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  • Le Labyrinthe du silence

    Le Labyrinthe du silence

    un film de Giulio Ricciarelli

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    Francfort, 1958, le jeune procureur allemand Johan Radmann vient d'entamer sa carrière. Comme tous les nouveaux, il est dévolu aux cas d'infraction routière.

    Jusqu'au jour où Griechka, un journaliste, fait irruption dans les bureaux du procureur général. Il prétend qu'un de ses amis a reconnu un ancien soldat SS parmi un groupe de professeurs du lycée des environs.

    Alors que tous ses collègues dédaignent cette affaire, Radmann entame une enquête. Il est bien loin de se douter que ses recherches vont lui faire découvrir les horreurs d'Auschwitz.

    Bouleversé par tout ce qu'il entend et apprend, notre jeune héros se bat pour ouvrir une instruction contre tous les officiers SS en poste dans ce camp et qui mènent une existence paisible partout dans le pays.

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    Normalement, cet après-midi, je devais voir avec un de mes meilleurs amis le deuxième volet d'Avengers. Puis, au dernier moment, nous avons changé pour ce long métrage.

    Bien nous en a pris car cela faisait longtemps que je n'étais pas sortie aussi sonnée d'une projection.

    Je ne savais pas qu'en 1958, tout ce qui entourait Auschwitz et les camps de concentration n'était pas connu de la population.

    Naïvement, j'étais persuadée que, suite au procès de Nuremberg, tous les Allemands savaient ce qui c'était passé.

    Dès les premières scènes, je me suis rendue compte qu'il n'en était rien. Notamment lors de cette séquence très forte où le journaliste Griechka interpelle plusieurs jeunes entre 20 et 30 ans sur la signification d'Auschwitz pour eux et où il réalise qu'il se heurte à des murs d'ignorance.

    Ignorance des événements pour certains, volonté d'oublier, d'avancer...pour les autres...Désir de croire que ce qui a été dénoncé après guerre n'était qu’œuvre de propagande des vainqueurs...

    Dans cette société allemande de la fin des années 50, il n y a pas de place pour ces victimes des camps.

    Et, pourtant, le jeune procureur Johan Radmann va leur redonner la parole. Petit à petit.

    C'est passionnant d'assister à l'évolution de ce juriste, pétri d'idéalisme. Quand on le découvre, on fait la connaissance d'un homme épris de justice et qui tente sans cesse de respecter la loi.

    On sent bien que, quand il se saisit de l'affaire apportée par Griechka, il ne mesure pas toutes les conséquences de son acte. Il veut juste appliquer ce qui lui semble légitime.

    Et il va se faire dépasser par les événements. De bureau en bureau, de témoignage en témoignage, de manipulation en manipulation, Johann se retrouve emprisonné dans un labyrinthe du silence.

    Difficile de ne pas se perdre dans ses méandres, comme le lui rappelle son chef, le procureur général Bauer.

    Johann va affronter bien des épreuves dans ce labyrinthe, se confronter à bien des culs de sacs...

    Nous suivons donc sur ses traces le chemin long et difficile de cette instruction extraordinaire.

    Mais le film, bien entendu, ne se résume pas à cette procédure judiciaire.

    Non, il brasse tant de thématiques: le poids des souvenirs, les traumatismes, le fossé entre les victimes et les bourreaux, les tabous de cette société allemande en apparence guérie mais qui panse encore ses blessures, l'absence de culpabilité, les menaces contre ceux qui veulent tout révéler, la présence des anciens Nazis ou de leur soutien dans bien des rouages de l’administration....

    Le Labyrinthe du silence dit tout cela. Sans jamais sombrer dans le pathos. Sans jamais verser dans le manichéisme.

    Chacun est libre, à l'instar de Johann, de réfléchir à la notion de justice, à la nécessité d'un procès pour ce qui ne peut être réparé...

    On s'interroge, on s'émeut, on frémit d'horreur, d'indignation...On rit aussi.

    Bref, vous l'aurez compris: ce film, mené par un très bon casting et qui éclaire tout un pan de l'histoire allemande, vaut largement le détour. Personnellement, je sais que certaines scènes m'accompagneront longtemps.


     

     

     

     

     

  • Ces livres que je n'ai pas chroniqués au mois d'avril 2015

    Ces livres que je n'ai pas chroniqués au mois d'avril 2015

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    Me voici de retour avec un type de billet que j'avais quelque peu délaissé ces derniers temps.

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    Pour commencer ces mini-critiques, une austenerie:

    Insaisissable Mr Darcy de Kara Louise. J'ai cédé à la tentation lors de ma visite au Salon du Livre. Et je me suis plongée assez rapidement dedans. Dans cette énième relecture d'Orgueil et préjugés, l'auteur a imaginé qu'Elizabeth, après avoir refusé la première demande en mariage de Darcy, perdait son père. Et de fil en aiguille, devenait gouvernante dans une famille proche des Darcy. L'occasion forcément de revoir son prétendant...Mais aussi de découvrir Pemberley.

    Certes, ce n'est pas la meilleure austenerie que j'ai lue. Certes, certains ressorts d'intrigue semblent trop évidents et trop gros...Néanmoins, presque un mois après avoir achevé cet ouvrage, j'en garde de bonnes impressions. Une lecture idéale pour l'été!

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    Après l'univers de Jane Austen, direction la Cité des Doges à la rencontre de Leonora, l'héroïne d'une série de romans policiers imaginée par Frédéric Lenormand. Sur les conseils d'un collègue, je me suis lancée dans le premier tome.

    On y fait la connaissance de Leonora qui a été élevée toute sa vie dans un couvent. Elle en est retirée pour faire la rencontre de son père, un noble reconnu de Venise. Mais son statut d'enfant illégitime crée quelques remous au sein du foyer domestique. Lorsque son père est arrêté pour un trafic, Leonora entreprend de le disculper. Heureusement, dans cette ville de faux-semblants et de trahisons, elle peut compter sur l'appui d'un professeur de bonnes manières français, d'une servante et d'un aventurier désargenté rompu aux usages de la bonne société vénitienne.

    Rebondissements multiples,chausse-trappes, rencontres dangereuses...constituent les ingrédients de ce roman bien mené. Sans oublier une description de Venise à la fin du 18ème siècle.

    Une bonne entrée en matière donc pour cette succession d'aventures: l'héroïne est attachante, le rythme enlevé, l'ironie souvent présente...Un agréable divertissement mais, contrairement à d'autres cycles comme les Perry ou les Marston, je ne suis pas pressée de me plonger dans le second volume.

     

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    Retour quelques siècles en avant...Place cette fois-ci à Anne de Bretagne, dans les années déterminantes de 1488 à 1491.

    A la médiathèque, nous avons beaucoup de tomes de cette collection Mon histoire, publiée chez Gallimard Jeunesse. Et jusqu'à présent, je n'en avais ouvert aucun.

    Le principe: sous la forme d'un journal intime, nous découvrons grâce à une narratrice connue ou anonyme toute une époque.

    Ici, forcément, nous sommes plongés dans le duché de Bretagne à un moment clé de son histoire. En effet, le duc, père de Anne, doit livrer une bataille sans mercis contre Charles VIII, le roi des Français, qui entend annexer son duché. Par le prisme d'Anne, nous en apprenons donc plus sur ce conflit, sur les jeux d'alliance, sur les mouvements de combats, sur ce sentiment de précarité qui étreignaient les habitants de ce duché...

    Mais cet aspect pédagogique ne prend jamais le pas sur le déroulé de l'intrigue. Chaque entrée distille des informations tout en nous livrant les sensations ou les actions d'Anne.

    Avec ce procédé, on peut toujours se poser la question de la limite entre fiction et réalité. Sans doute qu' Anne n'a jamais ressenti tout ce qui est exprimé. Cependant, quand on pense au public visé, j'approuve ce parti pris. Il permet vraiment aux plus jeunes d'assimiler de façon ludique tout un pan de l'histoire.

     

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    Enfin, pour clore ce billet, partons à la rencontre de Lara Jean. Je ne vous ai jamais dit que, parmi les séries que je préfère en adolescents, figure en bonne place celle de Jenny Han: L'été où. Je me souviens avoir dévoré cette trilogie et avoir retrouvé mes 15 ans. Quel plaisir de lecture!

     Aussi, quand ce titre est paru récemment, je me suis jetée dessus lors de son arrivée à la médiathèque. Lara Jean a pour habitude d'écrire une lettre à tous ceux qu'elle a aimés. Une manière pour elle d'oublier tous ces garçons. Mais elle ne leur adresse jamais cette missive. Jusqu'au jour où elle apprend avec horreur que ces déclarations ont été envoyées. Comment gérer cette situation au quotidien? Comment se confronter à tous ces anciens prétendants? Surtout quand l'un d'entre eux est le petit ami de sa sœur aînée?

    De cette idée de départ assez drôle, Jenny Han , une fois encore, parvient à en faire un ouvrage plein d'humour certes mais aussi sensible, pudique, émouvant. Les pages se tournent toutes seules, on est happées dans cet univers, on retrouve nos 16 ans...Un beau portait des relations familiales, amoureuses, amicales...Une de mes récentes lectures pour adolescents qui m'a le plus enthousiasmée. Vivement la suite!

     

     

     

  • Le Mot qui arrêta la guerre d'Audrey Alwett

    Le Mot qui arrêta la guerre

    un album d'Audrey Alwett

    illustré par Ein Lee

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    « Ce matin encore, les frères Nagato se levèrent tôt. Plus exactement, c’est Seï, le plus jeune, qui réveilla Shigeru.

    -Dépêche-toi, lui dit-il, si tu traînes, nous raterons le soleil qui étend ses rayons et les grues qui prennent leur élan vers le ciel. »

    Les deux frères, après s’être sommairement préparés, courent vers les rives du lac Yamagata. Chacun dispose son matériel : expert en origami, Shigeru crée des oiseaux qu’on croirait voir s’envoler tandis que Seï, féru de calligraphie, dessine des mots.

    Mais après ce lever magique du soleil, les attend une désillusion. Le daimyô a décidé d’entrer en guerre contre son voisin. Et Shigeru, du haut de ses 16 ans, dispose de trois jours avant de rejoindre l’armée.

    Refusant de se séparer, les deux frères élaborent chacun une stratégie pour mettre fin à la guerre. Alors que l’aîné entame le pliage de 1000 grues censées réaliser son souhait le plus cher, Seï décide de peindre un mot capable de toucher le daimyô et de surseoir à tout conflit.

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    J’avais remarqué cet album sur la blogosphère et j’avais vraiment hâte qu’il arrive à la médiathèque où je travaille. Il nous est parvenu cette semaine et je me suis immédiatement jetée dessus.

    Dans cet ouvrage, Audrey Alwett nous narre le destin de deux frères dans un Japon médiéval.

    Deux frères que la folie des hommes veut séparer.

    Deux frères qui veulent à tout prix empêcher un bain de sang.

    Deux manières de s’attaquer au problème. L’un, plus idéaliste et convaincu par une vieille légende, entend résoudre le problème par le pliage de 1000 grues. L’autre, au contraire, fourbit son pinceau pour dessiner un mot capable d’enrayer tout désir de guerre.

    L’art contre les armes. L’art malgré les menaces.

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    Forcément, ce texte revêt une résonance contemporaine.

    Forcément, il nous fait penser à tous ceux qui sont tués pour un mot ou un dessin.

    Un album qui questionne.

    Mais un album dont l’engagement ne doit pas faire oublier la poésie.

    Poésie des mots, poésie des dessins.

    On admire les illustrations colorées et inspirées de l’univers des mangas d’Ein Lee.

    Bref, une très belle réussite ! Je ne saurais que vous recommander de vous plonger dans cette petite merveille.

    Nobi-Nobi, 2015