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the frenchbooklover - Page 127

  • La Maison en petits cubes

    La Maison en petits cubes

    un album écrit par Kenya Hirata

    et illustré par Kunio Katô

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    "Au beau milieu de la mer, vit un vieux monsieur dans une drôle de maison.

    Mais quelle en est la raison?

    C'est que dans cette ville inondée, le niveau de l'eau monte sans arrêt.

    Chaque maison se retrouve engloutie par la mer. Il faut alors en construire une autre par-dessus la première."

    Et quand la deuxième est noyée, on en construit une autre par dessus. C'est ainsi que toutes les habitations se retrouvent empilées les unes sur les autres, comme des petits cubes.

    Le quotidien de ce vieux monsieur se partage entre ses repas, ses courses et ses parties d'échecs.

    Mais un jour, l'eau vient menacer son habitation et il se retrouve contraint de construire un nouvel étage.

    Malheureusement, ses outils tombent. Obligé de plonger pour les repêcher, le vieux monsieur part à la rencontre de ses souvenirs.

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    A l'origine, La maison en petits cubes est un court métrage d'animation, scénarisé par Kenya Hirata et réalisé par Kunio Katô. Il a reçu de nombreuses récompenses dont l'Oscar.

    Il a été ensuite adapté sous la forme d'un album.

    Dans un petit village pas comme les autres où les maisons ressemblent à des petits cubes empilés, vit un vieux monsieur.

    Depuis la mort de sa femme trois ans auparavant et le départ au loin de tous ses enfants, il mène une existence paisible et assez routinière.

    Mais la perte de ses outils va l'obliger à refaire un voyage dans son passé.

    "Le vieux monsieur descend encore plus profond, jusqu'à la maison du dessous, puis celle encore en-dessous...

    A chaque étage, il se remémore un souvenir plus ou moins flou."

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    J'ai beaucoup aimé cette métaphore des petits cubes. Chacun d'entre eux représente un âge de la vie de cet homme.

    Et la plongée va nous permettre de remonter avec lui toute cette strate de souvenirs.

    "Le vieux monsieur plonge de plus en plus loin. Tantôt très clairs, tantôt fugaces, les souvenirs du passé ne cessent de refaire surface"

    Ainsi, on revit des moments clés de son existence: de la perte de son épouse à la rencontre avec cette dernière en passant par le mariage de son aînée, les feux d'artifice....

    J'ai été happée par cette intrigue pleine de poésie. Kenya Hirata utilise des mots simples mais qui sonnent toujours juste.

    De même, j'ai apprécié les illustrations souvent floues qui s'accordent à merveille avec cette brume qui entoure les réminiscences du protagoniste.

    Bref, vous l'aurez compris: je suis tombée sous le charme de cet album sur le temps qui passe.

    Editions Nobi-Nobi, 2012, 14,95 €

    Et je vous rajoute le lien vers le magnifique film d'animation.


  • Pressentiments de Katherine Webb

    Pressentiments

    de

    Katherine Webb

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    "Ma très chère Amélia,

    Nous avons ici une matinée de printemps splendide en ce jour qui sort un peu de l'ordinaire. La nouvelle servante arrive aujourd'hui. Vu la réputation qui la précède, j'avoue éprouver une certaine nervosité, mais je suis sûre que cette Cat Morley ne peut être entièrement mauvaise."

    Mai 1911, dans le village de Cold Ash Holt, le pasteur et sa femme s'apprêtent à accueillir une domestique supplémentaire. Ils ont quelque peu hésité à l'engager car elle vient de purger une courte peine de prison.

    En 2011, en Belgique, le cadavre d'un soldat mort pendant la Première Guerre mondiale est retrouvé, avec dans ses poches deux lettres signées d'une certaine H. Canning.

    "Je vous demande instamment de m'écrire. De me dire ce que vous savez sur ce qui s'est passé cet été-là. Je vous en supplie! Même si vous pensez que vos réponses ne m'apporteront pas la tranquillité, je dois savoir. Vivre dans la peur et le soupçon est intolérable, bien que j'aie porté ce fardeau ces quatre dernières années"

    Intriguée par le contenu de ses missives, Leah, une journaliste, entreprend de mener une enquête. Une enquête qui va la ramener à cet été 1911 dans le village de Cold Ash Holt.

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    Je n'avais jamais entendu parler de ce roman avant de le trouver lors d'une de mes pérégrinations en librairie. J'ai été immédiatement attirée par le titre et la couverture et je l'ai dévoré.

    Le récit se déroule sur deux époques différentes: 1911 et 2011. Mais très vite, c'est l'intrigue du passé qui l'emporte sur celle du présent (tant en terme d'intérêt qu'en terme de volume).

    On suit essentiellement le destin de deux femmes. D'un côté, Cat Morley, très éprouvée par son incarcération et qui ne supporte pas sa situation de servante et de l'autre, Hester Cannelly, une jeune femme issue d'un milieu aisé, très naïve et qui souffre de l'indifférence de son mari.

    Avec ces deux protagonistes, Katherine Webb parvient à brosser un portrait de la condition féminine en Angleterre en ce début de 20ème siècle. Cat et Hester sont toutes les deux, et pour des raisons très différentes, enfermées dans leur vie. Alors que Cat essaie de changer le cours de son destin, Hester subit plus le sien.

    Le personnage de Cat Morley permet également d'évoquer le combat des femmes pour obtenir le droit de vote. En effet, Cat est une suffragette et se retrouve emprisonnée à la suite d'une manifestation. En cellule, elle subit d'atroces souffrances telles que le gavage.

    Mais une autre thématique est également développée dans ce roman: celle de la croyance dans des fées de la nature. Une croyance qui se répand (elle touchera notamment Conan Doyle) et qui passionne soudainement le pasteur Cannelly et qui le pousse à inviter Robin Durrant, un théosophe. L'arrivée de cet inconnu va bouleverser l'équilibre du presbytère.

    J'ai justement aimé cette atmosphère lourde de secrets, de tabous, de désirs enfouis, de menaces....Et j'ai trouvé que l'arc narratif de 2011 ne faisait pas le poids face à cette ambiance. Je n'ai jamais réussi à vraiment m'intéresser à Leah que je trouve inconsistante face à Cat et Hester. Je me demande même si elle n'a pas été créée pour justifier ce retour dans le passé et épaissir un peu le mystère qui entoure cet été 1911.

    De même, j'aimerais souligner un autre bémol: le choix du titre. Je préfère l'anglais "the unseen" qui rend mieux compte de l'importance de ces fées de la nature dans l'intrigue et du rôle qu'elles vont jouer dans ce drame.

    Bref, vous l'aurez compris: Pressentiments constitue une saga familiale réussie.

    Pocket, 2014, 499 pages, 8,10 €

     

     

  • Le Fil de soie de Cécile Roumiguière

    Le Fil de soie

    de

    Cécile Roumiguière

    illustré par Delphine Jacquot

     

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    "Et pique et coud, et pique et coud.

    Marie-Lou suit des yeux les doigts de Mamilona.

    Ils courent vite, sans hésiter, sur le tissu argenté.

    Sa me amala oro khelena...

    Sa grand-mère marmonne un chant dans une langue inconnue"

    Tous les soirs, après l'école, Marie-Lou retrouve sa grand-mère.

    "A l'école, Marie-Lou n'est pas la reine. Elle s'emmêle dans les chiffres, elle peine à lire les lettres et les mots".

    Aussi, elle accueille avec plaisir tous ces moments d'intimité partagée avec son aïeule. Elle la regarde coudre et admire sa dextérité.

    Le temps passe. Pour son premier anniversaire à deux chiffres, Marie-Lou veut que sa grand-mère lui révèle les secrets qu'elle semble dissimuler.

    "Il y'a des choses que les mots ne savent pas dire, ma Lou. Mon secret, je te l'ai déjà donné. Un jour, tu le trouveras, tu n'auras besoin de personne pour ça."

    Et en effet, un soir, notre héroïne résout enfin le mystère...

     

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    Cela faisait quelque temps que j'avais remarqué cet album, notamment sur le blog de la tentatrice Moka. Aussi, je l'ai commandé pour la médiathèque où je travaille et je me suis jetée dessus quand il est arrivé.

    Marie-Lou est une petite fille qui éprouve des difficultés scolaires. Elle aime s'échapper tous les soirs auprès de sa grand-mère et la regarder créer des robes. Souvent, quand Mamilona coud, elle entame la même rengaine. Un air dont Marie-Lou ne comprend pas les paroles mais qui la fascine. Souvent, elle pose des questions sur la chanson...Et à chaque fois, elles restent sans réponse.

    Jusqu'au soir où Marie-Lou déroule un fil et découvre sur des broderies l'histoire de son aïeule.

    Je me suis laissée entraîner par cette intrigue tour à tour tendre, poétique et triste. Cécile Roumiguière nous parle avec beaucoup de justesse de l'amour qui peut unir une petite fille à sa grand-mère, de la pudeur qu'on peut éprouver à interroger nos proches sur leur passé et de l'importance de la transmission.

     

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    J'ai aimé cette idée du fil si nécessaire à la couture-le métier de Mamilona- et qui en même temps, symbolise et raconte son destin. J'ai même été jusqu'à comparer Mamilona à une des Parques, ces maîtresses romaines de la destinées qui déroulent le fil de notre destin et décident à un moment de le trancher.

    Au texte finement ciselé de Cécile Roumiguière répondent les images tout en délicatesse de Delphine Jacquot. Je ne connaissais pas cette illustratrice et j'ai été bluffée par son talent. On a l'impression de voir de la vraie dentelle que l'on pourrait toucher tant le trait est fin. De plus, chaque page regorge de détails qui tantôt nous invitent au rêve tantôt nous font des clins d’œil. Mais qui définitivement, nous plongent dans un univers qui n'appartient qu'à elle.

    Bref, vous l'aurez compris: j'ai été vraiment séduite par cet album touchant où les chants et les silences s'entremêlent habilement.

    Editions Thierry Magnier, 2013, 15,50 €

    En bonus, je vous rajoute un lien vers cette vidéo de présentation.