Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

sherlock holmes

  • L'Homme à la lèvre tordue de Conan Doyle

    L'Homme à la lèvre tordue

    de

    Conan Doyle

    texte intégral traduit par Thibault Vermot

    illustré par Anton Lomaev

    IMG_20210203_073729_092.jpg

    "Isa Whitney, frère du regretté Elias Whitney, directeur de la Faculté théologique de Saint-George, était sacrément dépendant de l'opium. L'habitude lui était venue, comme j'ai cru comprendre, d'un certain scélérat imbécile fréquenté à l'université; après avoir lu dans le livre de Quincey la description des rêves et des sensations engendrés par l'opium, il s'était mis à inonder son tabac de laudanum pour essayer d'en tirer les mêmes effets."

    Par une soirée de juin 1889, Watson et sa femme sont dérangés par une de leurs amies qui s'inquiète de la disparition de son époux, parti depuis trois jours et sans doute égaré dans un taudis de l'East End au milieu de volutes d'opium.
    Le docteur s'engage à le ramener. Mais, pendant sa mission, il tombe sur son ami Sherlock, déguisé en fumeur d'opium et qui tente lui aussi de résoudre la disparition d'un mari. Dans des circonstances assez extraordinaires. Tout semble laisser penser à un meurtre au coupable idéal. Pour autant, notre détective continue de douter. Et voilà nos deux compères engagés dans une nouvelle enquête.

    l'homme à la lèvre tordue, conan doyle, thibault vermot, anton lomaev, classique illustré, sherlock holmes, docteur watson, les enquêtes de sherlock holmes, album, illustration jeunesse, mystère, enquête, policier

    J'aime beaucoup le principe de cette collection des grands classiques illustrés. Une jolie manière d'appréhender certains titres du patrimoine littéraire avec ce bal des images qui les scandent et les accompagnent.

    C'est l'artiste Anton Lomaev qui s'est attaqué à cette nouvelle de Sherlock Holmes (la troisième de la collection après l'Aventure du ruban moucheté et le Diadème de Beryls).

    Même si je n'ai pas trouvé l'intrigue aussi frappante que les précédentes et que le dénouement moral m'a moins convaincue, je me suis laissée porter par les rebondissements. Jeux d'apparences qui nous permettent une plongée dans les quartiers les plus pauvres du Londres Victorien, où se côtoient notamment les amateurs de paradis artificiels et certains criminels.

    Une incursion rendue encore plus frappante par ces tableaux qui occupent toute la page. Représentations en grand format des ambiances et des étapes décisives de cette aventure. Des représentations aux couleurs
    souvent sombres ou bleutées, aux détails d'orfèvre parfois d'inspiration russe, aux perspectives qui attirent le regard... Comme autant de pauses dans le cours de l'histoire. Comme autant de manières également de rendre encore plus palpables les mots.

    Bref, vous l'aurez compris: même s'il ne s'agit pas de mon investigation préférée de Sherlock Holmes, j'ai passé un bon moment à parcourir cet album pour les plus grands. 

    Editions Sarbacane, 2020, 61 pages

     

  • Sacrifier une reine de Laurie R. King

    Sacrifier une reine

    de

    Laurie R. King

    sacrifier une reine,laurie r. king,michel lafon,hommage à holmes,roman avec sherlock holmes,sherlock holmes,mary russell

    "J'avais quinze ans lorsque je rencontrais Sherlock Holmes pour la première fois, quinze ans quand, me promenant dans les Downs du Sussex, le nez dans un livre, je faillis lui marcher dessus. Il faut dire à ma décharge que c'était un livre captivant et qu'il était fort rare de tomber sur un être humain dans cette région particulière du monde en cette année de guerre 1915."

    1915, dans les Downs du Sussex, Mary Russell, une jeune orpheline de 15 ans se balade un livre à la main quand elle fait une rencontre déterminante: celle de Sherlock Holmes, venu profiter de sa retraite dans ce coin d'Angleterre.

    Bien vite, une relation se noue entre ses deux êtres extrêmement brillants, fiers, intelligents, solitaires. Sherlock participe à l'éducation de la jeune Mary et une sorte de rapport à la Pygmalion se tisse.

    Puis, Mary est acceptée à Oxford. Chaque retour en vacances devient alors le prétexte pour compléter l'apprentissage de la jeune femme.

    De la théorie, ils passent à la pratique et se retrouvent tous les deux à enquêter sur des vols et sur le mystérieux enlèvement de la fille d'un sénateur américain.

    Mais ils ignorent totalement qu'un ennemi tire le fil de ses intrigues. Et que cet ennemi très puissant a décidé de s'attaquer à leur vie.

    Débute alors une partie d'échecs entre ses trois adversaires. Une partie d'échecs extrêmement dangereuse et qui pourrait bien conduire Holmes à sacrifier sa reine.

    sacrifier une reine,laurie r. king,michel lafon,hommage à holmes,roman avec sherlock holmes,sherlock holmes,mary russell

    Je n'avais jamais entendu parler de ce titre avant qu'un collègue ne me le conseille. Parmi les réécritures des aventures du célèbre détective, je ne connaissais que Les abeilles de M. Holmes de Mitch Cullin qui ne m'avait guère emballée et l'excellente série des Enola Holmes (dont il faudrait décidément que je parle sur ce blog).

    Dès les premières pages, j'ai aimé la direction que Laurie R. King faisait prendre au personnage de Conan Doyle. On retrouve le héros, à la lisière de la soixantaine, retraité dans le Sussex et se consacrant à l'apiculture. Pour autant, il ne délaisse pas certaines affaires de la région ou les cas où ses conseils sont réclamés.

    Mais son intellect va être piqué par sa rencontre avec la jeune Mary Russell. Cette dernière, suite à un accident de voiture, a perdu tous les siens et a trouvé refuge chez sa tante. Afin de prendre la place de son frère, un génie, elle s'est lancée à corps perdu dans les études et a développé un grand esprit de déduction et d'analyse.

    Leur face à face, dès le premier échange, s'est révélé passionnant. D'abord intellectuelle, leur entente dérive vite vers un rapport mi-paternel/filial, mi-amoureux. Loin du Holmes froid et misogyne, capable d'admirer une seule femme, la Femme, Irène Adler, l'auteur est parvenu à façonner, sans jamais trahir la création originale, un protagoniste plus humain, plus enclin à écouter ses sentiments et à baisser la garde. Et j'ai beaucoup apprécié cette évolution.

    Chapitre après chapitre, on retrouve des détails de l’œuvre de Doyle, on croise des personnages cultes tels que le docteur Watson, Mycroft, Mrs Hudson. Tous ces éléments anciens se juxtaposent parfaitement aux nouveaux imaginés par Laurie R. King.

    Sur les traces de Mary et de Holmes, on voyage du Sussex au milieu étudiant d'Oxford, de Londres à la Palestine. Pour retourner au Sussex, là où tout a commencé. Comme si tout ce qui nous avait été raconté formait une boucle et comme si le berceau se révélait en même temps l'étape ultime.

    L'intrigue monte en puissance. De la phase d'apprentissage, on glisse vers les premières énigmes à résoudre à deux. Cette structure, un peu brouillonne, qui donne l'apparence de nouvelles juxtaposées m'a quelque peu désarçonnée mais au fil des pages, j'ai compris que tous ces premiers mystères faisaient partie du même échiquier et qu'une partie mortelle était entamée depuis longtemps.

    C'est là où le titre Sacrifier une reine prend toute sa dimension. Car dans ce roman , il est bien question de renoncements, de sacrifices pour gagner la bataille finale. Des pions sont exécutés et on se doute bien que, tant que la formule rituelle "échec et mat" ne sera pas prononcée, la lutte ne cessera pas. Sherlock et Mary vont devoir s'allier pour tenter de déjouer cet adversaire coriace, qui n'est pas sans évoquer le professeur Moriarty, l'ennemi le plus implacable du panthéon holmésien.

    Bref, vous l'aurez compris: j'ai passé un très bon moment avec cet ouvrage enlevé, divertissant, aux caractères bien trempés. Je pense que je me lancerai prochainement dans le second tome en espérant qu'il soit à la hauteur.

    Michel Lafon, 2003, 345 pages