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des romans français - Page 19

  • La Princesse effacée de Alexandra de Broca

    La Princesse effacée

    de

    Alexandra de Broca

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    "Dans la moiteur d'une oppressante soirée de juin, alors que Paris et ses habitants s'endorment, un curieux cortège quitte par une porte latérale l'enceinte de l'ancien domaine des Templiers.

    Aucun bruit de pas, d'armes ou de paroles ne vient perturber l'étrange procession qui s'avance lentement. Huit soldats, dirigés par un caporal, et une dizaine d'hommes en civil aux visages en partie masqués progressent serrés les uns contre les autres pour dissimuler le petit cercueil en bois clair qu'ils transportent"

    Depuis la mort de son mari en 1786, Renée Chantereine s'est installée rue des Rosiers. Elle a noué des contacts avec le voisinage, notamment le citoyen Binet, petit-fils du célèbre perruquier de Louis XIV et le citoyen Robert qui travaille pour le Convention.

    Ce dernier la sollicite d'ailleurs pour une mission de la plus haute importance en juillet 1795. Il est à la recherche d'une femme sans lien avec la royauté qui rendrait visite à la fille Capet. Renée accepte et rencontre pour la première fois au Temple Madame Royale.

    "Une ombre grise se tient debout devant elle, les mains jointes dans le dos comme si elle attendait d'être suppliciée. Chantereine, à sa propre surprise, esquisse, pour la première fois de sa vie, une révérence presque au ras du sol et s'immobilise. Elle attend un geste, un ordre pour se relever. C'est un rire puissant, caverneux, affreux, qui l'oblige à affronter le regard de la prisonnière. Le râle est bien sorti de cette forme inerte où seuls les yeux affolés prennent vie en roulant sans cesse. Ce ricanement est haché de raclements de gorge incompréhensibles! Ce ne sont pas des paroles, mais des sons comparables à ceux d'un animal blessé."

    Renée se retrouve ainsi face à une jeune femme de 16 ans qui a perdu tous ses proches et qui n'appartient quasiment plus au monde des vivants.

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    La Tour du Temple vers 1795

    J'avais remarqué cet ouvrage sur le beau blog de Bianca. Et j'ai été ravie de pouvoir l'emprunter rapidement dans la médiathèque que je fréquente.

    Dès les premières pages, je me suis laissée emporter par ce roman qui permet de découvrir un personnage historique, généralement peu évoqué, à savoir Marie-Thérèse de France, surnommée Madame Royale, la fille aînée de Louis XVI et de Marie-Antoinette.

    J'ai été frappée par l'état d'animalité dans lequel elle se trouve quand Renée fait sa connaissance pour la première fois. Elle vit dans le noir et surtout dans des conditions hygiéniques déplorables, dort sur une paillasse, n'a pas adressé la parole à quiconque depuis 13 mois- si on excepte les officiels... Et surtout elle ignore tout du sort de sa mère, de sa tante et de son frère.

    Après l'avoir lavée, habillée confortablement, la citoyenne Chantereine doit lui apprendre ce qui est advenu des siens. Et se rend vite compte que le seul moyen de la sauver serait de la laisser dicter ses mémoires.

    "Soit elle bascule dans la folie dans les prochaines heures, soit vous lui donnez une raison de se maintenir en vie avec ce témoignage"

    Débutent alors des séances d'écriture autour des souvenirs de cette "princesse effacée". Tout oppose ses deux femmes: leur condition, leur destin, leurs manières...Néanmoins, elles vont nouer une relation profonde.

    Dans cette première partie qui s'étend de juillet 1795 au 19 décembre 1795, deux niveaux de récit s'entremêlent donc: celui du retour à la vie de Marie-Thérèse et celui des évènements auxquels elle a assisté depuis son emprisonnement avec sa famille en août 1792.

    J'ai beaucoup apprécié ce schéma narratif. Il permet de vivre de l'intérieur ce qu'a enduré la famille royale. On assiste ainsi aux premiers jours au Temple, à la séparation des fidèles (Mme de Lamballe suppliciée, la gouvernante Mme de Tourzel, le fidèle valet Hué), à la dégradation des conditions de vie, aux derniers jours du Roi, au départ du Dauphin, à celui de la Reine et de Mme Elizabeth....Mais aussi aux brimades quotidiennes, aux regards intrusifs et sales des gardes révolutionnaires, au silence qui s'installe, au combat mené pour survivre malgré tout...

    Le 19 décembre 1795, Marie-Thérèse, après de longues tractations, est finalement confiée à son oncle, l'empereur d'Autriche. Les adieux sont déchirants.

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                   Marie-Thérèse libérée du Temple

    La seconde partie s'ouvre le 3 mai 1814 sur le retour de Louis XVIII et de Madame Royale. Alexandra de Broca imagine les retrouvailles entre cette dernière et Renée Chantereine (alors qu'on a perdu sa trace dans l'histoire en 1806).

    Les deux femmes se rendent à Versailles et au Trianon. L'occasion pour la dauphine d'évoquer son mariage douloureux à l'impuissant duc d'Angoulême et surtout de reparler des derniers temps au château, de ceux aux Tuileries, de la fuite à Varennes...Pour finalement revenir sur la petite "Mousseline", que sa mère adorait.

    Néanmoins, on ne peut s'empêcher de ressentir de la tristesse pour cette femme brisée par son passé.

    "Je ne sais pas me libérer de mon passé et pourtant, sans lui, je ne suis rien"

    On apprend aussi beaucoup de choses sur la fin de l'Ancien Régime, la Révolution française et le début de la Restauration. Sans jamais avoir l'impression d'être submergé par les informations.

    Bref, vous l'aurez compris:  j'ai beaucoup aimé ce roman aux allures de biographie sur un personnage assez méconnu (le titre est à cet égard très bien choisi). Il se dévore et on en ressort avec la sensation d'en savoir plus sur ce tournant de l'histoire française.

    Editions Points, 2010, 403 pages, 7,50 €

  • Trois grands fauves

    Trois grands fauves

    de

    Hugo Boris

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    "Mai 1763. Ce n'est pas la Champagne humide ici, mais la pouilleuse, celle que la craie rend stérile. La petite taille de l'enfant ne lui permet pas de connaître l'étendue de la plaine. Il en entend le silence les jours sans vent. Il marche vers la vache qu'il a aperçue, là-bas, dans le pré. Il l'a reconnue, c'est la sienne, elle cherche l'ombre d'une haie. La mère de l'enfant n'a pas eu la force de l'allaiter à sa naissance. Il s'accroupit sous la lourde grappe, prend un pis dans la main pour faire gicler le lait. Il ignore qu'il va mourir dans une seconde"

    Ainsi débute le nouveau roman de Hugo Boris. Un roman consacré à trois hommes extraordinaires: Danton, Hugo et Churchill. Trois destins qui, apparemment, paraissent distincts mais que l'écrivain va rapprocher.

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    J'avais immédiatement remarqué Trois grands fauves parmi les 600 et quelques parutions de la rentrée littéraire. Aussi, j'ai été ravie d'avoir été sélectionnée par Babelio lors de la dernière masse critique.

    Dès les premières pages, j'ai été impressionnée par le style. J'ai trouvé qu'il s'en dégageait une grande force, tout à fait en adéquation avec le sujet traité.

    De plus, la scène d'ouverture m'a semblé particulièrement frappante. Danton, âgé de 4 ans, cherche à boire du lait de sa vache nourricière et reçoit un coup de sabot d'un taureau. Visiblement, peu échaudé par cette expérience, il retourne près d'un autre bovin et se fait écraser le nez. Un incident avec un troupeau de porcs, suivi d'une chute dans une mare et d'une petite vérole finissent par le défigurer.

    Puis, Hugo Boris s'attache à nous raconter, par bribes, l'existence de ce révolutionnaire si célèbre.

    C'est d'ailleurs le procédé qu'il utilise pour les trois grands personnages de l'histoire qu'il dépeint. Il se concentre sur certaines scènes importantes de leur existence.

    De Danton, on voit ainsi la montée à Paris, l'intérêt qu'il commence à porter à la politique...Et la scène de sa mort. Je pense que je garderai cette dernière longtemps en mémoire car l'auteur a su rendre toute la force de cet homme, toute sa bravoure et sa confiance dans la vie.

    "N'oublie pas, surtout n'oublie pas, de montrer ma tête au peuple, elle en vaut la peine"

    En ce qui concerne Hugo, on s'attarde plus sur son exil à Guernesey, ses séances de spiritisme, son goût pour les femmes  (il tenait un carnet en latin et italien de toutes ses conquêtes) et ses rapports avec sa famille (son côté vampirique avec ses enfants et protecteur avec ses petits-enfants). Je ne vous cacherai pas qu'autant je reconnais du talent à cet artiste, autant je déteste l'homme. Ce qu'en montre le romancier n'a fait que renforcer ce sentiment. Une scène m'a particulièrement marquée: celle d'un déjeuner avec des intellectuels aux côtés de son fils mourant.

    De Churchill, on apprend son enfance auprès d'un père absent et peu aimant, son courage en Afrique du Sud, sa rencontre avortée avec Hitler, son investissement à Paris pendant la débâcle française....C'est la partie qui m'a sans doute le plus intéressée et j'en suis ressortie avec l'envie de me plonger dans une biographie sur cet homme hors normes.

    En revanche, je dois avouer que j'ai plus considéré cet ouvrage comme un recueil de nouvelles que comme un roman. Certes, Danton, Hugo et Churchill sont des êtres d'une force incomparable. Ils dévorent tout ce qui les entoure et il devait être bien difficile de vivre dans leur ombre (ce qu'a particulièrement bien montré l'auteur pour les deux premiers). De même, un lien est tissé entre eux (je ne l'expliciterai pas, de peur de gâcher votre lecture). Mais, à l'exception de ces deux points, je me suis plus sentie lectrice de trois récits différents.

    Un autre bémol que je souhaiterais également souligner, c'est le côté parfois trop fragmenté de ces histoires. J'ai regretté de ne pas passer assez de temps sur certaines périodes de leur existence.

    Bref, vous l'aurez compris: ce roman ne constitue pas un coup de cœur. Néanmoins, j'ai trouvé que Trois Grands fauves était un ouvrage intéressant, doté d'un style fort et dont certaines scènes resteront gravées longtemps. Pour les amateurs de biographie romancée, il représente aussi une bonne première porte d'entrée aux destins de Danton, Hugo et Churchill.

    Merci à Babelio et aux éditions Belfond pour cette découverte!

    Editions Belfond, 2013, 201 pages, 18 euros


  • La Mélodie des jours de Lorraine Fouchet

    La Mélodie des jours

    de

    Lorraine Fouchet

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    "Lucie, Léa, nos prénoms commencent par la même lettre. L comme Liberté, Lumière, Liesse, Longtemps. Ma grand-tante Théonile, dite Théo, concluait les histoires qu'elle me racontait autrefois pour m'endormir par ils se marièrent, ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants. Je n'ai pas de mari, tu n'as pas de père, tu es ma fille unique, et nous vivons heureuses."

    Lucie est une jeune mère célibataire de 29 ans qui s'est installée dans le Sud il y'a peu avec sa fille Léa et a décidé d'ouvrir une fromagerie.

    Le jour des onze ans de Léa, elle apprend qu'elle aurait une boule suspecte au sein. Elle ne veut pas montrer son désarroi à ses proches et ignore vers qui se tourner pour épancher ses peurs.

    "Depuis que je suis sortie de chez la gynéco, je me sens comme un oiseau prisonnier avec un tissu posé sur ma cage pour m'empêcher de chanter. Je suis une des mouettes du rideau, privée d'envol, engluée dans le pétrole de l'Erika, j'avais dix-huit ans à l'époque du naufrage...La voilà, l'idée! Eurekâ!"

    C'est ainsi qu'elle s'inscrit sur le site des voisins sous le pseudonyme de Mouette. Et qu'elle découvre toute une chaîne de solidarité.

     

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    Il s'agit du second livre de Lorraine Fouchet que je découvre. J'avais beaucoup aimé L'agence, un ouvrage sur les changements de vie. Et j'ai eu envie de me plonger dans celui-ci quand je l'ai trouvé à la médiathèque.

    J'ai d'ailleurs immédiatement trouvé des points communs entre les deux héroïnes de la romancière. Comme Juliette, Lucie est une jeune femme de vingt-neuf ans qui vit seule avec sa fille et est arrivée à un tournant de son existence. En effet, elle vient d'être diagnostiquée d'un cancer du sein et a besoin de s'ouvrir aux autres pour trouver du soutien.

    Alors qu'elle vivait repliée sur elle-même, elle va s'inscrire sur le site des voisins et faire ainsi la rencontre de Maldive, Corsica, Charlie, Hazer, Rambo...Autant d'oreilles compatissantes qui vont l'aider, chacun à leur manière, à traverser cette épreuve.

    Lorraine Fouchet ne se contente pas de dresser le portrait de cette jeune femme à un croisement de vie. Elle s'attarde également sur les destins de chacun de ces pseudonymes, certains prenant plus d'importance que d'autres. La structure narrative polyphonique permet de comprendre chacun de ces individus.

    On suit ainsi Alberte/Corsica, une ancienne institutrice de 80 ans qui a souhaité quitter son village corse, après la fermeture de son école.

    On s'intéresse également à Maldo/Charlie, un jeune homme qui a décidé de s'installer auprès de son parrain et vient d'ouvrir un bar-chocolaterie.

    Je me suis attachée à tous ces protagonistes. C'est d'ailleurs là que réside un des talents de l'auteure: savoir créer des personnages qui ne laissent pas indifférents.

    De même, l'intrigue m'a bien plu. Certes, on peut faire des reproches sur certains retournements de situation trop alambiqués, sur quelques dialogues...

    Mais La mélodie des jours appartient à ce genre de romans doudous, ceux qui font tout simplement du bien et qui donnent une vision profondément optimiste de la vie.

    En le refermant, j'ai eu envie de voir si le site des voisins existait vraiment. Et j'ai eu la surprise de découvrir qu'une page avait été créée autour des internautes imaginés par Lorraine Fouchet.

    Bref, vous l'aurez compris: j'ai apprécié cet ouvrage positif, aux personnages attachants et qui constitue une lecture parfaite pour l'été. Je continuerai mon exploration du joli univers de cette romancière.

    Editions J'ai lu, 2012, 384 pages

    Billet dans le cadre du challenge La plume au féminin édition 2013

     

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