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the frenchbooklover - Page 53

  • L'enfant du lac de Kate Morton

    L'enfant du lac

    de

    Kate Morton

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    "Cornouailles, août 1933

    A présent, la pluie tombait à verse; le bas de sa robe était maculé de boue. Il faudrait la cacher en rentrant: personne ne devait savoir qu'elle était sortie.

    La lune était masquée par les nuages-bonne fortune qu'elle ne méritait pas; elle poursuivit sa route dans les ténèbres épaisses aussi promptement qu'elle  le pouvait. Elle était venue creuser le trou plus tôt dans la journée: mais ce n'était que maintenant, sous le couvert de la nuit, qu'elle pourrait finir le travail."

    Par une nuit d'août 1933, le petit Theo Edevane, âgé de onze mois, disparaît. Toutes les forces de police sont mobilisées afin de le retrouver mais elles échouent. Et le mystère reste entier.

    Soixante-dix ans après, lors de vacances forcées chez son grand-père dans les Cornouailles, l'inspecteur Sadie Sparrow entend parler de ce probable kidnapping. Bien décidée à découvrir le fin mot de cette histoire, elle reprend les investigations.

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    Si vous suivez souvent ce blog, vous êtes probablement au courant de mon engouement pour les ouvrages de Kate Morton. Je les ai tous lus et je guette à chaque fois les nouvelles sorties.

    Dans cet opus, elle reprend les ingrédients qui ont fait son succès. A commencer par l'entremêlement du passé et du présent. Un mystère est survenu dans les années 1933 et il continue à influer sur le cours de l'existence de diverses personnes. Chaque époque a son propre ton, sa propre atmosphère mais néanmoins, ces deux temporalités se rejoignent et s'éclairent réciproquement.

    De même, elle réutilise la construction du roman à tiroirs. Chaque chapitre apporte sa pierre à l'édifice et permet au lecteur de comprendre au fur et à mesure comment Theo a pu disparaître et comment son enlèvement a façonné la vie de ses proches.

    Mais, cette fois-ci, Kate Morton, sans doute consciente de la plus grande difficulté à semer le doute dans l'esprit de ses fans, a tenté de nous égarer en reprenant des trames de ces anciens livres. En effet, on retrouve des pistes ou des bribes d'intrigues déjà présents dans Le Jardin des secrets, Les Brumes de Riverton, Les heures lointaines ou La scène des souvenirs. Par exemple, cette idée du jardin secret, du conte qui s'inspire de la réalité...Ainsi, le lecteur fomente des théories, croit s'approcher de la vérité...Pour mieux se rendre compte de son erreur.

    Cette intertextualité m'a paru un procédé très habile. Mais, malheureusement, malgré les faux indices, j'ai compris le fin mot de l'histoire plus de cent pages avant le dernier chapitre.

    Forcément, cela m'a un peu déçue car j'aime être égarée dans les méandres des récits de Kate Morton. Comme si son labyrinthe narratif n'avait pas d'issue...

    Un de ses autres atouts réside dans sa capacité à nous immerger dans une ambiance. Et, là encore, particulièrement pour la partie plus ancienne, j'ai eu l'impression d'être plongée dans la vie de cette famille impactée par la Première guerre mondiale.

    Ce thème du conflit et de ses ravages personnels m'a particulièrement intéressée. Forcément, ceux qui y ont participé, que ce soit au front ou à l'arrière, ne sont plus les mêmes.

    J'ai apprécié aussi tous les personnages des années 1930, à commencer par la mère et la plus jeune sœur, ce casse-cou que rêve de voler. Par différents moyens (dialogues, extraits de lettres...), leurs voix retentissent et font entrevoir leurs fêlures. Tout comme elles permettent de recomposer le puzzle ayant entraîné le drame.

    En revanche, je dois avouer que les protagonistes de l'an 2000 m'ont moins enthousiasmée. Même si certaines de leurs problématiques, comme la question du sort de l'enfant, font écho avec celles de leurs prédécesseurs, ils ont moins retenu mon attention et je n'ai pas ressenti d'empathie avec eux. A l'exception notable d'une des jonctions évidentes entre ces deux périodes, Alice Edevane, devenue écrivain et qui nourrit une culpabilité par rapport au passé.

    Je tiens d'ailleurs à souligner ce lien, une fois encore, entre création et culpabilité. Comme l'héroïne de la Scène des souvenirs, celle de l'Enfant du lac ne se pardonne pas un acte et se nourrit de cette absence d'excuses pour exacerber sa force créatrice.

    J'ai aimé cette idée de leitmotiv, comme les secrets de famille. Un peu comme si chacun de ses titres apportait une pierre à l'édifice "mortonien".

    Bref, vous l'aurez compris: même si ce roman ne fera pas partie de mes préférés de son œuvre en raison de son dénouement un peu trop évident et du déséquilibre entre les figures de 1933 et celles de 2003, j'ai été ravie de retrouver la plume de Kate Morton et son art de conter.

    Billet dans le cadre d'une lecture commune avec Bianca et dans le cadre du challenge Un pavé par mois.

    Presses de la Cité, 2016, 640 pages

     

     

     

     

     

     

     

  • Maigret et le fantôme de Georges Simenon

    Maigret et le fantôme

    de

    Georges Simenon

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    "Il était un peu plus de une heure, cette nuit-là, quand la lumière s'éteignit dans le bureau de Maigret. Le commissaire, les yeux gros de fatigue, poussa la porte du bureau des inspecteurs, où le jeune Lapointe et Bonfils restaient de garde.

    -Bonne nuit, les enfants, grommela-t-il."

    Par une nuit de novembre, l'inspecteur Lognon a reçu deux balles. Très grièvement blessé, il a été transporté à l'hôpital et ses jours sont toujours en danger.

    Appelé sur les lieux de l'attentat, Maigret tente de mener son enquête. Mais les éléments à sa disposition sont plus que maigres...

    Visiblement, Lognon avait découvert quelque chose...Et espérait ainsi gagner des galons.

    Serait-ce pour cette raison que quelqu'un aurait cherché à l'abattre? Ou serait-il réellement la victime d'un fantôme, comme il l'aurait dit à la concierge?

    "-Ses lèvres ont remué...Je sentais bien qu'il voulait parler...J'ai cru distinguer un mot, mais j'ai dû me tromper, cela n'a pas de sens...Peut-être qu'il délirait...

    -Quel mot?

    -Fantôme..."

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    Quand j'étais adolescente, j'ai lu plusieurs aventures du célèbre commissaire Maigret. Et puis, j'ai perdu cette habitude. A la faveur d'une diffusion d'un très bon téléfilm avec Rowan Atkinson en Angleterre et d'une discussion avec ma copinaute Martine, j'ai eu envie de me replonger dans les œuvres policières de Georges Simenon.

    Dès les premières pages, j'ai retrouvé ce qui constitue, selon moi, la qualité première de ces romans: l'ambiance. On a l'impression d'être immergés dans ce Paris pittoresque de l'après-guerre, aux côtés de Maigret et d'entendre les dialogues plein de gouaille.

    Une des autres qualités réside dans les personnages secondaires qui entourent notre héros. En quelques adjectifs toujours bien choisis, l'auteur parvient à nous les rendre vivants. Comme si le film de l'intrigue se tournait sous nos yeux. J'ai été surtout marquée par l'inspecteur Lognon, surnommé Malgracieux, par le Hollandais et par Mme Maigret.

    Dans cet opus, elle occupe une place plus importante. Certes, elle représente toujours l'ancre du quotidien du commissaire.  Cette fois-ci, pourtant, elle va également l'aider dans ses investigations. En discutant avec Mme Lognon et en recueillant ses confidences.

    S'ensuit un déjeuner entre les époux.

    "Ce déjeuner chez Manière resterait un de ses plus beaux souvenirs."

    Cette phrase résume à merveille le talent de Simenon à dire beaucoup en peu de mots. A saisir aussi tous ces petits rien qui font le sel de l'existence.

    Malheureusement, malgré ses qualités évidentes tant au niveau du style que de l'atmosphère, Maigret et le fantôme ne m'a pas convaincue en raison de son intrigue criminelle.

    Je n'ai jamais cru à la résolution de l'énigme. Je sais que Maigret est réputé pour ne pas avoir de méthode apparente et pour, souvent, errer dans un brouillard avant d'arriver à une conclusion satisfaisante.

    Ici, tout arrive de façon trop télescopée et je n'ai pas adhéré à cette idée de trafic.

    Bref, vous l'aurez compris: j'ai été ravie de retrouver ce protagoniste mais j'espère que, la prochaine fois, je serai plus bluffée par l'histoire policière.

    Billet dans le cadre d'une lecture commune avec Titine qui a découvert de son côté Maigret et le voleur paresseux

    Le Livre de Poche, 184 pages

  • Je peux très bien me passer de toi de Marie Vareille

    Je peux très bien me passer de toi

    de

    Marie Vareille

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    "Journal de Constance Delahaye

    13 février 2013-20h45

    Anniversaire de Greg annulé à la dernière minute pour cause de migraine atroce. Je serai au lit d'ici quinze minutes avec Raison et sentiments et ma nouvelle tisane anti-gueule de bois verveine-menthe-citrate-de-bétaïne."

    Constance et Chloé se sont toutes les deux connues à un club de lecture. Outre leur passion pour la littérature, elles partagent aussi une certaine propension aux échecs sentimentaux. Alors que Chloé collectionne les histoires d'un soir, Constance traverse une période de désert affectif. A l'approche de la trentaine, elles décident donc de passer un pacte: Chloé s'exilera à la campagne pour se consacrer à l'écriture d'un roman sans laisser aucun homme l'approcher et, au contraire, Constance séduira un inconnu pour une nuit.

    Et si cet engagement réciproque leur permettait de vraiment influer sur le cours de leurs existences respectives?

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    Voilà déjà quelque temps que j'apercevais sur la blogosphère de très bonnes critiques autour de cet ouvrage. Aussi, quand il est arrivé dans la médiathèque parisienne que je fréquente, j'ai été ravie de pouvoir l'emprunter.

    Dès les premières pages, je suis tombée sous le charme de cette intrigue.

    Sans doute car elle aborde la question que toute trentenaire se pose à un moment ou à un autre: fais-je les bons choix?

    En effet, Constance et Chloé cumulent les erreurs, aussi bien sentimentales que professionnelles. Et, page après page, elles vont tenter d'apprendre à enfin prendre les bonnes décisions. Celles qui se révéleront bénéfiques pour leur futur.

    Roman d'apprentissage donc, roman de quête également...De son identité, de son bonheur.

    A ces thématiques essentielles de développement de soi se greffent des intrigues amoureuses, dignes de toute bonne chick-litt. Premier rendez-vous, mauvais choix, maladresse dans les approches, aveuglement des personnages...Autant d'ingrédients dignes des meilleures comédies romantiques que l'on retrouve au fil des chapitres.

    On s'interroge, on rit beaucoup (notamment lors des cours de séduction de Constance alias Icequeen)...On cherche aussi les références littéraires et cinématographiques. En effet, il m'a semblé que Marie Vareille, tout au long de son intrigue, distillait de nombreux hommages. A commencer par celui de la première page: la comparaison implicite entre Constance-Chloé et Elinor-Marianne Dashwood de Raison et sentiments.

    Un des autres atouts de ce roman réside dans son schéma narratif : une alternance de points de vue entre Constance et Chloé. Et deux modes de récit pour suivre leur parcours: des fragments du journal intime de Constance et une narration à la première personne pour Chloé. J'ai trouvé ce procédé stylistique très habile car non seulement, il dissocie bien les deux voix mais il empêche toute tendance à la répétition et donc toute lassitude.

    Autour des deux héroïnes évolue toute une galerie de personnages attachants. De Guillaume, l'ex dépassé de Chloé à Vincent, le voisin viticulteur à Mamie Rose, la grand-mère résolument moderne ou Charlotte, la meilleure amie de Chloé, tous pourraient appartenir à notre entourage. Par conséquent, tous sonnent juste.

    De même, j'ai beaucoup apprécié la mise en abîme autour de l'écriture. Comme si Chloé se faisait le double de Marie Vareille.

    "Depuis que je suis toute petite, depuis que Mamie Rose m'a mis mon premier livre entre les mains, j'ai su ce que je voulais faire de ma vie. Je voulais raconter des histoires qui font rire les enfants, qui finissent bien, des romans dans lesquels on se blottit pour oublier la réalité. Je voulais emmener les rêveurs, dans des contrées lointaines, quand tout le monde dort depuis longtemps, qu'il ne reste plus que le murmure des pages qu'on tourne dans le silence de la nuit, encore un chapitre, juste un seul, un dernier."

    Bref, vous l'aurez compris: j'ai eu un coup de cœur pour Je peux très bien me passer de toi. Un roman résolument feel-good qui conjugue romantisme et réflexions autour du temps qui file et des réalisations personnelles à mener. Je sais déjà que je me replongerai avec plaisir dans d'autres titres de cet auteur...et que ce livre, je vais beaucoup l'offrir à mes amies qui se reconnaitront sans doute un peu dans Constance ou Chloé voire les deux.

    Et pour conclure, cette jolie citation d'Oscar Wilde qui sert d'épigraphe.

    "Never love anyone who treats you like you're ordinary"

    Editions Charleston, 2015, 317 pages

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