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des romans anglais - Page 19

  • Le Général du Roi de Daphné du Maurier

    Le Général du Roi

    de

    Daphné du Maurier

    général du roi roman.gif

    "Septembre 1653-Fin d'été-Les premiers vents frileux d'automne. Le soleil n'entre plus par la fenêtre de l'est, à mon réveil. Paresseux, il ne passe pas avant huit heures au-dessus de la colline. Un brouillard blanc cache souvent la baie jusqu'à midi, laissant derrière lui une haleine froide. La prairie ne sèche plus et bien après midi brille encore sous le soleil. De grosses gouttes d'eau pendent, immobiles, au bout des brins d'herbe. Je remarque les marées plus qu'auparavant. Elles s'allient au jour. Quand la mer se retire des marais, qu'apparaît peu à peu le sable dur et ridé; il me semble dans ma fantaisie, suivre le reflux; mes vieux rêves apparaissent au grand jour comme les coquillages et les pierres de la grève."

    Honor Harris revient sur son passé et sur l'influence qu'a exercée la famille Grenville sur son destin.

    C'est ainsi qu'on la retrouve en 1629, à 18 ans. Elle est alors une jeune fille issue de l'aristocratie anglaise, indépendante, entière, fière et farouche. Lors de son entrée dans le monde, elle rencontre Sir Richard Grenville, un soldat qui jouit d'une très mauvaise réputation et qui va immédiatement la fasciner. S'ensuit une cour dans l'arbre d'un jardin des Cornouailles....Honor et Richard en viennent même à se fiancer.

    Mais un terrible événement les sépare pendant quinze ans....Et c'est la guerre civile qui les réunit.

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    La semaine dernière, je vous parlais du Général du Roi, un téléfilm de Nina Companeez qui m'a fait passer un agréable moment et m'a surtout donné envie de me replonger dans le roman de Daphné du Maurier. Un roman que j'avais dévoré à l'adolescence et que j'ai de nouveau beaucoup aimé.

    L'auteur a repris un schéma narratif assez classique: à la fin de sa vie, Honor Harris revient sur les évènements qui l'ont marquée et sur les rapports qu'elle a entretenus avec la famille Grenville.

    En même temps, ce schéma se révèle très original quand on aborde les chapitres autour de la première et de la seconde guerre civile. Après quinze ans de séparation, notre héroïne revoit Richard, devenu le "général du Roi". Leur relation reprend et Honor se voit contrainte de guetter ses missives ou ses arrivées surprise. Par conséquent, on ne se retrouve jamais au cœur des batailles. Mais on éprouve les sentiments d'une femme qui attend des nouvelles du front et ne cesse d'avoir peur pour celui qu'elle aime. De plus, certaines scènes, à l'instar de celle de la visite des troupes ou des horreurs subies par les civils, se révèlent d'autant plus frappantes car elles sont évoquées par une néophyte.

    Je me suis immédiatement attachée aux personnages. Alors que les premières pages avec Gartred me donnaient l'impression qu'ils pourraient parfois être trop manichéens, j'ai eu l'agréable surprise en avançant dans l'intrigue de voir que chacun d'entre eux présentait tant des qualités que des failles.

    Néanmois, trois d'entre eux se détachent:

    -Gartred Grenville: une femme forte qui essaie de profiter de son capital beauté pour s'élever dans la société et s'assurer un avenir stable. Même si ces choix matrimoniaux se révèlent toujours intéressés et peuvent susciter du dégoût, je n'ai pu m'empêcher de penser qu'elle symbolisait-certes la femme fatale, celle par qui le malheur arrive-mais aussi la femme noble du 17ème siècle contrainte de se marier par raison et sans cesse vendue au plus offrant par son père ou ses frères.

    -Richard Grenville: le "Général du Roi", un homme brave, colérique, impatient, exigeant, infidèle, égoïste, vantard, doué d'un grand sens de la répartie...En somme, un personnage hors normes qui ne peut laisser indifférent...Un héros de roman comme il en existe peu.

    -Honor Harris: une femme profondément libre qui, malgré sa situation, parvient à vivre son histoire d'amour. Dans une époque où ses comparses ne comptent pas, elle réussit également à donner des avis aux hommes de son entourage et à se faire entendre.

    De même, j'ai trouvé l'intrigue très prenante. Au fil des pages, on est confrontés à de nombreux rebondissements. Jusqu'au dénouement final...Seul bémol: certaines scènes de guerre m'ont un peu lassée dans les derniers chapitres.

    A bien des égards, le Général du Roi se révèle donc un roman surprenant: il met en scène une histoire d'amour atypique et il évoque la guerre et l'histoire par les yeux d'une femme doublement contrainte à l'inaction (par son statut et son état) mais qui, paradoxalement, influence certains épisodes charnières.

    Bref, vous l'aurez compris. J'ai vraiment beaucoup aimé cet ouvrage que je vous recommande. Et je crois que 2014 sera placé sous le signe( entre autres) de Daphné du Maurier.

    Si certains sont d'ailleurs intéressés par des lectures communes autour de ses œuvres, n'hésitez pas...

    Albin Michel, 1947, 404 pages

    Billet dans le cadre d'une lecture commune avec Shellbylee et du challenge God save the livre 2013.

    général du roi, daphné du maurier, roman sur la guerre civile anglaise, roman historique, roman


     

     

  • Ne t'inquiète pas pour moi

    Ne t'inquiète pas pour moi

    de

    Alice Kuipers

    ne t'inquiète pas pour moi.jpg

    "Coucou ma Claire,

    lait

    pommes

    bananes [...]

    Si ce n'est pas trop lourd, prends un poulet et deux boîtes de haricots. Si tu ne peux pas, ça ne fait rien, j'essaierai de passer les acheter demain.

    Bises,

    Maman"

    Claire et sa maman peuvent passer des semaines à seulement se croiser. Par conséquent, elles communiquent souvent par post-it.

    Un jour, la nouvelle tombe: la mère de Claire est malade. Et leur correspondance va prendre un tour tout à fait différent.

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    Cela faisait déjà longtemps que j'avais remarqué ce roman, notamment sur le blog de Bianca. J'en avais jusqu'à présent repoussé la lecture en raison de son sujet. Puis, finalement, je me suis lancée et je l'ai dévoré en une soirée.

    Il s'agit du premier ouvrage de l'auteure anglaise Alice Kuipers. Elle a opté pour un schéma narratif très original. En effet, toute l'intrigue du livre est contée par le biais d'un échange de post-it. Une manière très efficace de moderniser le genre du roman épistolaire.

    On assiste à deux destins féminins parallèles: d'un côté, celui d'une adolescente de 15 ans, amoureuse pour la première fois et très proche de sa meilleure amie; de l'autre, celui d'une femme de 40 ans, accaparée par son travail de sage-femme et qui se retrouve confrontée à la maladie.

    Alors que les post-il réglaient les détails de la vie quotidienne au début de l'histoire et leur donnaient la possibilité d'entretenir des relations distantes, ils vont leur permettre de se dire l'essentiel vers la fin. Toutes ces déclarations que par pudeur, on retient trop souvent...

    Les petits papiers accrochés sur le frigo se révèlent donc tour à tour triviaux (de simples listes de courses ou des réclamations d'argent de poche), drôles ("ton esclave à domicile"), tendres, graves, nostalgiques....Ils invoquent toute une gamme d'émotions qui laissent le lecteur pantelant, une fois les pages refermées.

    En effet, ce roman ne peut laisser personne indifférent. Il nous fait profondément réfléchir sur nos vies modernes où bien souvent on ne fait que se croiser et sur la nécessité de ne jamais oublier ses rêves.

    De plus, il parle très simplement de tendresse, d'amour maternel, de maladie...Sans jamais sombrer dans le pathos.

    Bref, vous l'aurez compris: j'ai adoré Ne t'inquiète pas pour moi d'Alice Kuipers. Et j'espère vraiment que vous partagerez ce coup de cœur.

    Albin Michel Jeunesse, 2008, 242 pages, 10 €

    Lu dans le cadre du challenge God save the livre 2013.

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  • Le Journal du Capitaine Wentworth

     

     

    Le Journal du Capitaine Wentworth

    de

    Amanda Grange

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    "Jeudi 5 Juin 1806

    Me voici enfin en route vers le Somerset!

    Harville et moi avons voyagé depuis la côte ensemble, nous étonnant de voir le vert des champs autour de nous, au lieu du bleu de la mer. Si l'on excepte l'alarmante tendance du sol à rester immobile sur nos roues plutôt qu'à rouler et tanguer comme tout élément qui se respecte, notre trajet a été assez confortable, et nous avons réussi à faire passer le temps en régalant deux gouvernantes, les soeurs Brown du récit de nos aventures en mer"

    Ainsi débute le Journal du Capitaine Wentworth d'Amanda Grange qui a entrepris après Le Journal de Mr Darcy, le Journal du Colonel Brandon et le Journal de Mr Knightley de nous livrer les pensées intimes de mon héros austenien préféré.

    Certes, j'aime vraiment beaucoup le ténébreux Mr Darcy. Mais comment résister à une déclaration telle que "Vous transpercez mon âme. Je suis partagé entre l'angoisse et l'espoir. Non, ne me dites pas qu'il est trop tard, que ces précieux sentiments ont disparu à jamais"?

    Comme dans les précédents opus, la romancière reprend le principe du journal intime. Une bonne manière de suivre les espoirs et les tourments du narrateur.

    En 1806, notre héros revient de ses premières campagnes. Après être entré dans la marine à l'âge de 13 ans, il a gravi les échelons et est devenu commandant. Il s'est également illustré dans plusieurs batailles et se retrouve à la tête d'un patrimoine financier, issu de quelques prises de guerre, qu'il entend bien dépenser.

    En attendant d'être appelé pour entrer dans un nouvel équipage, il entend profiter de son séjour chez son frère dans le Somerset pour séduire de nombreuses jeunes filles. A un bal, il rencontre pour la première fois la famille Elliott. Frappé par le mépris affiché par le baronnet et par sa fille, il invite leur dame de compagnie à danser. Sous le charme, il apprend avec surprise qu'il a, en fait, valsé avec Miss Anne Elliott.

    S'ensuivent alors de nombreuses conversations. Wentworth tombe amoureux et fait sa déclaration. Malheureusement, persuadée par sa famille, Anne renonce à l'épouser.

    Sept années plus tard, après l'abdication de Napoléon, notre héros revient à la vie civile. A la tête d'un fortune confortable, il entend profiter de sa famille et trouver une épouse. Quelle n'est pas sa surprise quand il se rend compte que sa sœur a loué Kellynch Hall, la propriété de Sir Walter Elliott et qu'il va ainsi être contraint de revoir son ancien amour.

    C'est ici que les deux trames se rejoignent. Je ne vous ferai donc pas un résumé de la suite...

    J'ai beaucoup apprécié la première partie. Je trouve qu'Amanda Grange a réussi à imaginer un "jeune" capitaine Wentworth  tout à fait crédible. Ses échanges de plus en plus fournis et nécessaires avec Anne Elliott sont très plaisants à lire.

    De même, la romancière a su rendre l'atmosphère qui devait régner dans un village anglais à cette époque. Certains habitants se révèlent d'ailleurs particulièrement savoureux. Je fais notamment référence à Mrs Frost, persuadée que les Français vont envahir le pays et qu'il faut sans cesse se protéger. Elle essaie donc de suivre les conseils de certains journaux pour se prémunir de ce potentiel danger, ce qui donne lieu à des situations très cocasses.

    J'ai également apprécié qu'elle mette en scène une confrontation entre le capitaine Wentworth et Lady Russell.

    Puis, on retrouve notre héros sept ans plus tard au moment où débute le roman de Jane Austen. Amanda Grange a tout à fait respecté le canevas original. Mais elle a rajouté des scènes, là où Jane Austen faisait des ellipses. Par exemple, le voyage auprès de son frère après l'incident de Lyme. (j'ai bien aimé les relations entre le pasteur et le capitaine).

    Outre ces nouvelles péripéties, l'intérêt de ce roman réside dans le regard différent porté sur des évènements que nous connaissons bien. Là encore, toutes les pensées du héros sonnent juste et touchent (notamment lors de la rédaction de la fameuse lettre).

    Bref, vous l'aurez compris: j'ai passé un agréable moment en compagnie du capitaine Wentworth. Amanda Grange a su lui créer un passé intéressant et drôle tout en retrouvant l'esprit du personnage imaginé par Jane Austen.

    Milady, 2013, 333 pages, 7,90 €

    Billet dans le cadre des challenges Austenien, 19ème siècle, God save the livre 2013 et La plume au féminin.

     

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