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the frenchbooklover - Page 77

  • Au clair de lune

    Au clair de lune

    une histoire de Catherine Latteux,

    illustrée par Oreli Gouel

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    "Depuis qui ses nouveaux voisins de palier étaient arrivés, leurs volets restaient fermés ou leurs rideaux tirés.

    Dans le quartier, les gens s'interrogeaient:

    -Savez-vous qui ils sont?

    -Non, aucune idée. Il y a une enfant à ce qu'il paraît.

    Lui aussi était intrigué. Pourquoi vivaient-ils cachés?"

    Au bout d'un mois, le jeune héros de l'histoire n'a toujours pas rencontré ses voisins. Il se pose de nombreuses questions sur leur identité.

    Puis, un jour à la faveur d'une de leurs sorties, il pénètre dans leur appartement. Un appartement plongé dans le noir.

    "Quand tout à coup, tel un fantôme, elle surgit de l'ombre. [...] Elle était là, à quelques pas. C'était elle, la fille qui vivait cachée derrière les volets."

    Entre elle et lui, débute alors une belle histoire d'amitié.

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    J'avais remarqué ce très bel album sur le site de Ricochet et j'ai eu très envie de l'intégrer aux collections de la médiathèque où je travaille.

    Cet ouvrage aborde la question de la maladie. Ici, l'héroïne souffre du syndrome des enfants de la lune, une affection génétique rare.

    "Comme si elle avait deviné ses interrogations, elle lui conta ses tristes journées passées dans l'ombre pour se protéger du soleil. Elle ne pouvait pas vivre autrement, comme les autres enfants, sinon sa peau serait brûlée par le regard de feu de l'astre lumineux."

    Sans pathos et avec beaucoup de pédagogie, Catherine Latteux parvient à nous parler de cette maladie méconnue et à nous faire ressentir l'impatience, l'ennui et la douleur de cette petite fille séparée du monde de dehors et qui rêve de le découvrir.

    Sa rencontre avec "il", le petit garçon d'à côté, va lui ouvrir une porte sur cet univers fantasmé.

    Jusqu'à ce que les deux enfants bravent l'interdit et sortent de nuit pour visiter cet ailleurs tant espéré.

    Les voilà embarqués dans un magnifique voyage vers toutes ces choses inconnues pour elle. Mais, au clair de  lune, il ne faut pas oublier le danger de la lumière.

    Sensibilité, justesse des émotions et beauté du langage constituent les maîtres-mots de cet ouvrage.

    A la grâce des mots s'allie celle des images. Les couleurs froides, les bleutés qui envahissent les pages et les dessins tout en finesse, nous montrent bien la réalité de cette maladie, cette vie au clair de lune à laquelle elle contraint ses patients...Elle illustre également à merveille cette relation hors du commun qui se tisse entre ces deux enfants.

    Bref, vous l'aurez compris: un album "pépite" sur un syndrome peu médiatisé et qui laisse la part belle aux jeux et rires d'enfants dans un univers éminemment poétique.

    Éditions Mazurka, 2014

     

  • La Part des flammes

    La Part des flammes

    de

    Gaëlle Nohant

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    "La marquise de Fontenilles n'en finissait pas de la faire attendre dans cette antichambre aux allures de bonbonnière. Érodée par l'impatience et la nervosité, l'assurance de Violaine de Raezal s'effritait. Elle espérait tant de cette entrevue! La marquise était un des sphinx de dentelle vêtus qui gardaient les portes du Bazar de la Charité. Sans son accord, la comtesse de Raezal avait peu de chances d'y obtenir une place de vendeuse."

    Mai 1897, la comtesse de Raezal, fraichement veuve, patiente dans l'antichambre de la marquise de Fontenilles. Elle espère recevoir un sésame pour le Bazar de la Charité. En effet, chaque année, les femmes de la haute société se disputent les stands et il est primordial pour assurer une réputation de faire partie des heureuses élues.

    Cependant, l'entrevue avec la marquise ne porte pas ses fruits et la comtesse se voit proposer d'aider les phtisiques. Lors de sa première journée de bonnes œuvres, elle fait la connaissance de la duchesse d'Alençon et aussitôt, noue des liens très forts avec elle.

    C'est donc tout naturellement qu'elle se retrouve à ses côtés sur le stand 4 du Bazar de la Charité. Parmi les autres fortunées, on compte également la jeune Constance d'Estingel, qui vient de rompre brutalement ses fiançailles.

    En cet après-midi du 4 mai 1897, le Bazar bruisse de monde. Quand, soudain, une étincelle et le feu qui embrase toute la vente de charité...

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    Le lieu du sinistre un jour après

    Depuis sa sortie aux éditions Héloïse d'Ormesson, je suis tombée sous le charme de cette couverture et de ce titre. Et je n'ai pu résister à la tentation quand ce roman est arrivé à la médiathèque.

    Ce livre se consacre à trois femmes à un tournant de leur vie: la comtesse de Raezal qui jouit d'une réputation sulfureuse et qui ne bénéficie plus de la protection de son mari, mort des suites d'une longue maladie; la jeune Constance d'Estingel, qui vient d'abandonner son fiancé afin de se consacrer à Dieu et la mystérieuse duchesse d'Alençon, Sophie, sœur de Sissi et ancienne promise du roi Louis II de Bavière, qui se consacre corps et âme aux bonnes œuvres.

    Trois femmes que le destin a réunies sur ce stand en ce fatidique 4 mai. Un moment d'inattention du côté des projectionnistes du cinématographe et tout brûle.

    J'avais entendu vaguement parler de ce fait divers et j'ai été bluffée par le talent de Gaëlle Nohant pour le ressusciter.

    On assiste à ce quart d'heure fatidique par différents regards: ceux des victimes Constance et Violaine, celui du cocher de la duchesse d'Alençon qui tente de porter secours aux personnes emprisonnées à l'intérieur, celui d'un journaliste arrivé très vite sur les lieux du drame...

    Autant de voix pour parler de: Panique/Cris/Bousculades/Combats/Personnes écrasées/Actes d'héroïsme/Brûlures/Souffrance... Certaines pages sont plus dures à tourner, certaines situations nous choquent profondément...Et cette question lancinante se manifeste à nous: qu'aurais-je fait dans un tel cas? Me serai-je sauvée à tout prix?

    Cet ouvrage aborde aussi les conséquences d'une telle catastrophe: le deuil immédiat, les recherches des familles pour reconnaître leurs proches parmi les corps calcinés, les cauchemars des rescapés, les accusations portées dans les journaux, la recherche de bouc-émissaires, les rumeurs...

    Mais La Part des flammes ne se résume pas à l'évocation de ce 4 mai 1897. Non, il s'agit d'un roman dense, prenant, dont les phrases se développent à l'infini.

    Pour nous parler de ce feu certes...Mais pour nous parler aussi des femmes en cette fin du 19ème siècle. Constance, Violaine, Sophie: trois femmes pour illustrer la condition de leurs comparses. Sans oublier celles que l'on croise telle que cette marquise de Fontenilles qui a perdu bien plus que sa beauté dans ce drame...

    Dans cette haute société parisienne,les femmes n'ont plus aucune liberté. Elles n'existent que par leur rang et leur beauté. Elles n'ont pas le droit à la faute, sous peine d'être bannies. Elles dépendent de leur père, frère, mari pour tout. Et quand elles dévient de la conduite qui leur est imposée, leur punition peut se révéler bien sévère.

    Forcément, j'ai été choquée par ce portrait. Et notamment par le sort de cette Jeanne d'Arc du Bazar, la ténébreuse et mystique Sophie d'Alençon. Un être brisé dans sa coquille par les siens, par la possessivité de son mari...

    Et que dire de toute cette partie dans un hôpital psychiatrique? J'en ai eu froid dans le dos...

    Mariage, entrée dans les ordres...:les jougs sont nombreux et parfois, inattendus.

    Roman noir donc, description réaliste et sans concessions d'une époque cynique et dure avec le sexe féminin...

    Cependant, la Part des flammes offre aussi quelques très jolies scènes lumineuses. Que ce soit quand elle souligne la solidarité de certaines protagonistes entre elles ou quand elle évoque certains élans amoureux.

    De même, ce titre n'est pas exempt d'ingrédients du roman historique populaire à la Dumas. Duel, enlèvements, coups montés...se succèdent au fil des pages.

    Bref, vous l'aurez compris: j'ai beaucoup apprécié cette œuvre composite, au croisement des genres: historique, populaire, réaliste, d'amour, d'apprentissage, et je me suis passionnée pour le destin de ces trois femmes enfermées dans une société ultra codifiée et rigide. Une réussite, donc. Je dois d'ailleurs avouer que, depuis que j'ai achevé l'ultime chapitre samedi, j'ai bien du mal à me lancer dans un autre livre.

    Editions Héloïse d'Ormesson, 2015, 492 pages

    Billet dans le cadre du challenge Un pavé par mois de Bianca.

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  • Le Jardin de minuit d'Edith

    Le Jardin de minuit

    librement adapté du roman Tom et le jardin de minuit de Philippa Pearce

    par Edith

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    "Tom? Tom!

    Tom, cela n'amuse personne. Ni ton père ni moi de te voir partir, ni ton frère d'avoir la rougeole."

    Lors d'un été, Peter, le petit frère de Tom contracte la rougeole. Comme son aîné ne l'a pas eu, il est envoyé chez sa tante et son oncle.

    Ces derniers vivent dans une maison séparée en plusieurs appartements.

    Au dernier étage, réside notamment l'excentrique Madame Bartholomée dont l'horloge sonne treize coups après minuit.

    Au début de son séjour, notre héros s'ennuie à en mourir. Comme en témoignent ses missives à Peter.

    "Peter, au secours! Ma vie ici, c'est: manger...m'ennuyer...manger...m'ennuyer. C'est le pire trou que je connaisse et le temps passe lentement, c'est désespérant."

    Puis, un soir, n'y tenant plus, après les treize coups, Tom part en expédition. Et,ô magie, quand il ouvre la porte de derrière, il tombe sur un jardin magnifique.

    Un jardin de minuit, accessible que pour lui et qui disparaît le jour levé...

    Commencent alors pour lui de merveilleuses vacances.

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    Je ne connaissais pas du tout ce classique de la littérature jeunesse anglaise. Mais j'ai été  attirée par la couverture de ce roman graphique. Ce qui a achevé de me convaincre, c'est la mention de l'adaptation par Edith. En effet, j'avais beaucoup apprécié sa relecture des Hauts de Hurlevent, parue dans la collection Ex-Libris chez Delcourt.

    Dès les premières pages, on fait la connaissance de Tom, un petit garçon comme les autres qui s'ennuie pendant ses vacances d'été chez son oncle et sa tante.

    Un soir, il part en exploration car il est étonné d'entendre l'horloge de la maison sonner treize coups juste après minuit.

    A la faveur d'une porte...le voilà plongé dans un jardin immense.

    Le lendemain matin, il tente de le retrouver. Mais il n'aperçoit qu'une cour pour les poubelles et une impasse.

    Cependant, chaque soir, le miracle se reproduit et Tom revient dans le jardin.

    Là-bas, personne ne semble le voir. Personne à l'exception de la petite Hatttie qui devient très vite sa compagne de jeu.

    Tom ne vit que pour ses nuits en compagnie de la jeune fille. Mais on ne peut arrêter le cours du temps...Comme il va l'apprendre à ses dépens.

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    Cette histoire m'a immédiatement séduite. J'ai toujours eu une prédilection pour les univers oniriques. Ceux où ne sait où s'arrête la frontière entre réalité et songe. Est-ce que le jardin existe vraiment? Ou n'appartient-il qu'à l'imaginaire du petit Tom?

    Deux mondes s'opposent: celui plus froid, plus sévère, plus simple des journées de Tom et celui plus gai, plus coloré, plus dense, plus lumineux du jardin. Comme si le rêve donnait tout son sens à la vie...Comme si la vie ne pouvait être supportable que grâce au rêve... Cet antagonisme est d'ailleurs à merveille souligné par le choix des teintes et par les traits et les fonds d’Édith.

    A ce pouvoir du rêve s'ajoute une réflexion sur le passage du temps et le poids du passé, autant par ces incursions nocturnes dans un parc victorien que par des discussions avec certains locataires.

    De même, ce roman graphique se révèle un très bel hommage à l'enfance, à ses jeux, à ses camaraderies....A cette sorte d’Éden vers lequel l'adulte peut/veut retourner.

    En découvrant ce classique, je n'ai pu m'empêcher d'ailleurs de penser à Peter Pan de JM Barrie et à cette relation qui m'a toujours plu entre Peter et Wendy (comment ne pas y voir une évocation avec le duo Tom/Hattie?)

    Bref, vous l'aurez compris: j'ai été conquise par cet ouvrage poétique et je vous conseille d'entrer à la suite de Tom dans ce jardin de minuit.

    Editions Gallimard, collection Noctambule, 2015, 96 pages