Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

littérature

  • Absolution d'Alice McDermott

    Absolution

    d'Alice McDermott

    20241124_100408.jpg


     
    Deux femmes nous racontent et se racontent. Souvenirs de cette époque à Saigon au début des années 60 et de leurs après. 
     
    Il y a Patricia qui a suivi son mari. Elle appartient aux "épouses de", boit des cocktails dans les garden-party et s'ennuie dans cette vie qui ne lui convient guère.
    Il y a Rainey, petite fille alors. 
     
    Elles se racontent mais surtout, elles racontent Charlene. Leur amie et leur mère. Être fascinant qui fourmille de projets. Commerce de vêtements de poupée. Visites dans une léproserie.
    Autant de décisions et d'instants qui permettent de mieux appréhender ce que devait être l'atmosphère au Vietnam notamment du point de vue des expatriés.
     
    Je n'avais encore jamais lu de roman d'Alice McDermott. Et j'ai aimé son pacte narratif. Ce "je" des deux femmes. Le "je" de la confession. Le "je" du retour dans le passé. Avec le fil conducteur de la mémoire. Regards croisés sur leur réalité d'adulte et d'enfant. Flou de certains événements qui se sont dilués dans le temps. 
     
    J'ai été sensible également au style de cette autrice américaine. A la fois élégant, évocateur et qui sait saisir les mouvements de l'âme. Entre doutes, regrets, admiration, fêlures, remords, interrogations sur l'existence et sur leur environnement, deuils..
     
    Bref, vous l'aurez compris: une première découverte réussie de l'œuvre d'Alice Mc Dermott. Auriez vous d'autres titres d'elle à me conseiller ? 
     
    Traduit de l'anglais par Cécile Arnaud.
     

  • L'Auteur! L'Auteur!

    L'Auteur! L'Auteur

    de

    David Lodge

    l'auteur!, l'auteur!, david lodge, payot, rivages, littérature anglaise, biographie romancée, roman anglais, henry james, théâtre, littérature, écriture, roman, georges du maurier

    "Londres, décembre 1915. A Carlyle Mansions, Cheyne Walk, Chelsea, dans la chambre du maître (le mot s'impose) de l'appartement numéro 21, le grand écrivain se meurt lentement mais sûrement. Dans les Flandres, distantes d'à peine trois cents kilomètres, d'autres hommes trouvent au même moment une fin plus rapide, plus douloureuse, plus pitoyable-de jeunes hommes, pour la plupart, qui avaient encore la vie devant eux, page blanche condamnée à ne jamais être remplie."

    L'auteur se meurt.
    Dans son superbe appartement de Chelsea.
    Lente agonie de deux mois entre décembre 1915 et février 1916.
    Une agonie auprès de sa famille américaine. Entouré de ses fidèles serviteurs.
    Une agonie marquée par l'éclat d'une distinction.
    Comme une ultime révérence à celui qui a tant souffert du succès des autres.
    A commencer par celui de son meilleur ami George du Maurier.

    Construit sous la forme d'un voyage dans le passé avant de revenir au présent des derniers instants, ce titre constitue une biographie romancée de l'auteur Henry James. Elle commence dans les années 1880. Avec ces promenades d'Henry James et de George du Maurier. Dans les collines de Hampstead vers ce "banc des confidences" où les amis se livrent l'un à l'autre.
    Henry savoure la compagnie de ce dessinateur de talent dont les croquis remportent de francs succès dans le journal Le Punch.
    George admire la plume de son ami et son talent littéraire.
    Les années passent.
    Années de rencontres, de deuil, de culpabilité, de tâtonnements créatifs.
    Années de succès inégaux. Du Maurier se tourne vers les lettres et voit son second roman Trilby remporter tous les suffrages alors que James vacille.

    Réflexion sur la condition d'artiste et sur la difficulté de conserver une amitié en cas de réussite inégale.
    Immersion dans le milieu artistique de la fin du 19ème siècle.
    Description du monde théâtral et de l'ambiance des salles de spectacle.
    Étude de l'existence d'Henry James, de sa vision du monde et de ses relations, notamment aux femmes comme sa sœur Alice ou Fenimore.
    Portrait d'un homme en proie au doute.
    Récit dense, drôle et émouvant.
    Voyage en Angleterre et en Europe.

    Ce livre se veut aussi un hommage de David Lodge à Henry James. Hommage à ses écrits. Hommage à son parcours. Hommage d'un écrivain à un autre. Hommage rendu encore plus prégnant par un décroché narratif. Comme seule la fiction le permet.

    Il s'agissait du premier roman de David Lodge que j'ouvrais et j'ai été emportée par sa plume. Par sa manière de conter un homme tout en complexité et en paradoxes et de nous faire ressentir toutes les émotions qui l'étreignent. Par son talent pour orchestrer des scènes plus intimes comme des tableaux d'ensemble. Par son humour. Par son sens des images comme cette silhouette de Du Maurier au loin.

    Bref, une merveilleuse lecture pour commencer 2021. J'ai maintenant très envie de me lancer dans certaines œuvres d'Henry James et de ses contemporains. Et de poursuivre ma découverte des ouvrages de David Lodge.
     
    Editions Payot & Rivages, 2005, traduit de l'anglais par Suzanne V. Mayoux
     
  • Nina d'Alice Brière-Haquet et Bruno Liance

    Nina

    de

    Alice Brière-Haquet et Bruno Liance

    20201123_162151.jpg

    "Dream, my baby dream,

    Until spread your wings....

    Ho Lisa, ma Lisa,

    le sommeil ne veut pas venir ce soir,

    alors écoute donc cette histoire..."

    Dream, my baby dream
    Ritournelle apaisante qu'une mère susurre à sa fille.
    Mais ce soir, ce chant ne suffit pas pour l'emporter au pays des rêves.
    Alors, la mère se lance dans une histoire.
    La sienne
    Celle d'une petite Nina.
    Fascinée dès 3 ans par la musique.
    Dans un pays où les sièges dans le bus restent réservés en priorité aux Blancs.
    Dans un pays où sa mère ne peut pas avoir de place au premier rang pour l'écouter à son premier concert.
    A moins que les rêves ne se réalisent.
    "Ce rêve c'était ma symphonie:
    Noirs et Blancs ensemble
    Dans la grande danse de la vie"
    Dream, my baby dream

    IMG_20201125_072612_364.jpg

    Une scène d'harmonie familiale.
    Et puis, Nina. Nina Simone qui se lance dans un récit d'une très grande poésie. Où la musique devient métaphore.

    Quand j'ai découvert cet album pour la première fois, je suis tombée en arrêt. Attirée par cette couverture d'une petite fille si captivée par un piano.
    Envoûtée ensuite par l'équilibre parfait entre les mots d'Alice Brière-Haquet et les images de Bruno Liance.

    Le noir et blanc de ces incroyables illustrations. Travail d'orfèvre sur les contrastes, sur les ombres et lumières. Objets qui se détachent. Forts de nombreux symboles. Comme cette chaise noire.

    Le noir et blanc pour parler de la vie de cette musicienne si douée.

    Le noir et blanc pour aborder la ségrégation avec les enfants.
    Avec une économie de mots. Des mots forts et percutants.
    Avec des situations choisies qui leur parleront forcément.
    Avec ce leitmotiv du rêve qui vient ponctuer les pages. Comme si la berceuse de Nina continuait à rythmer le phrasé.
    Rêves de Nina, rêves de Martin, rêves d'un monde meilleur.
    Rêves qui restent au creux de nous une fois les pages refermées.

    Cet album, je l'ai déjà lu lors d'accueils de classe. Avec comme introduction la voix de Nina.
    Cet album, à chaque fois, il a suscité un silence. De ces silences denses et lourds où s'entremêlent attention et émotion.
    Et, à chaque fois, il a suscité tant de questions. Sur la ségrégation. Sur la musique. Sur Nina.

    Bref, vous l'aurez compris : un album que je vous conseille forcément. Étoffe de songes ourlés de tout un pan d'histoire.

    Gallimard Jeunesse, Giboulés, 2015

    coeur qui bat.gif