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babel

  • Nature morte de Louise Penny

    Nature morte

    de

    Louise Penny

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    "Mlle Jane Neal se présenta devant Dieu dans la brume matinale du dimanche de Thanksgiving. Ce décès inattendu prit tout le monde au dépourvu. La mort de Mlle Neal n'était pas naturelle, sauf si l'on croit que tout arrive à point nommé. Si c'est le cas, Jane Neal avait passé ses soixante-seize années à s'approcher de ce dernier instant où la mort vint à sa rencontre, dans une érablière aux tons ardents, près du village de Three Pines."

    Bienvenue au village québécois de Three Pines où chacun semble couler des heures heureuses dans cet automne naissant.
    Mais voilà un dimanche matin, Jane Neal, l'ancienne institutrice est retrouvée morte dans les bois. Sans doute victime d'un accident de chasse.
    L'inspecteur-chef Armand Gamache, dépêché sur les lieux ne se fie pas aux apparences et décide de mener son enquête.
    Très vite, il découvre que la communauté apparemment si unie dissimule bien des secrets.
    Et si finalement Jane avait été assassinée ?

    Cela faisait quelques mois que j'avais acheté le premier tome de cette série sur les conseils de mon ami Julien Rampin. Et j'ai attendu les brouillards des matinées d'octobre pour m'y plonger. Je n'accorde pas souvent mes lectures à la période de l'année. Pour autant, j'ai trouvé un certain charme à ces résonances de saison.


    J'aime beaucoup les romans policiers qui se déroulent dans des villages. Pour l'ambiance, entre bienveillance et cancans. Pour l'étude des caractères.

    Louise Penny reprend ici toutes ses caractéristiques que je prise mais leur insuffle aussi un peu de renouveau avec ces policiers venus d'ailleurs et en proie à leurs propres intrigues relationnelles.

    Les pages se tournent toutes seules. Les secrets se dévoilent peu à peu pour mieux redéfinir la vie à Three Pines.
    Les lieux se font écho de tout ce que le passé et le présent peuvent dissimuler. Comme si les maisons jouaient leur propre rôle dans l'histoire. Certains lieux se révèlent au contraire des refuges. Comme la pension de famille ou la librairie

    Quant aux personnages, ils se révèlent tous bien campés et je suis curieuse de voir comment ils vont évoluer par la suite.

    En effet, il est certain que je referai un arrêt dans ce village de Three Pines. Ne serait-ce que pour ce banc à l'aube.

    Bref, vous l'aurez compris : un moment plaisant en compagnie de ce cosy mystery. 

    Traduit de l'anglais (Canada) par Michel Saint-Germain, Actes Sud, 2011, 438 pages

     

  • La Maison allemande d'Annette Hess

    La Maison allemande

    de

    Annette Hess

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    "Il y avait eu un nouveau départ d'incendie cette nuit-là. Eva le sentit immédiatement en sortant sans manteau dans la rue, silencieuse en ce dimanche et recouverte d'une mince couche de neige. Cette fois, ce devait être tout près de chez eux. L'odeur âpre masquait celle de la ville en hiver: une odeur de caoutchouc carbonisé, de tissu brûlé, de métal fondu, mais aussi de cuir et de pelage roussi."

    En cette année 1963, Eva nourrit un rêve : celui d'épouser Jurgen, un jeune homme au niveau social élevé qui l'emmènerait bien loin du restaurant de ses parents, situé dans les quartiers populaires de Francfort.

    Un soir, alors que la présentation officielle de son prétendant a lieu, elle est appelée en qualité d'interprète et elle se retrouve engagée pour traduire les témoignages des Polonais lors du « second procès d'Auschwitz ».

    Un procès qui la confronte à la réalité des camps de concentration.

    Un procès qui remet en cause tous les fondements de son existence.

    Voici un roman que j'ai remarqué grâce à une story de mon amie @bouquinsetbiquettes. J'ai été immédiatement attirée par le sujet qui m'a rappelé celui du film le Labyrinthe du silence.

    C'est en effet le silence qui prédomine en partie dans ce livre. Le silence lourd et palpable de ceux qui découvrent l'horreur et la barbarie. Le silence de ceux qui taisent leur passé. Témoins ou complices. Le silence de ceux qui ploient sous la chape de leurs souvenirs et de leur culpabilité.

    Et puis, face à ce silence, il y a les pleurs et les mots. Les mots pour dire ce qui a été et ce qui n'est plus. Les mots pour accuser ou défendre. Les mots pour se sauver. Envers et contre tout.

    Les mots pour trouver ou retrouver son identité. Comme Eva qui vacille dans ses certitudes.

    J'ai beaucoup aimé la manière dont les thèmes s'entremêlent dans ce livre. Sans manichéisme.

    Par le prisme de l'héroïne et par celui de David, un des procureurs adjoints, le déroulement du procès nous est dépeint. Succession de séquences fortes qui frappent et touchent en plein cœur.

    A ce pivot central de l'intrigue viennent se greffer des réflexions autour de la condition des femmes, autour de la notion de la culpabilité, autour de la vieillesse, autour de la reconstruction. Ce qui contribue à rendre encore plus dense l'atmosphère de cet ouvrage.

    Pour autant, l'action ne ralentit jamais. En effet, Annette Hess parvient à trouver l'équilibre entre scènes d'ensemble et scènes individuelles et à toujours relancer la narration.

    Finalement, je n'aurais qu'un seul bémol : la manière peut-être un peu rapide à mon sens de faire évoluer le destin de la sœur d'Eva.

    Bref, vous l'aurez compris : une œuvre très réussie autour de la mémoire, de l'oubli et de la responsabilité. Je ne peux que vous conseiller de la découvrir à votre tour.

    Traduit de l'allemand par Stéphanie Lux, Actes Sud, 2019, 394 pages

  • Le Mur invisible de Marlen Haushofer

    Le Mur invisible

    de

    Marlen Haushofer

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    "Aujourd'hui cinq novembre, je commence mon récit. Je noterai tout aussi exactement que possible. Pourtant je ne sais même pas si aujourd'hui est bien le cinq novembre. Au cours de l'hiver dernier quelques jours m'ont échappé. Je ne pourrais pas dire non plus quel jour de la semaine c'est. Mais je pense que cela n'a pas beaucoup d'importance. Je n'ai à ma disposition que quelques rares indications, car il ne m'était jamais venu à l'esprit d'écrire ce récit et il est à craindre que dans mon souvenir bien des choses ne se présentent autrement que je les ai vécues."

    En période de Guerre froide, notre héroïne est partie avec sa cousine et son mari dans leur chalet à la montagne. Fatiguée le premier soir, elle a préféré ne pas les accompagner lors de leur sortie au village. Le lendemain, à son réveil, elle est bien étonnée de ne pas les trouver. Elle part donc à leur rencontre et se retrouve séparée du reste de la vallée par un mur invisible. Derrière la paroi, tout le monde semble s'être pétrifié. Très vite, elle se découvre seule au monde avec comme unique objectif de survivre et de permettre aux quelques animaux rescapés de continuer leur existence. Labeur, solitude, rigueur, peur rythment ainsi ses journées. Comment réussir à trouver la force de se battre? Comment garder une once d'espoir, celle qui permet de se lever tous les matins et de continuer, malgré l'isolement, le découragement, l'éternel questionnement?

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    Marlen Haushofer

    Miss Léo m'avait gentiment offert ce livre lors d'un Noël entre blogueuses il y a déjà deux ans de cela. Cependant, face à ma PAL gargantuesque, je n'avais pas encore pris le temps de l'ouvrir. Il a fallu ce formidable mouvement initié par Diglee pour que finalement, je me décide.

    Ce livre, je l'ai dévoré au début du mois lors de quelques jours de congé. J'avais l'impression de faire partie du quotidien de cette femme dont le dialogue avait été interrompu. J'avais envie de répondre à son journal de bord, de l'encourager dans ses moments de profonde détresse, de lui dire aussi toute mon admiration pour s'être transformée en cette Robinsonne des temps modernes.

    Ce livre, il retrace le parcours incroyable d'une reconstruction et d'une survie dans un monde détruit.

    Ce livre, c'est un hommage à la nature, dans toute sa sauvagerie, sa générosité, sa violence et sa beauté.

    Ce livre, c'est le récit d'une héroïne au sens fort du terme, capable de relever tous les défis pour nourrir la famille qu'elle s'est constituée, entre son chien, ses chats, sa vache et son taureau.

    Ce livre, c'est justement cette magnifique histoire d'amour entre une femme et ses animaux.

    Ce livre, c'est le passage des saisons et de ce temps qui s'égrène sans avoir le même sens qu'avant.

    Ce livre, c'est un hymne à la vie qu'elle qu'elle soit.

    Ce livre, c'est le bonheur de sentir la lumière du soleil sur son visage.

    Ce livre, c'est de la peur et des battements de cœur accélérés devant l'inconnu capable de briser une routine si chèrement établie.

    Ce livre, c'est une leçon de survie, de courage et de rage, de lutte contre l'ennui et l'abattement.

    Je sais que je me souviendrai longtemps de certaines scènes: les descriptions des paysages sur les alpages, les images derrière le mur, les promenades avec Lynx, les petites victoires face à la nature... Mais également du rythme de cette intrigue: lent, avec une tension toujours larvée derrière les instants apparemment calmes. Et de cette sensation de suffocation à l'idée de cet après sans doute jamais possible.

    Bref, vous l'aurez compris: Le Mur invisible fait partie de ses ouvrages différents, au rythme qui épouse celui des jours à l'infini. Une fois refermé, on a l'impression de laisser tomber une voix amie dont la survie ne dépendait que de notre lecture. Comme si nous étions capable de briser son sort de solitude, rien que par des pages qui se tournent. Et il faut avouer que c'est rare de se sentir aussi nécessaire et essentiel à un personnage.

    Actes Sud, 346 pages