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des romans anglais - Page 21

  • Guide à l'usage des jeunes femmes à bicyclette sur la route de la soie

    Guide à l'usage des jeunes femmes à bicyclette sur la route de la soie

    de

    Suzanne Joinson

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    "Je suis au regret de constater que même La Bicyclette pour les dames et ses "Aperçus sur l'art du cyclisme-conseil aux débutantes-costume-entretien de la bicyclette-pièces détachées-entraînement-exercices" etc., ne me sont d'aucune aide dans les circonstances présentes: nous nous trouvons aux prises avec une situation délicate"

    Katchar, Turkestan oriental, 1er mai 1923: Evangeline, une jeune femme éprise de liberté, a décidé de suivre sa soeur Elizabeth et son amie Millicent, toutes deux missionnaires, en Asie. Arrivées non loin des portes de Katchar, elles voient une adolescente en train d'accoucher. Millicent tente de l'aider en utilisant les forceps. Mais la mère décède en couches, laissant une petite fille à leur charge, qu'Evangeline prénomme Ai-Lien.

    Les trois Anglaises sont accusées de sorcelleries et assignées à résidence dans une villa à l'extérieur de la ville, dans l'attente de leur procès. Elles tentent d'évangéliser les autochtones mais leurs actes sont très mal perçus...La révolte commence à gronder..

    De nos jours, à Londres: Frieda, une femme qui ne cesse de voyager, apprend qu'elle vient d'hériter d'une inconnue. Elle a une semaine pour débarrasser l'appartement. Parmi les affaires de l'étrangère, elle découvre un carnet qui va lui donner la clef de son passé..

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    J'avais repéré ce livre dans le programme de lectures de Bianca pour le mois d'avril. Aussi, quand il est arrivé à la médiathèque, je me suis empressée de l'emprunter.

    Tout d'abord, je dois avouer que j'ai eu du mal à entrer dans l'histoire. Je me suis même demandée si j'allais poursuivre ma découverte. Puis, je me suis attachée au personnage d'Evangeline, à son désir de liberté, à son amour profond pour sa soeur et pour le bébé qu'elles viennent de recueillir.

    On ne perçoit les protagonistes que par son regard, ce qui explique parfois le manque d'informations ou de recul sur leur caractère.

    Se dégage néanmoins une figure: celle de Millicent. Une femme chargée de "l'évangélisation des indigènes". Une femme pour laquelle tous les moyens sont bons pour convertir. J'ai notamment été choquée par son comportement envers la fille de Mohammed. Et par son attitude envers la soeur de l'héroïne. Elle est prête à tout pour réussir sa mission et ne recule devant rien.

    Cette mission d'évangélisation se solde d'ailleurs par des échecs répétés. La  grogne monte parmi les autochtones. J'ai trouvé que cette partie-même si le sujet ne m'intéresse pas en soi-était bien traitée.

    En revanche, je suis passée à côté du récit de Frieda. Cette jeune femme à la dérive, qui fuit sans cesse sa vie, rencontre Tayeb, un sans-papier qui a la manie de dessiner de magnifiques oiseaux sur les murs des immeubles, des cafés, des lieux publics...Elle le recroise quelques jours plus tard et lui demande de l'accompagner vider l'appartement dont elle vient d'hériter. On assiste à leur rapprochement mais sans vraiment le comprendre. On les suit lors de leur voyage dans le passé de Frieda. Beaucoup trop de sujets s'entremêlent ainsi: le sort des sans-papiers, l'abandon maternel, le problème des sectes...Cette multitude de thèmes confère une impression de fouillis à l'ensemble.

    Du coup, je n'avais qu'une hâte: retrouver Evangeline et sa bicyclette sur la route de le soie. J'aurais largement préféré me concentrer uniquement sur ce carnet de bord, plus en apprendre sur l'avant et l'après...Et je crois que le roman aurait gagné à ne s'intéresser qu'à cette héroïne.

    Bref, vous l'aurez compris: cette lecture est en demi-teinte: autant je me suis attachée au sort des trois missionnaires, autant je suis passée à côté du récit plus contemporain.

    N'hésitez pas à aller voir l'avis de Bianca sur ce roman.

    Presses de la Cité, 2013, 369 pages, 21 €

    Billet dans le cadre des challenges God save the livre 2013 et La plume au féminin 2013.

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  • Jane Eyre de Charlotte Brontë

    Jane Eyre

    de

    Charlotte Brontë

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    "Il était impossible de se promener ce jour-là. Le matin, nous avions erré pendant une heure dans le bosquet dépouillé de feuilles; mais, depuis le dîner (quand il n'y avait personne, Mme Reed dînait de bonne heure),le vent glacé d'hiver avait amené avec lui des nuages si sombres et une pluie si pénétrante, qu'on ne pouvait songer à aucune excursion"

    Orpheline depuis son plus jeune âge, Jane Eyre a été recueillie par sa tante, la revêche Mme Reed. Cette dernière, ne la supportant plus, la place à l'orphelinat de Lowood. Les années passent...Jane grandit et se met à chercher un emploi de gouvernante. C'est ainsi que Mme Fairfax l'engage pour s'occuper de la jeune Adèle au manoir de Thornfield.

    Jane se sent très vite chez elle là-bas. Quelques mois après son installation, elle fait la connaissance du propriétaire des lieux, le ténébreux Mr Rochester...

     

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    J'avais adoré Jane Eyre lorsque je l'ai lu la première fois, au début de mon adolescence. Depuis, j'ai regardé de nombreuses adaptations telles que celle avec Charlotte Gainsbourg ou la plus récente avec le très séduisant Michael Fassbender.

     

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    Aussi, quand Bianca m'a proposé une lecture commune, je me suis empressée d'accepter. Et je me suis replongée avec plaisir dans ce roman.

    Dès les premières pages, j'ai été de nouveau frappée par le "je"narratif. Tout au long du parcours, on suit une héroïne qui s'exprime à la première personne et nous parle de sa vie. Ce schéma de narration confère un aspect très féministe à cette oeuvre, publiée en 1847, en pleine période victorienne.

    Jane connaît une enfance très malheureuse, auprès des Reed. Elle a perdu ses parents alors qu'elle était bébé et a été confiée au frère de sa mère. Sur son lit de mort, ce dernier a fait jurer à sa femme de prendre soin de l'orpheline. Mme Reed s'est chargée d'elle avec réticence et la brime sans cesse. De même, elle est persécutée par ses cousins. Une crise de rebellion plus forte que les autres la conduit à être sévèrement punie. En effet, à dix ans, elle se retrouve enfermée dans la chambre rouge, celle où son oncle a rendu l'âme. Privée de lumière, elle commence à se raconter des histoires et croit voir des fantômes...Cette épreuve la rend même malade.

    Quelque temps après, sa tante décide de la placer à l'orphelinat Lowood, dirigé par Mr Brocklehurst. Les conditions de vie sont épouvantables là-bas: on affame les enfants, le froid se fait en permanence ressentir...Et les épidémies sont courantes. L'une d'entre elles va d'ailleur coûter la vie à plusieurs pensionnaires.

    Cette partie m'a énormément marquée. Elle témoigne de la pauvreté dans laquelle certains enfants pouvaient être élevés. Elle sonne d'autant plus juste que Charlotte Brontë a elle-même connu cette situation. En effet, à l'âge de huit ans, elle est entrée avec ses trois soeurs aînées dans un pensionnat pour enfants de membres du clergé peu fortunés. Tout comme à Lowood, la nourriture et l'hygiène étaient quasi inexistantes et deux des soeurs en ont même perdu la vie.

    Suite à cette épidémie, l'infâme Mr Brocklehurst doit réviser ses méthodes d'éducation. Le sort de Jane et de ses comparses s'améliore. Les années passent et bientôt, Jane, si elle ne veut rester à Lowood, doit chercher un emploi. Elle passe une annonce et se retrouve ainsi gouvernante auprès de la jeune Adèle au manoir de Thornfield.

    Les mois s'écoulent paisiblement...Et un jour, paraît au manoir Mr Rochester. Très vite, Jane et lui se rapprochent.

    Bien entendu, c'est cette partie qui m'a le plus intéressée. J'ai beaucoup aimé les échanges entre ces deux protagonistes. A cet aspect romantique se superpose une pointe de mystère. En effet, dès son arrivée, Jane a remarqué l'étrange Grace Poole. Une femme à laquelle elle prête un rire dément

    "Au moment où je passais, un éclat de rire vint frapper mes oreilles. C'était un rire étrange, clair, et n'indiquant nulle joie [...]le bruit cessa quelques instants; puis recommença plus fort[...] cette fois, c'était un accès bruyant qui semblait trouver un écho dans chacune des chambres solitaires"

    Ce rire s'accompagne bien vite de déplacements étranges, d'un incendie inexpliqué...Tous ces éléments confèrent une tonalité gothique à ce roman.

    Jane quitte un jour le manoir (je vous laisse découvrir pourquoi) et se retrouve chez Saint-John et ses soeurs. Une partie qui m'a profondément ennuyée et dont j'avais évacué le souvenir à la première lecture. Sans doute car je la trouvais beaucoup trop moraliste. J'en suis même venue à détester le personnage de Saint-John, ce parangon de vertu glacial.

    Certains passages m'ont également semblé trop datés:

    "Il aurait été impossible de trouver chez aucun fermier anglais des jeunes filles plus décentes, plus respectables, plus modestes et mieux élevées; et c'est beaucoup dire: car, après tout, les paysans anglais sont les mieux élevés, les plus polis et les plus dignes de toute l'Europe. J'ai vu depuis des paysannes françaises et allemandes; les meilleures m'ont paru ignorantes, grossières et stupides, comparées à mes enfants de Morton" (NB: les Français en prennent souvent pour leur grade)

    Il n'en demeure pas moins que Jane Eyre, même s'il n'a pas été un coup de coeur, demeure un grande oeuvre pleine de romantisme échevelé (l'histoire du cri). Mais aussi un très beau portrait d'héroïne en quête de bonheur et d'indépendance. Et une description très réussie de la condition des femmes dans les années 1840 (le veuvage, la folie, la nécessité de travailler quand on est pauvre, l'importance de l'apparence physique...)

    Bref, vous l'aurez compris: ce roman ne m'a pas transportée comme lors de ma première lecture. Mais mon coeur de midinette aime toujours autant l'histoire entre Jane et Rochester. Si seulement on ne passait pas autant de temps en compagnie de ce raseur de Saint-John Rivers...

    Billet dans le cadre d'une lecture commune avec Bianca et des challenges des 100 livres à avoir lu, victorien, God save the livre 2013, des romans cultes, Au service de et la plume au féminin 2013.

     

    Pocket, 2012, 760 pages, 3,90 €

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  • Darcy dans l'âme d'Elizabeth Aston

    Darcy dans l'âme

    de

    Elizabeth Aston

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    "Par une chaude matinée de mai 1819, deux individus étaient en route vers la même destination: l'Inner Temple. Presque étrangers l'un à l'autre malgré leur lien de sang, ils se trouvaient dans des situations extrêmement différentes"

    Cassandra Darcy vient de s'enfuir de Bath avec le jeune Mr Eyre. Désavouée par sa famille, elle doit rencontrer un lointain cousin, Horatio Darcy, devenu avocat et chargé de régler l'affaire. Mais elle refuse toutes ses propositions. Elle ne souhaite pas épouser son séducteur car elle ne le pense intéressé que par son argent et préfère essayer de subvenir à ses besoins.

    Cependant, sans références dans une ville comme Londres, elle ne possède guère de chances de réussir. Heureusement, sa passion pour la peinture la pousse à entrer dans la boutique d'un coloriste où elle fait la rencontre de l'aimable Mrs Nettleton. Cette dernière lui propose une chambre dans les beaux quartiers pour une somme modique. Cassandra accepte avec plaisir.

    Très vite, elle se rend compte pourtant que cette offre n'est pas sans présenter quelques dangers....

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    J'avais déjà lu les deux précédents opus publiés chez Milady de cette auteure passionnée par l'oeuvre de Jane Austen. Autant j'avais détesté Les Filles de Mr Darcy que je n'avais pas su chroniquer, autant j'avais passé un très bon moment grâce aux Aventures de Miss Alethea Darcy.

    J'ai retrouvé dans ce roman certains des traits qui m'avaient plu dans les Aventures. En effet, une fois encore, Elizabeth Aston s'intéresse à la condition féminine à l'époque Régence. Les jeunes filles de bonne famille doivent se résoudre au mariage, et souvent à un mariage arrangé par les familles.

    Cassandra Darcy n'accepte pas ce destin. Loin de s'intéresser au prétendant sélectionné par une amie de ses parents à Bath, elle s'amourache de Mr Eyre et s'enfuit avec lui. Même si elle comprend très vite qu'il ne veut l'épouser que par intérêt, elle cède à ses avances. Et au grand étonnement de tous, refuse de se marier avec lui, une fois les accords trouvés. Il s'agit d'un geste très moderne. Un geste que j'ai trouvé même un peu trop anachronique. J'ai eu, en effet, beaucoup de mal à imaginer une jeune fille refuser une telle union à cette époque et préférer suivre un chemin périlleux. Son attitude pourrait conduire notre héroïne à vivre d'expédients et à accepter le pire, comme le rappelle son cousin lors de leur première entrevue houleuse.

    "Je ne vois pas quelle activité vous pourriez exercer pour compléter votre revenu qui soit comparable à ma profession. De plus, avec une réputation entachée et sans aucune référence, il vous sera très diffcile de trouver un quelconque emploi. Pardonnez ma brutalité, mais je me dois d'être franc avec vous: l'activité à laquelle vous me semblez destinée, selon toute vraisemblance, est celle de courtisane"

    Cassandra espère pouvoir vivre de sa passion et de son talent pour la peinture. Comme dans les Aventures de Miss Alethea Darcy, Elizabeth Aston explore la problématique de la femme artiste dans l'Angleterre du début du 19ème siècle. On retrouve ainsi les femmes qui veulent vivre de leur plume, pinceau...en butte aux préjugés masculins et féminins. Il leur faut beaucoup de courage pour oser s'affirmer et tenter de se faire connaître.

    Comme dans les Filles et les Aventures, l'auteure reprend des lieux connus de l'oeuvre de la célèbre romancière anglaise. On voyage notamment avec plaisir à Bath, Pemberley...

    Ces deux élements que l'on retrouve au fil des pages m'ont intéressée. En revanche, j'ai eu du mal à accrocher à l'intrigue. J'ai trouvé qu'elle était trop cousue de fil blanc. J'ai eu du mal à comprendre, par exemple, comment l'héroïne pouvait se révéler aussi naïve devant la gentillesse de sa logeuse...Pourtant, elle ne manque pas d'occasions pour découvrir la vérité!

    De même, certaines histoires parallèles m'ont semblé par trop téléscopées.

    J'ai eu également l'impression que le récit traînait en longueur et que tout s'accélérait brusquement (le rapprochement amoureux, la résolution des intrigues parallèles...). C'est dommage.

    On assiste ainsi à un dénouement très théâtral, ce qui est est d'ailleurs souligné non sans humour par un des héros des Filles de Mr Darcy.

    "Oh, c'est bien mieux que du théâtre, s'exclama Wytton en applaudissant"

    Bref, vous l'aurez compris: ce roman m'a moins plu que les Aventures de Miss Alethea Darcy. J'ai apprécié le portrait des femmes artistes qu' Elizabeth Aston tente de dresser. Mais aussi les hommages aux romans de Jane Austen. En revanche, je me suis désintéressée des histoires que j'ai trouvées par trop cousues de fil blanc.

    Milady, collection "Pemberley", 2013, 8,70 €

    Ce billet marque ma participation aux challenges God save the livre 2013 et La plume au féminin édition 2013.

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