Le Journal de Frankie Pratt
de
Caroline Preston
"Au commencement...Mère m' a offert ce journal pour mon diplôme d'études secondaires. J'ai trouvé la vieille Corona de papa à la cave. Des souris ont grignoté l'étui, mais elle marche encore! J'ai commandé le mode d'emploi gratuit pour apprendre à taper. J'écrirai une page par jour."
Cornish, New Hampshire, 1920, Frankie Pratt, jeune Américaine de 18 ans entreprend la rédaction de son journal. Elle vient de finir ses études secondaires. Comme les revenus familiaux se sont réduits depuis la mort de son père, elle doit renoncer à ses rêves d'université et devenir garde-malade de Mrs Pingree. Elle succombe très vite aux charmes du fils marié de son employeuse. Mais sa mère met un terme à leur idylle et l'envoie à l'université à Vassar.
Débute alors une nouvelle existence pour Frankie qui va la mener de Greenwich Village à Paris.
J'ai entendu parler pour la première fois de ce roman graphique sur un de deux fabuleux blogs d'Alice. Et j'ai tout de suite adoré le principe de cette oeuvre de fiction sous forme de scrapbook. Aussi, lorsque je l'ai trouvé à Noël parmi les cadeaux offerts par ma Maman, j'ai été ravie. Je l'ai d'aileurs dévoré en une matinée.
Caroline Preston est une auteure américaine. Ce livre lui a été inspiré par l'amitié qui lia sa grand-mère à Sylvia Beach, la libraire et éditrice de Shakespeare&Co et qui l'amena à rencontrer des auteurs tels qu'Hemingway ou Joyce (elle aida d'ailleurs à faire publier Ulysse aux Etats-Unis).
Pour réaliser ce roman graphique, elle a constitué un scrapbook à partir de 600 pièces vintage (cartes postales, menus, lettres, partitions de musique, pages de mode, étiquettes de bagage...) et des souvenirs personnels de sa grand-mère et de sa mère (dont un fragment du manuscrit d'Ulysse).
C'est justement ce que j'ai adoré dans cet ouvrage: pouvoir lire une histoire située dans les années 20 en découvrant en même temps des objets de cette époque. Tout s'imbrique parfaitement: le texte et les illustrations se font écho en permanence et s'enrichissent mutuellement.
L'héroïne, la jeune Frankie Pratt, se révèle également très attachante. J'ai suivi avec grand plaisir son évolution. On la découvre jeune fille naïve, à peine sortie de l'adolescence, à l'âge des premières amours et on la quitte devenue femme et ayant réalisé certains de ses rêves les plus chers.
Les six chapitres de ce roman d'apprentissage (Cornish, Université de Vassar, Greenwich Village, L'Atlantique, Paris et Cornish) nous permettent ainsi d'assister à sa transformation. Mais aussi de l'accompagner dans son périple, de Vassar aux Paris des années folles, en passant par un séjour dans Greenwich village et un voyage en paquebot (le Mauretania).
On apprend ainsi une multitude de détails sur la vie et les moeurs des jeunes femmes étudiant à l'université, sur le Paris littéraire des années 20, sur l'atmosphère qui pouvait régner à New York, sur les exploits de Lindbergh...
Les pages se tournent à une vitesse impressionnante. Et, la dernière parcourue, on a qu'une envie: tout reprendre depuis le début.
Bref, vous l'aurez compris: Le Journal de Frankie Pratt constitue un véritable coup de coeur!
Je vous mets en bonus la vidéo de présentation de l'éditeur.
Et je rajoute un lien vers le billet de Fanny du blog Netherfield Park et vers le billet de lor du blog l'or des chambres autour de ce petit bijou.
Editions du Nil, 2012, 233 pages, 22 €