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Quand mon coeur bat un peu plus fort - Page 3

  • En thérapie

    En thérapie

     

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    Une femme de profil qui pleure. Gros plans sur ces larmes entremêlées de vie et de mort trois jours après le Bataclan.
    Dans la même pièce, il y a un homme assis. A l'écoute de cette femme et de tout ce qu'elle a besoin de déverser. Flot de paroles et de sanglots.
    Cet homme, c'est le psy Philippe Dayan. Nous sommes lundi 9h et c'est le moment où Ariane occupe l'espace.
    Jour après jour, vont se succéder ainsi dans son cabinet des patients. Un membre de la BRI qui fait partie des premiers rentrés au Bataclan. Une adolescente plâtrée qui a oublié les circonstances de son terrible accident. Un couple qui se déchire.
    Ils résistent. Ils se livrent. Ils accusent. Ils crient. Ils chuchotent. Scènes d'intensité apparemment accueillies avec le même calme et la même bienveillance par Dayan.
    Pourtant derrière ce mur d'écoute en retrait, apparaissent des fissures. Dans ses yeux. Dans ses expressions. Comme si face à ces confessions, lui même se perdait un peu. Être en crise qui chercherait lui aussi un moyen de se reancrer.

    Il y a ce cadre de l'existence du dedans qui jaillit et qui tente d'être réparée. Dans ce salon au canapé rouge.
    Il y a cette existence du dehors qui bruisse à la porte et fait parfois irruption. Rappel de tout ce qui se noue ici et ailleurs.

    Sept semaines de rencontres. Où les patients reviennent et évoluent dans cette atmosphère de l'après Bataclan qui cristallise tant de remises en question. Transfert, poids de la culpabilité, traumatismes enfouis se succèdent ainsi devant nos yeux. Portrait de générations combinées.

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    Je ne connaissais ni la version israélienne ni la version américaine qui ont inspiré cette série en 35 épisodes d'une vingtaine de minutes. Aussi, je n'avais aucune attente précise en commençant ce format et dès les premiers instants, j'ai été captée par ce huis-clos entre Ariane et Dayan. Par son intensité. Par la qualité de l'interprétation. Par les dialogues. Par les plans. Ballet de la caméra qui s'attache à nous livrer tout ce qui se joue sur leurs visages et dans cet impalpable que les silences habitent.  Et puis, j'ai enchaîné avec le second huis-clos. Et j'ai su que j'étais face à une série forte et intense. Qui émeut et fait réfléchir. Qui tutoie l'intime et l'universel.

    Les heures ont défilé et sur mon propre canapé, j'ai été scotchée par la qualité des acteurs tous aussi incroyables les uns que les autres. Frédéric Pierrot magistral dans ce rôle central, Mélanie Thierry, Reda Kateb, Céleste Brunnquell, Carole Bouquet, Clémence Poesy, Pio Marmai, Djemel Barek et Elsa Lepoivre nous tiennent captifs. Interprètes incarnés. J'ai été emportée aussi par la qualité des répliques et par la réalisation. Immergée par certains plans sous une vague d'émotions. Et j'ai quitté à grand regret cette série si réussie.

    Bref, vous l'aurez compris : je ne peux que vous recommander ce programme coup de cœur et j'espère qu'Eric Toledano et Olivier Nakache imagineront une deuxième saison. 

    En thérapie, saison 1, 2021, 35 épisodes

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  • Malgré tout de Jordi Lafebre

    Malgré tout

    de

    Jordi Lafebre

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    Chapitre 20. Car oui, notre histoire commence par la fin. Sous une pluie battante. Deux regards qui se croisent sous un p'tit coin de parapluie.
    Un homme, une femme. A l'heure tant attendue de leurs retrouvailles.
    Derrière la légèreté apparente, se glissent tous ces mots qu'on ne dit qu'avec les yeux.
    Puis, fondu au noir.
    Et débute le chapitre 19...

    20 épisodes pour suivre Ana et Zeno de cet ultime rendez-vous à leur rencontre.
    20 épisodes pour apprendre à les connaître.
    20 épisodes pour appréhender la force de leurs liens.
    20 épisodes comme un tourbillon de vie.

    Car oui, ce roman graphique m'a évoqué cette chanson si belle de Jeanne Moreau. Comme si les personnages imaginés par l'auteur devenaient la quintessence même de ces amants qui ne cessent de se perdre de vue pour mieux se retrouver. Variations autour d'un sentiment qui ne peuvent que nous toucher.

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    Jordi Lafebre, je le connaissais pour son travail de dessinateur. Et notamment pour sa collaboration avec Zidrou sur la série des Beaux étés et sur le si émouvant Lydie.
    Aussi, j'ai été ravie de le retrouver pour cette aventure graphique de plus de 150 pages.

    Il fait le pari de nous livrer un récit à l'envers. Construction puzzle parfaitement maîtrisée où les cases du début répondent à celles de la fin.

    Une narration originale pour traiter d'un amour le plus souvent à distance. Comme si le destin associé à une pudeur et une certaine peur se jouaient de nos héros.

    Des héros qui malgré tout se retrouvent. Grâce aux lettres. Grâce aux appels. Grâce à ces instants d'écoute musicale partagés. Bulles de douceur et de lumière dans leurs quotidiens occupés.

    Jordi Lafebre reprend donc les codes de la comédie romantique mais leur insuffle une grâce infinie. Par les dialogues. Par les images aux couleurs si belles.

    Il y a de la joie à lire cet album. Une joie intense et qui fait du bien. Et quand arrive ce premier chapitre, il y a l'envie de tout relire à l'envers. Pour rester encore un peu avec Ana et Zeno.

    Dargaud, 2020

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  • Nina d'Alice Brière-Haquet et Bruno Liance

    Nina

    de

    Alice Brière-Haquet et Bruno Liance

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    "Dream, my baby dream,

    Until spread your wings....

    Ho Lisa, ma Lisa,

    le sommeil ne veut pas venir ce soir,

    alors écoute donc cette histoire..."

    Dream, my baby dream
    Ritournelle apaisante qu'une mère susurre à sa fille.
    Mais ce soir, ce chant ne suffit pas pour l'emporter au pays des rêves.
    Alors, la mère se lance dans une histoire.
    La sienne
    Celle d'une petite Nina.
    Fascinée dès 3 ans par la musique.
    Dans un pays où les sièges dans le bus restent réservés en priorité aux Blancs.
    Dans un pays où sa mère ne peut pas avoir de place au premier rang pour l'écouter à son premier concert.
    A moins que les rêves ne se réalisent.
    "Ce rêve c'était ma symphonie:
    Noirs et Blancs ensemble
    Dans la grande danse de la vie"
    Dream, my baby dream

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    Une scène d'harmonie familiale.
    Et puis, Nina. Nina Simone qui se lance dans un récit d'une très grande poésie. Où la musique devient métaphore.

    Quand j'ai découvert cet album pour la première fois, je suis tombée en arrêt. Attirée par cette couverture d'une petite fille si captivée par un piano.
    Envoûtée ensuite par l'équilibre parfait entre les mots d'Alice Brière-Haquet et les images de Bruno Liance.

    Le noir et blanc de ces incroyables illustrations. Travail d'orfèvre sur les contrastes, sur les ombres et lumières. Objets qui se détachent. Forts de nombreux symboles. Comme cette chaise noire.

    Le noir et blanc pour parler de la vie de cette musicienne si douée.

    Le noir et blanc pour aborder la ségrégation avec les enfants.
    Avec une économie de mots. Des mots forts et percutants.
    Avec des situations choisies qui leur parleront forcément.
    Avec ce leitmotiv du rêve qui vient ponctuer les pages. Comme si la berceuse de Nina continuait à rythmer le phrasé.
    Rêves de Nina, rêves de Martin, rêves d'un monde meilleur.
    Rêves qui restent au creux de nous une fois les pages refermées.

    Cet album, je l'ai déjà lu lors d'accueils de classe. Avec comme introduction la voix de Nina.
    Cet album, à chaque fois, il a suscité un silence. De ces silences denses et lourds où s'entremêlent attention et émotion.
    Et, à chaque fois, il a suscité tant de questions. Sur la ségrégation. Sur la musique. Sur Nina.

    Bref, vous l'aurez compris : un album que je vous conseille forcément. Étoffe de songes ourlés de tout un pan d'histoire.

    Gallimard Jeunesse, Giboulés, 2015

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