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des romans anglais - Page 23

  • Le Journal du Colonel Brandon

    Le Journal du Colonel Brandon

    de

    Amanda Grange

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    "1778

    J'ai cru que les vacances n'arriveraient jamais, me voici enfin en route vers la maison.

    -N'oubliez pas que vous êtes invité chez nous en août! m'a crié Leyton en montant en voiture

    -Je m'en souviendrai"

    James Brandon, 18 ans, jeune étudiant à Oxford, revient pour les vacances d'été à Delaford, la maison familiale. Il a hâte de retrouver Eliza, la pupille de son père qu'il a toujours aimé "aussi loin qu'[il] se souvienne"

    Emportés par la joie des retrouvailles, James et Eliza se fiancent en secret. Mais le père du jeune homme nourrit d'autres projets. Il contraint ainsi Eliza à épouser son fils aîné, l'héritier de Delaford, un noceur alcoolique.

    Le coeur brisé, James s'engage dans l'armée et part aux Indes pendant de longues années.

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    Auteure anglaise, Amanda Grange s'intéresse depuis l'adolescence aux oeuvres de Jane Austen et de Georgette Heyer. Cette passion pour l'univers austenien l'a notamment conduite à imaginer les journaux intimes des héros de la grande écrivaine. J'en ai déjà lu deux dont je vous ai précedemment parlé: celui de Mr Darcy (paru en novembre 2012 chez Milady dans la collection Pemberley) et celui de Mr Knightley (qui sera prochainement publié en France par le même éditeur). Ces romans m'avaient fait passer un très agréable moment de lecture. Aussi, lorsque j'ai vu celui-ci en librairie, je n'ai pas hésité longtemps à l'acheter ni à l'entamer.

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    Cette fois-ci, l'écrivain nous dépeint le destin du colonel Brandon. Ce qui m'a immédiatement plu, c'est le temps qu'elle consacre au passé de ce héros (un peu plus d'un tiers du volume). Alors que dans Raisons et sentiments, nous apprenions par bribes et sans vraiment s'appesantir les drames de sa jeunesse, ici, nous pouvons mieux comprendre ce qui a poussé le colonel à devenir ce personnage morose qui ne séduit pas d'emblée.

    Je me suis immédiatement attachée à ce jeune adolescent follement épris de son amie d'enfance et qui aspire à l'épouser (il m'a fait penser à Marianne Dashwood au moment de sa rencontre avec Willoughby). Malheureusement, son père en a décidé autrement. James Brandon tente de s'opposer et de prendre la fuite avec sa dulcinée. Mais une servante les dénonce. James est envoyé chez sa grand-tante et Eliza contrainte de se marier.

    Ce drame amoureux est très bien traité par Amanda Grange et permet de comprendre le comportement futur du colonel. Il illustre également à merveille une des réalités sociales de l'Angleterre de cette époque: la majorité des unions se fondent sur des intérêts financiers.

    L'idée de faire rejoindre l'armée au protagoniste principal et de l'envoyer aux Indes m'a semblée bonne. Ainsi, nous en apprenons un peu plus sur les conditions de vie des soldats...

    Les années passent et le colonel retrouve sa dulcinée, que la vie n'a pas épargnée. Pour ceux qui ne connaîtraient pas l'oeuvre originale, je n'en dirai pas plus de peur de gâcher votre plaisir. Mais cet épisode et ses conséquences donne une nouvelle fois l'occasion de mieux saisir les contraintes sociales de l'époque.

    Puis, nous arrivons à 1796, une année où le colonel Brandon du haut de ses 36 ans fait figure d'homme d'âge mûr qui devrait se marier et avoir un héritier. Mais surtout  une année où il va faire la connaissance de la famille Dashwood.

    C'est donc à ce moment-là que le journal rejoint l'histoire développée dans le roman de Jane Austen. Comme dans les autres journaux intimes, l'auteure entremêle habilement les scènes et répliques du texte primitif et celles qu'elle imagine.

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    De plus, certains épisodes clés sont redécouverts par les yeux du colonel Brandon et s'en trouvent parfois enrichis. Je fais notamment référence à la soirée où Marianne joue pour la première fois du piano, à celle du pique-nique, à celle du bal londonien où la jeune femme revoit Willoughby...

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    J'ai également beaucoup apprécié de voir plus explorée la complicité entre notre héros et Miss Dashwood.

    Certains personnages sont resssortis aussi grandis de ce roman. Je pense à Mrs Jennings, souvent vue comme une commère et qui se révèle plus profonde.

    Ce qui m'a frappé aussi dans ce journal intime, c'est l'amélioration de la qualité de l'écriture. Je ne sais pas si Amanda Grange a changé de style ou si cette transformation est dûe à la traduction. Mais j'ai trouvé les tournures, les expressions...plus en accord avec l'époque.

    Bref, vous l'aurez compris: ce journal m'a beaucoup plu. Le fait qu'il soit étendu sur une aussi longue période (20 ans) nous donne la possibilité de mieux suivre l'évolution de ce héros. Si vous voulez voir sous un autre jour ce personnage, n'hésitez donc pas à vous plonger dans ce livre.

    Milady, 2013, collection Pemberley, 380 pages

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    Lu dans le cadre du challenge austenien et du challenge God save the livre 2013. journal du colonel brandon,amanda grange,milady,collection pemberley,littérature para austenienne,journal intime d'un héros de jane austen,roman sous forme de journal intime


     

     

     

     

     

     

     

  • La Maison du marais de Florence Warden

     

    La Maison du Marais

    de

    Florence Warden

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    " "Cherche institutrice: personnes d'âge mûr s'abstenir"

    Je m'empressai de découper l'annonce ainsi formulée que j'avais trouvée dans le Times. J'étais âgée de dix-huit ans: jusque-là, ma jeunesse m'avait empêchée de trouver une situation. Il se trouvait donc un sympathique employeur pour la considérer comme un avantage! J'écrivis à l'adresse indiquée et je joignis à ma réponse une photographie et la liste de mes titres et qualités. La semaine suivante, j'étais en route pour Geldham (Norfolk) pour y assurer, moyennant la somme de trente-cinq livres sterling par an, l'éducation d'"une fillette de six ans""

    C'est ainsi que Violet Christie, une jeune institutrice de dix-huit ans, se retrouve à attendre à la station de Beaconsburgh son nouvel employeur, Mr Rayner. Comme la voiture de ce dernier a perdu une de ses roues, il a demandé à son voisin, le jeune Laurence Reade de l'accompagner.

    Le voyage en dog-cart se déroule sans encombre et bien vite, les voilà arrivés aux Sureaux. Immédiatement, Miss Christie est sous le charme de cette "maison de brique à moitié couverte de lierre, entourée d'arbres, et qui s'[élève] sur le bord du chemin, près du marais". Mais son enthousiasme n'est pas partagé par Mr Reade qui compare tour à tour la demeure à un "cloaque"et"un "lazaret".

    Avant de la quitter, il lui glisse également à l'oreille un étrange conseil "N'acceptez surtout pas une chambre qui soit proche de celle de Mrs Rayner".

    Le soir même, Miss Christie est présentée au reste de la maisonnée. Elle se rend très vite compte qu'elle suscite l'hostilité de Mrs Rayner et de Sarah, la bonne.

    Elle est également surprise par la présence de certains visiteurs étranges. Le danger rôde aux Sureaux...

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    J'ai repéré ce livre sur le blog de Bianca. Et à la lecture de son billet, j'ai eu envie de m'y plonger. Aussi, j'ai été ravie de le trouver dans la bibliothèque parisienne que je fréquente.

    Florence Warden (1857-1929) est une auteure britannique. Après avoir suivi des études en Angleterre et en France, elle a a entamé une carrière au théâtre. La Maison du marais constitue sa première oeuvre.

    Violet Christie, l'héroïne de ce roman, est une jeune femme qui désespère de trouver un emploi. Elle est donc ravie de se voir confier ce poste de gouvernante auprès d'Haidé, une petite fille de six ans.

    Dès son arrivée, elle est confrontée à une maisonnée étrange. Autant Mr Rayner se révèle affable, brillant et cherche à nouer des liens avec son employée; autant sa femme est revêche, proche du mutisme et peu disposée à entretenir des rapports avec Violet. Cet antagonisme des caracatères se retrouve d'ailleurs dans tous les "couples". Les deux filles Rayner sont également l'opposé: Haidé, l'aînée peut être vue comme une petite fille gentille, souriante, polie. Mona, sa petite soeur, est perçue au contraire comme une sauvageonne qu'on laisse s'ébattre sans surveillance dans le parc. Enfin, les deux servantes: Jane/Sarah ne se ressemblent en rien. C'est comme si chaque élément positif ou apparamment positif devait toujours être contrebalancé.

    Bien vite, l'institutrice réalise que le côté étrange des habitants des Sureaux n'est pas le seul élément inexplicable. Des questions lui viennent: où se trouve la chambre de Mr Rayner? Qui sont ces visiteurs étranges? Pourquoi Sarah la déteste tant? Pourquoi Mrs Rayner semble si émotive et déprimée?

    Ainsi, on suit tous les évènements de cette intrigue à suspense par ses yeux. Ce choix narratif aurait pu se révéler parfait, si je n'avais pas été trop surprise par la naïveté de la protagoniste principale. En effet, le lecteur comprend assez vite les mystères que dissimulent la maison du marais et ses habitants. Aussi, tout le long du récit, je me demandais quand elle allait enfin découvrir la vérité.

    Cet aspect m'a donc dérangé. Mais je reconnais un certain talent à Florence Warden pour reprendre les ingrédients classiques d'un roman gothique (héroïne innocente, mystères,atmosphère de plus en plus pesante, demeure inquiétante...).

    Je crois d'ailleurs que les Sureaux, la fameuse maison du marais, est justement l'élément que j'ai préféré dans cet ouvrage. L'humidité qu'elle dégage accable ses habitants et les tue peu à peu. De plus, elle regorge de couloirs, de tours, de trappes où on s'attend toujours à croiser des "vilains" ou un "voile noir"

    On sent en effet l'influence d'Ann Radcliffe dans cette oeuvre. Tout comme celle de Wilkie Collins.

    Bref, vous l'aurez compris: une lecture en demi-teinte pour moi. J'ai trouvé que Florence Warden rendait un bel hommage au roman gothique. Mais j'ai eu beaucoup de mal à accrocher avec l'héroïne et les ficelles de l'intrigue m'ont paru par trop évidentes dès les premiers chapitres.

    Editions Joëlle Losfeld, 2011, traduit de l'anglais par Alexandre du Terrail, 279 pages, 18,90 €

    Lu dans le cadre du Challenge Au service de..., God save the livre édition 2013 et du challenge Victorien.

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  • Le Treizième conte de Diane Setterfield

    Le Treizième conte

    de

    Diane Setterfield

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    "On était en novembre. Il n'était pas encore très tard, et pourtant le ciel était déjà sombre quand j'empruntais Laundress Passage. Père avait fini sa journée: il avait éteint les lumières du magasin et fermé les volets; mais, de manière à ce que je ne rentre pas dans l'obscurité la plus totale, il avait laissé allumée l'ampoule éclairant l'escalier qui menait à mon appartement. A travers la porte vitrée, celle-ci dessinait un grand rectangle pâle sur le trottoir humide, et c'est au moment où je me tenais là, m'apprêtant à tourner la clé dans la serrure, que je vis la lettre pour la première fois."

    Margaret Lea travaille avec son père à la Librairie Lea, un magasin spécialisé dans la vente et l'achat de livres anciens. Elle consacre également une partie de son temps à des essais biographiques sur "certains personnages mineurs de l'histoire littéraire" (les Frères Goncourt...)

    Un soir, elle reçoit une lettre de Vida Winter, un écrivain renommé et excentrique qui mène une vie retirée. Elle souhaite avant de mourir livrer la vérité sur son existence

    "Quelque chose grandit en moi, qui se divise et se multiplie. C'est là, dans mon estomac, une boule dure et ronde, à peu près de la taille d'un pamplemousse, qui aspire l'air de mes poumons et ronge la moelle de mes os. Ce long sommeil l'a transformée. D'humble et docile, elle s'est faite brutale. Refuse toute négociation, bloque toute discussion, revendique ses droits. Ne veut pas entendre parler de refus. La vérité, crie-t-elle en écho"

    Margaret accepte de la recontrer. Et le face-à-face entre les deux femmes débute...

     

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    J'avais entendu parler de ce roman sur la blogosphère et quand je l'ai trouvé dans ma bibliothèque, je n'ai pas hésité longtemps à me lancer.

    Il s'agit de la première oeuvre de la romancière britannique Diane Setterfield.

    Deux récits s'enchâssent: celui de Margaret et celui de Vida Winter.

    Ce dernier revient sur la famille Angelfield. Charles et Isabelle sont élevés par leur père dans un manoir isolé, au milieu des landes. Très vite, Charles nourrit une véritable passion pour sa soeur. Et perd la raison quand Isabelle épouse Roland March. Devenue veuve, elle revient à Angelfield avec deux jumelles: Adeline et Emmeline. Très vite, les jumelles sont laissées à l'abandon et terrorisent le voisinage. Jusqu'à l'arrivée d'une gouvernante qui va révolutionner leur monde.

    En parcourant ce récit, je n'ai pu m'empêcher de penser qu'il rendait hommage aux Hauts de Hurlevent d'Emily Brontë. D'autres influences littéraires sont aussi très prégnantes dans le déroulé de l'histoire: celle de Jane Eyre de Charlotte Brontë ( la folie d'un des personnages, la réclusion d'un autre, un incendie...) ou celle de Rebecca de Daphné du Maurier (le nom de Vida par exemple). L'idée du treizième conte, un conte jamais publié par Vida Winter et qui permet de tout comprendre, m'a aussi rappelé un ouvrage que j'ai lu récemment et qui m'avait beaucoup plu: Le Jardin des secrets de Kate Morton.

    De même, j'ai beaucoup apprécié les personnages du Treizième conte. Ils sont tous complexes, tous hantés par leurs propres fantômes (d'où l'unes des premières question de Vida Winter à Margaret Lea: "Miss Lea, croyez-vous aux fantômes?").

    J'ai été tenue en haleine tout au long du roman. Certains indices sont disséminés au fil des rencontres entre les deux héroïnes. Mais bien vite, les pistes se brouillent et la fin m'a littéralement scotchée.

    De plus, cette oeuvre célèbre le pouvoir de la lecture.

    " A huit heures moins trois, j'étais en chemise de nuit et en pantoufles à attendre que mon eau veuille bien bouillir. Vite, vite. Huit heures moins une. Ma bouillotte était prête, et je remplis un verre d'eau au robinet. Il était important de faire vite. Car à huit heures précises, le monde s'arrêtait de tourner. C'était l'heure de lire.
    L'intervalle entre huit heures du soir et une ou deux heures du matin a toujours été pour moi un moment magique. Contre le dessus-de-lit en chenille bleu, les pages blanches de mon livre ouvert, éclairées par un cercle de lumière, sont des portes donnant accès à un autre monde."

    En témoigne aussi la prescription que fait un docteur à Margaret Lea

    " Je consultai l'ordonnance. D'une écriture vigoureuse, il avait inscrit : Sir Arthur Conan Doyle, Les aventures de Sherock Holmes. Prendre dix pages, deux fois par jour, jusqu'à épuisement du stock. "

    Bref, vous l'aurez compris: j'ai été conquise par ce roman et je vous conseille vivement sa lecture, si vous appréciez comme moi les intrigues complexes et les personnages fascinants. Il m'a laissé avec la furieuse envie de me replonger dans Rebecca et Jane Eyre.

    Plon, 2006, collection "Feux croisés", 394 pages, 21 €

    Ce billet marque une nouvelle participation au challenge Au service de...

     

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