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des romans américains - Page 9

  • Mon année Salinger

    Mon année Salinger

    de

    Joanna Smith Rakoff

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    "Nous étions des centaines, des milliers, à nous habiller avec soin dans la lumière grise du matin de Brooklyn, du Queens, du Lower East Side, à quitter nos appartements, croulant sous le poids de nos fourre-tout gonflés de manuscrits que nous lisions dans la queue de la boulangerie polonaise, du deli grec, du diner du coin, en attendant de commander notre café, léger et sucré, et notre viennoiserie à emporter dans le métro, où nous espérions trouver une place assise afin de pouvoir lire encore avant d'arriver à nos bureaux de Midtown, Soho, Union Square. "

    Dans ce récit autobiographique où elle a tenté de raconter aussi bien qu'elle a pu la vérité, Joanna Smith Rakoff nous parle de ses 23 ans. Une année où, fraîchement sortie de l'université, elle est entrée à l'Agence. Une année où s'est posée de nombreuses questions et où elle est parvenue à comprendre ce qu'elle voulait. Une année marquée par la présence de Salinger...

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    J'avais remarqué dès sa sortie, ce titre de la rentrée littéraire mais il a fallu l'avis d'un blog (je ne sais plus lequel et je m'en excuse) et celui de ma collègue Mathilde pour que je me lance.

    J'ai immédiatement été happée par ce récit d'apprentissage et par les premières phrases d'introduction, qui m'ont évoqué l'atmosphère du réussi Rien n'est plus beau de Rona Jaffe.

    Alors qu'elle était censée préparer un doctorat et rejoindre son petit ami de la fac à Berkeley, Joanna a décidé de tout abandonner et de revenir à New York. Là, elle a été engagée comme assistante de la patronne d'une agence littéraire.

    Une agence littéraire désignée tout au long de cet essai romanesque par le terme de l'"Agence". J'ai aimé l'impersonnalité de ce terme, tout à fait en décalage avec ce lieu, arrêté dans le temps. Même si la modernité et les ordinateurs commencent à entrer dans le quotidien des entreprises, cette boîte reste accrochée aux pratiques du dictaphone et de la machine à écrire et fête l'arrivée d'une photocopieuse comme un événement extraordinaire. Comme si elle ne pouvait pas oublier les pratiques éditoriales des années 50 et 60.

    Sur cette Agence, règne une patronne atypique. Une femme qui crie sans cesse au téléphone et qui ne semble s'occuper d'aucun auteur, à l'exception de "Jerry". J'ai lu que certains avaient comparé ce roman au Diable s'habille en Prada mais je n'ai pas trouvé de ressemblance entre les deux employeuses.

    Et bien entendu, sur cette Agence, plane l'ombre de "Jerry" Salinger. On guette ses coups de fil, on espère qu'il acceptera de publier sa nouvelle dans cette toute petite maison d'édition et surtout, on attend une visite.

    Comme Joanna, je n'ai jamais eu d'époque Salinger à l'adolescence. J'ai tenté de commencer L'attrape-coeur au début de la vingtaine mais je n'ai pas accroché. Pourtant, en refermant ces pages, je n'ai qu'une envie: renouveller l'expérience.

    Car cet ouvrage se révèle une très belle déclaration à cet auteur et à ses personnages. Des personnages tous marqués par le deuil et en errance. Des personnages qui semblent trouver un écho dans tous ceux que croise Joanna lors de cette année particulière. On sent toute l'importance de cette rencontre dans la vie de cette écrivain et c'est là justement que le titre trouve toute sa justification.

    A cet hommage à l'auteur américain se superposent une radioscopie du New York de la fin des années 90 et du monde des agences littéraires. Ou comment de jeunes de 20-30 ans, malgré des salaires de misère, des appartements-taudis...se battent pour rester dans cette ville qui les fascine tant et essayer de percer dans le monde de la littérature.

    Cependant, je dois confesser que je suis restée un peu en retrait. Alors que généralement, je m'attache aux personnages, je n'ai pas réussi à le faire avec Joanna. Finalement, ce qui m'a le plus intéressé chez elle, c'est son rapport à l'Agence, à Salinger, ce mythe qui continue de recevoir des lettres quotidiennes, et à son travail. Ses errances, ses doutes sur sa relation avec Don...m'ont moins passionnée.

    Bref, vous l'aurez compris: Mon année Salinger constitue un récit d'apprentissage prenant dont la trajectoire littéraire m'a plus concernée que le volet personnel.

    Albin Michel, 2014, 357 pages, 20,90 €

     

     

  • Love letters to the dead de Ava Dellaira

    Love letters to the dead

    de

    Ava Dellaira

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    "Cher Kurt Cobain,

    Aujourd'hui, Mme Buster nous a donné notre premier devoir d'anglais: écrire une lettre à une personne décédée (comme si elle pouvait lui arriver au paradis, ou, mettons, à la poste des fantômes.) Son idée, c'est sans doute de nous faire écrire à un ancien président ou quelqu'un de ce style, mais moi, il me faut une personne à qui je puisse parler. Je ne pourrais pas parler à un président. A toi, si."

    Laurel vient d'entrer au lycée. Et un des premiers devoirs qu'elle reçoit de son professeur d'anglais consiste à écrire une lettre à un disparu.

    Elle choisit de s'adresser à Kurt Cobain. Parce que sa soeur May l'adorait et lui a fait découvrir. Parce que, comme elle, il est parti très jeune...

    Puis, de fil en aiguille, la liste de ses destinataires s'enrichit. Amy Winehouse, Heath Ledger, Amelia Earhart, John Keats...Autant de nouveaux interlocuteurs qui lui permettent d'exprimer ses joies, ses peines, ses doutes...

    Parce que Laurel a vécu bien des drames

    Parce qu'elle a perdu sa "fée"

    Parce que sa mère a fui

    Parce qu'elle dissimule en permanence tout ce qui bouillonne en elle

    Parce qu'elle est à l'âge des questionnements

    Parce que...

    ava dellaira.jpg

    J'avais remarqué ce livre en raison de son titre assez intriguant. Et le billet de ma collègue Plumosaure m'avait donné envie de m'y plonger.

    Je l'ai entamé mercredi et en deux soirées, je l'ai achevé...

    J'ai beaucoup aimé la construction narrative de ce roman épistolaire. Ava Dellaira s'éloigne des schémas traditionnels pour opter pour des destinataires morts.

    Mais jamais des destinataires sélectionnés par hasard. Au contraire, leur choix semble être l'écho des émotions de la jeune femme.

    Dès les premières pages, on sent bien que cette adolescente n'a pas eu un passé des plus faciles. Outre le décès de sa sœur (suicide? accident? ), elle semble abriter d'autres fêlures. Des fêlures qui vont se révéler au fil des chapitres...

    L'année de ses 15 ans, elle va tenter d'oublier.

    L'année de ses 15 ans, elle va faire la connaissance de Nathalie, Hannah et de Sky

    L'année de ses 15 ans, elle va connaître sa première histoire d'amour

    L'année de ses 15 ans, elle va apprendre à vivre sans sa "fée" et à se définir sans elle

    L'année de ses 15 ans...

    A ce portrait sensible et extrêmement touchant d'une jeune fille qui lutte pour ne pas sombrer, se greffe une analyse de l'âge adolescent. Un âge de construction, de définition de soi...

    Chacun des protagonistes qui gravite autour de Laurel au lycée tente de trouver ses propres réponses.

    J'ai beaucoup apprécié leurs interactions, leurs dialogues, leurs révoltes...Et ils m'ont semblé être les cousins éloignés de Charlie, Alaska...

    En effet, avec cette première œuvre, Ava Dellaira se place immédiatement dans la lignée d'un John Green ou d'un Stephen Chbosky (pour lequel elle a d'ailleurs travaillé).

    Elle a su créer des personnages qui sonnent vrai et qui restent longtemps en mémoire.

    Et que dire de son style? J'ai été tout simplement bluffée par la maturité dont elle fait preuve. Je vous laisse juge avec ces quelques extraits:

    "J'espère que l'un de vous m'entend. Car ce monde ressemble à un tunnel de silence. J'ai constaté que certains moments vous restent parfois en travers du corps. Ils sont là, logés sous la peau, telles des graines, d'émerveillement, de tristesse ou d'angoisse, et autour d'elles la croissance poursuit son cours."

    Ou:

    "Aujourd'hui, après avoir lu ton poème, j'ai songé à devenir écrivain à mon tour. Même si je ne pense pas pouvoir en écrire d'aussi beaux que les tiens, je me suis dit que je pourrais peut-être faire quelque chose de tous les sentiments qui sont en moi, même de ceux qui touchent à la tristesse, à la peur et à la colère. Il suffit peut-être de raconter les histoires, même les plus dramatiques, pour ne plus leur appartenir. Pour se les approprier. Et peut-être que grandir, c'est comprendre qu'on peut être autre chose qu'un personnage qui va là où l'histoire le pousse. C'est comprendre que cette histoire, on peut aussi en être l'auteur."

    Bref, vous l'aurez compris: Love Letters to the dead se révèle un roman extrêmement bien écrit et poignant. De ceux qui sont capables de nous faire passer du rire aux larmes. De ceux qui nous rappellent l'importance d'aimer les siens. De ceux qui, une fois refermés, nous accompagnent longtemps. Une ode à la vie que je ne peux, bien entendu, que vous conseiller.

    Michel Lafon, 2014, 318 pages

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  • Ahsford Park

    Ahsford Park

    de

    Lauren Willig

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    "Kenya, 1926. Les gants d'Addie étaient tâchés de sueur et de poussière rouge."

    1926. Addie vient d'arriver au Kenya à l'invitation de sa cousine Béa. Dès le début de ce séjour, on sent bien que les tensions sont exacerbées entre les deux femmes. Et le drame éclate...

    1999. New-York, Clementine, une juriste renommée dans une grande entreprise, se rend aux quatre-vingt dix-neuf ans de sa grand-mère. Lors de cette réception, elle découvre un secret de famille enfoui depuis des années.

    Je tiens tout d'abord à remercier Babelio et les éditions Presses de la Cité pour m'avoir sélectionnée lors de la dernière masse critique. J'avais uniquement choisi ce titre car j'avais déjà eu l'occasion de découvrir un roman en anglais de Lauren Willig (malheureusement pas encore traduit) The secret history of the pink carnation. J'avais passé un très bon moment et je souhaitais donc approfondir ma connaissance de cette auteure.

    De plus, Ashford Park offre une structure narrative comme je les aime: deux histoires, l'une située dans le passé et l'autre dans le présent, s'entrecroisent sans cesse. Jusqu'à ce qu'on comprenne leurs liens et qu'elles prennent entièrement leur sens.

    Dans cet ouvrage à tiroirs, on fait donc la connaissance de deux héroïnes: Addie et Clementine.

    En 1905, suite au décès de ses parents, Addie est recueillie à contrecœur par son oncle et sa tante. Elle grandit dans le manoir d'Ashford Park aux côtés de la belle et éclatante Bea. Quand la première guerre éclate, les deux cousines choisissent un destin différent. Tandis qu' Addie s'engage en tant qu'infirmière, Bea décide de se marier par convenance. Mais, bien vite, elle se lasse de cette situation et décide de s'enfuir au Kenya avec le premier amour d'Addie.

    Toute relation est alors interrompue entre les deux jeunes femmes. Jusqu'à cette invitation lancée en 1926 de venir au Kenya. Une invitation acceptée par Addie et qui va avoir d'immenses conséquences...

    En 1999, Clementine a tout sacrifié à sa carrière de juriste. Elle vient de rompre les fiançailles avec Dan et ne pense qu'à Jon, un homme marié avec lequel elle a coupé les ponts après un séjour à Rome. Mais elle va renouer avec lui pour comprendre et démêler les fils du passé.

    Comme souvent dans ce genre de romans, j'ai plus été intéressée par le récit qui se déroule au début du 20ème siècle. J'ai aimé suivre l'éducation d'Addie à Ashford Park, la vie londonienne, l'effervescence de la guerre, le contraste avec le voyage en Afrique...De plus, je me suis beaucoup attachée à cette protagoniste.

    Même si les mystères sont plutôt simples à résoudre, je me suis prise au jeu de l'intrigue. Et je n'ai pas vu le temps passer en compagnie d'Addie et Clementine.

    Bref, vous l'aurez compris: une belle saga familiale de secrets enfouis parfaite pour l'été.

    Editions Presses de la Cité, 2014, 480 pages

    Billet dans le cadre d'une lecture commune avec Céline et Bianca et dans le cadre du Challenge Un pavé par mois de Bianca