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  • Sashenka de Simon Montefiore

    Sashenka

    de

    Simon Montefiore

     

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    "A l'heure du thé, le soleil s'était déjà couché lorsque trois gendarmes du tsar prirent position aux grilles de l'institut Smolny. En ce dernier jour du trimestre, on ne s'attendait pas à trouver des policiers devant ce pensionnat de jeunes filles, le plus chic de Saint-Pétersbourg. Leurs élégantes tuniques bleu marine à parements blancs, leurs toques en agneau et leurs sabres rutilants ne passaient pas inaperçus"

    Saint-Pétersboug, 1916, Sashenka Zeitlin, jeune fille de la haute-bourgeoisie est arrêtée à la sortie de son pensionnat. Lui sont reprochées ses pensées révolutionnaires et son engagement pour le bolchevisme. Mais grâce aux appuis de son père, elle est très vite relâchée, sans pour autant avoir renoncé au combat...

    C'est son destin et celui de son entourage que nous sommes invités à suivre jusqu'au début des années 1990.

    J'ai entendu parler de ce livre pour la première fois sur le blog de Bianca. Son billet m'a donné très envie de le parcourir. Aussi, j'ai été ravie de pouvoir l'emprunter dans la médiathèque parisienne que je fréquente.

     

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    Après avoir été banquier à Londres, Simon Montefiore est retourné vers ses premières amours: la Russie, qui le fascinait depuis ses études à Cambridge. Il a notamment publié des biographies reconnues sur Catherine II et Staline. Puis, il s'est tourné vers la fiction avec Sashenka.

    Il raconte dans une interview au Monde la genèse de ce roman: "Le personnage de Sashenka est né le jour où, dans les archives, je suis tombé sur la photographie d'une femme de 28 ans aux yeux gris, absolument superbe dont les seules informations était son nom.[...] A partir de là, j'ai imaginé la vie qui aurait pu être la sienne, en la nourrissant d'histoires vraies et souvent magiques, comme celles de l'écrivain Isaac Babet"

    Le roman s'articule autour d'un triptyque: avant, pendant et après le régime communiste.

    La première partie se situe dans la ville de Saint-Petersbourg, "Piter", à l'hiver 1916-1917. On s'attache au destin de la famille Zeitlin, confrontée aux dernières heures impériales. La mère est une proche de Raspoutine et ne se remet pas de son assassinat. Tandis que la fille, Sashenka, convertie par son oncle aux idées révolutionnaires, transmet des messages, apprend à semer ses poursuivants, à manier des armes...

    Simon Montefiore a réussi à créer un personnage d'héroïne forte. Dès les premières pages, on est fascinés par la conviction de cette jeune fille de dix-sept ans, par son sens de l'engagement, par sa force...On sent l'attrait qu'elle exerce déjà sur son entourage: sa gouvernante, son père, le capitaine Sagan chargé de la surveiller...

    Ces premiers chapitres permettent de mieux comprendre l'atmosphère qui pouvait régner au moment de la chute du régime tsariste. En quelques lignes, l'auteur nous emmène dans les salons à la mode, dans la maison de Raspoutine, puis, dans les rues, les entrepôts...parmi les révolutionnaires. L'univers carcéral est également évoqué.

    Ce cycle s'achève sur les premières heures consécutives à la chute du tsar. Sashenka vient de devenir une des secrétaires de Lénine.

    Nous la retrouvons en 1936. Elle incarne alors la femme soviétique modèle. Elle travaille à la rédaction d'un journal féminin à succès et est devenue la mère de deux charmants enfants, après avoir épousé un haut fonctionnaire du parti.

    Preuve de sa popularité, elle reçoit lors de la fête qu'elle organise le 1er mai de nombreuses personnalités, issues tant du gouvernement (Staline) que de l'intelligentsia (l'écrivain Benia Golden)...C'est d'ailleurs sa rencontre avec cet auteur qui va précipiter son destin.

    Sashenka, son mari et son oncle sont arrêtés. Ils ont heureusement réussi à mettre à l'abri les enfants. Leurs interrogatoires débutent...

    Cette immersion sous le régime stalinien m'a vivement intéressée. Elle permet de se rendre compte à quel point la terreur régnait à cette époque. Aux rares moments de bonheur et de répit, succédaient des vagues de dénonciation. Tout le monde était soupçonné et personne n'était jamais à l'abri d'une arrestation. On était surveillé, sur écoute...Un séjour en prison signifiait le plus souvent la mort ou l'exil. La torture était, en effet, utilisée pour faire avouer même les plus innocents. Certains enfants de soi-disants criminels étaient emmenés dans des orphelinats où ils vivaient dans la violence permanente.

    J'ai beaucoup apprécié l'histoire d'amour entre Sashenka et Benia. Elle donne une dimension plus humaine à l'héroïne. Cette parenthèse enchantée souligne d'ailleurs encore plus le caractère éphémère du bonheur à cette époque-là et la fragilité de l'existence de chacun sous la dictature stalinienne.

     Après un saut dans le temps, le lecteur se retrouve plongé dans la Russie des années 1990, après la chute du communisme. Katinka Vinski, une jeune historienne, vient d'être recrutée par un milliardaire pour enquêter sur le passé de sa mère. Cette dernière est, en effet, convaincue d'avoir été abandonnée par ses parents et aimerait retrouver leurs traces. Commence alors une enquête qui va mener la jeune femme dans les archives du KGB, dans les salons des anciens dirigeants et surtout sur les traces d'une certaine Sashenka.

    Cette partie revêt les apparences d'une enquête policière. Katinka doit démêler les fils du destin de sa cliente et de Sashenka. Les morceaux du puzzle s'assemblent peu à peu. Puis, on découvre la vérité. Une vérité choquante et bouleversante.

    Toutefois, on peut émettre quelques reproches concernant cet ouvrage. J'ai jugé la première partie moins intéressante que les autres. Plus on avance dans ce roman, plus les pages s'enchaînent. Je n'ai pas non plus toujours trouvé plausible l'incursion de tous les personnages historiques importants de l'époque dans la vie des protagonistes imaginés par Simon Montefiore.

    Bref, vous l'aurez compris: Sashenka constitue un bon moment de lecture. Et un voyage très intéressant dans l'histoire russe du 20ème siècle.

    Belfond, 2010, 569 pages, 22 €

    Lu dans le cadre du challenge God save the livre 2013 et Histoire.

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  • Gatsby de Francis Scott Fitzgerald

    Gastby le magnifique

    de

    Francis Scott Fitzgerald

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    "Quand j'étais plus jeune et plus vulnérable, mon père me donna un conseil que je n'ai jamais cessé de retourner dans ma tête depuis lors.

    "A chaque fois qu'il te prendra l'envie d'émettre des critiques sur quelqu'un, m'a-t-il-dit, souviens-toi que tout un chacun ici-bas n'a pas joui des mêmes privilèges que toi""

    Au printemps 1922, Nick Carraway, issu d'une famille aisée et respectable du Middle West, décide de partir faire carrière à New York dans le marché obligataire.

    Il trouve à louer un pavillon à West Wegg, une ville de la périphérie.

    Sa maison est voisine de la colossale propriété du mystérieux Gatsby. Un homme dont les fêtes attirrent toute la population locale et sur lequel les plus folles rumeurs courent. On le prétend cousin du Kaiser Guillaume, espion, meurtrier...

    Personne ne sait vraiment qui il est. Jusqu'au jour où Nick reçoit une invitation à une de ses fêtes et fait sa connaissance...

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    Cela faisait longtemps que je voulais relire Gastby. Un roman que j'avais adoré au sortir de l'adolescence et dont je voulais voir la prochaine adaptation au cinéma par Baz Luhrmann.

    Aussi, j'ai été ravie quand Bianca et Fanny m'ont proposé de faire cette lecture commune.

    Tout d'abord, j'ai beaucoup apprécié le mode narratif choisi par l'auteur. Toute l'histoire est contée par Nick Carraway. On ne découvre donc que les évènements auxquels il a assisté ou qui lui ont été relatés. Ce schéma induit des ellipses narratives. A certains moments, le lecteur ignore ce qui s'est passé entre tel et tel personnage. Et je trouve que ce mystère que chacun peut combler à sa manière confère beaucoup de charme à l'intrigue.

    Grâce à son installation à West Egg, Nick renoue des liens avec sa cousine au second degré, Daisy, mariée à une de ses connaissances universitaires, Tom Buchanan.

    "[Daisy] avait un beau visage mélancolique et semé de lumière-lumière de ses yeux, lumière de sa bouche passionnée-, mais sa voix avait une ferveur que ceux qui l'avaient aimée avaient du mal à oublier: une mélodie envoûtante, un chuchotis qui disait "écoutez-moi", l'assurance qu'elle venait de vivre des moments délicieux et passionnants dans l'heure qui allait suivre"

    Le mariage des Buchanan ne semble pas des plus heureux. La maîtresse de Tom l'appelle sans cesse pendant le dîner. Quelques jours plus tard, Nick passe même une soirée en sa compagnie et celle de Tom.

    Pendant le repas chez les Buchanan, Nick fait la connaissance de Jordan Baker, une golfeuse professionnelle. Il la retrouve à la première soirée à laquelle il est convié chez Gatsby.

    "Je crois que lorsque je me rendis à ma première soirée chez Gatsby, j'étais un des rares à avoir été effectivement invité. Les gens n'étaient pas conviés; ils venaient. Ils montaient dans des voitures qui les emportaient à Long Island et ils se débrouillaient pour échouer devant la porte de Gatsby."

    A cette soirée, Nick croise enfin le fameux Gatsby. Encore une fois, j'ai été bluffée par ce choix narratif de Fitzgerald. On patiente une soixantaine de pages avant de voir arriver le protagoniste éponyme du roman. Le lecteur a entendu toutes les théories qu'on raconte sur lui (tantôt il passe pour un espion, tantôt pour un meurtrier) et enfin, on le rencontre. Un homme au sourire incroyable, d'une trentaine d'années qui laisse planer le mystère sur lui.

    Et tout le roman sera justement autour de la découverte de sa personnalité, de ses failles, de ses désirs...

    Très vite, Nick noue des liens avec Gatsby. Et apprend la raison de leur rencontre. Gatsby souhaiterait revoir Daisy lors d'un thé chez Nick.

    La scène des retrouvailles m'a semblé très belle. L'auteur sait trouver les mots qui sonnent juste pour décrire la tension éprouvée par Gatsby. Depuis cinq ans, tout ce qu'il a fait était pour impressionner son amour et après leur séparation, il va enfin la revoir. Sera t-il à la hauteur? La gêne qui s'installe est également très bien rendue. C'est un des moments que j'ai préférés dans ce roman.

    L'histoire d'amour m'a également beaucoup touchée. Les sentiments de Gatsby pour Daisy sont magnifiques. L'idée de la lumière verte qui le guide m'a émue.

    Mais le thème principal de ce roman m'a semblé être surtout l'attente. Gatsby attend de retrouver Daisy, attend qu'elle se décide. De son côté, Nick attend de passer du statut de spectateur à celui d'acteur. C'est comme s'il observait en permanence sa vie au lieu de la vivre.

    De cette attente ressort une impression de gâchis. Tous ces personnages passent à côté de leur existence.

    Daisy m'a énervée. J'avais déjà eu cette sensation la première fois que j'avais lu le roman et elle s'est confirmée. On peut se demander pourquoi Gatsby conserve de tels sentiments à son égard alors qu'elle ne le mérite pas. C'est comme si ses illusions de jeunesse ne voulaient pas s'effacer devant la réalité.

    De plus, ce roman est l'occasion de découvrir des aspects de la vie new yorkaise de l'après-guerre: les coulisses de la mafia, l'atmosphère qui devait régner dans la bonne société, les fêtes, l'impact de la prohibition...

    De même, j'aimerais évoquer le style de Fitzgerald. Je l'ai trouvé tout simplement très beau. Certaines phrases restent longtemps en mémoire. Certaines scènes aussi du coup.

    "Gatsy avait foi en la lumière verte, l'avenir orgasmique qui année après année s'efface devant nous. Il se dérobe alors à nous, mais qu'importe...demain nous courrons plus vite, nous tendrons nos bras plus loin...Et un beau matin...

    C'est ainsi que nous avançons, esquifs luttant contre le courant, refoulés dans le passé, sans cesse"

    Bref, vous l'aurez compris: j'ai beaucoup aimé ce roman. Si vous ne l'avez pas encore découvert, je vous le conseille vivement car on ne peut ressortir indemne de sa lecture. On est touchés et surtout, on ne peut s'empêcher de réfléchir sur l'existence.

    Lu dans le cadre d'une lecture commune avec Bianca et Fanny

    Lu dans le cadre des challenges des 100 livres et des romans cultes.

    Pocket, 2013, 221 pages, 2,90 €

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  • Le Crime de Parangon Walk

    Le Crime de Parangon Walk

    de

    Anne Perry

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    "L'inspecteur Pitt regarda la jeune fille, et un indicible sentiment de tristesse s'empara de lui. Bien qu'il ne l'eût pas connue de son vivant, il connaissait et chérissait tout ce qu'elle avait perdu à présent. "

    Fanny Nash, une jeune fille, vient d'être violée et tuée dans une maison de Parangon Walk. Comme ce quartier huppé de Londres relève de son district, l'inspecteur Pitt est chargé de l'investigation.

    Mais, très vite, il se heurte au mutisme et au rejet des résidents. Son enquête piétine...Une nouvelle agression a lieu...

    Heureusement, il peut compter sur l'aide de Charlotte, sa femme et de sa belle-soeur, Emily.

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    Quel plaisir de me replonger une nouvelle fois dans l'univers d' Anne Perry! Un auteur que j'ai redécouvert grâce au challenge de Syl à la rentrée 2012.

    Cette fois-ci, en compagnie de Bianca et de Céline, je me suis lancée dans la troisième aventure des époux Pitt.

    Une jeune femme s'est effondrée morte dans les bras de sa belle-soeur dans un quartier chic de la capitale anglaise. Est dépêché sur les lieux du crime l'inspecteur Pitt. Il fait ainsi la connaissance de la famille Nash et des autres habitants de Parangon Walk.

    Tous les hommes peuvent être soupçonnés. Même le mari d'Emily...Au fil des interrogatoires, l'enquête s'enlise. Les riches résidents se soutiennent et préfèrent accréditer la thèse d'un coupable à rechercher parmi les domestiques ou les éventuels rôdeurs.

    Mais Emily, comme dans le précédent opus, souhaite mener ses propres investigations. Elle convie ainsi sa soeur Charlotte à un thé chez elle. Et de fil en aiguille, la fait inviter aux autres garden-partys, thés...du quartier.

    Ces deux enquêtes parallèles permettent une meilleure plongée dans le monde huppé de l'époque victorienne. En effet, grâce à Emily et Charlotte, on entre de plain-pied dans la haute-société londonienne.

    Il existe une très forte rivalité féminine. Chacune se jauge, critique l'habillement de l'autre, se dispute les faveurs des hommes...

    J'ai été également très choquée par l'attitude que les dames de la haute-société pouvaient avoir concernant le viol. C'est comme si la jeune fille l'avait cherché par son comportement dépravé.

    "D'après vous, Fanny aurait mérité de se faire agresser? demanda Charlotte sans détour. [...]

    Franchement, Mrs Pitt, ces choses-là arrivent rarement aux femmes...chastes! Elles évitent de se trouver dans ce genre de situation. Je suis sûre que vous n'avez jamais été attaquée! Pas plus que l'une d'entre nous, d'ailleurs!"

    Une fois encore, Charlotte m'a énormément impressionnée. Anne Perry a su créer un personnage fort, digne, doté d'une grande moralité qui n'a pas peur de dire ce qu'elle ressent. Une vraie dame parmi toutes celles qui prétendent l'être.

    Son attitude explique d'ailleurs l'attrait qu'elle exerce sur deux membres de la société de Parangon Walk: Lady Vespasia Cumming-Gould, la tante du mari d'Emily et le Français Paul Alaric, objet de toutes les attentions féminines. J'ai beaucoup apprécié ces deux nouveaux protagonistes: la première pour son intelligence, sa franchise, sa ressemblance avec Charlotte et le second pour son côté charmeur, protecteur...J'espère les retrouver dans de prochains volets.

    L'évolution d'Emily m'a également intéressée. Autant je n'avais pas apprécié son côté très capricieux dans l'Etrangleur de Cater Street, autant je l'ai trouvée plus humaine et plus mature. C'est sans doute un des avantages des séries: donner la possibilité au lecteur de suivre les transformations des héros.

    En revanche, j'ai regretté de ne pas voir assez Thomas Pitt. Je l'ai trouvé assez effacé.

    L'intrigue policière m'a tenue en haleine jusqu'au bout. Les rebondissements, les disparitions, les meurtres se multiplient...Et jusqu'aux dernières pages, on ne sait pas qui est (ou sont) le(s) coupable(s).

    Comme dans les Ames noires, Anne Perry a donné des accents de tragédie grecque au dénouement.

    Bref, vous l'aurez compris: j'ai passé un très bon moment en compagnie des Pitt et j'ai hâte de replonger avec eux dans le monde victorien des années 1880.

    Editions 10/18, 2002, 316 pages, 7,50 €

    Lu dans le cadre d'une lecture commune avec Bianca et Céline et des challenges Anne Perry, God save the livre 2013, la plume au féminin édition 2013, victorien et polar historique.

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