Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

pierre lemaitre

  • Couleurs de l'Incendie, un film de Clovis Cornillac

    Couleurs de l'Incendie

    un film

    de

    Clovis Cornillac

    1154054.jpg

    Voilà un film que j'attendais avec impatience. Sans doute parce que la série historique de Pierre Lemaître articulée autour de Au-Revoir là-haut, Couleurs de l'Incendie et Miroir de nos peines fait partie de mes livres préférés de ces dernières années. Sans doute également car j'avais hâte de voir comment l'incroyable scène d'ouverture serait adaptée. Tout comme certains moments impactants de ce roman.

    Dès les premières minutes et cette séquence de l'enterrement du patriarche Péricourt, avec ce ballet de la caméra qui saisit la foule présente pour rendre hommage ainsi que les serviteurs affairés et parvient quand même à capter les intentions de chacun des personnages principaux, j'ai su que j'allais passer un très bon moment de cinéma.

    C'est Clovis Cornillac, à la demande de Pierre Lemaître, qui s'est attaqué à la réalisation de cette œuvre. Et j'ai été bluffée par sa manière de mettre en scène cette vengeance à la Monte-Cristo. Comme pour l'introduction, il propose des mouvements de caméra qui donnent de l'élan aux compositions d'ensemble et retranscrivent pour autant les émotions des protagonistes les plus importants. Par un jeu d'alternances de gros plans, de plans caméra à l'épaule et de plans séquence.

    On parle souvent d'écriture cinématographique pour des romans. Mais je crois que parfois, on pourrait évoquer l'écriture romanesque d'un film. Comme pour celui-ci qui raconte, avec une juxtaposition si juste de regards et de points de vue, une histoire à la dimension de grand spectacle.

    J'ai été marquée par la façon aussi dont il filme le personnage qu'il incarne : M. Dupré, le chauffeur des Péricourt qui va seconder Madeleine Péricourt dans son entreprise de revanche. Dès le début, j'ai été frappée par le regard de ce protagoniste. Comme s'il était un peu en retrait des événements initiaux. Comme s'il voyait plus loin que les autres. Comme s'il savait. Dans un second temps, il se transforme en sorte de deus ex machina, primordial dans certains rebondissements. Comme s'il proposait une mise en abyme du rôle de réalisateur, dont l'agencement et la vision guident le bon déroulé d'un long métrage.

    Autour de lui, Clovis Cornillac a réuni un casting parfait : Léa Drucker, Fanny Ardant, Benoit Poelvoorde, Olivier Gourmet, Jana Bittnerova... : tous se révèlent formidables dans leurs rôles et prêtent vie aux héros imaginés par Pierre Lemaître. L'action permet également de dresser le tableau d'un pan de la France de 1929 à 1934, entre crise, pouvoir politique, affaires de corruption, courses à l'innovation et montée du fascisme.

    Bref, vous l'aurez compris : je vous conseille à votre tour de découvrir Couleurs de l'Incendie. Je sais déjà que certains instants me resteront en mémoire. Comme celui des funérailles. Celui d'une scène de concert à Berlin. Et ceux de complicité entre une cantatrice sur le déclin et un jeune homme brisé. 

     

  • Au-revoir là haut de Pierre Lemaitre et Christian de Metter

    Au revoir là-haut

    de Pierre Lemaitre

     illustrations de Christian de Metter

    au revoir là-haut,pierre lemaitre,christian de metter,rue de sèvres,guerre de 14-18,prix goncourt,adaptation en bande dessinée

    "1918...Première guerre...derniers jours.

    La fin de la guerre, le lieutenant Pradelle, ça le tue.

    Pour un héros, une fin de guerre, c'est comme une défaite...

    Oui, c'est con pour lui: un dernier exploit et il était capitaine à la démobilisation..."

    Juste avant la fin des combats, le lieutenant Pradelle élabore un plan machiavélique pour obtenir le grade de capitaine. Seuls deux de ses soldats, Albert Maillard et Edouard de Péricourt, sont au courant de ses méfaits. Il tente donc de se débarrasser d'eux. Mais il échoue...

    Et voilà ces trois hommes confrontés à l'après-guerre.

    Chacun à leur manière, ils vont tenter de se reconstruire...

    au revoir là-haut,pierre lemaitre,christian de metter,rue de sèvres,guerre de 14-18,prix goncourt,adaptation en bande dessinée

    Vous vous souvenez peut-être que ce roman lauréat du Goncourt avait été un de mes coups de cœur 2014. J'avais été littéralement happée par cette fresque de plus de 500 pages, par ces personnages hauts en couleur, par cette intrigue, par l'atmosphère...

    Aussi, quand Rue de Sèvres m'a proposé de recevoir cet ouvrage, j'ai quelque peu hésité.

    Je me suis d'ailleurs retrouvée dans les propos tenus par Philippe Torreton dans la préface: "Aussi, lorsque Pierre Lemaître m'a demandé de signer la préface de cette bande dessinée, j'ai eu peur. Quelqu'un a eu l'outrecuidance de figurer mes potes, de tirer un trait sur mon imaginaire, de réduire à quelques bulles l'immensité de ces 567 pages d'écriture"

    Puis, j'ai accepté...Et quand j'ai reçu cet album dans ma boîte aux lettres, je n'ai pas tardé à me lancer.

    Pierre Lemaître a effectué un travail d'orfèvre pour restituer l'essence de son œuvre.

    Forcément, il n'a pas pu tout retranscrire et a dû opérer certaines coupes.

    Forcément, l'absence ou la réduction de certaines scènes nous font éprouver une pointe de regret.

    Car, quand on aime, c'est d'un bloc et on adorerait pouvoir tout retrouver. Or, dans une adaptation en bande dessinée, c'est impossible....

    Cependant, il faut reconnaître que le plus important est là.

    Un équilibre s'instaure très vite entre les mots et les images. Parfois, le texte se fait silence et ne prédominent que les couleurs, que les silhouettes, que les regards....Comme dans ces dernières pages coups de poing.

    Cet équilibre est le signe d'une alchimie entre l'auteur et l'illustrateur...

    Le signe d'une volonté aussi de rendre un bel hommage à l'ouvrage et à tous ses protagonistes.

    Et le signe d'un défi réussi.

    Bref, vous l'aurez compris: je ne saurais que recommander la lecture de cette transposition, aussi bien à ceux qui connaissent déjà l'histoire qu'à ceux qui n'ont pas encore eu la chance de la découvrir.  Et je sais déjà qu'un jour, je me replongerai dans les aventures d'Albert et d’Édouard et dans cette ambiance  de 1919.

    Un grand merci à Rue de Sèvres pour cet envoi!

    Rue de Sèvres, 2015, 168 pages

    Billet dans le cadre du challenge Première guerre mondiale que j'organise

    au revoir là-haut,pierre lemaitre,christian de metter,rue de sèvres,guerre de 14-18,prix goncourt,adaptation en bande dessinée

     

     

     

     

     

  • Travail soigné de Pierre Lemaître

    Travail soigné

    de

    Pierre Lemaître

    travail-soigné.jpg

    "Lundi 7 avril 2003,

    -Alice...dit-il en regardant ce que n'importe qui, sauf lui, aurait appelé une jeune fille.

    Il avait prononcé son prénom pour lui faire un signe de connivence mais sans parvenir à créer chez elle la moindre faille. Il baissa les yeux vers les notes jetées au fil de la plume par Armand au cours du premier interrogatoire: Alice Vandenbosch, 24 ans."

    Alors qu'il questionne une victime,  le commandant Camille Verhoeven reçoit un coup de fil d'un de ses inspecteurs qui lui demande de venir sur les lieux d'un crime.

    "Ça ne ressemble à rien que je connaisse..."

    Et, en effet, quand il arrive, Verhoeven est frappé par le carnage qu'il découvre.

    Très vite, son enquête lui permet de faire le lien avec une précédente affaire qui avait fait beaucoup parler.

    Très vite aussi, il comprend que le meurtrier tente de transposer des crimes de romans célèbres: le Dahlia noir et American psycho.

    Mais comment contrer un assassin qui semble toujours avoir plusieurs coups d'avance? Surtout quand la presse parvient aussi facilement à obtenir des infos censées rester secrètes?

    pierre lemaitre.jpg

    J'ai découvert récemment Pierre Lemaître avec Au-revoir là haut, un roman qui m'avait fait une très forte impression. Puis, je me suis lancée dans Robe de marié avec mes copinautes Bianca et Céline et là encore, j'ai été bluffée.

    Aussi, quand le premier tome de la trilogie des Verhoeven est arrivé dans mes mains à la médiathèque où je travaille, je n'ai pas pu résister et je me suis immédiatement plongée dedans. Et, une fois encore, la magie a opéré.

    L'auteur a su créer des personnages atypiques.

    Le héros, Camille Verhoeven, a dû faire preuve d'une force de caractère exceptionnel pour gravir les échelons de la police en dépit de sa petite taille (1,45 m).

    Autour de lui, gravitent Louis, un jeune homme très riche qui a choisi cette carrière pour aider les plus démunis; Armand, un besogneux très avare qui a pour habitude de ramasser les journaux dans les poubelles pour faire des économies et Maleval, un trentenaire qui mène une vie dissolue et inquiète le commandant.

    Cet aspect hétéroclite des caractères fonctionne à merveille et donne une impression de justesse et de vérité. En effet, il est rare de retrouver dans des équipes des gens bâtis sur le même moule et Pierre Lemaître a bien eu raison de respecter cette règle.

    On s'attache à chacun de ces protagonistes car il parvient, en quelques traits, à nous les rendre extrêmement vivants et présents.

    Mais la grande force de cet ouvrage tient encore surtout à la qualité de l'intrigue. J'ai beaucoup aimé l'idée d'un serial killer qui tue ses victimes selon des modus operandi décrits dans des romans policiers. L'occasion de découvrir des titres que je ne connaissais pas (il faut que je lise Emile Gaboriau) et de faire une incursion dans le milieu universitaire.

    De plus, les fausses pistes se multiplient sans cesse. Tout comme les coupables possibles. Le "Romancier" (surnom que les journalistes ont inventé pour parler du meurtrier) joue avec les nerfs de Verhoeven et de sa brigade (et avec les nôtres par la même occasion). Jusqu'au rebondissement final (que je n'avais pas vu du tout venir)...

    Bref, vous l'aurez compris: j'ai adoré ce roman policier (je n'ai pu le lâcher que vers la fin) et j'ai hâte de me plonger dans la suite de la trilogie autour de ce commandant.

    Dire que le manuscrit de Travail soigné avait été refusé 22 fois par 22 éditeurs avant que le Masque revienne sur sa décision et ne décide de le publier....

    Le Livre de Poche, 2006, 407 pages, 7,10 €