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des bandes dessinées - Page 5

  • Marie-Antoinette, Carnet secret d'une Reine

    Marie-Antoinette

    Carnet secret d'une Reine

    de

    Benjamin Lacombe

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    "Schönbrunn, 21 avril 1770,

    Règlement à lire tous les soirs

    Ce 21 avril, jour du départ. A votre réveil, vous ferez tout de suite, en vous levant, vos prières du matin à genoux et une petite lecture spirituelle, ne fût-ce même que d'un seul demi-quart d'heure, sans vous être occupée d'autre chose ou avoir parlé à personne d'autre"

    Dans Marie-Antoinette, Carnet secret d'une reine, Benjamin Lacombe nous fait entrer dans l'univers de cette souveraine à la fois tant admirée et tant décriée. Entremêlant véritables lettres et extraits d'un journal intime fictif, il nous conte son destin. Un destin qu'il décline en quatre chapitres: la fin de l'enfance, les affres de l'amour, le théâtre de la vie et une révolution. Autant d'étapes qui nous entraînent des couloirs de Schönnbrun à ceux de la Conciergerie.

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    Je crois déjà avoir eu l'occasion de vous parler de la passion que j'entretenais, petite fille, pour Marie-Antoinette. J'avais découvert cette reine pendant les célébrations du bicentenaire en 1989 (j'avais à l'époque 6 ans) et j'avais aussitôt manifesté l'envie d'en savoir plus. Au fil des années, j'avais ainsi parcouru diverses biographies, les mémoires de sa femme de chambre, celles de son coiffeur...

    Aussi, quand ce roman graphique est sorti en cette fin d'année, j'étais à la fois impatiente et anxieuse de le lire. Impatiente car je suis généralement très fan du travail de Benjamin Lacombe. Mais, en même temps, anxieuse car il s'attaquait à un des mythes de mon enfance.

    Alors, ce magnifique objet, je l'ai posé, reposé, tourné, retourné...Pour finalement céder à la tentation.

    D'emblée, on sent tout le travail d'investigation mené par l'auteur. Biographies, correspondance, mode de l'époque, tableaux, plans de Versailles et du Trianon...: tout semble avoir été disséqué par lui.

    Et, en quelques 96 pages, accompagné de l'historienne Cécile Berly, il nous livre sa vision de cette Reine.

    Forcément, il ne peut pas tout dire.

    Forcément, il demeure certaines zones d'ombre.

    Mais, par le choix des lettres et les extraits d'un journal intime inventé, il nous donne à voir l'essentiel.

    Au ton toujours juste, sensible et émouvant de ce carnet secret s'allie la richesse graphique. J'ai été bluffée par les peintures, aquarelles, crayonnés... qui emplissent cet ouvrage.

    Benjamin Lacombe invente, réinvente, détourne...Quel bouillonnement créatif! On admire, on observe, on cherche les références...alors que le destin tragique de Marie-Antoinette est en marche et que les tonalités se font de plus en plus sombres.

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    . L'escarpolette de Fragonard

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    Et, celle de Benjamin Lacombe

    Bref, vous l'aurez compris: j'ai été totalement séduite par ce magnifique ouvrage illustré et je ne saurais que vous en recommander la lecture.

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    Soleil Productions, collection Métamorphose, 2014, 96 pages, 24,95 €


     

     

     

     

     

  • Eco tome 1: La Malédiction des Schaklebott

    Eco tome 1: La Malédiction des Schaklebott

    un texte de Guillaume Bianco

    illustré par Jérémie Almanza

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    "Eco naquit en novembre dans un foyer doux et aimant. Les Schaklebott, ses parents étaient de riches couturiers: ils imaginaient, dessinaient et confectionnaient des vêtements sublimes pour les plus grands notables du pays. "

    Tout le monde s'arrache les créations des Schaklebott. Et, par conséquent, les parents d'Eco ne disposent que peu de temps pour s'occuper de leur fille et la laissent souvent seule.

    "Mais la renommée est un cadeau empoisonné. Jouissant d'un confort outrancier digne des plus grands monarques, ils n'avaient cependant guère de temps à consacrer à leur unique enfant."

    Un soir, alors qu'elle a dix ans, Eco se voit confier une mission de la plus haute importance: elle doit livrer à Monsieur le Ministre trois merveilleuses poupées qu'il a commandées pour l'anniversaire de sa fille.

    Elle part dans la limousine familiale et en chemin, elle croise une gitane et son enfant. Persuadée d'avoir affaire à la femme du Magicien des nuages, Eco descend de voiture et avance vers elle. Instinctivement, elle lui offre son coffret de nacre.

    Émue par ce geste empli de bonté, la vieille femme lui donne en retour quatre amulettes sacrées: un bulbe de cactus, un cocon de ver à soie, un morceau de silex et une petite noix.

    "Ce sont les cœurs des quatre éléments essentiels. Glisse chacun d'entre eux dans un ventre de chiffon et les poupées sans âme de tes parents prendront alors vie"

    Ravie de ce présent, Eco retourne chez ses parents.

    Mais son geste charitable, considéré comme un acte de démence par le commun des mortels, va avoir des conséquences irréparables.

    Désormais, la disgrâce, le malheur et la rancœur sont le lot quotidien des Schaklebott.

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    Je ne sais pas si vous vous en souvenez mais, en février dernier, j'avais parlé de la magnifique bande dessinée Cœur de pierre, illustrée par Jérémie Almanza.

    Aussi, quand j'ai découvert que cet artiste s'était associé à Guillaume Bianco pour un roman graphique décliné en trois tomes, je n'ai pas hésité longtemps à me lancer.

    Dans ce premier volet, l'histoire rend hommage au conte Jack et le haricot magique (chaque chapitre est d'ailleurs précédé d'une citation extraite de ce récit et qui introduit ainsi les futurs rebondissements de l'intrigue). Comme Jack, Eco est une petite fille généreuse et confiante. Elle croit au discours de cette gitane aperçue au bord de la route et ainsi, sacrifie l'avenir de ses parents.

    En échange de ce cadeau dont elle ne mesure pas les répercussions, elle reçoit non pas un haricot mais quatre éléments essentiels. Quatre éléments qui vont lui permettre de donner vie à des bouts de chiffon. Des poupées qu'elle prénomme en référence à des intellectuels antiques (Diogène, Épictète, Socrate et Ésope)

    Chacun, à sa manière, lui permet de grandir et l'accompagne dans cette période intermédiaire entre l'enfance et l'adolescence.

    Ce roman graphique parle donc d'amitié. De celle qui brise la solitude et permet de survivre face aux épreuves de la vie.

    Il parle aussi de l'enfance. De la puberté. Du poids des décisions. Des regrets. De la dépression. De la résignation. De l'espoir malgré tout.  De cœurs qui pleurent en silence.

    Le texte se fait tour à tour naïf, poétique, sombre pour mieux coller aux états d'âme d'Eco et de sa famille.

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    Et que dire des illustrations de Jérémie Almanza? Une fois encore, j'ai été bluffée par son talent. La palette dans les teintes rosées et orangées confère un aspect hautement féérique à cet album. Néanmoins, les tonalités noires et grises l'ancrent également dans un univers glauque. Comme pour mieux souligner les épreuves souvent rencontrées dans les contes. En effet, tout héros doit connaître le malheur, affronter des difficultés pour grandir et aspirer à une existence paisible et riante.

    Bref, vous l'aurez compris: même si je n'ai pas eu un coup de cœur, j'ai pris énormément de plaisir à lire ce roman graphique, truffé de références (les contes, l'Antiquité, le Magicien d'Oz (Eco m'a évoqué Dorothée)...et qui nous laisse la tête dans les nuages. Vivement le tome 2!

    Soleil Productions, 2009, 14,95 €

  • La Faute au midi de Jean-Yves Le Naour

    La Faute au midi

    de

    Jean-Yves Le Naour

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    "Marseille, 7 août 1914

    Allons, la mère, il faut bien faire son devoir.

    Et puis, ça ne va pas durer longtemps. Dans quelques semaines, on sera de retour."

    C'est sur ces mots qu'Auguste Dodde quitte sa mère sur le quai de la gare à Marseille. Il s'en va grossir les rangs du XVème corps, un bataillon qui regroupe les soldats de Provence ainsi que ceux de Corse, des Alpes-Maritimes, du Gard et de l'Ardèche.

    Avec eux, il est dirigé vers la frontière, au Nord de Nancy.

    Sur cette ligne du front, les Allemands semblent se dérober et refuser toute bataille. Les Français croient qu'ils ont peur de leur surnombre et veulent engager le combat.

    Malgré les avertissements de Mosellans et ceux du capitaine Armengaud, un aviateur parti en reconnaissance, ils foncent ainsi droit dans le piège tendu par leurs ennemis.

    Dans une nasse, sous le feu de l'artillerie, quelques 10 000 soldats tombent. Et les survivants se retirent.

    Cette défaite remet en cause la stratégie du général Joffre qui souhaitait laisser les Allemands avancer en Belgique tout en les contrant en Lorraine.

    Mais, surtout, elle n'est pas comprise par le grand Quartier général ni par Adolphe Messimy, le Ministre de la Guerre de l'époque. On cherche des coupables et la faute revient au Midi.

    Messimy dépêche le sénateur Gervais auprès du Matin et l'enjoint à dénoncer le XVème corps. Un article assassin paraît donc dans le journal le 24 août.

    Un article qui provoque un tollé auprès des sénateurs et députés provençaux et auprès du Sud du pays et qui pousse Messimy à la démission le 25 août. Un article, aussi, qui entretient le racisme intérieur et suscite des gestes de rejets, des rebuffades...à l'encontre de ces soldats incriminés.

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    J'ai emprunté par hasard cette bande dessinée à la médiathèque où je travaille. Et je l'ai dévorée. Je n'avais jamais entendu parler de ce fait de guerre ni de ce racisme intérieur que subissaient certains combattants. De même, j'ignorais tout du sort rencontré par Auguste Dodde et par Joseph Tomasini.

    Cet album monte sans cesse en puissance. En le lisant, j'ai eu l'impression d'assister à une tragédie en quatre actes.

    Acte 1: la bataille sanglante en Lorraine. Une bataille piège contre laquelle les état-majors avaient été prévenus. Mais fort de leur savoir et désirant renouer avec les opérations militaires napoléoniennes, ils ont oublié l'importance du canon et envoyé 10000 personnes à la mort.

    Acte 2: la recherche du coupable idéal. Au lieu d'endosser la responsabilité, on impute la faute au Midi.

    Acte 3: la reconnaissance de l'erreur et de la fausseté des accusations. Mais les graines de la suspicion ont déjà germé dans certains esprits face à ces bataillons provençaux.

    Acte 4: les victimes collatérales (je n'en dirai pas plus afin de ne pas gâcher la découverte....)

    A chacun de ces actes, on assiste au sort injuste fait aux soldats, souvent simples chairs à canon et jouets des puissants. Et on en ressort révolté et profondément ému.

    Impuissance des sans-grades/Jusqu'au boutisme/Erreur militaire/Rejet de la responsabilité sur l'autre. Autant de thèmes qui traversent cette œuvre et se révèlent malheureusement bien intemporels.

    Car, même si ce drame se situe pendant la Première Guerre mondiale, on sait bien que de telles attitudes sont souvent universelles.

    Et que dire de cette dernière scène? Une scène  à la fois émouvante et éprouvante. Une scène où la réponse est tellement inadaptée face au malheur et à la souffrance.

    L'historien Jean-Yves Le Naour signe là une belle bande dessinée, à la fois instructive, habilement construite et forte.

    En revanche, je dois avouer que j'ai été moins sensible aux dessins. Mais je reconnais que leur sobriété sert à merveille le texte.

    Bref, vous l'aurez compris: je vous recommande la lecture de La Faute du Midi, ne serait-ce que pour découvrir cette partie assez méconnue de l'histoire de la Première Guerre mondiale

    Bamboo Editions, 2014, 56 pages, 13,90 €

    Billet dans le cadre du challenge Première Guerre mondiale que j'organise.

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