Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

the frenchbooklover - Page 185

  • Discordance d'Anna Jörgensdotter

    Discordance

    de

    Anna Jörgensdotter

     

    discordance 2.jpg

    "Ca pourrait débuter par un conte. Il était une fois. Débuter au moment où Karin monte la mèche de la lampe à pétrole, dont la flamme vacille"

    Septembre 1938, dans une petite communauté au pied du mont Kungsberg, vivent cinq frères et soeurs: Edwin, Otto, Karin, Sofia et Emilia.

    Le récit commence au moment où un incendie ravage la maison de leur voisine. Et nous allons accompagner leurs existences sur deux décennies.

     

    anna jor.jpg

    Je tenais tout d'abord à remercier Babelio et les éditions JC Lattés pour m'avoir choisie lors de la dernière opération de Masse critique du début d'automne.

    J'avais sélectionné cet ouvrage car je ne connais pas trop la littérature suédoise. Et puis, l'idée d'assister à l'évolution d'une fratrie pendant et après la Seconde Guerre mondiale m'intéressait.

    Née en 1973, Anna Jörgensdotter, également poétesse et musicienne, vit dans la région de Sandviken, décor de ce récit. Ceci explique l'importance des descriptions des paysages, de l'opposition ville/campagne...

    Pour montrer les différents chemins qu'empruntent ses cinq protagonistes, l'auteure a eu recours à la structure du roman choral.

    "Nos récits s'entrelacent telles les bandes de lirettes dans la trame d'un tapis. Et chacun y reste pris. Jusqu'à l'usure. En devient partie intégrante.L'idée de départ était peut-être autre que le résultat, ou alors nous sommes parfaits-un récit parfait, sur tout, sur rien. Sur la vie telle qu'elle a été. Mais jamais sur ce qu'elle aurait pu être"

    Et je trouve que cette construction donne une certaine force à l'ensemble. Ces monologues intérieurs offrent la possibilité de voir la "discordance" se créer au sein de cette fratrie.

    De plus, j'ai beaucoup aimé le fait qu'on puisse percevoir, au fil des pages, les mutations de la société suédoise. Suivre cinq jeunes gens de sexe différent permet également de se rendre compte de l'évolution du rapport hommes/femmes.

    Cette oeuvre s'articule aussi autour de deux thématiques fortes: le deuil et le mariage. Rien de bien étonnant, étant donné que nous sommes plongés dans une histoire de famille. Ce qui m'a en revanche frappé, c'est l'idée qu'il n'y pas de mariage heureux. En effet, aucune des unions décrites ne fonctionne. Toutes sont empreintes d'échec et de tristesse.

    Malheureusement, je n'ai pas accroché avec les personnages principaux. Peut-être car je les ai trouvés un peu trop nombreux et certains, à l'instar d'Emilia, pas assez exploités.

    De même, le style de l'écrivaine m'a a semblé parfois trop décousu. Certains passages m'ont paru aussi de trop.

    En outre, je me suis sentie à certains moments perdue en raison de tous les retours en arrière et les sauts d'un protagoniste à l'autre.

    Bref, vous l'aurez compris: je ressors de cette fresque familiale avec un avis mitigé.

    JC Lattès, 2012, 22,50 €

     

     

     

     

     

     

     

  • Lecture commune: Les Aventures de Miss Alethea Darcy d'Elizabeth Aston

    Les Aventures de Miss Alethea Darcy

    de

    Elizabeth Aston

    aventures de miss alethea.jpg

    "La fenêtre coulissa sans un bruit, sans qu'aucun couinement ni grincement ne viennent rompre le silence de l'aube. Alethea enjamba le rebord, se pencha pour ramasser son baluchon de vêtements, puis hissa l'autre jambe pour aller se percher à près de cinq mètres du sol. Elle jeta un dernier coup d'oeil dans la chambre à coucher. La silhouette immobile sur le lit ronflait doucement, un bras sur les couvertures, les cheveux ébouriffés"

    Alethea, fille de Mr Darcy et d'Elizabeth Bennett, après avoir été rejetée par l'homme qu'elle aimait, a épousé Mr Napier. Or, son mari, aux abords charmants, dissimule une nature sombre et tyrannique. Ne pouvant plus supporter ses sévices et l'enfermement dans laquelle il la condamne, notre héroïne décide de s'échapper. Accompagnée de Figgins, sa fidèle femme de chambre, elle s'enfuit, déguisée en homme. Son périple va ainsi l'entraîner de Paris à Venise.

    filles de mr darcy.jpg

    Elizabeth Aston est une auteure britannique passionnée par Jane Austen. Elle a d'ailleurs étudié à Oxford avec Lord David Cecil, un des biographes les plus célèbres de cette dernière.

    J'avais déjà eu l'occasion de découvrir Les Filles de Mr Darcy, la suite qu'elle avait imaginée à Orgueil et préjugés. Et franchement, je dois avouer que j'avais été déçue. Tout d'abord, parce que je n'avais pas retrouvé mes héros préférés, exilés pour une mission diplomatique à Constantinople.Et ensuite, parce que l'intrigue  me semblait cousue de fil blanc.

    Aussi, lorsque ce roman est sorti, je me suis dit que je ne me plongerai pas dedans. Et puis, j'ai lu une critique positive sur le blog Jane Austen is my wonderland d'Alice. Et lorsqu'Audel a lorganisé une lecture commune sur Livraddict, je me suis lancée.

    Tout d'abord, je dirai la même chose qu'Alice. Il faut oublier que cet ouvrage est censé être une suite de l'oeuvre la plus célèbre de Jane Austen. Hormis le nom de Darcy, cette intrigue n'a vraiment rien en commun avec celle de mon écrivain préfèré.

    J'ai trouvé que l'histoire était une fois de plus cousue de fil blanc. Comme dans toute romance, on se doute très vite de la conclusion.

    Mais la construction, qui alterne entre le points de vue d'Alethea et de Titus Maningtree, apporte un rythme intéressant et permet au lecteur d'avoir une meilleure vue d'ensemble.

    Les personnages m'ont semblé plus fouillés. J'ai eu un vrai coup de coeur pour Alethea, une jeune fille qui cherche à tout prix à se débarrasser du carcan de la société. Le fait qu'elle se travestisse en homme, tout comme sa fidèle Figgins, protagoniste également attachante, souligne le contraste entre la condition des femmes et des hommes à cette époque. Alethea ne cesse de nous répéter au fil des pages la liberté qu'elle ressent à être ainsi déguisée. De même, son habit comme les raisons de sa fuite amènent Titus à réfléchir sur la place des femmes.

    "Non, mais les choses étaient différentes pour un homme. Une existence dénuée d'aventures hasardeuses et de péril devenait pénible, et même s'il ne ressentait plus le désir effréné d'attaquer un ennemi à la guerre, il aspirait encore à une vie pleine de défis et de vives émotions. Ces dames faisaient face à leurs propres risques; ceux de l'accouchement et de la maladie, et peut-être, celui des désaccords conjugaux"

    Ce discours sur la condition féminine au début du 19ème siècle constitue un des points forts de ce roman. Tout comme le sens de la reconstitution qui semble habiter Elizabeth Aston tout au long des pages. J'ai eu l'impression d'apprendre beaucoup de choses sur l'existence et les moeurs des artistocrates anglais fortunés de cette époque, sur l'impact de Waterloo sur les gentleman de la haute société, sur le marché de l'art (les pillages en Italie des Titien, Tintoret...), sur Venise, sur les voyages dans les Alpes, facilités par la route construite par Bonaparte....

    Bref, vous l'aurez compris: ce livre n'est pas doté d'une intrigue complexe mais il permet de se divertir tout en s'instruisant.

    Audel, merci d'avoir organisé cette lecture commune!

    Milady, 2012, 520 pages

     


  • Nox tome 1 de Yves Grevet

    Nox tome 1: Ici-bas

    de

    Yves Grevet

    nox,ici-bas,yves grevet,syros,dystopie

    "J'ai pris l'habitude d'écrire les yeux fermés parce que ici l'énergie est rare et qu'on la garde pour la survie."

    Dans un futur apocalyptique, une ville est séparée en deux: il y'a ceux qui mènent leur existence dans la lumière et ceux qui vivent en bas, sous le joug d'une milice hyper-puissante.

    "Ici, dans la ville basse, la seule énergie dépensée est celle que nous produisons nous-mêmes à la force de nos muscles. Là-haut, chez les riches, les lampes s'allument quand on appuie sur un bouton et brillent sans qu'on s'en occupe[...] Ici les rues sont obscures même dans la journée car un brouillard noir et opaque enveloppe la ville basse en permanence. On appelle ça la nox."

    Dans cette partie basse, résident Lucen et Gerge, deux amis d'enfance au destin tout tracé. Le premier doit devenir réparateur et l'autre policier/milicien. Ils ne peuvent se marier également qu'avec des jeunes filles agréées par leurs parents.

    Mais vont-ils vraiment accepter cet avenir imposé?

    Au même moment, dans la partie haute éclairée, Ludmilla veut retrouver sa gouvernante, exilée par son père dans les territoires du bas. Elle est prête à toutes les bravoures et tous les sacrifices. Et c'est ainsi qu'elle va rencontrer Lucen...

    nox,ici-bas,yves grevet,syros,dystopie

    Yves Grevet est professeur des écoles en région parisienne. Il s'est lancé dans l'écriture de romans pour la jeunesse. Parmi ses oeuvres, on retrouve L'école est finie, Seuls dans la ville et la trilogie Méto.

    J'avais adoré cette dernière. Et j'ai guetté avec impatience l'arrivée du premier tome de Nox dans ma bibliothèque.

    Ce qui m'a frappé, c'est la force de l'univers imaginé par Yves Grevet. Je me suis sentie immédiatement immergée dans ce monde sans lumière, oppressant, autoritariste et où les perspectives de vie sont plus que limitées. L'auteur donne à voir un avenir très sombre, à l'image de la"nox", ce brouillard, qui recouvre tout. Mais sa vision pessimiste fait forcément réfléchir. La société qu'il décrit ressemble à une société d'Ancien régime où aucune liberté n'est permise et où les gens ne peuvent espérer partir vers autre chose. L'espérance de vie est limitée. Il vaut mieux ne pas sortir après le couvre-feu, de peur de tomber entre les mains de la milice.

    L'auteur a également su éviter l'écueil d'une introduction trop longue. En effet, ce que je reproche souvent au premier volet d' une trilogie, c'est la mise en place qui s'éternise. Là, on entre très vite dans le coeur de l'action. Les évènements s'enchaînent, on a envie de connaître ce qui attend les héros, on tourne les pages...Et très vite, on se retrouve à la fin du volume, en guettant avec impatience la sortie du second tome. Surtout que la dernier chapitre se clôt sur un suspense..

    La construction m'a semblée aussi très intéressante. Elle s'articule autour de trois points de vue: celui de Lucen et de Gerge (dans la partie basse de ce monde, les prénoms se voient diminués d'une voyelle pour ne pas être comparés à ceux d'en haut) et celui de Ludmilla. J'ai toujours eu une prédilection pour ce genre de schéma narratif. Et il fonctionne parfaitement ici. Chaque épisode se trouve ainsi éclairé par des regards différents et gagne en force.

    De même, j'ai jugé les protagonistes bien campés. Ma préférence va pour l'instant à Lucen, l'archétype du héros épris de justice, courageux, loyal, plein de compassion. Mais Gerge m'a ému par sa vulnérabilité, son côté influençable. Et je pense que Ludmilla constitue un personnage prometteur. Cette jeune fille qui vient d'être arrachée à sa gouvernante et qui a été toujours ultra protégée par son père, s'ouvre peu à peu à la réalité extérieure. Elle en apprend la dureté et essaie de la contrer. J'espère continuer à la voir ainsi évoluer dans la prochaine partie.

    Bref, vous l'aurez compris: j'ai vraiment beaucoup aimé ce premier tome de Nox. Et je vous conseille de vous plonger dans ces aventures concoctées par Yves Grevet! Vivement la suite!

    Syros, octobre 2012, 417 pages, 16,90 €