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roman d'apprentissage féminin

  • Pauline demoiselle des grands magasins

    Pauline, demoiselle des grands magasins

    de

    Gwenaele Barussaud-Robert

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    "Ce lundi-là, les voyageurs qui devaient prendre l'express de six heures quarante se pressaient sous la halle couverte. Il avait plu toute la nuit sur la ville du Havre et un vent froid soufflait à présent, séchant les quais éclairés d'un petit jour pâle sous un ciel de cendre."

    Le Havre, 1866, Pauline, 16 ans a décidé de tenter sa chance dans la capitale. Elle emmène dans ses bagages ses petites sœurs Lucile et Ninon, comme elle l'avait promis à sa mère mourante.

    Arrivée à Paris, elle rejoint sa tante et son oncle, qui tiennent un troquet non loin du grand magasin L'élégance parisienne.

    Un grand magasin fondé par Emile Beauvincard, un génie des affaires, toujours en avance sur les tendances et les prochaines modes.

    Pauline, qui a exercé comme vendeuse dans le magasin de parapluies de son oncle au Havre, rêve d'intégrer l’Elégance.

    Et, à la faveur d'un vol, elle rentre au rayon confection.

    Débutent alors pour elle des temps difficiles où elle se retrouve à la merci des plus anciennes, des clientes compliquées et des chiffres qu'elle fait.

    Heureusement, plusieurs rencontres viennent illuminer ce quotidien. Et le dimanche, elle peut passer la journée avec ses sœurs...

    C'est d'ailleurs avec la plus petite, au jardin des Tuileries, qu'elle conçoit une brillante idée. L'occasion pour elle de se faire remarquer et de monter les échelons du magasin.

    Mais cette promotion suscite bien des jalousies...Et Pauline devrait se méfier de certaines vengeances...

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    J'avais remarqué ce livre au Salon du Livre et en reparlant avec Emjy, j'ai eu très envie de m'y plonger.

    Forcément, quand on ouvre ce roman d'apprentissage, on ne peut que penser au Bonheur des dames, mon œuvre fétiche d’Émile Zola.

    Et je trouve qu'on sent beaucoup cette influence dans les premiers chapitres. Tout comme Denise, Pauline a des frères/sœurs à charge. Elle a travaillé dans le magasin de son oncle et est attirée par la modernité du Bonheur/Élégance. De même, elle est en butte aux préjugés et aux mauvais traitements de ses comparses. Certaines scènes m'ont fortement rappelé celle de l'ouvrage naturaliste (le compte des recettes, les clientes difficiles...)

    Même si j'appréciais le style et les personnages, j'en suis donc venue à me demander quel pouvait être l'intérêt d'une intrigue très similaire.

    Puis, l'histoire a pris un tournant différent, à commencer par la rencontre amoureuse (bien loin du modèle Denise/Octave Mouret).

    C'est le moment où j'ai oublié le Bonheur pour me délecter des péripéties à l'Elégance.

    Avec ce roman l'auteur propose de découvrir les coulisses d'un grand magasin. Lors des journées de vente ou à la faveur d'une promenade la nuit, on déambule dans les couloirs de cette boutique pas comme les autres. Petites mains, ateliers, planification, dortoirs, cantine, rang, écuries...: tout est disséqué. Et je trouve que dans ce cas, Gwenaele Barussaud-Robert propose une visite encore plus complète des rouages de ce type de commerce qu’Émile Zola. Cette partie m'a vivement intéressée.

    Tout comme je me suis intéressée au sort de l'héroïne. Avec son courage, son sens de l'abnégation, sa force de caractère, son ambition, Pauline campe une protagoniste attachante et qui se démarque des femmes de son époque. On la suit avec bonheur lors de cette année pas comme les autres.

    Bref, vous l'aurez compris: ce roman,de facture classique, se révèle très divertissant. On tourne les pages avec plaisir et on en apprend beaucoup sur le Paris d'Haussmann, les grands magasins et la vie dans les années 1860. Vivement la suite pour connaître le sort de l'amie de Pauline!

    Editions Fleurus, 2015, 320 pages

     

  • Sarah Thornhill de Kate Greenville

    Sarah Thornhill

    de

    Kate Greenville

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    "L'Hawkesbury était un joli fleuve, large et tranquille; son eau verte ridée, ses falaises dorées par le soleil, les oiseaux perchés dans ses arbres comme le linge d'une lessive étendue. En cette douce matinée paisible, les casuarinas chuchotaient et, dans les reflets sur l'eau, le monde se tenait sur la tête.

    On nous appelait la colonie de la Nouvelle-Galles du Sud. Ça ne m'a jamais plu. Nous sommes pas rien de nouveau. Nous sommes nous.

    C'était sur l'Hawkesbury que venait les bannis. Dès qu'ils retrouvaient leur liberté, c'est là qu'ils partaient. Quatre-vingt kilomètres de Sydney et pas l'ombre d'un magistrat ou d'un constable. N'importe qui pouvait se choisir un lopin de terrain et se monter une cabane, sans un regard en arrière"

    Ainsi débute le récit de Sarah Thornhill, une jeune femme née au début du 19ème siècle, non loin de Sydney.

    Elle est fille cadette d'un banni qui a monté sa propre entreprise fluviale et prospéré. Comme sa mère est décédée alors qu'elle était toute jeune, elle a été élevée par Ma, une femme autoritaire et fière de ses origines.

    On suit les jeux de ses premières années, on la voit tomber amoureuse de Jack, l'ami de son frère et son compagnon d'expédition.

    Le temps passe et un jour, quand il revient de voyage, leurs rapports évoluent.

    "C'était rien du tout. Un silence qui a duré un battement de cœur et les yeux de Jack plongés dans les miens. Mais ce rien voulait dire: tout est différent à présent"

    Une idylle se noue entre eux. Mais peut-elle résister au poids des préjugés et au souvenir des anciens occupants aborigènes massacrés?

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    J'avais déjà entendu parler de la romancière Kate Grenville mais je n'avais jamais eu l'occasion de croiser un de ses ouvrages. Aussi, je remercie vivement Anne-Sophie et les éditions Métailié pour cet envoi.

    J'ai beaucoup apprécié la structure narrative de ce livre. L'auteure a opté pour le "je" de Sarah Thornill et je trouve que cela souligne bien l'idée de cet apprentissage que subit l'héroïne au fil des pages.

    Dès son plus jeune âge, dans un monde où tout se veut nouveau, où on prétend oublier les origines de chacun tout en les rappelant sans cesse, Sarah se pose des questions et tente de percer certains mystères. Celui de son aîné prétendument disparu. Celui de ces Noirs qui rejettent son père...

    De même, elle entend mener son existence comme elle le souhaite. C'est pour cette raison qu'elle se lance dans une idylle avec Jack. Mais sa famille s'oppose et Sarah doit trouver une autre voie vers l'indépendance.

    Ce personnage ne peut laisser indifférent. Kate Grenville en a fait une héroïne profondément libre, généreuse, passionnée, exigeante...

    On la voit évoluer dans sa famille, puis partir dans l'Australie plus profonde. Sans oublier un périple au pays des Maoris.

    On en apprend ainsi beaucoup sur la vie de ces colons, souvent anciennement condamnés, sur leurs codes sociaux, sur leur rejet des autochtones...

    Bref, vous l'aurez compris: Sarah Thornhill constitue un beau portrait de femme et m'a donné très envie de me plonger dans les autres ouvrages de Kate Grenville. Si vous appréciez les romans d'apprentissage dépaysants, je pense que vous serez conquis par ce titre.

    Editions Metailié, mai 2014, 256 pages