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  • Melissa et son voisin

    Melissa et son voisin

    de

    Meg Cabot

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    "Chère Melissa Fuller,

    Ceci est un message automatique du département des ressources humaines du New York Journal, le principal quotidien new-yorkais du photo-reportage. Veuillez noter que, selon votre supérieur, M. George Sanchez, directeur de rédaction, votre journée de travail au N.Y. Journal débute à 9 heures précises. Votre retard aujourd'hui est de 68 minutes. Il s'agit de votre 37ème retard de plus de 20 minutes, depuis le début de l'année, Melissa Fuller"

    Melissa Fuller tient la rubrique des potins du New York Journal. Quand commence le roman, elle est de nouveau en retard. Mais elle n'a prévenu personne. Tous ces collègues tentent de la joindre-sans succès-et élaborent divers scénarii quant à son absence. N'a t'elle pas supporté, par exemple, sa rupture avec le critique littéraire Aaron Fuller?

    La vérité est toute autre. Ce matin-là, en se levant, Melissa a remarqué des aboiements anormaux dans l'appartement de sa voisine octogénaire. Et, après avoir poussé la porte entrebaillée, elle a retrouvé Mme Friedlandler, inanimée et visiblement victime d'une agression. Elle a contacté immédiatement les urgences et s'est occupée des animaux domestiques.

    Malheureusement, après une opération réussie, Mme Friedlander est toujours dans le coma et Melissa contrainte de s'occuper de son chien et de ses deux chats. Ce qui perturbe passablement son quotidien. Elle parvient, finalement, à contacter Max Friedlander, le neveu de sa voisine, un photographe assez côté.

    Ce dernier n'a pas le moins du monde envie de s'intéresser aux problèmes de sa tante. Il dépêche donc à sa place son vieil ami, John Trent qui lui doit une faveur et accepte ainsi de se faire passer pour lui.

    La situation se complique quand John/Max tombe sous le charme de Melissa...

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    J'avais repéré ce roman dans la médiathèque où je travaille. J'avais envie de lecture toute en légèreté et il me semblait parfait.

    La structure épistolaire de cet ouvrage, paru en 2002, s'apparente à celle d' Attachement de Rainbow Rowell dont j'avais parlé précédemment. En effet, toute l'histoire est racontée sous la forme d'échanges de mails. Mais, là où ces échanges ne concernaient que peu de personnes dans Attachement, le lecteur est ici confronté à une quinzaine d'expéditeurs. Personnellement, je n'ai pas été dérangée par cette multiplicité de points de vue (surtout que l'intrigue se concentre essentiellement sur les courriels de Melissa, sa meilleure amie, John, son frère et Max).

    Je me suis assez vite attachée aux personnages. Melissa Fuller, jeune célibattante de 27 ans, m'a beaucoup fait rire, notamment lors de ses échanges avec les ressources humaines ou son directeur de rédaction.

    Comme, dans tout roman de chick lit, on retrouve face à elle le prince charmant. Un jeune homme doté de toutes les qualités mais maladroit. C'est un trait de caractère qui m'a touché et rappelé un certain Mark Darcy.

    Tous deux enchaînent les rendez-vous manqués...Bien vite, d'autres obstacles se dressent  devant eux, quand le vrai Max Friedlander refait surface. Les péripéties s'accumulent et font sourire...

    Parmi les amis, donneurs de plus ou moins bons conseils, que l'on retrouve toujours aussi dans ce genre littéraire, j'ai particulièrement accroché avec Nadine. Elle tient la rubrique culinaire du New Tork Times et doit se marier prochainement avec un chef cuisinier. Malheureusement, elle est très gourmande et ne parvient pas à rentrer dans la taille de ses rêves. Sa façon de parler de son mal être oscille toujours entre l'humour et la tristesse. Je n'ai pu m'empêcher de penser qu'elle préfigurait sans doute une autre héroïne de Meg Cabot: l'ex star de la pop Heather Wells de la série Une irrésistible envie de...

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    Je n'évoquerai pas tous les protagonistes car la liste serait trop longue. Néanmoins, je tiens à souligner que je les ai tous trouvés bien campés. Même si elle ne les fait apparaître que pendant quelques mails, l'auteure est parvenue à leur donner à tous leur propre identité.

    Bref, vous l'aurez compris: on se doute bien vite de l'issue de ce roman, comme toute chick lit qui se respecte, mais on passe un très bon moment de détente grâce à une intrigue plaisante et des personnages attachants et drôles.

    Le Livre de Poche, 2008, 380 pages, 6,50 €

    Lu dans le cadre du challenge La Plume au féminin 2013

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  • L'Etrangleur de Cater Street

    L'Etrangleur de Cater Street

    de

    Anne Perry

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    "Charlotte Ellison se tenait au milieu du salon désert, le journal à la main. Son père avait commis l'imprudence de le laisser traîner sur la desserte. Il désapprouvait ce genre de lecture, préférant lui fournir des informations qui lui semblaient mieux convenir à l'éducation d'une jeune fille. Cela excluait les scandales, d'ordre politique ou personnel, les controverses de toute nature et bien entendu, les crimes: tout ce qui, en fait, présentait un intérêt!"

    Londres, 1881, des femmes sont retrouvées etranglées dans le quartier de Cater Street. A chaque fois, on leur a arraché leurs vêtements et tailladé la poitrine. Charlotte Ellison, une jeune femme au caractère indomptable, entend parler de loin de ces crimes. Mais, un jour, le meurtrier s'attaque à une des jeunes servantes de la maison.

    Une enquête débute. Une enquête menée par Thomas Pitt, un jeune inspecteur de Scotland Yard qui n'est pas insensible aux charmes de la belle Charlotte...

     

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    Comme vous le savez, grâce à Syl, je me suis plongée récemment dans les aventures du ténébreux William Monk (j'en suis déjà au sixième tome). Mais une lecture commune avec Bianca et Céline m'a convaincue de m'intéresser à une autre série d'Anne Perry: celle des Charlotte et Thomas Pitt, entamée en 1979.

    Voici donc le premier tome de leurs exploits. J'ai retrouvé avec plaisir le talent de l'auteure pour ressusciter une époque. L'action se situe trois décennies après les histoires de Monk, Latterly, Rathbone...Mais le carcan de la société victorienne se fait toujours autant sentir.

    La description de la maisonnée Ellison et de la micro-société qui gravite autour nous permet de prendre conscience de la rigidité des codes sous le règne de Victoria. Cette rigidité s'applique plus particulièrement aux femmes qui ne peuvent être aussi instruites que les hommes ou bénéficier des même libertés.

    Cette inégalité se révèle pleinement dans les révélations d'adultères et dans les justifications apportées par l'un des coupables. Charlotte rétorque même "Vous avez des règles de conduite pour vous-mêmes et d'autres pour nous"

    J'ai justement adoré le caractère de l'héroïne. Une femme forte, franche, qui ne sait pas calculer et ne peut céder à aucune compromission. Bref, une femme qui ne correspond pas du tout à ce qui est attendu d'elle. Son comportement fait d'ailleurs peur à ses proches qui craignent de ne jamais la voir trouver le bonheur conjugal si elle ne parvient pas à mieux juguler ses émotions.

    Dans ce premier tome, on assiste à son évolution sentimentale. Dès les premières pages, on apprend qu'elle est éprise de son beau-frère.

    "Puis Dominic entra. Charlotte sentit sa gorge se serrer. Vraiment, elle aurait dû surmonter cela depuis longtemps! C'était absurde. "

    Cette inclination ne passe pas inaperçue pour certaines femmes de sa famille. En effet, la demeure des Ellison comprend, outre Charlotte, quatre autres membres féminins. La grand-mère, acariâtre, qui reproche en permanence à sa bru le comportement de ses petites filles...La mère, Caroline, une femme au caractère bien trempé qu'elle a réussi à dissimuler depuis des années..La soeur aînée, Sarah, mariée à Dominic....Et enfin, la benjamine Emilie, très calculatrice et qui tente d'épouser Lord Ashworth...Toutes ces protagonistes sont autant de reflets de la condition féminine à l'époque victorienne. Une condition de moins en moins bien acceptée au fil des générations.

    Face à elles, les hommes font pâle figure. A l'exception bien entendu de Thomas Pitt. J'ai pris beaucoup de plaisir aux scènes où le jeune inspecteur apparaissait. Je n'ai pas eu de coup de foudre comme pour William Monk mais j'apprécie son esprit vif, son sens de la répartie, son empathie. J'aurais grand plaisir à le retrouver dans de prochaines aventures.

    J'ai également suivi avec intérêt l'enquête policière. Plusieurs fausses pistes se sont présentées à moi et comme certains personnages principaux, j'ai douté. Je ne m'attendais pas du tout à cette résolution.

    Bref, vous l'aurez compris: je suis de nouveau conquise par une série imaginée par Anne Perry. Je pense d'ailleurs que je ne tarderai pas à ouvrir le second tome des Pitt.

    Editions 10/18, 1997, collection "Grands détectives", 7,50 €

    Un billet dans le cadre d'une lecture commune avec Bianca, Céline et Virgule et dans le cadre des challenges: Anne Perry, God save the livre 2013, Victorien, La plume au féminin 2013 et polar historique.           

                                  

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  • Le train de 06h41

    06h41

    de

    Jean-Philippe Blondel

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    "J'aurais pu prendre le 07h50-ou même le 08h53. C'est lundi. Il ne se passe rien au travail, le lundi. Simplement, je n'en pouvais plus. Quelle idée aussi de rester le dimanche soir. Je ne sais pas ce qui m'a pris. Deux jours, c'est bien suffisant"

    Cécile Duffault, quarante-sept ans, attend dans la gare de Troyes le train de 06h41 à destination de Paris. Elle est épuisée moralement après un week-end passé chez ses parents, sans son mari et sa fille Valentine.

    Sur le même quai, Philippe Leduc patiente pour le même train. Il veut rendre visite à Mathieu, son vieil ami d'enfance "pour une journée détachée des autres. Unique. Une entorse à l'emploi du temps". Depuis son divorce il y'a une dizaine d'années, il s'est enlisé dans la routine. Perdu dans ses pensées, il manque rater le départ.

    Puis, il se met en quête d'une place. Il reste un siège libre à côté de Cécile. Il s'y assied.

    Très vite, les deux nouveaux voisins se reconnaissent. Vingt-sept ans auparavant, ils ont entretenu une liaison pendant quelques mois. Une liaison brutalement avortée qui a laissé des traces et influencé leurs comportements futurs...

    Le silence s'installe...Leurs pensées se mettent à vagabonder...Vont-ils oser s'adresser la parole?

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    J'ai découvert Jean-Philippe Blondel grâce à ma collègue Claire. Elle m'avait parlé avec passion de son roman jeunesse Blog. Et j'avais été conquise par le style de l'auteur. Aussi, quand elle a acheté le roman hier au salon du livre et me l'a prêté aujourd'hui, je n'ai pas tardé à l'entamer. Et je me suis laissée emporter...

    Tout d'abord, j'ai adoré la construction. On assiste à une alternance des points de vue. Chaque chapitre donne la voix soit à Cécile soit à Philippe. Leurs récits s'entrelacent, se répondent et s'enrichissent.

    De plus, on peut mieux suivre le tumulte de leurs émotions. Deux personnes qui se sont quittées en si mauvais termes dans la nuit londonienne ne peuvent se rencontrer sans être bouleversées. Surtout quand la fin de leur liaison a modifié profondément leurs trajectoires de vie.

    Je me suis d'ailleurs pleinement retrouvée dans cette thématique. Je crois que chaque histoire, qu'elle soit aboutie ou non, nous change.

    Les regards de Cécile et de Philippe se croisent, se détournent, se jugent...

    "J'ai tendance à oublier que je n'ai pas toujours eu ce ventre de buveur de bière que je ne suis pas, ces cheveux bien plus blancs que bruns avec une tendance à la calvitie et cette mollesse générale dénotant une absence totale d'exercice physique. Elle aussi a changé, mais comment dire ça sans être vexant, "en bien". C'est ça, elle a changé en bien, parce qu'elle était très quelconque  Cécile Dufflaut à l'époque, et regardez la, maintenant c'est une belle femme, comme on dit, qui n'accuse pas encore tout à fait son âge"

    Cette heure et demie de trajet entre Troyes et Paris va permettre aux deux anciens amants de faire le point sur leur vie. S'ensuivent de très belles considérations sur l'existence. Je ne relèverai que quelques citations mais tout le roman sonne juste et fait réfléchir.

    "Les enfants, c'est comme ça. Comme les ballons d'hélium dans les cathédrales. On les lâche, ils s'envolent mais restent quand même à portée de vue, on leur fait des signes, on leur rend visite, ils sont tout en haut, ils sont loin, encore coincés sous nos arcs gothiques. Et un jour, on ne comprend pas pourquoi exactement, ils ne sont plus dans notre sphère"

    "Personne ne nous a jamais prévenus que la vie, c'était long. [...] Personne ne nous a dit non plus que le plus dur, ce n'était pas les ruptures, mais la déliquescence. Le délitement des relations, des êtres, des goûts, des corps, de l'envie."

    Une fois encore, j'ai été très sensible à la petite musique de Blondel, à sa façon de saisir la poésie de notre quotidien. De retranscrire nos doutes, nos espoirs, nos lâchetés, nos désirs...

    Il arrive à nous émouvoir, nous surprendre...Nous faire espérer un dialogue entre ces deux êtres intimidés, qui se sont peut-être ratés vingt-sept ans auparavant...

    On tourne les pages, on guette et arrive déjà la fin du voyage et du livre.

    Bref, vous l'aurez compris: ce roman constitue un énorme coup de coeur. J'espère que je vous aurais donné envie de vous y plonger à votre tour et de vous retrouver dans ce compartiment auprès de Cécile et de Philippe.

    Buchet-Castel, Février 2013, 231 pages, 15 €