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  • La Vallée des poupées de Jacqueline Susann

    La Vallée des poupées

    de

    Jacqueline Susann

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    "Septembre 1945,

    La température frisait les trente-trois degrés le jour de son arrivée. New-York fumait, tel un furieux animal de béton piégé par une vague de chaleur hors saison. Cette étuve ne la gênait pas davantage que les détritus qui jonchaient le champ de foire dénommé Times Square. Pour elle, New York était la ville la plus exaltante au monde."

    Septembre 1945, Anne Wells, une jeune femme de 20 ans, arpente pour la première fois les rues de New York. Elle vient de s'échapper de Lawrenceville, dans le Massachussets, et du destin tout tracé qui l'attendait là-bas. Très vite, elle trouve une place de secrétaire auprès d' Henry Bellamy, un avocat spécialisé dans le théâtre. Par son biais, elle fait la connaissance de Jennifer North. Cette dernière est réputée pour sa plastique de rêve et pour ses aventures amoureuses fracassantes. Mais elle entend acquérir désormais sa notoriété sur la scène de Broadway.

    Tout comme Neely, la colocataire d'Anne. Une jeune fille de 17 ans qui a déjà pas mal écumé les routes américaines pour présenter son show les Gringos et qui rêve de percer dans l'industrie du spectacle.

    Pendant plus de vingt ans, nous allons suivre le destin de ces trois amies et le prix que chacune va payer pour réaliser ses rêves.

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    Ce livre m'a été conseillé par mes amies Emjy et Martine, lors d'une de nos nombreuses pérégrinations en librairie. Il a attendu plus d'un an sur mes étagères avant que je me décide à l'emmener lors de mes vacances provençales. Je l'ai dévoré là-bas entre deux promenades et deux baignades.

    Il retrace le parcours de trois jeunes femmes. Anne Welles entend se démarquer du modèle qu'on lui a inculqué depuis sa plus tendre enfance. Le modèle d'une femme qui s'épanouit dans un mariage de raison, entre ses enfants et son "home sweet home". Contrairement à sa mère, elle veut être indépendante et épouser par amour l'homme de son choix. C'est pour cette raison qu'elle part à New York.

    Neely nourrit d'autres espoirs. Cette jeune fille veut devenir une star. Même si elle ignore encore comment elle va pouvoir gravir les marches vers la gloire.

    Il en va de même pour Jennifer, la plus âgée des trois et la plus expérimentée en matière de relations masculines. Elle cherche à s'émanciper de l'image fatale qu'elle véhicule et réussir dans le milieu artistique pourrait l'aider à montrer qu'elle n'est pas seulement un corps.

    Derrière ces trois ambitions, se juxtapose une autre, plus intime: celle d'être aimée. Mais dans la vallée des poupées, est-ce vraiment possible?

    Pour nous narrer le sort de ses trois protagonistes, Jacqueline Susann a recouru à une structure chorale. Ainsi, les voix d'Anne, Jennifer et Neely se font entendre pendant ces vingt années charnières de leur existence. Une manière de mieux les comprendre chacune et de mieux cerner leurs interactions.

    La Vallée des poupées, c'est le roman des illusions perdues. Tout est d'ailleurs dit dans ce titre. Les poupées, on pourrait penser que ce sont ces comédiennes aspirantes. Mais ce sont plutôt les pilules: pour maigrir, pour mettre à distance, pour dormir...C'est ainsi qu'on les appelait dans les années 1960 à Hollywood. Ces pilules vont apparaître au fil des pages. Comme des miroirs de l'état d'Anne, Jennifer et Neely. A la fois libératrices car elles permettent l'oubli. Néanmoins, aussi castratrices car elles rajoutent un carcan supplémentaire à la liste de ceux qu'elles doivent déjà supporter.

    De même, la Vallée des Poupées constitue une formidable plongée dans les coulisses de Broadway ou des studios d'Hollywood, où se font et se défont en un instant tant de carrières. Les trois femmes sont confrontées à ce décor, chacune par un prisme différent, qui peut d'ailleurs évoluer. Jalousies, coups bas, critiques, contrats asservissants, tromperies, drogues...: rien ne nous est épargné. L'autrice a elle-même connu une carrière d'actrice. Ce qui confère encore plus d'authenticité à son propos. On peut se demander dans quelle mesure elle ne s'est pas un peu représentée dans ses héroïnes ou dans quelle mesure elle ne s'est pas inspirée de ses comparses. J'ai notamment pensé à Marilyn Monroe pour Jennifer North.

    La Vallée des poupées démontre tout le talent de Jacqueline Susann. Talent pour dépeindre l'univers du spectacle. Talent pour créer des protagonistes tour à tour attachants, sensibles, cruels, cyniques, perdus, détestables. Chacun d'entre eux, même les "seconds rôles" tels que l'attentif Henry ou le fascinant Lyon Burke, est très bien campé et nous accompagne longtemps, une fois les pages refermées. Talent également pour jouer avec nos nerfs et nos espoirs, un peu comme si nous étions parfois Anne, Jennifer ou Neely. Talent enfin pour écrire des scènes saisissantes (l'hôpital psychiatrique, les répétitions du spectacles à Broadway, les dernières pages...)

    Bref, vous l'aurez compris: j'ai été saisie par la modernité de ce texte, par la beauté et la cruauté de ses personnages, par la description du milieu théâtral et cinématographique....et j'ai quitté à regret Anne et les autres. Je ne peux donc que vous recommander la lecture de cette chronique douce-amère qui a été un véritable coup de cœur pour moi.

    Éditions 10/18, 2014, 478 pages

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  • Brexit Romance de Clémentine Beauvais

    Brexit Romance

    de

    Clémentine Beauvais

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    "Un mariage rend toujours heureux; et d'autant plus lorsqu'on peut y porter de jolis costumes, que l'on est amplement rémunéré pour l'occasion et que l'on sait que les voeux passionnément échangés se déferont aussitôt le rideau tombé."

    L'histoire commence en juillet 2017, soit un an après le vote des Anglais en faveur du Brexit, dans un Eurostar direction Londres. A son bord, la jeune soprano, Marguerite Fiorel, qui va tenir un rôle dans les Noces de Figaro. Elle est accompagnée de Pierre Kamenev, son professeur et ami.

    A peine arrivés, ces deux jeunes gens vont croiser la route de Justine et Matt Dodgson qui ont créé Brexit romance, une application secrète destinée à organiser des mariages blancs entre Français et Anglais pour obtenir le passeport européen. Ils vont également rencontrer Cosmo Carraway, un Lord anglais, qui ne va pas rester insensible au charme de Marguerite...

    Débute alors un chassé-croisé amoureux. Mais peut-on vraiment prévoir et encadrer les élans du cœur?

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    Depuis quelques années déjà, je suis avec beaucoup de bonheur le parcours de Clémentine Beauvais. En effet, je trouve qu'à chaque fois, cette autrice frappe fort et démontre à quel point elle peut nous surprendre et emmener ses lecteurs sur des terrains toujours inconnus et renouvelés. J'avais été notamment bluffée par Songe à la douceur, sa magnifique retranscription moderne d'Eugène Onéguine et j'attendais donc avec beaucoup d'impatience son nouvel opus. Aussitôt reçu, aussitôt dévoré.

    Cette lecture m'a procuré un immense plaisir et ce, pour plusieurs raisons.

    Parce que je me suis profondément attachée aux personnages qui m'ont semblé tous justes et bien campés.

    Parce que j'ai apprécié la structure chorale qui nous permettait de les appréhender plus en profondeur.

    Parce que je me suis reconnue dans certaines des situations (notamment cet échange crucial de textos dans un train qui file vers le Nord).

    Parce que j'ai aimé le rythme insufflé à ce septuor amoureux qui m'a fait furieusement penser aux "screwball comedy", ces comédies de l'âge d'or du cinéma américain. Tout est mené de main de maître, tant au niveau de l'intrigue, de ses rebondissements, de ses quiproquos que des réparties. Certains dialogues témoignent d'un travail d'orfèvre, digne des plus grands.

    Parce que Clémentine Beauvais ne fait pas que des références au cinéma. Elle truffe également son texte d'hommages à la littérature  (la première phrase fait furieusement penser à du Jane Austen et j'ai trouvé parfois que Justine avait beaucoup de ressemblances avec son Emma), à l'opéra, au théâtre....

    Parce qu'elle a réussi à retranscrire la barrière linguistique et la difficulté de se comprendre quand on n'a pas la même langue maternelle. Cette fameuse "barrière" donne d'ailleurs lieu à de nombreux malentendus et à certains dialogues fort cocasses.

    Parce que cet ouvrage propose également, derrière sa légèreté apparente, une radioscopie de la société anglaise à l'ère du Brexit. De même, il nous plonge pendant un certain moment dans l'univers de l'extrême-droite anglaise et nous fait réfléchir sur la montée de ces mouvements partout en Europe. Il nous rappelle  ainsi de sombres pages du passé et la possibilité d'une éventuelle répétition (comment ne pas voir de similitudes avec la position de certains Lords à l'orée de la Seconde Guerre mondiale?).

    Parce que j'ai ri, souri, espéré, tremblé...

    Parce que je n'avais pas envie de lâcher ces personnages et que ce roman, je l'ai quasiment lu d'une traite

    Parce que j'attends désormais avec impatience le prochain Clémentine Beauvais et que je me demande quel défi elle va encore relever

    Bref, vous l'aurez compris: pour toutes ces raisons, je vous recommande de vous plonger à votre tour dans ce roman et j'espère que vous serez aussi conquis que moi.

    Merci aux éditions Sarbacane pour cette très belle lecture!

    Sarbacane, 2018, 449 pages

     

     

     

     

     

     

     

     

     

  • L'Appât de Daniel Cole

    L'Appât

    de

    Daniel Cole

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    "Mercredi 6 janvier 2016

    9h52

    -Dieu n'existe pas.

    L'inspecteur principal Emily Baxter observait son reflet dans le miroir sans tain de la salle d'interrogatoire. Elle attendit que ceux qui l'espionnaient derrière et qui, à n'en point douter, ne perdaient pas une miette de la conversation interviennent via les haut-parleurs pour la reprendre.

    Mais rien. "

    L'inspecteur principal Emily Baxter est soumise à un interrogatoire par ses pairs. En effet, ces derniers attendent un éclaircissement sur la conclusion tragique de sa dernière enquête.

    Cinq semaines plus tôt, entre les piliers du pont de Brooklyn, un réseau de filins d'acier retient prisonnier le corps brisé de William Fawkes. Un mot est gravé sur son torse mutilé: "Appât". Ce cadavre est le premier d'une longue série de meurtres entre les États-Unis et le Royaume-Uni. Chaque meurtre étant le miroir de celui arrivé dans l'autre pays. Et, à chaque fois, les cadavres portent la mention "appât" ou "marionnette" sur leur corps mutilé.

    Devant l'envergure de cette affaire, des mesures spéciales de collaboration sont prises. L'inspecteur principal Baxter se trouve ainsi dépêchée aux États-Unis pour joindre ses forces à celles de deux agents spéciaux américains.

    Mais qui tire vraiment les ficelles? C'est ce que nos trois investigateurs de choc vont tenter de deviner. Et si, dans cette gigantesque toile, ils se perdaient aussi et devenaient eux-mêmes des appâts ou des marionnettes?

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    En début de semaine, je vous parlais du premier tome de cette série et je vous disais à quel point j'avais été happée par ce volet et cette course contre la montre haletante. Si bien que j'ai immédiatement entamé L'Appât, une fois Ragdoll refermé . Afin de ne pas me séparer des personnages et parce que j'avais besoin de savoir ce qui les attendait.

    La scène d'ouverture se déroule, cette fois-ci, dans le présent. On retrouve Emily Baxter dans une salle d'interrogatoire. Elle doit répondre de la fin de sa dernière enquête. Même si le lecteur n'apprend pas grand chose de ce qui s'est passé, il comprend bien vite que les événements ont été d'une telle ampleur qu'ils nécessitent un déploiement des forces policières hors normes pour tout classer.

    Avec ce procédé, dès le début, déjà, Daniel Cole fait monter la tension d'un cran. Et la scène inaugurale du flash-back cinq semaines en arrière aux prémisses de ladite affaire ne calme en rien nos nerfs. Avec une précision quasi chirurgicale, il dépeint la toile d'araignée dans laquelle est venu s'enferrer William Fawkes.

    William Fawkes? Un des inspecteurs de Ragdoll? Assassiné ainsi? Et mutilé? Est-ce possible? Avec notre auteur, tout peut arriver. Et c'est bien là le problème. Ou l'attrait justement de ses romans. Reprendre des schémas parfois classiques de trios/duos d'inspecteurs et leur injecter du sang neuf, les remettre sans cesse en question, tuer certaines possibilités dans l’œuf...

    De bout en bout, il malmène son lecteur, il le mène de chausse-trappe en chausse-trappe, il le perd dans les méandres de cette toile, il le plonge dans certaines scènes d'horreur... Telles des marionnettes, nous sommes  complètement manipulés par lui.

    Comme dans Ragdoll, au climax, nous sommes dans une situation d'attente et de stress insoutenables. Comme, dans Ragdoll aussi, la conclusion m'a paru arriver trop vite et m'a semblé aussi un peu en-dessous du reste de l'intrigue. Sauf, bien entendu, cette fameuse dernière page....Ou l'ultime jeu du chat et de la souris avec le lecteur. Un protagoniste réapparaît seulement là...Et il nous faut compter les jours jusqu'au troisième volet.

    Une fois encore, si on excepte le bémol sur la fin, j'ai été frappée par la maîtrise de Daniel Cole, par son sens de l'histoire, par sa manière de nous surprendre (cette incroyable scène de l'église!!!) et par son écriture très cinématographique.

    De même, il se révèle toujours aussi talentueux dans le portrait de ses personnages. Nous en retrouvons certains que nous voyons évoluer; nous en découvrons d'autres...Mais, toujours, ils nous paraissent complexes, bien loin des prototypes manichéens de certains ouvrages policiers...Parfois, leurs zones d'ombre les dévorent et les rapprochent dangereusement de certaines frontières...

    Un des autres attraits de ce tome réside dans la description de l'opposition entre les forces policières ou spéciales des Etats-Unis et du Royaume-Uni. Opposition d'organisation, de style...Et pourtant, sont-elles si différentes que cela quand on creuse un peu?

    Bref, vous l'aurez compris: j'ai été aussi conquise par l'Appât que par Ragdoll. Vivement la sortie du tome 3!

    Merci aux éditions Robert Laffont pour ce titre!

    La Bête noire, 2018, 478 pages

    Billet dans le cadre d'une lecture commune avec mon amie Bianca et dans le cadre de son challenge Un pavé par mois.

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