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littérature

  • L'Auteur! L'Auteur!

    L'Auteur! L'Auteur

    de

    David Lodge

    l'auteur!, l'auteur!, david lodge, payot, rivages, littérature anglaise, biographie romancée, roman anglais, henry james, théâtre, littérature, écriture, roman, georges du maurier

    "Londres, décembre 1915. A Carlyle Mansions, Cheyne Walk, Chelsea, dans la chambre du maître (le mot s'impose) de l'appartement numéro 21, le grand écrivain se meurt lentement mais sûrement. Dans les Flandres, distantes d'à peine trois cents kilomètres, d'autres hommes trouvent au même moment une fin plus rapide, plus douloureuse, plus pitoyable-de jeunes hommes, pour la plupart, qui avaient encore la vie devant eux, page blanche condamnée à ne jamais être remplie."

    L'auteur se meurt.
    Dans son superbe appartement de Chelsea.
    Lente agonie de deux mois entre décembre 1915 et février 1916.
    Une agonie auprès de sa famille américaine. Entouré de ses fidèles serviteurs.
    Une agonie marquée par l'éclat d'une distinction.
    Comme une ultime révérence à celui qui a tant souffert du succès des autres.
    A commencer par celui de son meilleur ami George du Maurier.

    Construit sous la forme d'un voyage dans le passé avant de revenir au présent des derniers instants, ce titre constitue une biographie romancée de l'auteur Henry James. Elle commence dans les années 1880. Avec ces promenades d'Henry James et de George du Maurier. Dans les collines de Hampstead vers ce "banc des confidences" où les amis se livrent l'un à l'autre.
    Henry savoure la compagnie de ce dessinateur de talent dont les croquis remportent de francs succès dans le journal Le Punch.
    George admire la plume de son ami et son talent littéraire.
    Les années passent.
    Années de rencontres, de deuil, de culpabilité, de tâtonnements créatifs.
    Années de succès inégaux. Du Maurier se tourne vers les lettres et voit son second roman Trilby remporter tous les suffrages alors que James vacille.

    Réflexion sur la condition d'artiste et sur la difficulté de conserver une amitié en cas de réussite inégale.
    Immersion dans le milieu artistique de la fin du 19ème siècle.
    Description du monde théâtral et de l'ambiance des salles de spectacle.
    Étude de l'existence d'Henry James, de sa vision du monde et de ses relations, notamment aux femmes comme sa sœur Alice ou Fenimore.
    Portrait d'un homme en proie au doute.
    Récit dense, drôle et émouvant.
    Voyage en Angleterre et en Europe.

    Ce livre se veut aussi un hommage de David Lodge à Henry James. Hommage à ses écrits. Hommage à son parcours. Hommage d'un écrivain à un autre. Hommage rendu encore plus prégnant par un décroché narratif. Comme seule la fiction le permet.

    Il s'agissait du premier roman de David Lodge que j'ouvrais et j'ai été emportée par sa plume. Par sa manière de conter un homme tout en complexité et en paradoxes et de nous faire ressentir toutes les émotions qui l'étreignent. Par son talent pour orchestrer des scènes plus intimes comme des tableaux d'ensemble. Par son humour. Par son sens des images comme cette silhouette de Du Maurier au loin.

    Bref, une merveilleuse lecture pour commencer 2021. J'ai maintenant très envie de me lancer dans certaines œuvres d'Henry James et de ses contemporains. Et de poursuivre ma découverte des ouvrages de David Lodge.
     
    Editions Payot & Rivages, 2005, traduit de l'anglais par Suzanne V. Mayoux
     
  • Nina d'Alice Brière-Haquet et Bruno Liance

    Nina

    de

    Alice Brière-Haquet et Bruno Liance

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    "Dream, my baby dream,

    Until spread your wings....

    Ho Lisa, ma Lisa,

    le sommeil ne veut pas venir ce soir,

    alors écoute donc cette histoire..."

    Dream, my baby dream
    Ritournelle apaisante qu'une mère susurre à sa fille.
    Mais ce soir, ce chant ne suffit pas pour l'emporter au pays des rêves.
    Alors, la mère se lance dans une histoire.
    La sienne
    Celle d'une petite Nina.
    Fascinée dès 3 ans par la musique.
    Dans un pays où les sièges dans le bus restent réservés en priorité aux Blancs.
    Dans un pays où sa mère ne peut pas avoir de place au premier rang pour l'écouter à son premier concert.
    A moins que les rêves ne se réalisent.
    "Ce rêve c'était ma symphonie:
    Noirs et Blancs ensemble
    Dans la grande danse de la vie"
    Dream, my baby dream

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    Une scène d'harmonie familiale.
    Et puis, Nina. Nina Simone qui se lance dans un récit d'une très grande poésie. Où la musique devient métaphore.

    Quand j'ai découvert cet album pour la première fois, je suis tombée en arrêt. Attirée par cette couverture d'une petite fille si captivée par un piano.
    Envoûtée ensuite par l'équilibre parfait entre les mots d'Alice Brière-Haquet et les images de Bruno Liance.

    Le noir et blanc de ces incroyables illustrations. Travail d'orfèvre sur les contrastes, sur les ombres et lumières. Objets qui se détachent. Forts de nombreux symboles. Comme cette chaise noire.

    Le noir et blanc pour parler de la vie de cette musicienne si douée.

    Le noir et blanc pour aborder la ségrégation avec les enfants.
    Avec une économie de mots. Des mots forts et percutants.
    Avec des situations choisies qui leur parleront forcément.
    Avec ce leitmotiv du rêve qui vient ponctuer les pages. Comme si la berceuse de Nina continuait à rythmer le phrasé.
    Rêves de Nina, rêves de Martin, rêves d'un monde meilleur.
    Rêves qui restent au creux de nous une fois les pages refermées.

    Cet album, je l'ai déjà lu lors d'accueils de classe. Avec comme introduction la voix de Nina.
    Cet album, à chaque fois, il a suscité un silence. De ces silences denses et lourds où s'entremêlent attention et émotion.
    Et, à chaque fois, il a suscité tant de questions. Sur la ségrégation. Sur la musique. Sur Nina.

    Bref, vous l'aurez compris : un album que je vous conseille forcément. Étoffe de songes ourlés de tout un pan d'histoire.

    Gallimard Jeunesse, Giboulés, 2015

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  • La Fabrique de poupées d' Elizabeth MacNeal

    La Fabrique de poupées

    d'Elizabeth MacNeal

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    "Un soir, au heures les plus sombres et silencieuses de la nuit, une jeune fille s'installe à une petite table dans la cave d'un magasin de poupées. En face d'elle, une tête de porcelaine peinte la fixe de ses yeux vides de toute expression. La jeune fille presse deux tubes d'aquarelle, un rouge et un blanc, dans une coquille d'huître, suçote la pointe de son pinceau et oriente le miroir vers son visage."

    C'est l'histoire d'Iris, une jeune femme qui travaille dans une fabrique de poupées et se rêve peintre.

    C'est l'histoire de Silas, un taxidermiste qui nourrit l'espoir de créer un musée de ses collections.

    C'est l'histoire d'Abbie, un gamin qui survit comme il peut et aimerait tant avoir un jour les moyens de s'acheter un dentier en lamantin.

    Des ambitions différentes animent donc ces trois êtres dont les destins vont s'entrecroiser dans ce Londres victorien de l'Exposition universelle de 1850.

    Dès les premières lignes, j'ai été frappée par l'écriture très sensorielle. C'est comme si nous évoluions nous-mêmes dans les rues de la capitale anglaise. Dans une mer de sons, d'odeurs et d'impressions.

    Tour à tour, la narration se focalise sur les trois protagonistes. Pour mieux épouser chacune de leurs palpitations et chacun de leurs élans. Pour mieux tisser aussi cette trame émotionnelle qui nous tient en haleine jusqu'au dernier chapitre.

    La Fabrique de poupées constitue un ouvrage foisonnant aux thèmes riches. On croise ainsi des réflexions autour de la condition des femmes et de la beauté comme valeur essentielle et comme sésame vers un monde meilleur. Mais aussi autour de l'aliénation par son milieu et sa famille et de la difficulté de trouver son chemin vers la liberté.

    On voyage dans le milieu préraphaélite. En compagnie notamment d'Iris et du personnage de Louis Frost, sorte de condensé de tous les artistes de ce mouvement. Cette partie m'a tout particulièrement intéressée car j'ai toujours nourri une fascination pour ce groupe.

    On assiste au basculement progressif d'un des personnages dans la folie. Quand il se retrouve porté par une unique obsession. Celle d'un collectionneur en quête de cet objet ultime. Un peu à la manière du Jean-Baptiste Grenouille du Parfum.

    Un des autres atouts de ce roman réside donc dans la psychologie fouillée de ces personnages. Dans la dissection de leurs liens et de leurs sensations. Dans cette justesse qui confère l'impression qu'ils sont là à côté de nous.

    On se laisse porter par cette intrigue multiple qui converge vers ce point final attendu et pourtant si surprenant.

    Bref, vous l'aurez compris: un premier roman réussi.

    Merci Babelio pour la scénographie de cette photo!