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des albums - Page 22

  • Rendez-vous sous les cerisiers

    Rendez-vous sous les cerisiers

    Cendrine Genin

    illustrations: Nathalie Novi

    rendez-vous sous les cerisiers.jpg

    "On croit toujours connaître

    ceux que notre coeur a de plus précieux.

    Je t'ai toujours connue, sereine, grand-mère.

    Marguerite étincelante, fleur blanchie par le soleil.

    Toute ta vie tu t'es tenue sur le seuil du bonheur,

    sans y entrer vraiment. Ton existence me semblait claire

    comme un mince fil transparent qui traverse le destin."

    C'est ainsi que débute ce magnifique album. La narratrice s'est toujours dit que sa grand-mère avait mené une existence paisible, dénuée de toute passion. 

    Mais un jour, son aïeule lui demande d'aller chercher une "petite boîte, cachée dans la bibliothèque. A l'intérieur des papiers. Des mots d'écoliers aux écritures minutieuses et appliquées. Des petits messages comme des fragments de pensée qui s'envolent. Puis, des lettres, des mots graves et décidés". Le condensé d'une histoire qui "vivait en [elle] chaque minute"

    Depuis leur enfance, Marguerite et Henri ont toujours nourri de tendres sentiments l'un pour l'autre. Mais la Première Guerre mondiale éclate et le jeune homme est appelé. Pour combler l'absence, des lettres sont échangées. Seulement, est-ce que l'éloignement et la brutalité inhérente à tout conflit ne vont pas avoir raison de leur attachement?

    cendrine génin et nathalie novi.jpg

    J'ai toujours beaucoup apprécié l'oeuvre de l'illustratrice Nathalie Novi. Aussi, il y'a quelques années, en flânant dans les rayons de ma bibliothèque, je n'ai pu résister à la magnifique couverture de cet ouvrage. Je me suis assise, je l'ai ouvert et la magie a opéré.

    C'est en effet le mot de "magie" qui me vient spontanément quand j'évoque cet album. Rares sont ceux où les images et les mots s'imbriquent aussi parfaitement. Et là, tout fait écho. 

    Le style de Cendrine Génin est extraordinaire. Il sait retranscrire à la perfection les joies de l'amour, les affres de l'abandon et le poids de la guerre. On ressort profondément ému de la lecture. Je ne peux d'ailleurs résister au plaisir de vous livrer quelques morceaux choisis:

    "L'oxygène de tes mots bat dans mes veines"

    "Aujourd'hui, il fait si beau que je t'aime dans le soleil"

    Le choix de la structure (l'ouverture de la boîte par la petite fille, la découverte des lettres et la conclusion du récit par la narratrice qui nous rapporte les mots de son aïeule) se révèle également percutant. Le texte gagne ainsi plus de profondeur. Le temps qui n'efface rien et l'idée de transmission constituent des thématiques très fortes. De plus, qui n'a pas rêvé de connaître mieux ses ancêtres?


    2012-09-24 12.52.58.jpgCependant, ce récit ne serait rien sans la beauté des illustrations de Nathalie Novi. Certaines ne nous quittent pas et restent ancrées dans la mémoire, une fois les pages refermées. Je fais notamment référence à son hommage au Cri de Munch ou à celle où Henri déclare "je te dégage de ta parole de m'aimer à jamais". Le mélange entre le jeune homme confiant de l'avant-guerre , le soldat qu'il est devenu et la mort se réflétant dans l'eau de la rivière souligne à la perfection les ravages des conflits sur les hommes.

    De même, le dessin autour de la robe de lumière de Marguerite se révèle splendide. Rien qu'en le 2012-09-24 12.54.38.jpgregardant, on devine l'arrivée du printemps, la renaissance de son espoir...

    Bref, vous l'aurez compris: cet album est un grand coup de coeur et j'espère vous avoir donné envie de le découvrir!

    Le Baron perché, 2006, 5,50 €

  • Ondine de Benjamin Lacombe

    Ondine

    Benjamin Lacombe

     

    ondine benajmain lacombe.jpg


    "Qui va là?"

    Ainsi, Herr Hans de Ringstetten, après s'être perdu dans la forêt à la tombée de la nuit, aborde le vieil Ulrich. Ce dernier l'invite à se réchauffer dans sa chaumière et le présente à sa femme et surtout à sa fille Ondine.

    Et dès la première recontre, le chevalier tombe sous le charme "Elle était d'une beauté si délicate que ses traits fins se noyaient dans l'éclat de sa peau. Ses longs cheveux roux flamboyaient sur ses épaules en d'élégantes ondulations. [Il] en resta bouche bée"

    Très vite, une idylle se noue entre eux et ils se marient. Mais avant de lui appartenir, Ondine révèle son secret à son nouvel époux

    "Je suis un esprit des eaux[...] Je suis née sans conscience et sans remords. Du plus loin que je m'en souvienne, je désire posséder une âme. Or, une vieille légende dit que si une des créatures des eaux parvient à se faire aimer d'un homme, elle reçoit en retour une âme humaine. [...] Mais cette âme que j'ai tant voulue pèse bien lourd aujourd'hui. Je mourrais de chagrin si tu me quittais"

    Cette confession n'effraye en rien le jeune homme qui proteste de son amour et tous deux repartent vers leur nouvelle vie au château de Ringstetten.

    Là-bas, les attend Ursule, l'ancienne prétendante jalouse du jeune homme, qui va tout faire pour les séparer...

    Et la tragédie se met en marche...

    benjamin_lacombe.jpg

    D'Ondine, je ne connaissais que la légende germanique remaniée par Jean Giraudoux dans sa très belle pièce éponyme.

    Aussi, lorsque j'ai vu que Benjamin Lacombe dont je suis avec intérêt le travail depuis le sublimeamants papillons.jpg album Les Amants papillons, s'était attelé à ce mythe, je n'ai pu résister à l'envie de me plonger dedans.

    Et j'ai été entraînée dans un magnifique et ô combien funeste périple! Ce n'est pas tant le texte qui m'y a conduite que la qualité des illustrations.

    J'ai beaucoup apprécié le recours aux couleurs froides qui m'ont permis d'entrer de plain-pied dans ce sombre récit. De cette façon, la chevelure rousse d'Ondine se détachait et soulignait sa différence.

    Un des autres tours de force de cet auteur-illustateur est d'avoir su réutiliser un certain nombre d'influences telles que celle des Préraphaëlites (je n'ai pu m'empêcher, par exemple, de penser à l'Ophélie de Millais) et d'en avoir fait quelque chose de personnel.

    ophélia de millais.jpg

    Les calques qui émaillaient la narration m'ont également fortement impressionnée. Ses vagues et les silhouettes d'Ondine renforçaient l'aspect minéral et mettaient en évidence la toute-puissance de cet élément dans le déroulé de l'intrigue.

    Bref, vous l'aurez compris: un bel album de Benjamin Lacombe qui permet de redécouvrir un mythe germanique!

    Si vous souhaitez découvrir l'univers d'un des artistes les plus influents dans le domaine de l'illustration du moment, voici le lien de son blog.

    Albin Michel Jeunesse, 2012, 19 €

  • Jazyâa la tapageuse, un moment hors du temps

    Jazyâa la tapageuse

    Un album de Catherine Gendrin, illustré par Claire Degans

    Didier Jeunesse

     

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    jazyaa_tapageuse.jpg

    Dans un village à une vingtaine de kilomètres d'Oran, vit Jazyâa , une belle jeune femme, éprise de liberté qui rêve d'échapper à son destin tout tracé.portrait-jazyaa.jpg

    Un jour, son regard croise celui de Pedro, un Espagnol venu pêcher sur les rives où elle a l'habitude de s'isoler. S'ensuit une brûlante histoire d'amour. Pedro lui promet de l'arracher à son sort et de l'emmener avec elle.

    Mais Djamal, son frère découvre leur histoire. Et...

     

    Magnifique histoire contée de manière très poétique par Catherine Gendrin. Et que dire des illustrations de Claire Degans ?

     

    N'hésitez donc pas, embarquez-vous pour ce moment hors du temps dont vous ressortirez bouleversé(es)!