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des romans français - Page 23

  • Les heures silencieuses

    Les heures silencieuses

    Gaëlle Josse

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    Dès les premières pages, la voix de Magdalena Van Beyeren retentit. Après avoir été peinte en 1667 par De Witte de dos, face à son épinette, dans la chambre conjugale, l'épouse de Pieter Van Beyeren, administrateur de la Compagnie des Indes orientales à Delft, a ressenti le besoin de se confier.

    "A mettre de l'ordre dans mon coeur, et un peu de paix dans mon âme, à se souvenir des joies passées et à accueillir mes peines, [mes papiers] suffisent"

    Et c'est ainsi que nous lecteurs, nous sommes conviés à partager le récit de sa vie, à explorer les replis secrets de son âme et à découvrir ce qui se dissimule derrière le tableau.

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    Suite à de nombreuses critiques positives dans la presse et sur des sites commerciaux, j'avais emprunté ce court ouvrage à la médiathèque. Et je me suis dit en m'inscrivant hier au Challenge Cent pages de TyJecyka qu'il conviendrait parfaitement pour un premier bilet.

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    Je l'ai commencé dans la matinée et très vite, je me suis laissée emporter par les mots de Magdalena. Je ne l'ai donc reposé qu'une fois achevé.

    Pour son premier roman, Gaëlle Josse est partie d'une oeuvre picturale: Intérieur avec femme jouant du virginal d'Emmanuel de Witte et elle a brodé autour de cette inconnue.gaëlle josse,autrement,de witte,intérieur avec femme jouant du virginal,delft,tableau

    C'est vrai que le procédé n'est pas novateur. D'ailleurs, le lieu (Delft) et les deux références à Vermeer font immédiatement penser au très beau livre de Tracy Chevalier La Jeune fille à la perle.

    Mais avec son écriture juste et poétique, l'auteure arrive à rendre son héroïne profondément attachante et intéressante. Par petites touches, elle parvient à brosser le portrait d'une femme qui souffre justement de sa condition de femme et rêve d'évasion. Les moments les plus lumineux de son existence sont ceux où elle accompagne son père, puis son mari, à Rotterdam voir leurs navires. 

    On ressort de cette lecture ému, bouleversé par la nostalgie qu'éprouve Magdalena et surtout par le drame intime qui la frappe.

    "Avec le temps, ce sont nos joies d'enfants que nous convoquons le plus facilement dans nos souvenirs, elles nous accompagnent avec une rare fidélité. Retrouver ce que nous avons éprouvé dans ces moments demeure une source de félicité que nul ne pourra nous ravir. Le cours de nos vies est semé de pierres qui nous font trébucher, et de certitudes qui s'amenuisent. Nous ne possédons que l'amour, qui nous a été donné et jamais repris"

    Et puis, les Heures silencieuses, c'est la description de la vie quotidienne en Hollande à la fin du 17ème siècle dans les cercles bourgeois. Malgré la brièveté du format, je trouve que Gaëlle Josse a réussi à bien décrire cette société, ses us et ses coutumes, son goût pour la peinture (il est de bon ton de se faire représenter) et son art du commerce.

    Bref, une petite pépite que je conseille vivement!

    Autrement, collection "Littératures", 2011, 134 pages, 13 €

  • Une liste entraînante

    La Liste de mes envies

    Grégoire Delacourt

    Lattès, 2012


     

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    "Toutes les peines sont permises, toutes les peines sont conseillées, il n'est que d'aller, il n'est que d'aimer" (Françoise Leroy dans Le Futur intérieur)

     

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    C'est par cette magnifique phrase que Grégoire Delacourt entame son deuxième roman. Puis, la voix de Jo retentit.

    Jocelyne Guerbette s'était rêvée styliste. Mais la vie en a décidé autrement. Mariée à Jocelyn et mère de deux enfants et d'un "petit ange", elle est devenue mercière à Arras. Son quotidien est rythmé désormais par ses quelques rares clients, les visites à son père qui oublie son existence toutes les six minutes, son blog Les doigts d'or et ses cafés avec les jumelles de Coiff'esthétique. Celles-ci la poussent à jouer au loto et Jo gagne 18 millions. Mais très vite, elle hésite à encaisser ce chèque et se met à établir la liste de ses envies...

    J'avais très envie de parcourir ce livre depuis que j'avais entendu de très bonnes critiques tant de la presse que de certains proches. Et je n'ai pas été déçue.

    L'auteur a su rendre son héroïne Jo avec ses kilos en trop et ses rêves envolés très attachante. Une fois débuté, on ne veut pas lâcher ce bijou d'humanisme au style très simple et très direct. Tous les personnages sonnent juste-de Jocelyne aux amatrices de son blog.

    Seul bémol: les trente dernières pages. En effet, je n'ai pas compris pourquoi Grégoire Delacourt nous avait brutalement détachés de Jocelyne pour nous plonger dans les pensées de Jocelyn. Ce basculement est de plus trop court et laisse une impression de bâclage.

    Enfin, je souhaitais une autre fin mais je ne l'attarderai pas dessus pour vous laisser le plaisir de la découverte. Car, en dépit de cette critique sur les derniers chapitres, je vous recommande vivement la lecture de ce joli ouvrage.


  • Un premier roman à tiroirs prometteur

    Le Confident

    Hélène Grémillon

    Plon, 2010

     

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    Paris, 1975, Camille vient juste de perdre sa mère. Parmi les nombreuses lettres de condoléances, elle en reçoit une manuscrite de plusieurs pages, sans signature. Ce mystérieux correspondant lui parle d'une certaine Annie et de leur histoire d'amour pendant la Seconde Guerre mondiale. Chaque semaine, elle en apprend un peu plus. Et le doute fait son apparition: si cette histoire la concernait intimement?


     

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    Je suis tombée un peu par hasard sur cet ouvrage. En naviguant sur la page des coups de coeur Fnac, pour être exacte. Le titre Le confident a tout de suite retenu mon attention. Et les avis des lecteurs m'ont définitivement convaincue.

    C'est une très belle surprise que ce premier roman. Le récit happe dès les premières pages. On passe successivement de Camille à l'inconnu sans comprendre comment leurs histoires sont liées et en cherchant justement à saisir la connexion.

    "Je n'imaginais pas un seul instant ce qui m'attendait. L'impensable, cela existe, j'en suis la preuve"

    Et puis, soudain, rupture de ton, un troisième narrateur se manifeste: la mystérieuse Annie commence à nous conter sa rencontre avec les M, le pacte qu'elle passe avec eux...Une autre vérité voit le jour, tout se complexifie...

    Et de nouveau, irruption d'un ultime narrateur dont la voix vient se rajouter aux trois autres.

    C'est là justement une des forces de ce livre , cette intrigue-puzzle, cette succession de révélations, cette idée que même les pages achevées, nous n'aurons pas complètement  résolu l'énigme. Et que dire de la surprise contenue dans les dernières phrases?

    Cette multiplication de regards permet aussi à ce roman d'éviter, malgré son sujet douloureux (celui des mères porteuses), l'écueil du manichéisme. Tous les personnages se révèlent attachants. J'ai ressenti leurs déchirements, j'ai compati..

    L'auteure a également fourni un important travail de recherches sur la Seconde Guerre mondiale. Certaines anecdotes se révèlent très intéressantes. Par exemple, Mme M. assiste au mariage de Sacha Guitry, au milieu de 105 invités (un nombre déterminé par l'hôte car il correspondait à celui des pièces qu'il avait écrites). 

    Bref, un premier roman habilement construit et très prometteur. Vivement le prochain!

    Si vous appréciez les intrigues complexes, l'imbrication de points de vue, je vous conseille également de vous plonger dans L'étrange disparition d'Esme Lennox de Maggie O'Farrell.

     

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