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  • Avant de dormir

    Avant de dormir 

    de

    Giorgio Volpe & Paolo Proietti

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    C'est l'automne.

    La forêt s'est parée de ses plus belles couleurs.

    Dans ce bal des nuances,  Volpetto, le renard et Lino, le loir se cachent et dansent.

    Joie de ces derniers instants partagés avant l'hiver de la séparation.

    Derrière les rires, se dissimulent déjà les interrogations et les suppositions.

    " Dis, Lino, cette année, tu dormiras un peu moins, pas vrai ? »

    Volpetto redoute la solitude des mois enneigés et espère que le soleil et la chaleur demeurent.

    Juste un peu.

    Juste un peu plus.

    Et si ?

    Voilà un album tout en douceur autour de l'amitié. Celle qui pare nos existences de sens.

    Page après page, se déploie ainsi devant nous la complicité entre ces deux amis. Une complicité de tous les instants que seule la nature peut séparer l'espace de quelques mois.

    " L'important, c'est d'être avec toi. »

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    Voilà un album tout en poésie qui aborde pour les enfants le thème de l'hibernation et de ces mois où tout sommeille.

    Pour accompagner cette histoire, il y a les si belles illustrations de Paolo Proietti. Des illustrations tout en finesse qui traduisent à merveille l'atmosphère et les moindres émotions de deux comparses.

    Bref, vous l'aurez compris : une œuvre tout en délicatesse que je ne peux que vous conseiller. 

    Passepartout Editions, 2020, 32 pages

     

  • Les Lendemains de Mélissa Da Costa

    Les Lendemains

    de

    Mélissa Da Costa

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    "La serrure rouillée cède difficilement. L'homme est obligé de forcer, de retirer la clé, d'essayer encore. Ici aussi il fait terriblement chaud.  Pas aussi chaud qu'en ville ou en plaine, mais tout de même. La température avoisine les trente degrés. L'homme souffle, semble réfléchir une seconde, puis donne un léger coup contre le bois de la porte, en même temps que la clé tourne. Un déclic: le lourd panneau de bois à la peinture écaillée cède et bascule vers l'intérieur, vers l'obscurité, la fraîcheur."

     

    Le drame un soir de fête de la musique. Une moto qui se retrouve encastrée.
    Et, en quelques heures, Amande perd tout. Son mari et son bébé mort né.

    Dans la brume de sa douleur, surgit une solution. Trouver un refuge. Loin du soutien aimant de sa belle-famille, loin de la maladresse de sa mère.

    Un refuge à soi. Une maison isolée au milieu des bois. Où elle ne laisse rien entrer. Ni lumière, ni bruit.

    Mais voilà même dans le désespoir, peuvent surgir des lueurs. Un chat errant. Des calendriers oubliés où l'ancienne propriétaire notait toutes ses astuces de jardinage de cuisine.

    Les jours passent. Et peu à peu, Amande se réancre dans l'existence. Par cette terre qu'elle cultive. Par ces tissus qu'elle suspend dans un arbre. Par ces invitations qu'elle redonne.

    Laisser entrer.
    Partager.
    Laisser partir.
    Et retrouver le goût de vivre et des lendemains qui chantent.

    Il y a un an, je découvrais, lors d'un voyage à Porto, la plume de Melissa Da Costa. Je me souviens encore de l'émotion à ma lecture de Tout le bleu du ciel. De ce coup de cœur comme une déflagration et ce besoin absolu d'écrire une lettre à son héros. Pour me résoudre aux adieux.

    Dès les premières pages, j'ai de nouveau eu les larmes aux yeux. Car Melissa Da Costa sait nous emporter dans un tourbillon d'émotions.

    J'aime les histoires de résilience et assister au deuil et à la reconstruction d'Amande m'a beaucoup touchée.

    J'aime les histoires qui parlent de/à notre humanité. Et il y a eu tellement d'instants qui ont fait écho.

    Tout comme ces calendriers retrouvés résonnent en Amande. Tutos de jardinage. Tuteurs aussi de ces mois à se relever. Même si je regrette que cette idée n'ait pas été plus creusée.

    Il y a de beaux passages. De communion avec la nature. De couleurs portées par le vent. D'entraide. De barbecue à la pleine lune.

    Mais, pour autant, j'ai trouvé que l'intrigue s'accélère trop vers la fin. Et se résoud trop vite. Laissant une sensation d'inachevé. Comme si certains chapitres restaient à écrire pour conclure cette année avec Amande.

    Bref, vous l'aurez compris: un joli instant de lecture. 

    Albin Michel, 2020, 347 pages

  • Papa-Longues-Jambes de Jean Webster

    Papa-longues-jambes

    de

    Jean Webster

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    "Le premier mercredi du mois était un jour parfaitement abominable qu'on attendait dans l'horreur, qu'on supportait avec courage et qu'on se hâtait d'oublier. Ce jour-là, les parquets devaient être impeccables, les chaises sans un grain de poussière, les lits sans un pli. "

     

    Jerusha Abbott, une jeune fille de 17 ans qui préfère répondre au prénom de Judy, n'a jamais connu d'autre horizon que son orphelinat.

    Mais tout change quand un mystérieux bienfaiteur se propose de lui payer ses frais d'université, à condition qu'elle lui adresse une fois par mois une lettre. Sorte de compte-rendu de sa vie et de ses études.

    Ainsi débute une correspondance à sens unique, reflet de tout ce qui habite Judy et de tout ce qui l'anime. Car elle a décidé de faire de ce philanthrope dont elle n'a vu que l'ombre son confident. Son "Papa longues jambes" auquel elle ne dissimule ni ses enthousiasmes ni ses désarrois.
    En entamant cette œuvre, j'avais une crainte : que la structure épistolaire à sens unique de la narration reste trop centrée sur son autrice et ne permette pas de saisir les motivations ou les sentiments des autres personnages. Or, très vite, mes réticences se sont dissipées et je me suis laissé entraîner par la plume alerte et tendre de Judy. Par sa manière aussi de retranscrire souvent avec une certaine innocence les comportements des autres. Ce qui permet au lecteur de se sentir quelque peu omniscient et d'anticiper avant elle certaines actions.

    Un des autres écueils du roman épistolaire à sens unique, comme du roman sous forme de journal intime, réside souvent dans un côté répétitif de la forme qui peut lasser à terme. Encore une fois, ici, il n'en est rien. Les missives se font tantôt classiques, tantôt dissertations. Elles abritent souvent des dessins. Et toujours, les pages se tournent pour continuer à entendre la voix de Judy.

    Il se dégage un charme suranné de cet ouvrage publié en 1912. Un charme suranné dû aux descriptions des usages de l'époque. Dû également à Judy qui découvre la vie en dehors de l'horizon de son orphelinat et qui réagit à tout ce qui l'entoure avec un émerveillement touchant.

    Papa longues jambes constitue un joli roman d'apprentissage, dans le domaine universitaire mais aussi dans le domaine de l'existence.

    De plus, il propose le portrait d'une héroïne aux allures de modèle pour toutes celles qui souhaitaient entreprendre des études au début du 20ème siècle. Une héroïne qui veut garder son indépendance et savoir s'assumer financièrement. Une héroïne qui entend réaliser ses rêves avant tout. Et c'est peut être dans ce sens que la fin ne m'a pas complètement satisfaite.

    Je serai donc curieuse de découvrir l'évolution de Judy dans Mon ennemi chéri, la suite.

    Bref, vous l'aurez compris : une jolie lecture. Et un grand merci à Amandine d'avoir suggéré ce titre pour notre émission des bibliomaniacs. 

    Gallimard Jeunesse, traduit de l'anglais par Michelle Esclapez, 2007, 212 pages