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chronique

  • J'y vais mais j'ai peur. Journal d'une navigatrice.

    J'y vais mais j'ai peur

    Journal d'une navigatrice

    de Maud Bénézit & Clarisse Crémer

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    Je ne connais rien au monde de la voile.  Je regarde de loin les résultats du Vendée Globe. Même si j'ai toujours nourri une certaine admiration pour ces navigateurs de l'impossible. 
     
    Pour autant, je me suis laissée totalement embarquer par ce roman graphique. Récit de l'aventure vécue par Clarisse Crémer pendant l'édition 2020 de ce tour du monde épique. 
     
    Avec Maud Bénézit, la navigatrice revient ainsi sur cette expérience et sur tout l'avant. Un parcours scolaire impeccable. Une grande école. L'entrée dans une start-up. La fascination pour la mer et le départ chaque week-end pour la retrouver ainsi que passer du temps avec son amoureux. Une première course. Puis, une deuxième. L'évidence. La reconnaissance des sponsors et des pairs. Jusqu'à cette proposition de participer au Vendée Globe. Une proposition qui ne se refuse guère. Malgré la peur. Malgré le risque. 
     
    Vient alors le temps minutieux des préparatifs. Car il faut un village pour participer à une telle course. Enfin, le top départ et cette expédition vécue de l'intérieur. Journal de bord entre enthousiasme et moments de découragement. Entre détails de la vie quotidienne et instants gravés à jamais. Comme le passage du Cap Horn ou cet albatros qui survole l'IMOCA.
     
    C'est passionnant. A la fois très pédagogue, drôle et inspirant. Cela parle de toutes ces décisions qui nous mènent à réaliser des rêves enfouis aux tréfonds. Cela parle de la mer. De la solitude choisie. De dépassement de soi. De montagnes russes. De cétacés. De place de la femme dans un milieu plutôt masculin. 
     
    Bref, un roman graphique que j'ai beaucoup aimé et que je ne peux que vous conseiller. Alliance parfaite des mots et des dessins qui me donne envie de m'intéresser au Vendée Globe et peut-être de retrouver aussi le chemin de rêves enfouis.
     
    Delcourt, 2023, 216 pages
  • Un Eté à soi

    Un été à soi

    d'Ann Patchett

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    C'était la première fois que je pénétrais dans l'univers de cette autrice dont j'avais entendu si grand bien. Avec cette histoire d'amour et de transmission autour d'un été à Tom Lake il y a si longtemps. 
     
    Nous sommes au printemps 2020 dans une exploitation au Nord du Michigan. Les trois filles de Lara sont réunies sous le toit familial et demandent à leur mère de leur raconter son histoire d'amour avec Peter Duke, le célèbre acteur. 
     
    Lara accepte et se transforme en Shéhérazade. Elle reconstruit pour elles et pour nous le fil de ses souvenirs. Entrelacs de récits enchassés où surgissent des figures de son passé. 
     
    La narration alterne ainsi entre des séquences de retour à Tom Lake et des scènes de ce quotidien de 2020. 
     
    Le soir, le jour, Lara parle. Elle choisit ses mots et ses anecdotes avec soin. Pour ancrer une image d'elle jeune dans la mémoire de des filles. Une image au plus près de ce qu'elle a été. Avec les éventuels blancs qu'elle souhaite laisser. Réédification de la légende de cette jeune fille et de cette jeune femme qu'elle a été. Une réédification qui forcément résonne d'autant plus chez ses filles arrivées elles-mêmes à peu près à l'âge qu'elle avait alors. 
     
    Il est question de sa grand-mère, de ses talents de couturière, de sa première pièce de théâtre, de New York, de cinéma, de Tom Lake. Oui, forcément, il est beaucoup question de Tom Lake et de Peter Duke. Et de cet été à jouer, à tomber amoureuse, à se baigner... 
     
    J'ai tout aimé je crois: les sujets évoqués, la construction, les scènes du passé et du présent, la voix de Lara, ses liens avec son mari et ses enfants, les possibles qui n'ont pas été, le ton, les paysages du Nord Michigan...Ainsi que bien entendu le style d'Ann Patchett et sa finesse d'analyse psychologique. 
     
    Bref, vous l'aurez compris: un roman que j'ai quitté à regret et que je ne peux que vous conseiller.
     
    Traduit par Hélène Frappat.
     
    Actes Sud, 2024, 230 pages
  • Le Tour du malheur de Joseph Kessel

    Le Tour du malheur tome 1: La Fontaine Médicis, l'Affaire Bernan

    de

    Joseph Kessel

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    "Il y avait eu le mois d'août 1914. 

    Et septembre...octobre...novembre...décembre...

    La guerre avait pris pour nom tour à tour: Thann, Le Grand-Couronné et Charleroi, puis la Marne et la course à la Mer, enfin le nom de toutes les tranchées qui allaient des Flandres à la Suisse."

    Fresque à dimension fortement autobiographique, le Tour du Malheur retrace le parcours de Richard Dalleau, de la Grande Guerre à la fin des années 20.

    Dans ces deux premières parties: la Fontaine Médicis et l'Affaire Bernan, nous faisons sa connaissance en 1915. Par une nuit normande où son frère fait le guet pendant qu'il part rencontrer sa future conquête. En quelques pages, tout est installé : l'admiration de Richard pour ceux qui font la guerre, sa relation avec son frère, sa mère et son père ainsi que son rapport aux femmes et son envie de briller.

    Comme si Joseph Kessel plantait dès les premières lignes les graines de cet apprentissage qu'il va développer.
    Un apprentissage entre admiration et désir de briller, un apprentissage entre volonté d'indépendance et recherche de l'approbation des siens et des autres.
    Un apprentissage marqué par l'envie viscérale de s'élever. Au risque de se renier.

    Ce roman questionne ainsi la bravoure, l'amitié, l'amour, la camaraderie, l'esprit de clan, la fidélité, l'honneur. Comme autant de principes qui sillonnent la route de notre héros, lui servent de repères ou l'entraînent vers des voies détournées.

    A ce parcours de Richard se joignent celui de son frère, son meilleur ami d'études, un lieutenant d'aviation croisé au combat....Figures représentatives de cette époque de la Grande Guerre et de cet après à reconstruire, entre traumatisme et besoin de vivre voire de se brûler.

    Ce livre, je l'ai découvert grâce à Olivia de Lamberterie et je l'en remercie. Elle l'avait cité l'année dernière au milieu de 40 titres. Il s'agit de ma seconde incursion dans l'univers de Joseph Kessel. J'avais tant aimé l'Armée des ombres.
    Et là, de nouveau, je suis tombée sous le charme.

    Ce premier tome de six cent pages propose tout ce que j'aime en littérature : un volet historique; une dimension psychologique; une construction polyphonique; des protagonistes incarnés, entre ombres et lumières; des scènes marquantes et ce besoin viscéral de continuer, chapitre après chapitre. Pour connaître le sort de ces êtres de papier et l'orchestration de leurs destins croisés.

    Joseph Kessel reconnaît avoir distribué "ses nerfs et son sang à ses créatures" dans tous ses romans. Il lui a fallu 20 ans pour créer cette oeuvre là. Et peut-être que c'est cette part de lui, instillée pendant si longtemps, qui rend si émouvantes les scènes avec sa famille ou avec son capitaine. Ou tout simplement son grand talent d'écrivain.

    Bref, vous l'aurez compris: un ouvrage coup de cœur, que j'ai dévoré. 

    Folio, 670 pages