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des romans américains - Page 12

  • Demain est un autre jour

    Demain est un autre jour

    de

    Lori Nelson Spielman

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    "L'écho des voix dans la salle à manger s'envole dans la cage d'escalier en noisetier, indistinct, bourdonnant et importun. D'une main tremblante, je verrouille la porte derrière moi. L'univers est soudain plongé dans un silence total. J'appuie la tête contre la porte et je prends une inspiration profonde. Son parfum envahit encore la chambre-mélange d'Eau d'Hadrien et du savon au lait de brebis. Son lit en métal grince lorsque je m'y allonge, un bruit aussi rassurant que le tintement de ses carillons dans le jardin ou de sa voix douce quand elle me disait qu'elle m'aimait. Je venais dans ce lit quand elle le partageait encore avec mon père, me plaignant d'un mal de ventre ou de monstres sous mon lit. A chaque fois, maman me prenait avec elle, m'étreignait et me caressait les cheveux en murmurant: "Demain est un autre jour, ma chérie, attends encore un peu". Et comme par miracle, je me réveillais le le lendemain matin pour découvrir des rubans de lumière ambrée s'insinuant à travers la dentelle de mes rideaux"

    Brett Bohlinger, 34 ans, vient de perdre sa mère. Alors qu'elle s'attendait à hériter de son empire industriel, elle ne reçoit qu'un vieux papier jauni. Il s'agit de la liste des choses qu'elle voulait vivre, quand elle avait 14 ans. Elle en a réalisé certaines mais sa mère lui laisse un délai d'un an pour entreprendre les dix qui restent. Si elle réussit, elle pourra toucher ce qui lui revient.

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    J'avais remarqué ce premier roman sur la blogosphère (malheureusement, je ne me rappelle plus où). Et, conquise par le sujet, je l'avais réservé dans ma médiathèque. Je l'ai ouvert lundi matin et je n'ai pu le quitter qu'une fois achevé.

    Brett est une jeune trentenaire qui mène une vie loin d'être conforme à ses rêves de jeunesse. Elle a trouvé refuge dans l'entreprise familiale alors qu'elle souhaitait devenir enseignante; elle vit avec un homme qui la sous-estime et refuse d'avoir un bébé...

    Aussi, la mort de sa mère et surtout le défi qu'elle lui lance, va lui servir d'électrochoc et lui permettre de tout changer.

    J'ai adoré cette amorce d'intrigue. A partir d'une liste vieille de 20 ans, Brett se met en quête d'une existence plus conforme à ses aspirations d'adolescente.

    Tout au long de son parcours, on découvre une galerie de personnages très attachants. Bien entendu, la mère qui, par le biais de ses lettres, montre tout l'amour qu'elle a pu ressentir pour ses enfants et tout le bien qu'elle leur voulait. Mais également, un avocat; un psychologue; des jeunes plongés dans des difficultés scolaires...Chacun d'eux va faire évoluer, à sa manière, notre héroïne et modifier sa conception de la vie.

    A cette réflexion très intéressante sur les illusions perdues et sur le courage qu'il faut montrer parfois pour prendre un nouveau départ, s'ajoutent également de nombreux éléments de comédies romantiques qui confèrent à cet ouvrage une tonalité plus légère.

    En effet, parmi les objectifs de vie de la Brett de 14 ans, figurait "tomber amoureuse". Tout au long des pages, on va donc croiser différents protagonistes masculins, dont l'"homme au Burberry". Un homme qui fascine notre héroïne et qu'elle rencontre à chaque fois dans des situations dignes d'une Bridget Jones.

    De même, cet ouvrage dresse un portrait de la vie à Chicago. On suit notre héroïne dans les divers quartiers de cette ville, ce qui permet de mieux se rendre compte de ses disparités géographiques et économiques.

    De plus, j'ai beaucoup apprécié le fait que ce roman parle de la vie sous toutes ses formes. En 455 pages, on assiste ainsi à des décès, des retrouvailles, des dîners en famille, des rencontres, des déclarations, des révélations, des ruptures, des découvertes, des rires, des disputes....Sans jamais (ou presque) trouver que les situations paraissent trop télescopées...

    Bref, vous l'aurez compris: ce roman est un coup de cœur. Il appartient à la famille d'ouvrages "doudous" que j'affectionne: ceux qui font réfléchir tout en rassurant; ceux vers lesquels on se tourne pour passer un moment cosy quand l'hiver devient trop prégnant et qu'on a envie de se pelotonner dans son canapé avec une bonne tasse de thé.

    Et, surtout, "Demain est un autre jour"

    Editions du Cherche-Midi, 457 pages, 20 €

     

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  • Et si Virginia Woolf ne s'était pas suicidée?

    Le Jardin blanc

    de

    Stephanie Barron

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    "Octobre 2008, Kent, Angleterre

    Jo Bellamy engagea précautionneusement sa voiture de location dans le rond-point de Slip Road, anticipant de toutes les fibres de son corps l'horrible accident qui n'allait pas manquer de se produire. Comme il ne se produisait rien-par miracle ce tronçon circulaire de chaussée restait libre de chauffards britanniques en cette matinée de fin octobre-elle jeta un regard dans la mauvaise direction, jura à voix basse, puis guetta par-dessus son épaule gauche la première bretelle de sortie de ce cercle particulier de l'enfer"

    Jo Bellamy, une Américaine de 34 ans, est en route pour Sissinghurst, la demeure de Vita Sackville-West. Elle a, en effet, été engagée par les Gray afin de recréer, dans leur propriété, le magnifique Jardin blanc de la romancière.

    Elle espère également trouver dans cette demeure plus d'informations sur son grand-père qui y a travaillé dans sa jeunesse et visiblement, vécu un drame.

    Dans une remise, elle découvre très vite un cahier qui lui aurait appartenu. Mais en l'ouvrant, elle ne reconnaît pas son écriture.

    "N'eût été ce chant d'oiseau, elle aurait pu entrer dans l'eau ce jour-là. Elle cherchait des pierres pour lester ces poches, quelque chose de lourd, elle aurait pu les glisser dans ces bottes. [...]

    L'oiseau ne s'envolait pas. Vie! chantait-il. Vita!

    Elle s'abandonna au son pur et liquide, si différent du bourdonnement métallique des moteurs d'avion. Une grande paix se fit, qui emplit les prairies comme une eau transparente. Elle n'entendait plus les voix belliqueuses, accusatrices, vindicatrices. Elle ne sentait plus les traces de plomb sur les doigts de L. Ses propres chairs flasques. Le désespoir sans fond, lourd comme un cercueil.

    Oui, songea-t-elle. Je dois aller voir Vita.

    Et elle jeta les pierres de sa poche."

    Après avoir parcouru quelques fragments de texte, Jo se demande si elle ne serait pas en présence d'un écrit inédit de Virginia Woolf. Un écrit débuté quelques jours après la date officielle de son suicide. Et si la célèbre romancière n'était pas morte le 28 mars 1941?

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    Cela faisait quelque temps que j'avais remarqué ce roman sur la blogosphère. Aussi, quand ma mère l'a reçu en cadeau pour son anniversaire, je n'ai pas tardé à lui emprunter.

    Je connaissais déjà Stephanie Barron pour ses romans policiers autour de Jane Austen (j'avais beaucoup aimé notamment Jane Austen et le révérend).

    Virginia Woolf s'est suicidée le 28 mars 1941. Elle a rempli ses poches de pierre et s'est jetée dans la rivière l'Ouse, tout près Monk's House, sa maison de Rodmell. Elle avait laissé une lettre à son mari

    " J'ai la certitude que je vais devenir folle : je sens que nous ne pourrons pas supporter encore une de ces périodes terribles. Je sens que je ne m'en remettrai pas cette fois-ci. Je commence à entendre des voix et ne peux pas me concentrer. Alors je fais ce qui semble être la meilleure chose à faire. Tu m'as donné le plus grand bonheur possible. Je ne peux plus lutter, je sais que je gâche ta vie, que sans moi tu pourrais travailler (...)"

    Le 18 avril, son corps était retrouvé.

    Stephanie Barron s'est servi de ces trois semaines de décalage entre le drame et la découverte du cadavre pour imaginer une autre alternative que le suicide du 28 mars 1941.

    Tout commence avec Jo Bellamy, une Américaine de 34 ans bien déterminée à élucider les raisons du récent suicide de son grand-père. Dans les papiers retrouvés après son décès, il faisait mention d'une "Dame" et de Knole.

    Elle entend profiter de la mission confiée par les Gray autour du Jardin blanc pour découvrir ce qui a poussé son grand-père à fuir cette région et à s'engager très jeune.

    Ces efforts se révèlent très vite couronnés de succès. Elle découvre un cahier intitulé "cahier de Jock" mais comprend très vite qu'il ne s'agit pas vraiment de celui de son aïeul mais sans doute d'un inédit de Virginia Woolf.

    Afin de vérifier son hypothèse, elle fait appel à Peter Llewellyn, un expert des anciens manuscrits à Sotheby's. Débute alors une course-poursuite d'Oxford à Cambridge, en passant par Charleston, Monk's House...pour tenter de trouver la fin de ce cahier et comprendre les derniers jours de la romancière.

    J'ai vraiment apprécié cette partie de l'intrigue, dans la lignée de Possession d'AS Byatt. On suit ainsi Jo et Peter dans des lieux fascinants: la Bodléienne à Oxford, la maison des Woolf à Rodwell, celle de Vanessa Bell à Charleston..Cet itinéraire permet de mieux cerner la personnalité de Virginia Woolf et de ses proches. Et donne très envie d'en apprendre encore plus sur elle.

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    Le Jardin blanc de Vita Sackville-West à Sissinghurst

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    Charleston's House, la maison de Vanessa Bell

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    Monk's House, la maison des Woolf à Rodmell

    A chaque étape, correspond une pièce du puzzle. Jusqu'au dénouement final...Un dénouement qui ne m'a pas convaincu. J'ai eu beaucoup de mal à croire à la thèse soulevée par Stephanie Barron.

    De même, je n'ai pas perçu l'intérêt de certaines intrigues annexes: celle entre Jo et Gray, par exemple.

    J'ai aussi trouvé que le style n'était pas toujours à la hauteur du sujet. Les passages du journal intime de Virginia m'ont paru très bien écrits. Mais certains dialogues entre universitaires ou certaines descriptions m'ont franchement déplu.

    Bref, vous l'aurez compris: une lecture en demi-teinte pour moi. Même si j'ai dévoré ce roman, même si j'ai beaucoup apprécié cette visite des hauts lieux de la vie de Virginia Woolf (j'espère la faire prochainement en vrai), j'ai eu du mal à adhérer à certains effets de style ou au dénouement.

    Editions du Nil, 2013, 406 pages, 21 €

     


  • L'école des saveurs

    L'école des saveurs

    de

    Erica Bauermeister

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    "Le moment que préférait Lilian, c'était juste avant d'allumer la lumière. Debout sur le pas de la porte, laissant derrière elle l'air chargé d'humidité, elle sentait les odeurs de la cuisine venir à elle: la levure fermentée; le café terreux et sucré; l'ail qui s'adoucissait à l'air libre. En dessous, plus ténus, flottaient les effluves de la viande fraîche, des tomates crues, des cantaloups, des gouttes d'eau sur la laitue."

    A l'âge de quatre ans, le père de Lilian décide de quitter la maison. Pour oublier la douleur, sa mère se réfugie dans les livres. Les années passent et à huit ans, Lilian décide de prendre le contrôle de la préparation des repas. Elle entame des expériences culinaires et au fil de ses découvertes gastronomiques, se lance un défi. Elle entend réaliser un plat qui va redonner à sa mère le goût de la vie.

    Vingt ans plus tard, nous retrouvons notre héroïne à la tête d'un restaurant. Un restaurant qui tous les premiers lundis du mois accueille l'école des saveurs.

    Cet atelier de cuisine réunit des personnes de tous horizons et de tous âges. Lilian va les initier aux épices, aux mélanges, aux nouvelles textures...Mais surtout, la préparation de tous ces mets va permettre à tous ces élèves d'avancer dans leur vie.

     

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    Cela faisait longtemps que j'avais remarqué ce premier roman de l'auteure américaine Erica Bauermeister mais il m'a fallu attendre une lecture commune avec ma copinaute Bianca pour le sortir de ma PAL

     J'ai beaucoup aimé la structure narrative de cet ouvrage. On croise tout d'abord Lilian, une petite fille qui vit seule avec sa mère. Depuis le départ de son mari, cette dernière s'est réfugiée dans les livres.

    "Dans cette nouvelle vie, la figure de sa mère se transforma en une série de couvertures de livres à la place habituelle des yeux, du nez et de la bouche. Lilian ne tarda pas à comprendre que le couvertures pouvaient annoncer une humeur au même titre que les expressions du visage: sa mère s'enfonçait à tel point dans les profondeurs de ses lectures que la personnalité du personnage principal la nimbait comme un parfum appliqué sans discernement. Lilian ne savait jamais qui elle allait trouver à la table du petit déjeuner, bien que le peignoir, les cheveux et les pieds soient toujours les mêmes"

    A huit ans, Lilian décide de sortir sa mère de sa léthargie livresque. Il lui faut trouver le plat capable de la ramener à la vie. S'ensuivent plusieurs expériences culinaires avant de trouver la solution (la tasse de chocolat chaud m'a fait penser au joli roman Chocolat de Joanne Harris)

    Plusieurs années plus tard, on retrouve notre héroïne à la tête d'un restaurant et d'un atelier culinaire où, de l'automne au printemps, elle accueille le même groupe d'élèves.

    Lilian fait alors place à Claire, une mère de famille débordée, inscrite par sa mère à L'école des saveurs. Puis, un autre élève prend la parole...

    Chaque chapitre est ainsi consacré à un personnage narrateur qui voit sa vie bouleversée par les cours de cuisine.

    Les récits s'enchaînent. On s'attache à chacun des protagonistes, tous éprouvés dans le passé. On assiste à leur évolution, à leurs interactions...

    Toutes ces tranches de vie sont ponctuées par des leçons gastronomiques. Des leçons qui donnent envie de se lancer à notre tour derrière les fourneaux ou de s'asseoir à une table de restaurant et qui démontrent le rapport essentiel entre la nourriture et la vie.

    A l'école des saveurs, les aliments guérissent, permettent l'oubli, rapprochent...Lilian, à l'instar d'une magicienne, les utilise pour aider chacun de ses élèves.

    J'ai aimé suivre toutes ces personnes aux destins et aux caractères si différents. Et j'ai ressenti un pincement au coeur en les quittant à la fin de l'année. J'aurais aimé rester un peu plus auprès d'eux.

    De même, j'ai regretté de ne pas en apprendre plus sur Lilian. On sent qu'elle a un don pour comprendre les autres et savoir quelles recettes vont les faire changer. Mais elle demeure énigmatique. Que s'est-il passé pour elle? Quelle est sa vie de trentenaire? On espère la voir rencontrer quelqu'un (au fil des pages, un nom m'est d'ailleurs venu à l'esprit). Mais, finalement, on reste sur notre faim.

    Vivement la suite dont la parution est prévue en anglais pour le mois de novembre!

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    Bref, vous l'aurez compris: L'école des saveurs se révèle un roman sensible et profondément attachant. Un hymne à la vie, aux saveurs et aux plaisirs que recèle le quotidien.

    Le Livre de Poche, 2011, 256 pages

    Billet dans le cadre d'une lecture commune avec Bianca et dans le cadre du challenge La plume au féminin 2013

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