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the frenchbooklover - Page 49

  • La Petite boutique des objets perdus d'Agnès de Lestrade, illustré par Sébastien Chebret

    La Petite boutique des objets perdus

    un album d'Agnès de Lestrade

    illustré par Sébastien Chebret

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    "Dans la petite boutique de Mara, on trouve des objets perdus. Pas perdus pour toujours puisque ici on les retrouve.

    Sur les étagères de la boutique de Mara, les objets perdus attendent qu'on vienne les chercher.

    Ils attendent des heures, des jours, des mois, parfois même des années."

    Dans sa boutique, Mara recueille tous les objets perdus et espère qu'ils retrouveront leurs propriétaires.

    Jour après jour, elle voit ainsi passer devant son comptoir des gens qui ont égaré leurs clés, leur chemin ou leur mémoire.

    "Pour les clients fragiles, Mara a toujours un mot doux au bord des lèvres, une caresse au bout des doigts."

    Mais derrière sa profonde empathie, Mara dissimule aussi des blessures....

    Un soir, une vieille dame pousse la porte de son magasin. Dans ses mains, elle tient "un objet chaud [qui] sent bon la terre, gigote, palpite..." et le confie à notre héroïne.

    "Je me demande comment on vit quand on a perdu son cœur, chuchote la vieille dame en sortant."

    Cet album, je l'ai découvert par hasard, en farfouillant dans les rayons d'une librairie. C'est le titre qui a retenu mon attention...Je l'ai donc ouvert et, aussitôt, la magie a opéré...

    Comme souvent, j'ai été happée par l'infinie poésie du texte d'Agnès de Lestrade.

    En quelques phrases, elle nous dépeint une île refuge dans une petite ville comme beaucoup d'autres. Une île refuge où Mara, naufragée elle-même d'un drame, s'est abritée et aide les autres à récupérer ce qu'ils ont égaré.

    S'ensuit un défilé de clients aux problématiques toutes différentes et pour lesquels il existe toujours une solution.

    Cette succession de cas permet à l'auteur de jouer avec le langage, tantôt en reprenant des expressions courantes (avec le verbe perdre), tantôt en faisant appel à la connivence de son lecteur (le chat de la mère Michel).

    Au fil des pages, on s'amuse donc. On s'attendrit. On s'émeut...

    "Les deux lacs vides se remplissent de larmes."

    Aux mots tout en finesse et en sensibilité répondent les illustrations réalistes de Sébastien Chebret. Même si je n'ai pas été forcément sous le charme des ses dessins, je trouve qu'ils apportent un contrepoids intéressant et qu'ils ancrent cette histoire dans un quotidien qui pourrait être le nôtre, avec des objets et des êtres chers perdus. La réflexion autour de cette thématique s'en trouve donc encore plus renforcée.

    Bref, vous l'aurez compris: même s'il n'a pas été un coup de cœur, je vous conseille cet album optimiste, émouvant et qui ne vous laissera pas indifférent.

    Alice Editions, 2016

     

  • Petits meurtres à Mangle Street

    Petits meurtres à Mangle Street

    de

    M.R.C Kasabian

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    "Cela fait soixante ans que je connais Sidney Grice. A l'époque, il était encore assez jeune, même s'il n'en avait pas l'air, et déjà célèbre en Angleterre, mais il n'avait pas encore atteint la renommée internationale qu'une série de films hollywoodiens ridicules (et erronés) allait lui offrir.

    Dans l'ensemble, c'était un personnage assez orgueilleux qui aimait les feux des projecteurs, mais il était capable de s'indigner de certaines des anecdotes scandaleuses qui circulaient à son sujet."

    Après le décès de son père, March Middleton est contrainte d'abandonner sa maison et de partir à Londres s'installer chez  le détective Sidney Grice, son parrain, qu'elle n'a encore jamais rencontré.

    Très vite, ce dernier est sollicité pour le meurtre d'une jeune femme. En effet, sa mère entend prouver que son gendre n'est en rien coupable. Sidney Grice accepte de mener l'enquête, secondé par sa filleule.

    Et s'ils avaient affaire à un des adversaires les plus retors de la carrière de Grice?

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    Ce roman m'a été offert par ma copinaute Bianca pour mon anniversaire (encore merci!). Et j'ai eu le plaisir de le lire en sa compagnie au début du mois de janvier.

    Comme tout premier tome d'une série, l'auteur installe pour nous le décor et les personnages.

    J'ai été ravie de faire la connaissance du duo Grice/Middleton. Bien entendu, on sent bien qu'il doit beaucoup au tandem Holmes/Watson. Comme le célèbre docteur, Middleton retrace les aventures d'un détective et l'aide à conduire ses investigations. De même, Grice paraît doué d'une intelligence hors normes, d'un pouvoir de déduction incroyable et d'une insensibilité assez marquée.

    Mais, loin de se contenter d'être de pâles reflets des créations de Conan Doyle, Grice/Middleton possèdent aussi leurs propres caractéristiques, à la fois pittoresques et cocasses. Sidney Grice, avec son œil de verre et sa perruque chancelante, ne jure que par le thé et par le végétarisme. Quant à March Middleton, elle ne correspond en aucun cas aux canons de la femme idéale victorienne. Elle boit du gin en cachette ou dans un lieu secret avec quelques amies et adore accompagner son parrain dans les recoins les plus mal famés de la capitale, à la recherche d'éventuels indices.

    On suit avec plaisir ces deux nouveaux alliés dans leur quête. L'occasion pour M.R.C Kasabian de nous faire visiter Londres à la fin du dix-neuvième siècle et de nous montrer les profondes disparités sociétales. Même si le tableau ne m'a pas semblé aussi abouti que sous la plume d'Anne Perry, je n'ai pas boudé mon plaisir.

    En revanche, je suis plus circonspecte concernant l'intrigue policière. Autant j'ai trouvé qu'elle s'enlisait au moment du procès, autant j'ai jugé qu'elle s'emballait trop à la fin et que le dénouement paraissait trop télescopé. C'est dommage.

    Je regrette également que l'auteur nous plonge à différentes reprises dans le passé de son héroïne, lorsqu'elle assistait son père, médecin militaire, en Inde. Même si cet élément nous fait mieux saisir l'atypisme de March Middleton, le ressort amoureux ne m'a pas convaincu. Et je me demande bien où il va mener dans la suite de la série...

    Bref, vous l'aurez compris: malgré quelques bémols, j'ai passé un agréable moment en compagnie de ce duo d'enquêteurs et je lirai sans doute le second tome quand il sera publié.

    Billet dans le cadre d'une lecture commune avec Bianca et dans le cadre du challenge A year in England de Titine.

    City Editions, 2015, 404 pages

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  • La Mer en hiver de Susanna Kearsley

    La Mer en hiver

    de

    Susanna Kearsley

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    "Ce n'était pas un hasard. Rien de tout cela n'était arrivé par hasard.

    Je l'appris plus tard; même si j'eus du mal à accepter cette évidence quand elle me frappa car j'avais toujours fermement cru à l'autodétermination. Jusque là, ma vie avait semblé corroborer cette idée-j'avais choisi certaines voies qui m'avaient menée à certaines fins, toutes positives, et je considérais les contretemps rencontrés le long de la route non comme de la malchance, mais comme de simples fruits de mon jugement imparfait. Si j'avais dû choisir un credo, j'aurais opté pour ces deux vers du poète William Henley, vibrants de courage: Je suis maître de mon destin, je suis le capitaine de mon âme."

    Carrie est une auteure de best-sellers à succès. Depuis quelques mois, elle se consacre à un ouvrage autour de Nathaniel Hooke et de la révolte jacobite de 1708. Mais elle peine à trouver l'angle narratif et à faire avancer son intrigue. Deux événements vont relancer son inspiration: une discussion avec son agent Jane qui lui fait choisir son ancêtre Sophia comme héroïne et son installation aux abords du château de Slains, dans un cottage isolé.

    Les mots s'imposent alors à elle et, très vite, les frontières entre fiction et vérité historique se brouillent. Comme si le destin de Sophia et de ses comparses prenaient vie devant les yeux ahuris de Carrie. Comme si elle ne retranscrivait plus que des scènes enfouies en elle et ayant réellement existé.

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    Le château de Slains

    Ce livre, j'en avais entendu parler sur la blogosphère et par une de mes amies qui l'avait adoré. Je l'ai entamé hier et je l'ai dévoré.

    Il reprend une structure que j'affectionne: un entrelacement de deux fils narratifs, situés à deux époques différentes. On suit ainsi Carrie dans son processus de création et dans son quotidien à Cruden Bay. Et on s'intéresse également au destin de Sophia entre 1708 et 1710 dans une Écosse divisée entre partisans de la reine Anne et jacobites.

    Sophia est une ancêtre lointaine de Carrie, découverte lors de recherches généalogiques avec son père. La jeune romancière ne sait rien d'elle, si ce n'est ses dates de naissance, de mariage et de mort. Elle entend donc profiter de ces béances biographiques pour lui créer une existence qui la mettrait sur la route du château de Slains et la placerait au cœur de la conjuration jacobite et des manœuvres de Nathaniel Hooke.

    Contrairement à d'autres romans tiroirs, tels que ceux de Kate Morton, La Mer en hiver ne propose pas deux temporalités qui s'éclairent entre elles mais deux temporalités miroirs. Car certaines situations ou dialogues expérimentés tant par Carrie que Sophia se font écho, notamment en termes de triangles amoureux.

    Des échos qui semblent tout à fait cohérents et interrogent le processus de création littéraire. En effet, de nombreuses pages nous permettent d'assister à l'éclosion du nouveau best-seller de Carrie, à sa manière de l'écrire et à sa façon de trouver l'inspiration. J'ai beaucoup aimé cette mise en abyme et ces scènes liées à la genèse d'une œuvre.

    "Les idées principales de mes romans ne me frappaient jamais comme la foudre. Elles se formaient par étapes, comme une boule de neige grossissant au fur et à mesure de son avancée jusqu'à ce que le résultat soit rond et parfait. Mais, arrivée à cette ultime étape, je ne voyais plus la forme de la boule de neige d'origine, cette première pensée qui avait déclenché tout le processus."

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    Cruden Bay

    Au fil des pages, les personnages prennent vie et semblent échapper à tout contrôle. Comme si Carrie devenait seulement le témoin de ce qui les touchait. Comme si surtout, elle utilisait sa mémoire génétique pour retranscrire le passé de son ancêtre. Cette notion de "mémoire génétique", j'en avais déjà entendu parler et j'ai trouvé qu'elle était assez bien amenée dans l'intrigue. Néanmoins, je reconnais que le recours à cette notion  peut laisser certains lecteurs dubitatifs. Cela n'a pas été mon cas et je n'ai pas boudé mon plaisir.

    Outre cette plongée dans la création littéraire, ce roman offre une belle leçon d'histoire. J'ignorais tout des soubresauts de ce début du dix-huitième siècle en Écosse et j'ai été très intéressée par tout le contexte: les complots, les révoltes, le soutien de Louis XIV, les espions...

    Je dois d'ailleurs reconnaître que j'ai eu une préférence pour la partie plus ancienne. En raison de son ambiance et de ses protagonistes. Les femmes, Sophia et la comtesse en tête, jouent une partition importante dans cette partie d'échecs géante. Elles se montrent, tour à tour, fortes, audacieuses, méfiantes, confiantes, amoureuses, maternelles, pugnaces...Autant de facettes qui ne peuvent que les rendre attachantes au lecteur. De même, les hommes ne déméritent pas. J'ai particulièrement apprécié les figures du capitaine Gordon, de Moray et du colonel Graeme. Tous ces personnages, simples figurants/pions ou acteurs contribuent à rendre l'intrigue passionnante.

    En revanche, j'ai été moins convaincue par l'entourage de Carrie que j'ai jugé un peu moins bien campé et un peu trop simpliste. J'ai eu l'impression de retrouver certains poncifs des romances, comme la rivalité amoureuse....ou les embûches.

    Bref, vous l'aurez compris:malgré quelques réticences, j'ai été conquise par cet ouvrage historique captivant, bien construit, documenté et je n'oublierai pas de sitôt le destin de Sophia et de Moray.

    Editions Charleston, 2015, 457 pages

    Billet dans le cadre du challenge Un pavé par mois de Bianca.

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