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  • Les Amants météores d'Eloïse Cohen de Timary

    Les Amants météores

    d'Eloïse Cohen de Timary

    les amants météores, eloise cohen de timary, littérature française, roman, histoire d'amour, roman français, jean-claude lattès

    "Comme un sportif avant l'épreuve, elle se répète mentalement le geste à accomplir. C'est sûr, elle aurait préféré faire cela à l'hôpital-entendre le bip des machines, le chariot repas qui passe dans le couloir, sentir l'odeur des détergents médicaux et puis celle, si familière, des anesthésiants-mais les circonstances ont voulu qu'elle se trouve quelque part en Bretagne, dans cette vieille maison aux murs humides et aux tomettes écaillées par le temps."

    A quoi tiennent les rencontres d'une vie ? A un détour, à un bus manqué ou à un sourire croisé par hasard et qui s'attarde dans la mémoire.

    Pour Marianne et Virgile, c'est une interview ratée qui les a rapprochés. Un échange de regards dans un bar reculé. Et les voilà, nos amants météores.
    Nos amants étonnants. Nos amants incandescents. Nos amants émouvants. Nos amants marquants.

    On dit souvent que toutes les histoires d'amour ont déjà été contées et qu'il ne reste plus qu'à trouver une manière différente de les écrire. C'est ce qu'a réussi à faire dans ce second roman Éloise Cohen de Timary.

    Déjà en réinventant le modèle de couple avec ce héros à la sexualité fluide qu'on aurait pas forcément attendu dans le rôle de l'amant éperdu.

    Puis, en livrant un récit d'amour à la fois éphémère et ancré dans le futur. Comme s'il jouait sa propre partition. Aux accents de vie et de mort.

    Il y a de très belles images entre ces pages. Des images qui puisent leurs racines dans ces jardins paysages si chers à Virgile. Dans ce ciel météore aussi.

    Il y a des scènes qui marquent. Comme cette fête opulente aux allures de crépuscule. Comme ce week-end iodé. Comme cette arrivée dans leur appartement de Montmartre. Comme ce déjeuner chez les parents.

    Il y a cette alternance de narration. Ces voix qui s'entremêlent pour mieux nous parler de cette relation fulgurante.

    J'ai trouvé cette construction intéressante. Même si j'ai eu du mal parfois à quitter Virgile et Marianne pour Florence, cette médecin attachante mais dont je ne percevais pas l'importance.

    Même si la fin m'a permis de mieux saisir la portée de cette protagoniste, j'aurais préféré  moins me plonger dans son vécu pour mieux rester avec nos amants.

    De même, je dois avouer que j'ai moins accroché avec Tatiana et avec toute la partie de l'intrigue qui se rapporte à elle.

    J'ai regretté également que certains thèmes forts ne soient pas plus développés. Comme celui de la possibilité de la paternité.

    Pour autant, malgré ces quelques bémols, je garderai un bon souvenir de cette lecture et de nos amants météores. 
     
    JC Lattès, 328 pages, 2020

  • Vox de Christina Dalcher

    Vox

    de

    Christina Dalcher

    vox, christina dalcher, littérature américaine, dystopie, roman d'anticipation, science-fiction, condition des femmes, liberté, parole, droits, réflexion, premier roman

    "Si on m'avait dit qu'en une semaine, j'allais faire tomber le Président, le Mouvement pur, et ce petit merdeux incompétent de Morgan LeBron, je n'y aurais pas cru. Mais je n'aurais pas protesté. Je n'aurais pas dit un mot.

    Je ne suis plus du genre bavarde."

    Imaginez une Amérique où les femmes doivent rester à la maison. Asservies aux décisions de leurs maris. Où toute autorité et pouvoir décisionnel leur sont retirés. Où leurs mots sont comptés.
    100, pas plus, chaque jour.
    Les femmes ont littéralement perdu leur voix.

    C'est ce que dépeint Christina Dalcher dans cette dystopie. Des États-Unis dominés par un président et par une éminence noire, un révérend qui repousse en permanence les frontières des interdits sous couvert d'une morale biblique.

    L'autrice a choisi pour héroïne une doctorante neurolinguiste, Jean Mclellan, parvenue au bout de ses recherches pour lutter contre l'aphasie, juste avant de devoir renoncer à son activité professionnelle. Une femme qui est longtemps demeurée en marge des changements politiques. Une femme qui souffre de son manque de mots. Qui a peur pour sa fille. Qui voit son fils aîné dériver vers le radicalisme. Bref, une femme qui se révèle prête à tous les sacrifices pour changer son pays et revenir à la situation d'avant.

    J'aime ces portraits de femmes fortes. Tout comme j'aime ces histoires qui décrivent un univers peu éloigné du nôtre, où toutes nos craintes se sont réalisées. Aussi, cet ouvrage, dans la lignée de la Servante écarlate, avait tout pour me plaire.

    Et la recette a bien fonctionné pendant les 2/3 du livre. J'ai adhéré au point de vue narratif, cette voix muselée qui se déverse entre les pages. J'ai adhéré également aux choix d'intrigue, aux personnages archétypaux ainsi qu'aux rebondissements.
    Tout comme j'ai adhéré à ce tableau d'une Amérique tombée dans l'engrenage d'une morale puritaine et d'une réduction de toute liberté de la femme. Ainsi qu'à cette  phrase de Burke répétée comme une litanie sur l'inaction des gens de bien. J'étais captée et je ne pouvais m'arrêter.

    Puis, est arrivée cette idée de complot biologique et je n'ai pas cru à cette énième péripétie ni au dénouement qu'elle entraînait. Cette résolution dans une certaine précipitation.  Comme un frein au développement d'autres arcs de l'histoire. Laissés un peu trop en jachère. Tels que le mouvement de la résistance. Et ce basculement trop rapide de certains protagonistes. En effet, avoir recours à des êtres monolithiques comme personnages a ses avantages. Comme ses inconvénients car leurs retournements trop précipités ne paraissent pas sonner juste.

    Bref, vous l'aurez compris: Vox a constitué une découverte en deux temps pour moi. Elle  reste néanmoins une oeuvre divertissante mais qui a manqué de la force de certaines dystopies. 

     

  • Famille parfaite de Lisa Gardner

    Famille parfaite

    de

    Lisa Gardner

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    "Voilà une chose que j'ai apprise quand j'avais onze ans: la douleur a un goût. La question, c'est de savoir celui qu'elle a pour vous."

    Les Denbe semblent former une famille modèle, à la fois heureuse et prospère.
    Pourtant, derrière cette façade parfaite, bien des secrets se dissimulent.
    Un soir, ils disparaissent tous les trois. Emportés par des assaillants.
    Une détective, le FBI et des policiers vont faire équipe pour les sauver.
    Le compte à rebours est lancé.
    Au jeu des apparences tous ont beaucoup à perdre.

    Après ma mini-panne de lecture au début du confinement, j'avais retrouvé mon rythme quasi habituel. Aussi, quand j'ai commencé à abandonner en plein milieu plusieurs livres, je me suis tournée vers une valeur sûre. Un roman policier. Souvent, ce genre me redonne une impulsion. Et encore une fois, la recette a fonctionné.

    Je n'avais encore jamais lu de Lisa Gardner et j'ai apprécié l'efficience de sa mécanique narrative. Cette façon d'entrecroiser plusieurs voix et d'osciller entre l'enquête et le kidnapping. Comme deux facettes d'un même récit qui pourraient, selon l'issue, ne jamais se rencontrer.

    Cette façon également de faire craqueler petit à petit l'aspect si lisse des Denbe. Comme autant d'entailles dans leur réputation.

    J'ai pris un peu de temps à m'habituer au style sans fioritures. Ces phrases resserrées à l'essentiel qui se concentrent sur l'action. Ce n'est pas ce que je préfère habituellement mais j'ai trouvé que dans ce cas-là, cela fonctionnait plutôt bien.

    Certains personnages m'ont paru un peu  caricaturaux. Mais d'autres m'ont convaincue. Par leurs zones de flou. Par leur manière d'évoluer dans leur existence. Par leurs doutes. Par leurs rêves brisés. Plus je tournais les pages, plus j'avais envie de savoir ce que l'autrice leur réservait comme sort.

    J'ai nourri quelques soupçons sur le ou les coupables dans le dernier tiers. Mon intuition était la bonne. Mais, pour autant, cela ne m'a pas gâchée la découverte. Seul vrai bémol: les rebondissements de la conclusion qui m'ont laissée dubitative.

    Le Livre de Poche, 2015, 571 pages