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  • Irmina

    Irmina

    de

    Barbara Yelin

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    « Regardez…là-bas à l’horizon…cette bande sombre ! Je crois que c’est ça ! C’est l’Angleterre ! »

    Milieu des années 30, Irmina, une jeune Allemande, se rend à Londres pour y commencer une formation de secrétariat international. Elle y fait la rencontre d’un étudiant d’Oxford, le charmant Howard. Mais leur relation se révèle très compliquée car, en raison de sa couleur de peau, le jeune homme est en butte aux préjugés et aux lazzis.

    Face aux changements politiques dans son pays natal, Irmina est contrainte de se séparer de son amant et de rentrer.

    Elle intègre alors l’administration national-socialiste, avec toujours l’espoir secret d’obtenir un fameux sésame pour l’Angleterre.

    Mais le tourbillon de l’histoire l’emporte. Vient le temps des choix décisifs. Irmina est-elle prête à sacrifier son confort au nom d’idéaux ?

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    J’avais remarqué ce roman graphique car il a reçu le prestigieux prix Artemisia (décerné à une femme auteur de bandes dessinées chaque année). Et l’avis d’Emjy n’a fait que me conforter dans mon envie de le parcourir.

    Sur quelques 300 pages, on part sur les traces d’Irmina. De jeune femme ambitieuse et affirmée à retraitée de l’enseignement, on suit son évolution, entre renoncements et engagements. C’est passionnant de voir à quel point les décisions que nous faisons peuvent nous éloigner du bonheur ou de nos convictions de jeunesse.

    De même, cet album s'interroge sur la notion d'intégrité face aux événements historiques.

    Car Irmina va céder aux sirènes du national-socialisme. Par envie de posséder un intérieur douillet….De ne manquer de rien…

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    Un portrait fouillé et sans concession, reflet de tous ceux qui n’ont pas dit non et sont devenus complices passifs sous le régime nazi.

    Un destin tragique sublimé par les crayonnés de Barbara Yelin.

    Un album qui nous questionne profondément.

    Bref, je ne saurais que vous recommander de vous plonger dans cet ouvrage ambitieux et très bien documenté. Laissez-vous emporter par cette trajectoire de vie, par cette valse qui oscille sans cesse entre bonheur et malheur, entre combat et attentisme.

    Actes Sud, 2014, 288 pages

  • La Coloc de Jean-Philippe Blondel

    La Coloc

    de

    Jean-Philippe Blondel

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    "Give me a second/I need to get my story straight. C'est le début de la chanson We are young de Fun, qui me tourne dans la tête depuis un bon moment-et c'est exactement ce que je dois faire. Remettre de l'ordre dans mes idées, dans mon récit. C'est ce dont j'ai besoin, après l'année qui vient de s'écouler. Il s'est passé tellement de choses-je ne sais pas par quel bout dérouler la pelote. Quand je regarde ma vie, en ce début juillet, et ce qu'elle était il y a un an, je n'en reviens pas. J'ai accompli ma révolution. Pourtant, comme toutes les révolutions astrales, je me retrouve un an après à mon point de départ. Mais je sais que ce n'est que temporaire, que le voyage va reprendre, et vous savez quoi? J'ai hâte."

    Romain Seurat, seize ans, revient sur son année de 1ère L.

    Jusqu'à son entrée dans cette classe, il avait vécu dans un petit village loin de tout avec ses parents. Après avoir abandonné la solution de l'internat au milieu de l'année de seconde, il se levait très tôt et prenait le bus pour se rendre dans le lycée de la ville.

    Mais, voilà, sa grand-mère est morte en mai...Et elle a laissé en plein centre un appartement de cinq pièces.

    L'idée de Romain: s'y installer tout seul et trouver des colocataires.

    Une idée qui, malgré l'opposition de sa mère, fait progressivement son chemin...

    Et, très vite, notre héros se retrouve installé avec deux garçons de son âge. Deux personnalités complètement opposées a priori: d'un côté, le geek au look improbable, de l'autre, l'adolescent populaire, celui que tous veulent comme ami ou amoureux.

    Mais, justement, cette année, Romain va oublier tous ses a priori....Et faire quelques rencontres décisives.

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    Jean-Philippe Blondel appartient à ces auteurs dont j'aime retrouver régulièrement la petite musique. Et là, une fois encore, je me suis laissée happer par son style si vivant et si sensible.

    "J'avais lu ce terme dans un bouquin qui traînait sur le canapé quelques jours plus tôt. Un roman d'un écrivain américain, Kerouac, dont je n'avais jamais entendu parler [...]Je l'avais ouvert au hasard. Il y était question des moments de grâce dans l'existence. De ces instants où, soudain, tout s'illumine en soi et autour de soi-parce qu'on trouve une cohérence, parce qu'on comprend son rôle dans l'univers. Un satori, ça s'appelle, apparemment."

    De satori, il en est question dans ce roman d'apprentissage, dans cette éclosion d'un jeune adolescent.

    Quand on fait sa connaissance dans les premières pages, Romain ne se démarque pas de ses congénères. Comme eux, il aspire à être populaire, reconnu. Comme eux, il assiste impassible aux moqueries dirigées contre ceux qui sortent un peu de la norme. Comme eux, il aimerait avoir une copine.

    Mais cette coloc qu'il propose et qui, après moult débat enflammés, remporte l'adhésion de ses parents, va changer son regard et lui permettre de s'accepter comme il est.

    De la confiance, il va en gagner. Mais après quelque satori, quelques déceptions aussi, quelques remises en question...

    Car cette année-révolution ne va pas être un long fleuve tranquille..

    On s'attache à ce narrateur qui, forcément, nous rappelle nos 16 ans. Et on suit avec beaucoup d'intérêt sa 1ère L.

    Malgré ses qualités indéniables, je dois cependant souligner quelques défauts de cet ouvrage.

    A commencer par le couple formé par les parents de Romain. En 145 pages, il y avait déjà tellement de thèmes à brasser autour de cette évolution que je me demande s'il était adéquat de développer en parallèle le sujet des désillusions conjugales. Même si le héros ouvre les yeux sur plein de choses, cela fait peut-être un peu trop...Ou alors, j'aurais préféré quelques chapitres en plus pour développer ce ressort d'intrigue.

    De même, je n'ai pas été convaincue par les paragraphes finaux. J'aurais souhaité que le livre se clôture sur "Il y a un an, j'étais un rêveur. Aujourd'hui, je suis réalisateur. Et scénariste aussi". Une belle conclusion à ce récit de douze mois décisifs. Les ajouts ouvrent, au contraire, des perspectives (peut-être pour une suite?) et j'apprécie quand les choses ne restent pas en suspens.

    Bref, vous l'aurez compris: en dépit de ces quelques bémols, La Coloc reste un roman qui se dévore et où on retrouve avec joie les mots à part de Jean-Philippe Blondel.

    Actes Sud, 2015, 145 pages

     

     

  • Broadway Limited tome 1: Un dîner avec Cary Grant de Malika Ferdjoukh

    Broadway Limited tome 1: Un dîner avec Cary Grant

    de

    Malika Ferdjoukh

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    "La jeune fille ouvrit la porte au jeune homme. Un essaim de feuilles rouges s'engouffra aussitôt à l'intérieur de la maison tel un gang de sorcières à l'affût.

    La jeune fille était brune et sans doute souriait-elle. Difficile d'en être sûr à cause de la sphère en bubble gum rose, d'un diamètre épanoui, qui lui poussait au milieu de la figure. Le jeune homme entendit un borborygme-peut-être un "oui"?"

    Jocelyn Brouillard, 16 ans et demi, débarque à la pension Giboulée, à New York, par un soir d'automne 1948. Suite à un malentendu. Un contact en France qui lui a indiqué l'adresse alors que cet hôtel n'accueille que des jeunes filles venues tenter leur chance à Broadway.

    Heureusement notre héros joue bien du piano...

    Heureusement car ce talent va lui permettre de faire la connaissance de six jeunes femmes, toutes plus fascinantes les unes que les autres...

    Heureusement car ces trois mois à la Pension Giboulée vont bouleverser tous ses repères...Et le faire petit à petit rentrer dans le monde adulte.

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    Vous vous souvenez peut-être de mon enthousiasme quand j'avais découvert l'année dernière, au mois de juin, Quatre soeurs de Malika Ferdjoukh. J'avais plongé tête la première dans l'univers des soeurs Verdelaine et j'avais vraiment été très triste de quitter leur manoir breton et de ne plus suivre leurs destins.

    Aussi, quand Emjy du très beau forum Whoopsy Daisy (si vous ne connaissez pas encore, n'hésitez pas à aller y faire un tour) m'a proposé de recevoir cet ouvrage en avant-première, je n'ai pas longtemps hésité.

    Je l'ai emmené avec moi à la campagne pendant le week-end de Pâques et je l'ai savouré sur une chaise longue.

    J'utilise à bon escient le terme de "savourer". Car c'est exactement ce que j'ai ressenti au fil des pages.

    Dès le début, on retrouve la technique de la narration par trimestre. On glisse d'Halloween à Noël, périodes magiques s'il en est.

    On accroche avec ce pauvre Jo accepté à contrecœur dans une pension féminine et qui est tout étourdi devant cet essaim de jeunes filles.

    On assiste avec beaucoup d'intérêt à ses aventures, sa découverte du monde new yorkais, aux défis qu'il doit surmonter...Et à son évolution.

    Roman d'apprentissage donc. Mais pas seulement. Roman choral aussi. Car Jo n'est pas le seul  pensionnaire qui retient notre attention.

    En effet, comme, dans Quatre soeurs, Malika Ferdjoukh campe avec brio plusieurs personnages féminins. Chic, Hadley, Ursula...: elles sont toutes attirées par les lumières de Broadway.

    Six voix...Six chemins de vie...Six façons de connaître les joies et les affres du succès ou de l'amour...

    A chacune son identité. Et c'est bien là justement une des preuves du talent de cet auteur: leur conférer une tonalité propre et nous les rendre toutes attachantes sans en privilégier l'une par rapport à l'autre.

    Le premier volet de ce diptyque nous permet également de nous immerger dans le New York de l'après-guerre. Empli de vitalité. De jazz. De danse. De rêves aussi. D'occasions manquées. De rencontres. De secondes chances.

    De plus, j'ai été une nouvelle fois frappée par toutes les références implicites ou explicites au cinéma. On sent bien que Malika Ferdjoukh aime le septième art de cette époque. Certaines scènes (notamment celle sous la neige) m'ont fait penser à ces feel-good movies des années 1940-1950 que j'affectionne.

    On tourne les pages, le sourire aux lèvres. On se sent bien comme dans un cocon. On voit les chapitres défiler. Et on sait déjà que les adieux avec tous ces êtres fictifs seront cruels.

    Un dîner avec Cary Grant que je me ruerai sur le deuxième opus dès sa sortie?

    Bref, vous l'aurez compris: ce roman a constitué un vrai coup de cœur. De ceux qui nous captent dès les premiers mots et qui nous tiennent prisonniers. De ceux qui nous accompagnent longtemps. De ceux qui font du bien. De ceux qu'on veut conseiller encore et encore. De ceux qu'on sait déjà qu'on les retrouvera un jour.

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    Un  grand merci à Emjy et à l’École des Loisirs pour cet envoi!

    Ecole des Loisirs, 2015, 592 pages

    Billet dans le cadre du challenge Un pavé par mois de Bianca.

     

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