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maladie

  • Il est juste que les forts soient frappés

    Il est juste que les forts soient frappés

    de

    Thibault Bérard

    il est juste que les forts soient frappés,thibault bérard,éditions de l'observatoire,premier roman,littérature française,amour,maladie,deuil-

    "J'imagine que vous serez d'accord: ce que tout le monde veut dans la vie, c'est laisser une trace, non. Résister à l'oubli éternel?"

    Cela commence comme un film de Capra. Une femme en proie à des démons qui la broient. Deux rencontres à quelques années. Et la voilà métamorphosée.

    Mais, pour celle qui pensait mourir avant 40 ans, point de happy end.
    C'est elle qui nous raconte son histoire. Depuis une cellule dans un au-delà où ses souvenirs remontent comme des bulles. Bulles de joie. Bulles de combat. Bulles de douleur. Bulles de tout ce qui ne se dit pas.

    Il y a la voix de Sarah qui nous mène sur ce chemin peuplé de tous ces rires passés, de toutes ces souffrances larvées et de tous ces possibles réinventés. Sarah, la reine noire, qui ne croit pas au bonheur mais que la rencontre avec Théo a bouleversée. Sarah qui se dévoile entière, dans ses failles les plus reculées. Avec une sincérité désarmante qui nous pousse à l'aimer et à la pleurer.

    Il y a son lutin. Cet amoureux porté par une foi dans l'existence. Celui qui revoit les scènes de ses longs métrages préférés dans les séquences de ses journées. Celui qui grandit dans l'épreuve. Comme si le baptême de feu de l'inquiétude et de la peur le rendaient adulte et balayaient son insouciance.

    Il y a ceux qui évoluent autour de ce couple frappé par la pire épreuve. Simon et Camille, leurs deux enfants, pris dans la tourmente. Le Dr House, figure de référence, contre laquelle achoppent tous les espoirs comme toutes les colères.

    Il y a ce style fébrile qui épouse au mieux l'urgence. Ces phrases qui se font tantôt courtes ou tantôt longues pour accompagner les méandres de la pensée et du discours de l'héroïne. Cette poésie qui émerge dans certains paragraphes. Ces bulles. Cette nacre. Comme des îlots de beauté dans un univers dévasté.

    Il y a cette émotion qui nous saisit et nous accompagne. Cette envie d'y croire. Malgré la chronique d'une mort annoncée.

    Il y a cet entremêlement de références modernes et plus anciennes qui s'harmonisent au fil des pages.

    Il y a ces chansons qui réconfortent et apaisent. Comme autant d'échappées magnifiques et momentanées.

    Il y a ces instants fugaces de communion et de paix que Sarah fige pour l'éternité.

    Il y a Cléo, la lumière , qui ouvre ses bras pour le rescapé et l'empêche d'échouer.

    Il y a cette pensée qui envahit le lecteur. Cette idée que le roman s'appuie sur une matière autobiographique qui rend l'hommage encore plus poignant.

    Ce livre, je l'ai fini le cœur à la fois serré et ensoleillé.

    Ce livre, il m'a embarquée. Même si le premier chapitre, ce pacte narratif nécessaire, m'avait laissée dubitative. Même si j'aurais préféré que l'intrigue s'achève sur ce "Hey Jude" vibrant et laisse les vivants s'effacer devant Sarah, l'absente si présente.

    Ce livre, malgré ces deux réserves, je ne peux que vous le recommander.

    Editions de l'Observatoire, 2020, 296 pages

     

     

     

  • Ne t'inquiète pas pour moi

    Ne t'inquiète pas pour moi

    de

    Alice Kuipers

    ne t'inquiète pas pour moi.jpg

    "Coucou ma Claire,

    lait

    pommes

    bananes [...]

    Si ce n'est pas trop lourd, prends un poulet et deux boîtes de haricots. Si tu ne peux pas, ça ne fait rien, j'essaierai de passer les acheter demain.

    Bises,

    Maman"

    Claire et sa maman peuvent passer des semaines à seulement se croiser. Par conséquent, elles communiquent souvent par post-it.

    Un jour, la nouvelle tombe: la mère de Claire est malade. Et leur correspondance va prendre un tour tout à fait différent.

    alice kuipers.jpeg

    Cela faisait déjà longtemps que j'avais remarqué ce roman, notamment sur le blog de Bianca. J'en avais jusqu'à présent repoussé la lecture en raison de son sujet. Puis, finalement, je me suis lancée et je l'ai dévoré en une soirée.

    Il s'agit du premier ouvrage de l'auteure anglaise Alice Kuipers. Elle a opté pour un schéma narratif très original. En effet, toute l'intrigue du livre est contée par le biais d'un échange de post-it. Une manière très efficace de moderniser le genre du roman épistolaire.

    On assiste à deux destins féminins parallèles: d'un côté, celui d'une adolescente de 15 ans, amoureuse pour la première fois et très proche de sa meilleure amie; de l'autre, celui d'une femme de 40 ans, accaparée par son travail de sage-femme et qui se retrouve confrontée à la maladie.

    Alors que les post-il réglaient les détails de la vie quotidienne au début de l'histoire et leur donnaient la possibilité d'entretenir des relations distantes, ils vont leur permettre de se dire l'essentiel vers la fin. Toutes ces déclarations que par pudeur, on retient trop souvent...

    Les petits papiers accrochés sur le frigo se révèlent donc tour à tour triviaux (de simples listes de courses ou des réclamations d'argent de poche), drôles ("ton esclave à domicile"), tendres, graves, nostalgiques....Ils invoquent toute une gamme d'émotions qui laissent le lecteur pantelant, une fois les pages refermées.

    En effet, ce roman ne peut laisser personne indifférent. Il nous fait profondément réfléchir sur nos vies modernes où bien souvent on ne fait que se croiser et sur la nécessité de ne jamais oublier ses rêves.

    De plus, il parle très simplement de tendresse, d'amour maternel, de maladie...Sans jamais sombrer dans le pathos.

    Bref, vous l'aurez compris: j'ai adoré Ne t'inquiète pas pour moi d'Alice Kuipers. Et j'espère vraiment que vous partagerez ce coup de cœur.

    Albin Michel Jeunesse, 2008, 242 pages, 10 €

    Lu dans le cadre du challenge God save the livre 2013.

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