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  • Tout au bord d'Agnès de Lestrade et de Valeria DoCampo

    Tout au bord

    un album écrit par Agnès de Lestrade

    et illustré par Valeria Docampo

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    « Tout au bord de mon lit, il y a des morceaux de songes. Ils sont si petits qu’ils se cachent entre les moutons de poussière. Je les ramasse, je souffle dessus et je les regarde s’envoler.

    Demain, je me moutonnerai. »

    Tout au bord de l’hiver

    Tout au bord de la mer

    Tout au bord de l’ennui

    Tout au bord des livres

    Tout au bord des larmes

    Tout au bord de toi…

    Il y a un ours bleu qui explore toutes ces contrées. Tour à tour, il s’hiverneige, il se granite, il s’ennuyote, il s’écrilivre…

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    Parfois, on croise sur sa route des ANI, des albums non identifiés, de ceux qu’on ne parvient pas à classer dans une catégorie. Des albums pas comme les autres, qui émeuvent, qui touchent et qui nous accompagnent.

    C’est le cas de Tout au bord, un petit bijou de finesse et de sensibilité.

    A la plume, Agnès de Lestrade. Et quelle plume ! Autour d’une virtualité de « tout au bord », elle imagine différentes ambiances. S’enchaîne ainsi toute une série de poèmes en prose. Beauté des mots, jeu du langage…Et nous voila, au fil des pages, charmés et enchaînés par tous ces textes.

    Au dessin, Valeria Docampo. Je vous en avais déjà parlé à l’occasion d’un billet sur la Vallée des Moulins. Une fois encore, elle prouve son talent pour accompagner et mettre en valeur l'univers de l'auteur.

    Sur un arrière-fond dans les teintes grises, se découpe notre ours. Un ours bleu roi qui capte immédiatement notre regard. Selon les précipices contre lesquels il bute, d’autres taches de couleur surviennent. Et tranchent avec l'atmosphère brumeuse, cotonneuse, ouatée.

    Bref, vous l'aurez compris: j'ai été conquise par cette ode aux songes. Cet hymne à tous ces mondes qu'on ne connaîtra jamais. A tous ces infinis poétiques qu'on aime néanmoins contempler.

    Alice Jeunesse, 2014

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  • La Marque de Windfield de Ken Follett

    La Marque de Windfield

    de

    Ken Follett

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    "Le jour de la tragédie, les élèves du collège, de Windfield avaient été consignés dans leurs chambres. C'était un chaud samedi de mai: normalement, ils auraient passé l'après-midi sur le terrain sud, les uns jouant au cricket et d'autres les regardant à l'ombre, depuis la lisière de Bishop's Wood. Mais un crime avait été commis. On avait volé six souverains d'or dans le bureau de Mr. Offerton, le professeur de latin, et les soupçons pesaient sur tout l'établissement. Aucun élève n'avait le droit de sortir tant qu'on aurait pas pris le voleur."

    Par une chaude journée de l'été 1866, Micky Miranda et son ami Edward Pilaster décident de braver les interdictions et d'aller se baigner dans une mare non loin de leur pensionnat. Ils retrouvent là-bas trois de leurs camarades, un peu plus jeunes qu'eux, et décident de les brutaliser.

    Mais le jeu tourne mal...et un des petits décède. Cette noyade est-elle bien accidentelle ou dissimule t-'elle un lourd secret? Est-ce que chacun des témoins pourra s'affranchir de cette marque de Windfield?

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    C'est ce que nous allons découvrir au cours de cette fresque qui nous plonge dans la société victorienne de la fin du 19ème siècle, une société qui entremêle habilement affaires de pouvoir et d'argent, de débauche et de famille. Le tout derrière une façade de respectabilité.

    Dès les premières pages, Ken Follet parvient à nous faire remonter le temps et à nous immerger dans cette Angleterre des années 1870-1890. En effet, il nous propose un tableau détaillé de la vie à cette époque. Autour de Micky, Edward et de son cousin Hugh, tous trois témoins du malheureux accident, gravite une galerie importante de personnages. Et chacun d'entre eux nous permet de mieux appréhender l'atmosphère de cette époque guindée et rigide.

    Des grands fêtes de la noblesse aux réunions en salles des associés dans des établissements bancaires de la City, des réunions de famille aux champs de course....le lecteur se promène, observe, déduit. Chaque rouage de la société est ainsi décortiqué: grands bourgeois, filles de mauvaises vies, domestiques, parvenus....

    La Marque de Windfield constitue donc un portrait foisonnant de cette ère victorienne où un faux pas peut tout faire perdre et où, derrière des règles très strictes, règne une certaine décadence (en témoignent les scènes dans les bordels)

    De même, cette œuvre s'intéresse tout particulièrement au milieu des affaires londonien. Edward et Hugh appartiennent tous les deux aux Pilaster, une famille de grands banquiers de la City. Pendant plus de 20 ans, on observe donc leur évolution dans cette entreprise. L'occasion pour le lecteur de découvrir tous les métiers liés à cette activité et d'observer les risques de banqueroute. J'ai trouvé cette partie passionnante et extrêmement contemporaine. En effet, on se rend bien compte que les germes des grandes crises bancaires du 20ème siècle étaient déjà plantés vers 1885.

    A cette reconstitution réussie se superposent également tous les ingrédients d'un bon roman populaire: des méchants machiavéliques et retors à souhait (Micky et Augusta), des rebondissements, des trahisons, des tentatives fructueuses ou infructueuses de chantage, des histoires d'amour contrariées, des scènes de lutte...Autant de péripéties et de dialogues qui maintiennent le lecteur en haleine. On ne s'ennuie jamais et c'est là un des tours de force de ce récit.

    Certes, on pourrait regretter certains protagonistes trop manichéens (le pervers Micky face au parfait Hugh), certaines séquences trop "choc" (le combat des rats et du chien, la "tartine beurrée" lors de la scène masquée)...mais je me demande si ces effets de style ne sont pas là justement pour souligner encore plus les turpitudes des mœurs de cette bonne société victorienne.

    Bref, vous l'aurez compris: même s'il ne brille pas par son écriture ou par sa profondeur d'analyse psychologique, j'ai dévoré ce roman historique. Et je vous le conseille fortement tant pour son intrigue haletante que pour son immersion dans le Londres du 19ème siècle. J'adorerais qu'il soit d'ailleurs un jour adapté au cinéma ou en mini-série.

    Le Livre de Poche, 1994, 639 pages

    Billet dans le cadre de A year in England de Martine, du Challenge un pavé par mois de Bianca et de mon défi personnel des 10 livres à sortir de ma PAL cet été.

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  • Ainsi puis-je mourir

    Ainsi puis-je mourir

    de

    Viviane Moore

     

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     "Il avait plu, une pluie fine qui avait jeté un voile scintillant sur la vallée et les collines alentour. Puis, au détour du chemin, il apparut. Il semblait tout droit sorti d'un conte avec ses tourelles, ses fenêtres à meneaux, ses douves, ses toits d'ardoise bleues et ses hautes cheminées, la blancheur de ses pierres soulignée par la noirceur d'un ciel d'orage.

    Je savais déjà ses drames et ses légendes, mais je ne pouvais deviner quel rôle il allait jouer dans ma vie. Ce jour-là, le château des Ravalet prit possession de mon esprit et m'habita plus sûrement que je ne le fis, moi qui allais devenir sa maîtresse...et sa victime."

    Lors d'une séance de dédicaces dans une petite librairie de Cherbourg pour la sortie de son premier roman, Gabrielle a rencontré Philip Sedley. Et, au bout d'un mois de cour effrénée, ils se sont mariés.

    Après un voyage de noces idyllique, les voici de retour dans la propriété familiale, le château de Ravalet. Un lieu qui a scellé le destin tragique de nombre de ses occupants.

    A commencer par celui de Marguerite de Tourlaville, décédée quatre cent ans plus tôt pour avoir vécu une passion interdite.

    Justement Gabrielle décide de faire de cette jeune femme le prochain sujet de son roman.

    Très vite, le passé la rattrape...L'histoire semble se répéter... et le danger rôde dans l'enceinte de Ravalet...

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    Le château de Ravalet/Tourlaville (qui a vraiment abrité l'enfance de Marguerite)

    J'avais remarqué ce roman sur quelques blogs et cela faisait longtemps que je souhaitais découvrir Viviane Moore. La hasard d'une pérégrination dans les rayons d'une bibliothèque parisienne m'aura permis de concilier ces deux envies.

    Cet ouvrage s'articule autour de deux époques: une plus contemporaine qui met en scène Gabrielle et son mari et une, située sous le règne d'Henri IV, qui décrit le destin tragique de Marguerite et de sa famille.

    C'est la plume de Gabrielle qui sert de lien entre ces deux chronologies. En effet, l'héroïne imaginée par l'auteur a déjà publié une première œuvre et s'inspire de ses nouveaux lieux d'habitation pour forger la seconde.

    L'occasion pour Viviane Moore de parler de la condition d'écrivain et sans doute de livrer quelques-unes de ses habitudes.

    "L'écriture était une musique, il me fallait inventer la mienne, un son particulier, un équilibre, une alternance de mouvements de puissances et de colorations différentes."

    A ce jeu de miroirs Gabrielle/Viviane se superpose un autre jeu de miroirs entre Gabrielle/Marguerite. L'occasion pour le lecteur de s'interroger sur la porosité des frontières entre création/réalité et passé/présent.

    Au fil des pages, on assiste à un curieux phénomène: comme si les événements survenus quatre cent ans auparavant jetaient une ombre sur le quotidien de Gabrielle et de Philip.

    Alors, pure imagination d'un esprit trop en éveil ou vraie manifestation de la tragédie? Tout le récit oscille sans cesse entre ces questions et seules les pages finales nous révèlent le fin mot de cette intrigue.

    Un des autres atouts de ce roman réside dans l'équilibre entre ces deux temporalités. Même si celle plus actuelle occupe plus de chapitres, la plus ancienne se révèle tout aussi passionnante

    Sur les traces de Marguerite, de ses 13 à ses 17 ans, on en apprend beaucoup sur la vie des nobles dans les années 1600-1603. Viviane Moore décortique aussi bien les mœurs (la condition des femmes, le joug des maris...) que les loisirs (avec notamment cette partie de soule épique). Et démontre ainsi un grand talent pour la reconstitution historique.

    Malheureusement, je dois reconnaître que j'ai moins adhéré à l'idylle de Marguerite. Peut-être car comme certaines personnes de l'époque, elle m'a déstabilisée...Je vous laisse juge et je serai curieuse de connaître vos avis.

    Le présent regorge tout autant de ressorts dramatiques: menaces, chantage affectif...Sans oublier la manoir qui dissimule bien des secrets.

    Ce château de Ravalet m'a rappelé le Manderley de Rebecca. De même, si je me fie à mes vieux souvenirs, la cour éclair, la gouvernante imposante, la châtelaine trop timide et...les secrets de Philip constituent bien des hommages au célèbre texte de Daphné du Maurier.

    Comme pour Marguerite, l'étau se resserre autour de Gabrielle...et du lecteur qui tourne les pages avec de plus en plus de vélocité.

    "Même en fuyant l'on est pris; Ce qui me donne la vie me cause la mort; Les deux n'en font qu'un, Ainsi puis-je mourir...."

    Bref, vous l'aurez compris: je ne suis pas pas passée loin du coup de cœur avec cet ouvrage. Mais la passion interdite et une partie du dénouement m'ont empêchée d'en éprouver un.

    Editions 10/18, 2013, 424 pages