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éditions la table ronde

  • La Fin d'une ère

    La Fin d'une ère

    de

    Elizabeth Jane Howard

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    Je ne sais pas pour vous mais il y a toujours une certaine mélancolie à dire au revoir à des personnages chéris. Des personnages qui ont rythmé des temps de lecture depuis mars 2020. Une manière de s'évader pendant les confinements dans cette Angleterre de la fin des années 30 et des années 40. Une manière de voir évoluer plusieurs générations d'une famille ainsi que leurs amis ou leurs amours.

     

    Mais, voilà, parfois, vient le temps des adieux. Même si on essaie de les retarder au maximum. Et ces adieux, je les ai faits en compagnie de mes deux amies Annie-Rose et Noémie. Une jolie façon de ponctuer chaque péripétie d'importance de nos commentaires.

     

    Et des péripéties, ce dernier tome n'en manque pas. Il débute par un deuil et par ses répercussions sur le fonctionnement des Cazalets. Réequilibrage géographique. Réequilibrage relationnel. Chacun va subir les ondes de cette disparition. Mais ce changement n'est pas le seul à intervenir dans le déroulé de l'intrigue.

     

    Neuf ans se sont écoulés entre la fin du quatrième opus et ce cinquième. Neuf ans qui marquent une certaine érosion dans des relations amoureuses. Neuf ans aussi qui ont pleinement projeté dans l'âge adulte les plus jeunes de l'histoire. Et je crois que j'ai eu un peu la sensation d'avoir perdu Polly et Clary. Même si leur métamorphose s'explique totalement par leur entrée dans la vie maritale et l'arrivée d'un quotidien entre maternité et fins de mois parfois compliquées.

     

    Pour autant, leur transformation n'est pas la seule de ce roman. Chacun vieillit. Et il se dégage une grande mélancolie de ces pages. Mélancolie qui tient peut-être aux retrouvailles tardives d'Elizabeth Jane Howard avec cette saga. Mélancolie qui s'explique également par le poids de certaines désillusions et l'absence d'êtres chers.

     

    Pour être tout à fait honnête, j'ai eu peur de ne pas totalement accrocher à cette fin d'une ère. Je crois que je voulais y retrouver la tonalité si jolie de la conclusion du précédent. Puis, je me suis habituée à cette nostalgie qui se dégage, comme si finalement, un autre leitmotiv n''aurait pas été possible. Et j'ai aimé la dernière partie. Si bien orchestrée, si fine quant au thème des adieux. Des paix sont conclues, des faits acceptés, des places occupées. Comme dans toute famille soumise aux aléas de la vie, entre joies et drames.

     

    Voilà, c'est fini. J'ai tant aimé les Cazalets et si vous ne les connaissez pas encore, je ne peux que vous conseiller d'aller faire un tour du côté de Home Place et de dévorer les cinq tomes de cette série.

    Traduit de l'anglais par Cécile Arnaud 

  • Confusion de Elizabeth Jane Howard

    Confusion

    de

    Elizabeth Jane Howard

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    "La pièce était fermée depuis une semaine; le store de calicot à la fenêtre sud donnant sur le jardin de devant avait été baissé; une lumière couleur parchemin baignait l'air froid et confiné. Polly gagna la fenêtre et tira le cordon. Le store se releva dans un claquement sec et la pièce s'éclaircit pour se parer d'un gris sans chaleur, plus pâle que le ciel tourmenté envahi de nuage."


    Depuis le mois de mars 2020, j'ai rendez-vous avec eux. Les Cazalets.

    Si vous ne connaissez pas encore les Cazalets, il s'agit d'une grande famille anglaise qui nous convie dans ses demeures à la campagne ou à Londres et nous confie leurs bonheurs, leurs élans du cœur et leurs peurs.

    Pour ce troisième opus, l'heure est à la confusion. Confusion liée à l'attente pour ceux qui restent et au fracas du monde dans ces dernières années de guerre. Confusion également des sentiments où les adultes s'empêtrent dans des situations sentimentales inextricables et où certains enfants devenus grands font leurs premières armes.
    Une des joies de ce roman a d'ailleurs résidé dans l'évolution de Polly et de Clary. Aussi bien en termes de relation entre elles qu'en termes d'ouverture aux autres. J'ai été particulièrement sensible aux transformations de Clary qui devient une jeune femme très émouvante, entre maladresses et déclarations poignantes.

    Autre régal de cet ouvrage: les passages consacrés à Archie. Archie, introduit dans le précédent volet et qui devient un personnage pivot. Pivot à la fois pour les intrigues et pour les confidences. Et qui illustre à merveille tout le talent d'Elizabeth Jane Howard pour créer des héros marquants.

    De même, encore une fois, j'ai été frappée par la capacité de l'autrice pour nous embarquer dans toutes les histoires de ses protagonistes et pour livrer une narration d'une grande fluidité, malgré la multiplicité des points de vue.

    A cet art de conteuse se superpose un art de la séquence. En effet, je sais déjà que certaines scènes m'accompagneront longtemps. Comme celle d'une rencontre dans un train. D'un pique-nique. D'un échange à l'ombre d'un arbre sur un banc lors d'une soirée de liesse.

    Voilà, mes retrouvailles avec les Cazalets sont finies et c'était merveilleux. Vivement la parution du prochain tome pour répondre à toutes les questions laissées en suspens.
     
    Un grand merci aux éditions la Table ronde pour cet envoi.

    Traduit de l'anglais par Anouk Neuhoff. 
     
    Editions la Table ronde, 2021, 480 pages
     
  • Le Sixième ciel de L.P. Hartley

    Le Sixième ciel

    Eustache et Hilda II

    de

    L.P. Harltley

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    "J'ignorais que tu avais une sœur, Eustache.

    -Ah bon? A vrai dire, j'en ai deux.

    -Veux tu m'en parler?

    Eustache Herrington hésita. Stephen Hilliard était un ami d'une assez récente date."

     

    Après la Crevette et l'anémone, revoilà Eustache et Hilda pour un deuxième volet.

    Nous les retrouvons dans leur vingtaine, après le fracas de la Grande Guerre.

    Eustache est désormais étudiant à Oxford, après avoir obtenu une bourse.
    Et Hilda dirige une clinique où elle s'investit énormément.

    A la faveur d'un dîner, Eustache revoit Dick Staveley qui le convie ainsi qu'Hilda à Anchorstone pour un week-end en juin. L'occasion de retrouvailles avec les plages de leur enfance.
    L'occasion surtout de se confronter à une société différente.

    Je gardais un très beau souvenir de ma découverte du premier opus au printemps dernier. Aussi, j'ai été ravie de me replonger dans les nouvelles aventures de ces deux héros, toujours en compagnie de ma chère Cécile. 

    J'ai tout de suite apprécié le choix de ce saut dans le temps opéré par LP Hartley. Un choix qui se révèle habilement maîtrisé car, par le biais d'un échange inaugural entre Eustache et un comparse, tous les événements précédents nous sont résumés.

    Puis, l'action prend son envol. Une action dominée par le flux de conscience d'Eustache. En effet, entre chaque scène d'importance, surgit ce discours interne de notre héros. En proie à bien des dilemmes face à un océan de sensations qui l'assaillent. En proie aussi à un sentiment de flottement comme s'il n'appartenait pas pleinement à ce monde dans lequel il évolue. En proie finalement à bien des cauchemars. Des cauchemars qui donnent des clés de son avenir.

    Il y a un côté proustien dans cet Eustache adulte, dans les cercles qu'il dépeint et dans Hilda, cette sœur qui ne cesse de lui échapper. Un hommage d'ailleurs souligné par l'étude même de l'œuvre de Marcel Proust dans le cadre de son cursus à Oxford.

    Finalement, le seul bémol que je pourrais émettre concerne le découpage même de l'intrigue. Ce côté resserré sur quelques mois qui contraste face aux nombreuses pages autour d'un seul week-end, certes révélateur à bien des égards.

    Mais malgré cette légère réserve, je ne peux que souligner le talent de cet auteur à cerner tous les oscillements d'un être et à créer une galerie de protagonistes incarnés et marquants.

    Bref, vous l'aurez compris : une série que je vous recommande et dont j'attends avec impatience la suite.

    Traduit de l'anglais par Lisa Rosenbaum. 
     
    Editions La Table Ronde, Quai Voltaire, 2021, 294 pages