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  • Un goût de cannelle et d'espoir

    Un Goût de cannelle et d'espoir

    de

    Sarah McCoy

    un goût de cannelle et d'espoir.jpg

    "Garmisch, Allemagne

    Juillet 1945

    Bien longtemps après que le fourneau d'en bas avait refroidi et celui d'en haut avait chauffé, que tout le monde s'était blotti dans les draps en coton, elle sortit délicatement les pieds de sous le couvre-lit et s'avança sans un bruit dans la pénombre. Elle ne mit pas ses chaussons de peur que leur claquement ne réveille son mari endormi"

    Au mois de juillet 1945, une boulangère dissimule une lettre à son mari et sa fille Elsie. Une lettre qui visiblement apporterait une réponse à certains événements survenus dans leur existence depuis quelques mois.

    En 2007, à El Paso au Texas, Reba, une jeune journaliste, souhaiterait réaliser une interview d'Elsie qui tient une boulangerie allemande.

    Deux récits et deux femmes à un tournant de leur vie...

    sarah mccoy.jpeg

    J'avais remarqué depuis quelque temps ce roman à la médiathèque et j'avais été immédiatement attirée par ce titre réconfortant.

    Vous savez que j'apprécie les romans à tiroirs, ceux où plusieurs fils d'intrigue se déroulent à plusieurs époques et où on comprend seulement à la fin le lien qui les unit.

    Dans ce livre, on suit deux femmes à plus de soixante ans d'écart (Elsie et Reba). Mais, ces deux histoires, hormis la présence d'Elsie dans les deux, n'ont pas forcément de connexion ensemble. Et j'ai trouvé cela dommage...Point de mystère donc ici...Et même certaines promesses non tenues (comme la grande histoire d'amour évoquée par Elsie et qu'on attend en vain)...

    De plus, dans ce type de littérature, donner autant d'intérêt aux deux narrations constitue souvent une difficulté. Et là, encore, j'ai eu l'impression que Sarah McCoy n'avait pas réussi son pari.

    Autant je ne suis pas parvenue à ressentir de l'empathie pour Reba et la crise sentimentale qu'elle traverse, autant je me suis prise immédiatement d'affection pour Elsie.

    Cette dernière est une jeune Allemande de 16 ans qui seconde ses parents dans leur boulangerie. En cette fin d'année 1944, elle guette les lettres de sa grande sœur, envoyée dans un Lebensborn. De même, elle compte les jours qui la séparent de la fête de Noël, donnée pour les officiers SS et où elle a été invitée. Elle est bien loin d'imaginer l'impact de cette soirée sur son futur quotidien...

    Le destin tragique de cette héroïne donne à l'auteur la possibilité d'évoquer tout un pan de l'histoire allemande. Manque de nourriture, suspicion, chasse aux Juifs ou à ceux qui les hébergent, fidélité aux idéaux aryens, toute puissance des SS....constituent autant de thématiques abordées. Mais ce qui m'a le plus frappée, c'est l'évocation du sort réservé à certaines femmes, envoyées dans des Lebensborn. Leur rôle: accélérer la création et le développement d'une race aryenne pure, en couchant avec des SS et en abandonnant leur bébé à la cause. Étaient renvoyées toutes celles qui n'enfantaient pas de "purs Aryens" et étaient tués tous les nourrissons ne correspondant pas aux critères requis.

    Outre ce contexte historique passionnant, un des autres points forts de cet ouvrage réside dans l'évocation des pains, pâtisseries et autres spécialités allemandes. Je vous défie même de tourner les pages sans vous mettre à saliver au moins devant une description de recette (Sarah McCoy a d'ailleurs eu la bonne idée d'en ajouter certaines en appendices).

    Bref, vous l'aurez compris: une lecture en demi-teinte. Dommage car, sur le papier, Un goût de cannelle et d'espoir avait tous les ingrédients pour me plaire.

    Les Escales, 2014, 425 pages

    Billet dans le cadre du Challenge Un pavé par mois de Bianca.

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  • La Tête de la reine d'Edward Marston

    La Tête de la reine

    de

    Edward Marston

    la tête de la reine, edward marston, editions 10/18, the queen's head,

    "Château de Fotheringhay, Février 1587

    La Mort l'avait suivie patiemment tout au long de sa captivité. Pas un jour ne passait sans que Marie entendît ou imaginât son pas furtif derrière elle, pourtant la Faucheuse retint sa main pendant près de vingt ans. Quand finalement elle frappa, ce fut avec une hâte indécente.

    -Demain matin, à huit heures."

    Ce roman s'ouvre sur les derniers moments de Mary Stuart. Heure après heure, nous suivons le cérémonial implacable. Jusqu'à son exécution.

    D'une tête de reine à une autre...

    "La tête de la reine oscillait doucement d'avant en arrière sous la brise légère. Le regard restait captivé à sa vue. Portant perles et diadème dans sa chevelure rousse relevée en une masse de boucles drues, elle avait un visage pâle et distingué, au front altier, au nez fin et aux lèvres pleines. Son impérissable beauté tenait également à ses yeux remarquables. [...] A ce regard impérieux, nul ne pouvait manquer de reconnaître Elisabeth Tudor, souveraine d'Angleterre."

    Ce portrait sert d'enseigne à l'auberge de la Tête de la Reine. Une auberge qui abrite les représentations des Hommes de Westfield.

    Mais depuis quelques temps, cette troupe, qui entend donner une pièce autour du succès contre l'Armada, semble la cible de saboteurs et d'assassins.

    Le régisseur Nicholas Bracewell va tenter de comprendre l'identité de ceux qui veulent ruiner la réputation de ses comparses voire attenter à leurs jours.

    la tête de la reine, edward marston, editions 10/18, the queen's head,

    Je ne connaissais pas du tout cette série avant de lire le billet de Shelbylee sur sa folie des Tudors. Et elle a su me donner envie de me plonger dans ces romans policiers historiques (d'autant plus qu'en farfouillant dans les étagères de ma bibliothèque, j'ai eu le bonheur de trouver le premier volet en anglais).

    Ce qui m'a immédiatement frappé dans la Tête de la reine, c'est l’atmosphère. A la suite de son héros Nicholas Bracewell, l'auteur nous immerge dans le milieu théâtral élisabéthain. Répétitions, querelles de comédiens, rivalités, vie quotidienne d'une troupe...n'ont bientôt plus de secrets pour nous. Et cette partie historique se révèle juste passionnante.

    De plus, Edward Marston a su créer un protagoniste principal intelligent, ingénieux, curieux. Un protagoniste au passé trouble (on ne connaît que peu de choses sur ses années dans la marine avant son engagement dans la troupe). Un protagoniste fidèle en amitié. Et à ses engagements.

    Autour de ce héros attachant, gravite toute une galerie de rôles secondaires hauts en couleurs. De Lawrence Firethorn, l'acteur cabotin, amoureux d'une Lady et marié à une femme à fort caractère et loin d'être bête  au petit commis, tous nous sont dépeints à la fois simplement mais avec beaucoup de précision. Je n'ai eu aucun mal à les imaginer tant ils me paraissaient vivants.

    Tous ces "caractères" permettent à la narration d'entremêler différents registres: vaudeville (les scènes très drôles entre Lawrencre Firethorn et sa femme, par exemple), comédie, tragédie...Comme si l'intrigue elle-même rendait hommage au milieu qu'elle dépeint.

    Cependant, cet aspect très théâtral de l'histoire ne doit pas masquer sa dimension policière. Car mystère il y a. Autour de l'assassinat dans un café louche d'un des Hommes de Westfield et d'une prostituée.

    Nicholas Bracewell mène l'enquête. Et comme lui, nous tâtonnons, nous butons...Jusqu'à la révélation finale qui ne m'a pas complètement surprise. En effet, depuis quelques chapitres, je m'attendais à l'identité du ou des coupables. Toutefois, sans complètement avoir appréhendé le dénouement...

    Bref, vous l'aurez compris: cet ouvrage constitue un polar historique réussi. Vivement la suite pour retrouver ce héros et cette époque fascinante!

    Editions 10/18, 2000, 253 pages

    Billet dans le cadre d'une LC avec Shelbylee

     

     

  • Quel effet bizarre faites-vous sur mon cœur

    Quel effet bizarre faites-vous sur mon cœur

    de

    Christine Orban

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    "Enfin une lettre de toi, retenu à l'île d'Elbe. Comment est-ce possible? Je n'aurais jamais imaginé qu'un jour tu serais exilé et moi répudiée. Que de douleurs nous avons traversé pour en arriver là.

    On me connait mal, dis-tu dans ta lettre. Tu te prépares à substituer ta plume à l'épée, voilà presque une bonne nouvelle. Puisque nous devons être jugés, soyons-le pour ce que nous sommes. Moi, je n'ai pas de comptes à rendre à l'Histoire. A toi seulement. C'est pourquoi j'entreprends de t'écrire. De te raconter ma vie depuis de funeste dîner où tu décidas de la séparer de la tienne."

    Dans son château de la Malmaison, Joséphine décide de rédiger une longue lettre à l'adresse de celui qu'elle a tant aimé. Une lettre de déclaration certes. Mais aussi une lettre de justification sur ses erreurs passées.

    Cette longue confession débute par le moment tant redouté: celui du dîner avec l'Empereur où il annonce sa décision de se séparer d'elle. Une répudiation longtemps repoussée mais finalement, irrémédiable et qui plonge notre héroïne dans les affres du désespoir.

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    J'avais beaucoup aimé la plume et la sensibilité de Christine Orban dans la Mélancolie du dimanche. Aussi, j'étais très curieuse de découvrir ce qu'elle avait pu écrire sur ces deux personnages historiques célèbres.

    Dès les premières pages, on est happés par cette narration à la première personne. De la séparation à la rencontre, en passant par l'épisode avec le capitaine Charles, Josèphe-Rose (rebaptisée Joséphine par son illustre mari) dévide le fil de ses souvenirs.

    J'ai trouvé cette partie très intéressante. En effet, sans jamais sombrer dans l'écueil de la leçon d'histoire, l'auteur parvient, par petites touches, à nous parler des points les plus importants de la vie de cette femme.

    Par son biais, elle esquisse également le portrait d'un Napoléon intime: un homme profondément épris aux débuts de leur relation.

    "Je me réveille plein de toi. Ton portrait et l'enivrante soirée d'hier n'ont point laissé de repos à mes sens. Douce et incomparable Joséphine, quel effet bizarre faites-vous sur mon cœur." (Lettre d'octobre 1795)

    Un homme qui dort peu et qui mange avec un lance-pierre. Un homme qui travaille d'arrache-pied. Un homme qui consacre peu de temps aux siens, même s'il leur est profondément attaché.

    Avec cette confession, on suit également son destin hors normes, ses premières victoires, son accès au pouvoir, son sacre d'Empereur. Et, corrélativement son désir de pérenniser cette position qui le pousse à répudier sa femme stérile et à rechercher une nouvelle alliance.

    Ce roman, je l'ai dévoré. Car, comme je le disais précédemment, le "je" nous interpelle immédiatement. Et l'histoire et le style, à la fois sobre et émouvant, nous retiennent.

    Néanmoins, avec le recul, je dois avouer que, pendant toute ma lecture, j'ai été quelque peu gênée par la modernité de cette déclaration. A plusieurs reprises, je me suis demandée si le ton correspondait pleinement à celui qu'aurait pu employer cette souveraine ou s'il ne sonnait pas plutôt comme celui d'une femme de notre époque confrontée à l'échec douloureux de sa relation.

    Peut-être que ce bémol tient à mes connaissances préexistantes sur la vie de cette impératrice et sur l'image que je m'en étais faite...

    Peut-être qu'il provient aussi de mes souvenirs de la Mélancolie du dimanche dont je parlais plus haut et de l'impression d'une similarité dans le ton...

    Bref, vous l'aurez compris: malgré cette réserve sur la contemporanéité de la voix de la narratrice, ce roman épistolaire constitue un beau portrait de femme en souffrance et permet de découvrir la vie de Joséphine de Beauharnais.

    Albin Michel, 2014, 263 pages