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loïc corbery

  • Le Misanthrope à la Comédie française

    Le Misanthrope à la Comédie française

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    Mardi soir, pour mon anniversaire, j'ai été invitée par une de mes amies à la Comédie-française. Cela faisait quelques années que je ne m'y étais pas rendue (depuis le Don Juan interprété par Andrzej Seweryn) et j'attendais avec impatience ces retrouvailles (surtout avec une de mes pièces préférées).

    Après avoir déambulé dans les couloirs de ce lieu mythique et admiré les bustes des dramaturges célèbres ou le fauteuil de Molière, nous nous sommes dirigées vers le deuxième balcon. Surprise: Loïc Corbery (dont je vous parlais récemment pour le très bon Pas son genre) était déjà assis sur scène. Dans le brouhaha du public qui s'installe. C'était la première fois que je ne voyais pas le rideau se lever. En effet, au bout de quelques sonneries, l'acte 1 a débuté.

    Et j'ai passé une soirée magique.

    Parce que, même si j'ai eu besoin d'un petit temps d'adaptation, je me suis laissée bercer par les vers de Molière.

    Parce que cette pièce reste toujours d'une modernité incroyable.

    Parce qu'elle est d'une richesse exceptionnelle. Comportement en société, hypocrisie, faux semblants...mais aussi passion, trahison, duplicité, coquetterie, amitié, jalousie, amour sincère constituent autant de thématiques que l'on retrouve au fil des actes.

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    Parce que certaines scènes nous accompagnent longtemps, une fois les applaudissements terminés.

    Parce que certaines répliques résonnent tout particulièrement en nous.

    Parce que "Je veux qu'on soit sincère, et qu'en homme d'honneur, on ne lâche aucun mot qui ne parte du cœur".

    Parce qu'on rit, qu'on espère, qu'on est surpris.

    Parce que les comédiens se sont révélés excellents, Loïc Corbery en tête. J'avais imaginé un Alceste sérieux, tout le temps grave et extrêmement sage. Quelqu'un de vieux avant l'heure. Or, dans cette mise en scène, il se révèle, sans oublier pour autant sa nature de misanthrope, espiègle, passionné, tourmenté...Face à ce brillant interprète, j'ai aussi pris beaucoup de plaisir à suivre le jeu de Eric Génovèse (Philinte), de Florence Viala (Arsinoé), d' Adeline d'Hermy (Eliante) et de Serge Bagdassarian (Oronte). En revanche, je n'ai pas adhéré au choix de Célimène. J'ai trouvé que Georgia Scallet n'avait pas une voix qui portait assez, que la langue de Molière ne coulait pas dans sa bouche comme dans celle de ses comparses et qu'elle manquait de pétillance.

    Parce que la mise en scène de Clément Hervieu-Léger m'a paru très bonne, de sa direction d'acteurs à la petite phrase musicale qui revient sans cesse et se fait de plus en plus lancinante jusqu'à conclure cette pièce (magnifique idée de l'utiliser pour rappeler le souvenir d'Alceste à Célimène et lui donner un ultime regret. Comme si...une dernière chance était possible). Et que dire de ces scènes d'aveux amoureux (l'adorable confession de Philinte à Eliante, les déchirements passionnés d'Alceste et de Célimène, le sonnet d'Oronte à Célimène alors qu' Alceste est caché derrière la porte)? Et de cette scène de révélation sur le comportement de coquette de Célimène? (comme une scène de procès où on ne voit que son dos tourné s'affaisser devant l'accumulation d'accusations)

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    Parce que le décor m'a beaucoup plu et qu'il se dépouille au fil des scènes. Comme pour mieux symboliser la perte des dernières illusions d'Alceste et sa retraite dans le désert.

    Bref, vous l'aurez compris: je ne saurais que vous recommander de vous rendre à la Comédie-française (même si je n'ai pas été convaincue par Célimène) si vous trouvez encore des places ou de vous replonger dans la lecture de ce chef d’œuvre de Molière

  • Pas son genre, un film qui est tout à fait mon genre

    Pas son genre

    un film de Lucas Belvaux

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    Clément vient juste de se séparer de sa dernière compagne. Après un café aux Deux Magots, ce professeur de philosophie rentre chez lui et découvre avec horreur son affectation à Arras. Pour ce pur produit du Parisianisme, cette nouvelle sonne comme une sanction.

    Au même moment, à Arras, Jennifer, mère célibataire, se prépare à passer une journée comme les autres, entre son travail dans un salon de coiffure et les instants qu'elle partage avec son fils.

    A priori, rien ne prédispose donc ce féru de littérature, de philosophie, de Rive gauche et cette coiffeuse, chanteuse de karaoké à ces heures perdues, fan de Jennifer Aniston et de romans populaires à se rencontrer. Et pourtant, le destin frappe à la porte...

    Mais peut-on s'aimer, malgré les différences de classe sociale et de références culturelles?

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    J'avais remarqué ce film à sa sortie. Et, malheureusement, je l'avais raté. Récemment, ma copinaute Camille du très bon blog Vive la rose et le lilas m'en a reparlé et a réactivé mon envie de le visionner.

    Dès les premières images, Lucas Belvaux nous plonge dans le cœur de son film. Des séquences parallèles s'intéressent aux deux héros: tantôt on suit le quotidien de Clément, tantôt celui de Jennifer. Deux quotidiens aux antipodes. Deux personnes a priori radicalement différentes tant par leurs intérêts que par leurs habitudes.

    Cependant, Clément, par le jeu des affectations, se voit contraint de s'installer trois jours par semaine à Arras, "une ville où on ne vit pas mais où on meurt", comme le lui annonce sa collègue de philosophie.

    Un soir, il décide d'aller se faire couper les cheveux et se retrouve servi par Jennifer. Forcément, on guette l'étincelle... Il repart comme si de rien n'était. Dans la rue, il s'arrête, comme mu par une soudaine impulsion qu'il préfère ignorer.

    Quelques jours plus tard, il revient. Premiers échanges dans l'Irish Pub de la Grande Place. Aussitôt, des obstacles à cette possible relation apparaissent, justement soulignés par Jennifer.

    Et pourtant, de séances de cinéma en retrouvailles dans des cafés, une liaison amoureuse se noue. Chacun essaie de trouver de l’intérêt dans ce qu'apprécie l'autre.

    Comme Jennifer, on pourrait croire au conte de fées. Et si chacun bousculait l'autre dans ses idées et ses retranchements?

    Mais voilà, dans cette histoire, le prince charmant semble peut-être trop lâche et phobique de l'engagement, la princesse sans doute trop impatiente...

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    Autour de cette question de l'amour plus fort que tout, Lucas Belvaux parvient à tisser une trame très intéressante et tout en finesse. Sans jamais sombrer dans le manichéisme ou enfermer ses personnages dans des stéréotypes. Au contraire, il leur apporte une certaine profondeur et montre qu'on peut parfois échapper au déterminisme de la naissance ou du milieu et qu'on parvient parfois à être plus que le rôle assigné ou attendu par la société.

    Dans les rôles de Clément et de Jennifer, Loïc Corbery et Emilie Dequenne se révèlent parfaits. On croit à leurs personnages, à leur relation, à leur alchimie, à leurs dissensions...Tour à tour, ils m'ont émue, amusée, bouleversée, énervée...Et la réussite de ce film repose en grande partie sur eux.

    De même, Pas son genre offre quelques très belles scènes: celle du karaoké où certaines barrières se brisent chez Clément, celle de la plage ou encore celle du carnaval d'Arras...

    J'ai été également particulièrement sensible à toutes ces séquences où chacun des protagonistes tente de faire entrer l'autre dans son monde. Que ce soit par des séances de lecture de classiques (ah! la voix de Loïc Corbery!) ou par des chansons populaires (très jolie reprise de Il était une fois).

    Bref, vous l'aurez compris: un long métrage à la fois romantique, dramatique, pétillant, sensible, émouvant...et qui fait passer un bon moment.