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the frenchbooklover - Page 187

  • Blog de Jean-Philippe Blondel

    Blog

    de

    Jean-Philippe Blondel

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    "Putain de merde

    Je sais, ça choque et surtout, ça manque d'élégance. Je devrais plutôt commencer le récit par des jolies phrases, des paragraphes bien tournés, en utilisant des termes éloquents et variés. Simplement, je n'y parviens pas. Cela fait une heure que les faits tournent dans ma tête, on dirait des corbeaux dans un clocher, ils croassent, ils descendent en piqué et remontent en flèche- je suis épuisé. Et retourné. Tout est sens dessus dessous. Je n'arrive plus à penser droit, et les mots me fuient. Ce qui me reste, c'est la stupeur, la colère et cette expression qui les résument: putain de merde"

    Ainsi débute ce roman. Le narrateur, jeune adolescent de 15 ans, est révolté par la découverte qu'il vient de faire: son père, sans lui demander son accord, a été sur son blog et l'a parcouru régulièrement.

    "Je ne l'ai jamais autorisé à le lire, bien sûr. Je ne lui en ai même jamais parlé. Ni mentionné son existence. [...] Le blog, c'était mon espace privé. Mon domaine.[...] Quand je suis en face de lui maintenant, j'ai l'impression de me promener nu en pleine ville"

    S'ensuit une dispute entre les deux. Désormais, l'adolescent ne veut plus adresser la parole à son père. Jusqu'au jour où ce dernier pose devant sa chambre un carton empli des journaux intimes qu'il tenait au même âge.

    "Il devait y'avoir un secret là-dedans. Un secret paternel. Un secret qu'il voulait que je partage. Je savais que si je prenais le cutter et que j'ouvrais le carton, alors les choses ne seraient jamais plus pareilles."

    Au fil des carnets, le narrateur entrevoit un autre homme que celui qu'il cotoîe au quotidien, un homme qui a subi le pire...

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    Je me suis lancée dans ce roman après en avoir entendu parler par une collègue, grande fan de Jean-Philippe Blondel.

    Ce dernier, professeur d'anglais non loin de Troyes, a publié sa première oeuvre Accès direct à la plage en 2003. Depuis, il alterne entre des fictions pour les adultes et pour les adolescents: Le baby-sitter, Au rebond, Replay...

    La première qualité que je reconnais à cet ouvrage est de sonner juste. Je trouve cela extrêmement difficile de se mettre dans la peau d'un narrateur de 15 ans et souvent, cela semble artificiel. Et là, Jean-Philippe Blondel a parfaitement relevé le défi. En effet, on a l'impression d'être bien en présence d'un lycéen, aux réactions sans doute quelque peu exagérées...

    La relation parfois délicate entre un père et un fils est aussi bien traitée. "Je me suis demandé si je ne jugeais pas mal mon père. S'il ne méritait pas autre chose que la lassitude et le mépris gentillet que je lui accordais" Après le choc de la trahison, l'auteur réussit à faire évoluer le lien paternel et filial. J'ai apprécié la solution des journaux intimes comme moyen de médiation et éventuellement de réconciliation.

    Ces journaux intimes permettent aussi de souligner l'évolution des pratiques sous l'impact des nouvelles technologies. Maintenant, les blogs fleurissent, sur toutes les thématiques et rares sont les adolescents qui n'en tiennent pas un. Les passages où le narrateur évoque les raisons qui l'ont poussé à en créer un et à continuer à écrire dessus se révèlent très intéressants. "Le blog, ça te donne l'impression d'exister et d'être très puissant". Il en va de même pour les paragraphes autour de la limite entre sphère privée et publique. "C'est une déclaration. Publique, puisque électronique. Privée, puisque bloguesque".

    Enfin, l'écrivain, par le biais de ce roman, se pose la question du rôle de l'écriture de l'intime. C'est comme si l'écriture permettait de faire face aux soucis de la vie....

    "Quand j'ai arrête d'écrire, je me suis dit que la fiction, c'était peut-être ma façon de réduire la souffrance. De la maîtriser. Et surtout de ne jamais être seul"

    Bref, vous l'aurez compris: un roman pour adolescents qui fait réfléchir sur les liens parents/enfants, sur l'importance de la confiance, sur le monde des blogs et sur le rôle de l'écriture. J'ai trouvé plaisante cette première incursion dans le monde de Jean-Philippe Blondel et je me lancerai-j'en suis certaine-dans un autre de ses livres.

    Ce billet marque ma quatrième participation au Challenge cent pages organisé par TyJecyka.

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    Actes Sud Junior, collection "Romans ados", 2010, 114 pages

  • La découverte d'une nouvelle héroïne récurrente

    Penelope Green tome 1: La Chanson des enfants perdus

    de

    Béatrice Bottet

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    "Je vais me retrouver toute seule. Absolument toute seule"

    Londres, années 1880: Penelope Green , jeune femme de 18 ans, assiste à l'agonie de son père, James Alec Green, emporté par une pneumonie. Journaliste et enquêteur au Early Morning News, il lui demande de lui apporter tous ses dossiers afin de les trier. A la fin, il n'en reste qu'un: celui du 21 Foxglove Court. Il le met alors à brûler dans la cheminée et demande à sa fille de l'oublier.

    Mais quelques mois après, Penelope ne peut plus résister à la curiosité et décide de mener une enquête pour découvrir ce que dissimule Foxglove Court.

    Elle est bien loin de se douter que son goût prononcé pour l'aventure va lui faire croiser  un marin français; un club de vengeurs; des enfants musiciens.... Et va surtout la mettre en danger...

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    Depuis l'enfance, je suis fan des séries où les héroïnes mènent l'enquête. J'ai dévoré les histoires de Fantômette et d'Alice et plus récemment, je suis tombée sous le charme d'Enola Holmes, la petite soeur de Sherlock imaginée par Nancy Springer (j'ai déjà parcouru les six tomes qui lui sont consacrés).

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    Aussi, lorsque j'ai entendu parler sur divers blogs et sites des trois volumes de Penelope Green, je n'ai pu résister à la tentation.

    Tout d'abord, j'ai adoré le personnage. Béatrice Bottet a su créér une héroïne très attachante, dotée d'une forte personnalité et d'un courage hors norme. J'ai beaucoup apprécié également l'irrespect qu'elle montre vis-à-vis des convenances.

    En effet, elle ne se conforme pas aux normes en vigueur dans la société rigide de l'époque victorienne. Pour preuve, elle ne porte pas de corset, ne met pas ses vêtements de deuil le temps imparti, accepte d'être dans la même pièce qu'un jeune homme en l'absence d'un chaperon...

    Ce manque de respect donne d'ailleurs lieu à des scènes très drôles. Je fais notamment référence aux dialogues entre notre héroïne et Mrs Black, la domestique de la maison. Ou bien entendu aux entrevues avec Mrs Hillier et son fils Wilfrid qui tente de la convaincre de l'épouser.

    Ce roman permet donc de se faire une idée de la vie et de la condition des femmes sous le règne de Victoria. Les explorations de Penelope dans les quartiers défavorisés de la capitale anglaise (l'East End) donnent une vision de la misère  qui prédominait dans certaines couches de la population.

    De même, l'auteure a réussi à nous offrir, grâce à Cyprien, l'autre protagoniste important du roman qui sert de garde du corps à notre héroïne, une description du monde des marins.

    De plus, j'ai trouvé que l'intrigue policière était assez bien ficelée. Jusqu'au 2/3 de l'ouvrage, je ne voyais pas comment tout allait se conclure. Puis, peu à peu, j'ai commencé à deviner l'identité du ou des coupables.

    Bref, vous l'aurez compris: j'ai passé un bon moment de lecture en compagnie de Penelope Green et je la retrouverai avec plaisir dans ses prochaines aventures.

    Ce billet marque ma quatrième participation au Challenge victorien organisé par Arieste.

     

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    Casterman, juin 2011, 15 €, 311 pages

  • Le Manoir de Tyneford

    Le Manoir de Tyneford

    de

    Natasha Solomons

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    "Quand je ferme les yeux, je vois Tyneford House. Allongée sur mon lit dans le noir, je vois sa façade de pierre calcaire baignant dans la lumière dorée d'une fin d'après-midi."

    Vienne, printemps 1938: Elise Landau, jeune femme issue de la bourgeoisie artistique (son père Julian est un écrivain célèbre, sa mère Anna une chanteuse d'opéra reconnue) se voit contrainte de trouver un emploi en Angleterre afin d'échapper aux persécutions contre les Juifs. Elle passe une annonce et très vite, reçoit une réponse positive de la gouvernante du manoir de Tyneford.

    S'ensuivent les préparatifs, les dernières fêtes, les promesses de se retrouver, une fois les visas obtenus, aux Etats-Unis et le départ pour le Dorset avec l'alto familial contenant un manuscrit paternel inédit.

    Les premiers temps à Tyneford se révèlent difficiles. Elise fait le dur apprentissage du métier de domestique, se sent rejetée par ses pairs et espère obtenir enfin de bonnes nouvelles de ses parents.

    Mais l'arrivée du fils de la maison, Kit Rivers, va bouleverser ce quotidien....

     

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    Il s'agit du second roman de Natasha Solomons, une auteure anglaise née en 1980 et qui avait été très remarquée pour son premier ouvrage Jack Rosenblum rêve en anglais. Elle s'est inspirée du destin de sa grand-tante Gabi qui avait réussi à fuir en devenant aide maternelle.

    J'avais aperçu cet ouvrage en librairie, au moment de sa sortie et j'avais tout de suite été attirrée par sa couverture et par le titre. Aussi, je n'ai pas hésité quand je l'ai vu en présentation dans ma bibliothèque. Et je l'ai littéralement dévoré.

    J'ai beaucoup aimé le style et la construction du roman. Elise Landau, devenue vieille, nous raconte son histoire et nous transporte au printemps viennois de 1938, un moment décisif de sa vie.

    "Les souvenirs n'obéissent pas à une chronologie. Dans mon esprit, tout se bouscule [Mais] dans les pages qui suivent, je dois m'astreindre à, un certain ordre"

    Même si les feuillets consacrés à Vienne ne sont finalement que peu nombreux par rapport au reste du livre, je trouve qu'ils se révèlent très marquants. Ils permettent de comprendre la vie des bourgeois bohêmes menacés par la montée du nazisme. Mais aussi de mieux cerner la personnalité de l'héroïne, "le bébé de la famille" Landau et l'impact de Tyneford sur elle.

    Tout le reste du roman est consacré à la vie à Tyneford. Je suis totalement d'accord avec le choix du traducteur d'avoir changé le titre original "le Roman dans l'alto" en "Le Manoir de Tyneford" (Les Américains ont d'ailleurs pris la même décision. Le roman s'appelle là-bas The House of Tyneford). En effet, je pense qu'il correspond plus au contenu. Certes, le roman dans l'alto, métaphore de la mémoire familiale et surtout paternelle, constitue un élément essentiel de l'intrigue. Mais le manoir et la ville de Tyneford, lieux de toutes les beautés, de toutes les évolutiions et de tous les bouleversements, m'ont encore plus fascinée.

    " Enfin, nous sortîmes de l'allée et Tyneford s'offrit à ma vue. Je n'oublierai jamais cette première vision. C'était un manoir simple et élégant. D'une couleur différente de celle des cottages, ses pierres d'un jaune chaud luisaient au soleil. Un porche gothique s'élevait sur le côté. Le blason familial était sculpté dans sa façade en grès et deux roses en pierre ornaient chacun de ses coins. Une vieille glycine chargée de grappes de fleurs encadraient les fenêtres à l'ouest. [...] rares sont les endroits où la nature a été plus prodigue. Des bois de hêtre bordaient le jardin, et la demeure, construite sur un terrain en pente, avait la rangée de collines en arrière-plan. Une élégante terrasse courait le long de la maison d'où quelques marches menaient à une pelouse soyeuse qui descendait vers la mer. Toutes les fenêtres de la façade donnaient sur cette étendue d'eau étincelante, calme, enchanteresse. "

    J'ai beaucoup aimé également les personnages. J'en parlerai peu de peur de trop en révéler mais je trouve que l'écrivaine a su leur donner un aspect attachant et montrer leur évolution. Chacun, même les protagonistes les plus secondaires, est impacté par la Seconde Guerre Mondiale.

    Une des autres qualités de cet ouvrage tient à la peinture des moeurs anglaises à cette période. La scène où Elise se travestit en garçon pour l'anniversaire de Kit; l'ignorance d'Elise et de son amie Polly sur le déroulement des relations sexuelles...donnent un aperçu de la vie des "privilégiés" à la fin des années 30.

    De même, l'apprentissage du métier de bonne par Elise offre la possibilité de découvrir les règles qui régissent le monde des domestiques.

    "La première chose qu'on m'avait apprise, c'était l'importance de la rapidité! Une bonne n'est jamais oisive, or traîner, ce n'est rien faire"

    "Rappelez-vous qu'on ne doit jamais vous voir de l'extérieur. Quand vous lavez les vitres, baissez-vous et partez si jamais vous apercevez une dame ou un monsieur dehors, sur la pelouse ou la terrasse. [...] Vous devez vous rendre invisible"

    Bref, vous l'aurez compris: ce roman, tant pour son intrigue bouleversante que pour son style et sa construction, constitue un coup de coeur. Et j'espère vous avoir donné envie de vous plonger dedans.

    Je mets en lien la vidéo de présentation par les éditeurs anglais (le manoir est tout bonnement magnifique).


    Editions Calmann-Levy, avril 2012, 20,90 €, 450 pages, traduit de l'anglais par Lisa Rosenbaum

    Ce billet marque ma quatrième participation au challenge Au service de...

     

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