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  • Simon et Naslat

    Simon et Naslat

    de Hélène Rice

    illustré par Ninamasina

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    "Dans ma classe, il y'a Naslat. Je ne vois qu'elle. Mais je crois bien qu'elle ne remarque pas."

    "Dans ma classe, il y'a Simon. Personne ne le remarque. Sauf moi. Et moi, est-ce qu'il me voit?"

    Simon et Naslat, deux élèves de la même classe, sont secrètement amoureux l'un de l'autre. Ils s'observent en cachette, savent toujours où est l'autre mais n'osent pas faire le premier pas.

    C'est cette très belle histoire d'amour inavoué que raconte cet album.

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    Un album à double lecture: d'un côté, on suit les pensées intimes de Simon et de l'autre, celles de Naslat. Elles se rejoignent au centre dans une double page où on espère que les sentiments vont enfin éclater.

    Le texte se révèle à la fois simple (on a l'impression de réellement entendre des enfants parler) et poétique.

    "Parfois, j'aimerais être un oiseau. Discrètement, sans qu'elle me voie, je volerais au-dessus de ses pas. Je pourrais même picorer les miettes de son goûter"

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    A cette simplicité de l'écriture se superpose celle du dessin. Ninamasina a pris le parti de ne représenter que les éléments essentiels: les étagères, l'oiseau...Pas de fioritures, donc mais une grande douceur qui se dégage de ces illustrations.

    J'ai justement bien aimé cet équilibre entre l'écrit et l'image. Chacun de ces deux éléments se répond sans prendre le pas sur l'autre.

    J'ai également apprécié le fait que Simon et Naslat ne soient jamais représentés. Cela permet à chacun de les imaginer comme il l'entend. Mais surtout cela souligne encore plus le caractère universel de cette histoire d'amour inavoué.

    Bref, vous l'aurez compris: un très joli album, tendre et poétique. Merci aux éditions Philomèle et à Babelio pour cette belle découverte.

    Editions Philomèle, 2013, 13 €

  • Au-revoir là haut de Pierre Lemaître

    Au-revoir là haut

    de

    Pierre Lemaître

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    "Ceux qui pensaient que cette guerre finirait bientôt, étaient tous morts depuis longtemps. De la guerre, justement"

    Novembre 1918, quelques jours avant l'armistice. Albert Maillard, comptable de son état, qui aspire à retrouver les jupons de Cécile et l'autoritarisme de sa mère partage la vie des tranchées avec Edouard de Péricourt, un aristocrate artiste, homosexuel et auquel la chance ne cesse de sourire. Tout les oppose mais ils vont être réunis par les faits et gestes de leur supérieur, le lieutenant Pradelle.

    Après l'armistice, ils vont emménager ensemble et mettre en place une arnaque autour des monuments aux morts.

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    Généralement, je me méfie des Prix Goncourt. J'ai toujours peur d'être déçue. Du coup, j'attends souvent quelques mois voire quelques années avant de m'y plonger.

    Cependant, Au revoir là-haut m' a immédiatement attirée. Ne serait-ce que par le parcours de son auteur (il faut absolument que je découvre ses romans policiers) et par son sujet. J'ai donc été ravie de pouvoir l'emprunter à mon père pendant les vacances de Noël.

    Je dois avouer que j'ai été un peu désarçonnée par les premières pages. J'ai dû m'habituer à la petite musique de Pierre Lemaître, à son utilisation du futur (souvent pour mieux nous tromper). Puis, très vite, j'ai été happée par l'intrigue dense et foisonnante, par les scènes chocs.

    Au début, le romancier nous entraîne au front, à quelques jours de l'armistice. Alors que les hommes attendent avec impatience la fin des hostilités, le lieutenant Pradelle souhaite reprendre le combat pour mieux s'illustrer et tirer son épingle du jeu. Ne reculant devant rien, il va même assassiner deux de ses soldats pour redonner envie à ses troupes de partir à l'attaque. Pendant l'assaut, il est découvert par Albert Maillard et tente donc de l'assassiner, en le poussant dans un trou d'obus où il se retrouve enseveli. Le jeune comptable en sort in extremis grâce à Edouard de Péricourt. Mais ce dernier se retrouve défiguré.

    Voici comment en quelques pages nous rencontrons les trois protagonistes de cette fresque de l'après-guerre. Trois héros que tout oppose. Ou plutôt devrais-je dire trois anti-héros.

    Le lieutenant Pradelle incarne à la perfection la figure du méchant. Il veut à tout prix s'élever dans la société et gagner de l'argent pour pouvoir restaurer son domaine. Après son mariage avec la soeur d'Edouard de Péricourt, il va profiter des relations de sa belle-famille pour monter une entreprise autour des corps des anciens soldats. Il promet de mettre en place des sépultures décentes pour ces victimes alors qu'il les case dans des cercueils trop petits...On ne peut être que bluffé par son immense cynisme, son sens de la répartie, son opportunisme. .. Mais, à l'instar des vilains que l'on peut trouver chez Balzac ou Zola, la chute n'est jamais loin.

    Face à lui, deux hommes qu'il a sacrifiés pour recevoir des décorations et le grade de capitaine: Albert Maillard, un "revenant" relativement lâche, qui n'assume jamais ses actions, vit dans la peur d'être découvert, et Edouard de Péricourt, un aristocrate brisé, dont le visage n'est plus qu'une immense béance.

    C'est Edouard qui va élaborer tout un stratagème pour arnaquer les mairies et les associations qui veulent honorer la mémoire des morts au combat. Et Albert, par reconnaissance et culpabilité, va le soutenir.

    On suit donc le destin de ces trois protagonistes dans une après-guerre où il se révèle bien difficile pour les anciens poilus de se réadapter à leur nouvelle vie et où la plupart peinent à retrouver leur place. Un paradoxe car si les vivants sont négligés, le culte autour des victimes de 14-18 bat son plein. Un culte dont vont profiter chacun à leur manière Pradelle, Maillard et Péricourt.

    J'ai également été frappée par la galerie des personnages secondaires: le père et la soeur d'Edouard, les associés de Pradelle...

    Néanmoins, Pierre Lemaître se révèle aussi très doué dans la construction du scénario. Les épisodes s'enchaînent sans temps mort (alors que le livre fait 567 pages). Certaines scènes frappent l'imagination du lecteur. Et je ne m'attendais pas forcément à ces dénouements.

    De même, j'ai été impressionnée par le travail de documentation qu' a dû fournir cet auteur. Il a su restituer l'atmosphère qui devait régner dans la France de l'entre-deux-guerres.

    Bref, vous l'aurez compris: j'ai vraiment beaucoup aimé ce roman dense, noir, cynique et parfois humoristique. Je ne suis pas passée loin du coup de cœur et je vous le recommande vivement.

    Je pense que je ne tarderai pas à me plonger dans Robe de marié ou Alex.

    Billet dans le cadre d'une lecture commune avec Céline

    Albin Michel, 2013, 567 pages, 22,50 €

  • Le Général du Roi

    Le Général du Roi

    Un téléfilm de Nina Companeez d'après Daphné du Maurier

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    En général, j'aime beaucoup les réalisations de Nina Companeez. Je me souviens avoir passé un très bon moment en regardant les Dames de la Côté et avoir adoré L'Allée du Roi.

    Aussi, j'ai été ravie d'apprendre qu'elle avait réalisé un film pour la télévision d'après le Général du Roi, un roman que j'avais dévoré, adolescente.

    Alors que l’œuvre originelle se situait en Angleterre pendant la guerre civile, elle a choisi de la transposer en France à la fin du 18ème siècle, pendant la guerre de Vendée.

    Constance est une jeune aristocrate de 18 ans, indépendante et têtue qui vient de faire son entrée dans le monde. A un repas, elle croise le chemin de François Denis Brilhac, un aristocrate désargenté, marin de son état et qui jouit d'une réputation sulfureuse.

    Ils tombent amoureux et entament une idylle. La famille de Constance finit même par accepter leurs fiançailles avant qu'un terrible accident ne sépare les deux amants.

    Dix années s'écoulent et en pleine guerre civile, ils se retrouvent...

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    J'ai trouvé que la distribution était réussie. On croit au jeu des acteurs (même si parfois, j'ai été un peu gênée par certaines outrances dans celui des enfants) et aux personnages qu'ils incarnent.

    J'ai particulièrement remarqué la prestation de Samuel Le Bihan en général du roi. Il donne parfaitement corps à ce héros brisé par la vie, emporté, impulsif, coléreux, libertin. De même, Louis Monot en Constance parvient à nous fait ressentir toute la palette des émotions qui traversent cette héroïne: enthousiasme, colère, résignation, amour, dévouement... Les scènes qu'ils partagent à l'écran m'ont semblé souvent très belles.

    J'ai été également sensible aux dialogues, très écrits. J'ai lu d'ailleurs dans une interview de Samuel Le Bihan que Nina Companeez ne laissait pas de place à l'improvisation. Le scénario doit toujours être scrupuleusement respecté.

    De plus, Le Général du Roi nous permet de découvrir la guerre civile en Vendée, pendant la Révolution française. Un épisode de l'histoire assez méconnu dont on perçoit les combats sanglants, les exactions dans les deux camps...La réalisation, souvent hachée, renforce le sens de confusion qui devait régner à cette époque.

    Bref, vous l'aurez compris: même si je ne reverrai sans doute pas ce programme, j'ai passé un joli moment devant mon écran de télévision et je vous recommande ce téléfilm qui m'a laissé avec l'envie de me replonger dans ce très beau roman de Daphné du Maurier.

    Et vous, l'avez-vous vu?