec sa voisine à propos d'une femme de ménage, sur son dîner avec un couple renommé du village, sur sa tricherie au concours de quiche...

    On se plaît dans cet univers "so british", avec ces personnages tellement attachants.

    Et puis, le mystère fait irruption avec le décès de Mr Cumming-Browne, empoisonné par la tarte d'Agatha.

    Humour, satire et intrigue policière constituent donc les ingrédients de ce roman qu'on ne quitte qu'à regret.

    On tourne les pages rapidement, on cherche des pistes, on arpente le village et ses environs, on assiste en riant à des scènes d'anthologie telles que la vente aux enchères, la sortie dans un club de striptease avec les dames patronnesses, la virée à Bath avec un couple âgé...

    On assiste aussi à l'évolution progressive d'Agatha, à son ouverture aux autres...

    Bref, vous l'aurez compris: j'ai été conquise par ce "cosy mystery" qui n'a pas été sans me rappeler l'atmosphère, en version plus modernisée, des Miss Marple et Miss Silver.  Dommage que cet ouvrage, à déguster sans modération avec un bon thé, n'ait pas encore été traduit en français (mais pour ceux qui parlent un peu anglais, je vous garantis que le style et le vocabulaire sont tout à fait accessibles)!

    Constable Robinson, 310 pages

    Billet dans le cadre du challenge A year in England de Titine.

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  • Une femme d'imagination et autres contes de Thomas Hardy

    Une femme d'imagination et autres contes

    de

    Thomas Hardy

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    "Longtemps, j'ai rêvé d'un tel être inaccessible, comme tu le sais; elle a d'ailleurs cette introuvable, cette insaisissable été l'inspiratrice de mon dernier recueil: la femme imaginaire, elle seule, car, en dépit des propos répandus dans tel ou tel cercle, il n'existe pas de femme réelle derrière le titre. Jusqu'au bout, elle est demeurée indévoilée, inconnue, inconquise."

    Ce recueil, je l'ai choisi en raison de sa magnifique couverture. Et parce que le titre m'intriguait. Puis, je me suis laissée happer par ces quatre destins de femmes.

    Une jeune fille rencontre un hussard de la Légion germanique.

    Une autre subit la loi de son fils.

    Une troisième tombe sous l'emprise d'un violoniste.

    Une dernière se languit d'un homme jamais rencontré, un poète comme elle, qui a habité dans sa location de vacances.

    Autant de variations pour montrer qu'il n y a pas d'amour heureux.

    Chacune de ses héroïnes, à sa manière, en fait la douloureuse expérience.

    En très peu de pages, on suit leurs aspirations, leurs rêves, leurs désirs, leurs déceptions.

    La plume de Thomas Hardy se montre tour à tour sensible et pudique pour nous retranscrire toute la gamme des sentiments par lesquels Phyllis, Sophy, Caroline et Ella passent.

    Elle sait insuffler de la vie aussi, comme si les scènes survenaient devant nos yeux.

    On entend des cœurs battre et se briser.

    On assiste à une scène dans une auberge où la musique prend possession des âmes.

    On compte les heures avant une visite, comme si celle-ci allait changer le cours de notre vie.

    On est sur un quai de gare à guetter l'arrivée de l'aimée, parmi les passagers...

    Je pourrais continuer la liste de tous ces moments décisifs où les destins basculent. Tous ces moments où le monde se révèle dans sa brutalité et broie tout espoir.

    L'art de la nouvelle est un exercice difficile, je trouve, et je sors parfois déçue de mes lectures de recueils car j'ai une sensation de trop peu, de chutes inabouties.

    Ici, il n'en est rien. Chaque récit (même si j'ai eu une préférence pour le dernier éponyme) m'a semblé très fouillé, m'a plu et m'a émue.

    Bref, vous l'aurez compris: j'ai quitté à regret cet ouvrage et je pense que je ne tarderai pas à me replonger dans l'univers de Thomas Hardy.

    Le Livre de Poche, 153 pages

    Billet dans le cadre du challenge A year in England organisé par Titine

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  • Amok, une adaptation théâtrale superbe

    Amok

    de Stefan Zweig

    adapté par Alexis Moncorgé

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    "Vous savez ce que c'est que l'amok. C'est une ivresse chez les Malais, une sorte de rage humaine, une crise de monomanie meurtrière insensée."

    Sur un paquebot en partance pour l'Europe, par une nuit de 1912, un homme se confie. Il vient de passer cinq années en Malaisie en tant que médecin.

    "Tous ceux qui viennent de ce côté font le même rêve. Mais dans cette serre étouffante, là-bas, qui échappe à la vue du voyageur, la force vous manque vite ; la fièvre – on a beau avaler autant de quinine que l’on peut, on l’attrape quand même, elle vous dévore le corps ; on devient indolent et paresseux, on devient une poule mouillée, un véritable mollusque. Un Européen est, en quelque sorte, arraché à son être quand, venant des grandes villes, il arrive dans une de ces maudites stations perdues dans les marais ; tôt ou tard, chacun reçoit le coup fatal : les uns boivent, les autres fument l’opium, d’autres ne pensent qu’à donner des coups et deviennent des brutes ; de toute façon, chacun contracte sa folie"

    La folie de cet homme, c'est une femme. Une Européenne venue dans son cabinet pour lui demander de l'aide.

    Face à son dédain, il se fait impérieux.

    Face à son impétuosité, elle se refuse.

    "Moins d'une heure après l'entrée de cette femme dans ma vie, je me jetais dans le vide. Comme un Amok."

    Débute alors une course-poursuite obsessionnelle.


    Je me souviens avoir lu cette nouvelle adolescente et avoir été frappée par le déferlement des passions, par l'implacabilité de l'amok, par la construction narrative...Aussi, quand j'ai vu qu'une adaptation était jouée au Théâtre de Poche Montparnasse, j'ai pris une place avec une de mes meilleures amies.

    Je me souviens m'être assise hier au premier rang et avoir attendu avec impatience le début, non sans un certain sentiment d'appréhension. Et si la pièce n'arrivait pas être à la hauteur de cet écrivain que je classe parmi les plus grands?

    Et puis...je me souviens que tout a commencé

    Et puis...je me souviens que je me suis perdue pendant une heure quinze dans une bulle de folie, entre la Malaisie et un paquebot, suspendue aux mots d'un comédien, seul sur scène.

    J'ai été bluffée par le travail d'adaptation qui a été opéré. Comme il doit être compliqué de transposer une œuvre aussi forte et là, on ne peut que saluer la réussite.

    Alors que dans la nouvelle, le médecin s'adressait à un autre passager. Ici, c'est le public qui se fait confident. Une manière très adroite de nous mobiliser et de nous investir encore plus en tant que spectateur. Comme si on se plongeait nous-même dans l'histoire. Comme si, d'une certaine façon, elle ne pouvait se dérouler sans nous...

    Ce n'est pas le seul procédé, bien entendu, employé par Alexis Moncorgé pour transformer ce récit. Tout en restant fidèle à la plume de Zweig, il lui donne vie.

    Une prouesse stylistique certes, mais une prouesse dramatique également!

    Quelle intensité dans son jeu! Dans ce monologue, il est un et il est multiple. Multiple dans le registre qu'il propose pour retranscrire la complexité et la richesse du personnage principal. Multiple aussi dans sa façon d 'incarner tour à tour un boy, une riche Européenne...

    Il nous fait frémir, rire, craindre, espérer, verser des larmes...Il se métamorphose sous nos yeux ébahis, il hurle, il court, il pleure...

    Un tour de force donc, sublimé par la mise en scène de Caroline Darnay, la scénographie de Caroline Mexme et les lumières de Thomas Cordé.  Une mise en scène épurée au service du texte et de l'interprétation. Quelques éléments de décors, quelques effets sonores et lumineux, quelques accessoires...

    Je n'oublierai pas pendant longtemps, dans ce noir total, cette ampoule suspendue (à la manière du Corbeau de Clouzot), qui éclaire juste le visage et oscille. Comme un mouvement perpétuel entre raison et folie, vie et mort.

    Ni cette danse...Ni ce passage dans la fumerie de l'opium avec un drap qui s'humanise sous nos yeux..Ni ce bal...Ni...

    Bref, vous l'aurez compris: courez voir Amok au Théâtre de Poche, cette pièce hallucinante et hallucinée que j'ai tout bonnement adoré. Il s'agit en plus de la première création de Chayle et compagnie dont je suivrai désormais avec intérêt les prochaines propositions artistiques!

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