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  • Un manga victorien

    Emma tome 1

     de Kaoru Mori

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    Londres, fin du 19ème siècle: William Jones vient rendre visite à Madame Stowner, son ancienne gouvernante. En arrivant, il croise le chemin d'Emma, la bonne de la maison et en tombe amoureux. Il oublie même un gant afin de pouvoir engager la conversation avec elle. S'ensuivent quelques rencontres...La jeune femme, en dépit de ses nombreux prétendants, ne semble pas insensible à ses charmes...Mais à cette époque, le fossé entre les classes sociales paraît insurmontable.

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    Après avoir dévoré le tome 1 de la série Bride stories, j'avais très envie d'entamer la premièreemma,kaoru mori,kurokawa,challenge au service de...,challenge victorien,manga victorien oeuvre de la mangaka Kaoru Mori. C'est en effet par Emma que cette auteure a débuté sa carrière. Publiée de 2001 à 2008 au Japon, cette série totalise sept tomes chez Kurokawa.

    Tout d'abord, je tiens à souligner l'originalité de ce manga. Il s'agit du premier à ma connaissance à se dérouler à l'ère victorienne. Cette dernière est esquissée à plusieurs reprises. Par exemple, William Jones évoque, au détour d'une promenade, les bâtiments consruits pour l'Exposition uinverselle. Le taux de mortalité (3000 décès chaque jour à Londres) est également mentionné. Et on a le droit à une très belle visite d'une bibliothèque victorienne.

    Une des grandes qualités de ce livre-je trouve- est de nous placer immédiatement dans le coeur de l'intrigue. Très rapidement, les personnages nous sont présentés, les liens entre eux dessinés et dès la fin du tome, on est à même de comprendre les enjeux. Cela tient sans doute à la pré-publication dans le magazine Comic Bearn, de cette histoire. En effet, une parution dans un journal avant implique un vote des lecteurs et par conséquent, un souci de plaire tout de suite. 

     De plus, l'héroïne Emma m'a paru d'emblée très attachante. Elle nous est décrite comme simple, pas sûre d'elle et on perçoit très vite qu'elle succombe aux charmes de William car "bien qu'il soit de noble naissance, il n'a pas du tout l'air de se soucier du fait qu ['elle soit] une domestique"

    De même, le jeune homme en question se révèle un personnage intéressant. Maladroit (je pense notamment à l'épisode de la bibliothèque), distrait, peu mondain,on le sent en décalage avec son milieu. Et c'est justement là ce que lui reproche son père.

    De façon très classique, la figure paternelle-ici Mr Jones-représente l'opposant. Le livre se clôt d'ailleurs sur une de ses phrases, assez menaçante "L'Angleterre est unie, mais il y'a en son sein deux pays...La bourgeoisie et ceux qui n'en sont pas. La langue est peut-être la même, mais ce sont deux pays différents" Reste à découvrir quel rôle il jouera dans le développement de l'idylle et s'il empêchera une issue heureuse...

    Mais Emma et William peuvent quand même compter sur deux adjuvants: l'ancienne gouvernante Mme Stowner qui voit sa santé décliner et aimerait assurer l'avenir de sa servante et Hakim, le prince Indien venu pour un séjour prolongé dans la capitale anglaise. Les passages irréalistes de ses déplacements en éléphant dans les rues londoniennes et de sa découverte de l'automobile constituent d'ailleurs des moments amusants de ce manga.

    Enfin, je tiens à souligner la beauté du dessin de Kaoru Mori, qui transparaît notamment dans les décors très esthétiques et dans les tenues.

    Bref, vous l'aurez compris: une introduction réussie pour ce manga romanesque situé à l'époque victorienne. J'espère que la suite évitera l'écueil du mièvre.

    Kurokawa, 2007, 6,90 € (épuisé mais disponible en bibliothèque ou en occasion)

    Ce billet marque ma deuxième participation à mon challenge Au service de...et ma troisième au challenge Victorien d'Aymeline/Arieste.

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  • Le Mardi sur son 31

     

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    Bonjour à tous,

    J'ai découvert la semaine dernière cette très sympatique initiative de Sophie. Cela s'appelle le mardi sur son 31.  Il s'agit d'ouvrir le livre qu'on est en train de parcourir à la page 31 et de sélectionner une phrase. Ce billet s'accompagne également d'une courte présentation de l'ouvrage en question.

     

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    Je viens tout juste de commencer Théa pour l'éternité de Florence Hinckel, un roman de science-fiction pour adolescents publié dans la collection Soon chez Syros.

    Voici la phrase que j'ai sélectionnée: "On ne peut pas tenir toutes les promesses, expliquait Théo, comme si c'était lui le plus expérimenté. Les choses changent"

    Je la trouve pour l'instant très révélatrice de l'intrigue. Théa a toujours été amoureuse de Théo, son voisin et compagnon de jeux. A 12 ans, il s'étaient même jurés d'être ensemble "pour la vie". Mais les années passent et les choses changent...Le matin même, la jeune fille a surpris son ami dans les bras d'une autre...

    Pour l'instant, le récit débute à merveille et j'ai hâte de me replonger dans la suite.

  • Rendez-vous sous les cerisiers

    Rendez-vous sous les cerisiers

    Cendrine Genin

    illustrations: Nathalie Novi

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    "On croit toujours connaître

    ceux que notre coeur a de plus précieux.

    Je t'ai toujours connue, sereine, grand-mère.

    Marguerite étincelante, fleur blanchie par le soleil.

    Toute ta vie tu t'es tenue sur le seuil du bonheur,

    sans y entrer vraiment. Ton existence me semblait claire

    comme un mince fil transparent qui traverse le destin."

    C'est ainsi que débute ce magnifique album. La narratrice s'est toujours dit que sa grand-mère avait mené une existence paisible, dénuée de toute passion. 

    Mais un jour, son aïeule lui demande d'aller chercher une "petite boîte, cachée dans la bibliothèque. A l'intérieur des papiers. Des mots d'écoliers aux écritures minutieuses et appliquées. Des petits messages comme des fragments de pensée qui s'envolent. Puis, des lettres, des mots graves et décidés". Le condensé d'une histoire qui "vivait en [elle] chaque minute"

    Depuis leur enfance, Marguerite et Henri ont toujours nourri de tendres sentiments l'un pour l'autre. Mais la Première Guerre mondiale éclate et le jeune homme est appelé. Pour combler l'absence, des lettres sont échangées. Seulement, est-ce que l'éloignement et la brutalité inhérente à tout conflit ne vont pas avoir raison de leur attachement?

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    J'ai toujours beaucoup apprécié l'oeuvre de l'illustratrice Nathalie Novi. Aussi, il y'a quelques années, en flânant dans les rayons de ma bibliothèque, je n'ai pu résister à la magnifique couverture de cet ouvrage. Je me suis assise, je l'ai ouvert et la magie a opéré.

    C'est en effet le mot de "magie" qui me vient spontanément quand j'évoque cet album. Rares sont ceux où les images et les mots s'imbriquent aussi parfaitement. Et là, tout fait écho. 

    Le style de Cendrine Génin est extraordinaire. Il sait retranscrire à la perfection les joies de l'amour, les affres de l'abandon et le poids de la guerre. On ressort profondément ému de la lecture. Je ne peux d'ailleurs résister au plaisir de vous livrer quelques morceaux choisis:

    "L'oxygène de tes mots bat dans mes veines"

    "Aujourd'hui, il fait si beau que je t'aime dans le soleil"

    Le choix de la structure (l'ouverture de la boîte par la petite fille, la découverte des lettres et la conclusion du récit par la narratrice qui nous rapporte les mots de son aïeule) se révèle également percutant. Le texte gagne ainsi plus de profondeur. Le temps qui n'efface rien et l'idée de transmission constituent des thématiques très fortes. De plus, qui n'a pas rêvé de connaître mieux ses ancêtres?


    2012-09-24 12.52.58.jpgCependant, ce récit ne serait rien sans la beauté des illustrations de Nathalie Novi. Certaines ne nous quittent pas et restent ancrées dans la mémoire, une fois les pages refermées. Je fais notamment référence à son hommage au Cri de Munch ou à celle où Henri déclare "je te dégage de ta parole de m'aimer à jamais". Le mélange entre le jeune homme confiant de l'avant-guerre , le soldat qu'il est devenu et la mort se réflétant dans l'eau de la rivière souligne à la perfection les ravages des conflits sur les hommes.

    De même, le dessin autour de la robe de lumière de Marguerite se révèle splendide. Rien qu'en le 2012-09-24 12.54.38.jpgregardant, on devine l'arrivée du printemps, la renaissance de son espoir...

    Bref, vous l'aurez compris: cet album est un grand coup de coeur et j'espère vous avoir donné envie de le découvrir!

    Le Baron perché, 2006, 5,50 €