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the frenchbooklover - Page 81

  • Maestro

    Maestro

    un film de Léa Fazer

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    Henri est un jeune acteur qui rêve de tourner dans des films d'action mais ne décroche que des rôles insignifiants dans des séries télévisées ou des publicités pour des jus d'orange. Grâce aux conseils d'une de ses amies, il passe une audition pour le réalisateur Cédric Rovère, monstre sacré du cinéma d'auteur.  Son naturel et son aplomb convainquent et très vite, il se retrouve sur les lieux d'un tournage, bien différent de tout ce qu'il avait pu envisager...

    Débute alors pour lui une expérience hors du commun. L'attendent en effet de très belles rencontres amicales, amoureuses et culturelles.

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    Pour créer ce film, Léa Fazer s'est inspirée de l'expérience de Jocelyn Quivrin sur le dernier long métrage d'Eric Rohmer les Amours d'Astrée et de Céladon. L'acteur avait même participé à la rédaction du scénario avant de trouver la mort dans un accident tragique.

    A priori, rien ne prédispose Henri à rejoindre le casting du dernier Cédric Rovère. Au quotidien, ses préoccupations semblent bien éloignées de l'univers de cet artiste. Films d'action, jeux vidéo, réflexion sur comment échapper aux huissiers, occupent ces journées.

    Quand il obtient donc le rôle, il se prend à rêver d'un tournage haut de gamme, entre hôtels cinq étoiles, agents, caravanes...Or, rien ne se passe comme prévu. Au contraire, il découvre l'envers des décors des films d'auteur, confectionnés avec très peu de moyens: répétition dans des cryptes avec des chaises qui se cassent, manque de pellicule, figurants interchangeables grâce à des perruques farfelues, effets spéciaux "maison" (avec des branches levées au passage de certains protagonistes par des acteurs cachés dans l'herbe)...

    J'ai beaucoup ri à toutes ces péripéties qui ponctuent les différentes séquences. Tout sonne juste (car inspiré par une expérience réelle) et désormais, je me représente mieux comment ce genre de production émerge, dans un chaos créatif.

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    Maestro constitue également un bel hommage au "Maestro" Eric Rohmer. De son œuvre, je n'avais vu que des extraits et je trouve que c'est là une des forces justement de ce film: même les néophytes peuvent comprendre les références et les savourer.

    Dans le rôle titre, on retrouve Michael Londasle dont j'avais déjà admiré le jeu dans Des hommes et des dieux et qui se révèle une nouvelle fois excellent. Face à lui, Pio Marmaï, un acteur qui incarne son personnage à la perfection. On croit à leur duo, on savoure leurs échanges...Et quel bonheur d'assister à cette transmission! Sous l'influence du maître, Henri s'ouvre à la poésie, au théâtre, se met à acheter des livres et avoue ne plus être tout à fait le même.

    Car ces semaines sur les Amours d'Astrée et de Céladon auront eu un impact sur tous les participants. Un impact plus ou moins grand certes, mais un impact quand même...Des graines de bonheur auront germé en chacun.

    Bref, vous l'aurez compris: j'ai beaucoup aimé ce film au casting épatant. Un film sur le cinéma, la vie, l'amour, la création et les petites joies du quotidien que je vous recommande fortement.


     

     

  • Les Joyeux démons d'Edward Marston

    Les Joyeux démons

    de

    Edward Marston

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    "Londres était la capitale du bruit, un lieu vibrant et changeant, grouillant de vie et vaquant avec clameur à ses occupations. Les fouets claquaient, les chevaux hennissaient, les harnais tintinnabulaient, les essieux grinçaient, les carrosses cahotaient, les marmites s'entrechoquaient, les tours de potier chantaient, les cloches carillonnaient, les chiens jappaient, les poules caquetaient, les vaches meuglaient, les porcs couinaient et des milliers de voix pressantes enflaient le tumulte les jours de travail. Toute la communauté déployait une joyeuse effervescence. C'était le matin."

    En ce matin londonien bruyant, Nicholas Bracewell se dirige vers l'auberge de la Tête de la Reine pour assister à une ultime répétition avant la première des Joyeux démons, la nouvelle pièce des Hommes de Westfield. Mais rien ne semble aller lors de ses ultimes réglages. Et si la troupe connaissait son premier échec?

    Heureusement pour eux, leur représentation se déroule à merveille. Si on excepte bien sûr l'arrivée intempestive d'un troisième démon qui affole les acteurs.

    Cette surprise préfigure d'autres petits pépins qui vont toucher leurs futurs spectacles. Jusqu'à une tragédie qui frappe un des membres.

    Nicholas Bracewell mène l'enquête.

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     Vous vous souvenez sans doute que le mois dernier, je m'étais lancée dans cette série de romans historiques avec Shelbylee. J'avais passé un très bon moment avec la Tête de la Reine. Aussi, toujours avec Shelbylee, nous avons décidé de poursuivre l'aventure avec ce second tome.

    Dans ce volet, Nicholas Bracewell est confronté à des incidents lors des spectacles donnés par sa troupe. Irruption du surnaturel? Forces démoniaques à l’œuvre? Malédiction? Complot? Chacun y va de sa théorie et notre régisseur est bien décidé à lever le mystère.

    D'autant plus que les comédiens vont devoir rejouer Les Joyeux démons dans le nouveau manoir du neveu de leur protecteur. Et le moindre échec pourrait leur valoir la perte de ce soutien primordial.

    Une fois encore, Edward Marston parvient à ressusciter le monde du spectacle au temps des Tudors. Un monde en proie aux critiques de certains Puritains. Un prêcheur va notamment tenter de sensibiliser la population de son quartier au côté diabolique du théâtre et aux perversions qu'il entraîne. Est-ce que ce prédicateur ne serait d'ailleurs pas à l'origine du troisième démon, du mât scié...?

    Outre les attaques que pouvaient subir les troupes à cette époque, ce tome permet d'aborder la question du rôle du protecteur.En effet, les Hommes de Westfield ne peuvent fonctionner que grâce à la bourse de Lord Westfield. Ce qui les oblige à se conformer à ses désirs et à écouter ses critiques.

    De même, on se rend compte que le "star system" existait déjà à l'époque.  Lawrence Firethorn, le comédien principal et Edmund Hoode, le dramaturge en sont le vivant exemple.

    Cette incursion passionnante dans le milieu du spectacle élisabéthain s'accompagne d'une description de la vie dans un manoir à la campagne et de la toute-puissance du maître des lieux. L'intrigue policière nous mène aussi dans les couloirs d'un asile.

    Justement, en parlant d'intrigue policière, je dirai que c'est là où réside le bémol de ce polar historique. J'ai assez vite compris certains éléments clefs et il est vrai que j'aime bien connaître plus de surprises et voir les fausses pistes se multiplier.

    En revanche, j'ai eu plaisir à retrouver les protagonistes déjà entr'aperçus dans La Tête de la Reine. Que ce soit les personnages principaux ou les secondaires, on assiste à une évolution de leurs interactions. Quelques questions me sont d'ailleurs venues à la lecture et je me demande comment certains "Nouveaux" vont influencer les rapports des "Anciens".

    Bref, vous l'aurez compris: malgré la résolution du mystère un peu évidente sur certains plans, j'ai passé un  bon moment en compagnie de Nicholas Bracewell et j'aurais plaisir à retrouver cette ambiance tudorienne dans le troisième tome.

    Editions 10/18, 277 pages

    Billet dans le cadre d'une lecture commune avec Shelbylee

     

     

  • Baronne Blixen de Dominique de Saint-Pern

    Baronne Blixen

    de

    Dominique de Saint-Pern

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    "Il existe un dieu pour veiller sur les légendes en perdition. Pour sauver les étoiles un peu oubliées. Un ange gardien capable de quitter la table du banquet où les dieux festoient. Il existe, sinon comment expliquer.

    Blixen. Karen Blixen. Ce nom n'évoque plus grand chose de nos jours. Pas davantage Isak Dinesen, son nom de plume. "Celui qui rit" en hébreu. Isak, la perpétuelle promise à un prix Nobel de littérature qui n'est jamais venu. Quant à la baronne Blixen...de son vivant déjà, ses jeunes compatriotes danois la croyaient morte. Sa vie et ses contes appartenaient à une époque périmée."

    Clara Svendsen a vécu plus de vingt ans en compagnie de Karen Blixen. Jusqu'à sa mort à l'automne 1962.

    En 1983, elle est contactée par la production d'Out of Africa. En effet, Meryl Streep qui doit incarner l'écrivain dans ce biopic souhaiterait en apprendre plus sur elle.

    "Qui la connaît mieux que vous?

    La connaître...Je l'ai vue, telle une bougie sur le point de brûler la dernière fibre de sa mèche, puis flamboyer à nouveau. Ou courbée par la souffrance, écrivant ses contes pour continuer d'avancer dans une nuit vivante. Je l'ai surprise à créer des romances avec des êtres de chair, brisant des couples pour en former d'autres avec les débris des premiers. Je l'ai connue tourbillon de foudre, cri de joie, incisive ou vulnérable, joyeuse, jamais la même, toujours poussée par son goût immodéré du jeu. Car elle jouait, comme les enfants dans leur toute-puissance s'inventent un monde malléable, comme les dieux s'amusent des mortels, à leur manière désinvolte et cruelle."

    Après quelques hésitations, Clara s'envole pour Nairobi. L'occasion de découvrir les lieux qui ont hanté Karen Blixen tout au long de son existence...L'occasion aussi de parler d'elle, son "Honorable Lionne"...

     

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    Quand j'avais 12 ans, je me souviens avoir pris par hasard une vidéocassette dans la collection de ma grand-mère. Le titre Out of Africa m'avait plu. Je me souviens l'avoir lancée. Je me souviens être restée scotchée devant pendant deux heures. Et une fois fini, avoir immédiatement ré-entamé le visionnage.

    On ne sait jamais quand on va tomber sous le charme d'un film. Et ce soir-là, la magie a opéré. Le pays, l'intrigue, Meryl Streep, Robert Redford, Mozart dans la nuit, un vol en avion...Autant d'ingrédients qui m'ont plu et qui continuent à me plaire quand je regarde de nouveau ce long métrage.

    J'ai tenté de lire ensuite La ferme africaine. Mais je n'ai jamais réussi à poursuivre l'ouvrage.  Avec cette sensation de passer à côté de quelque chose. Aussi, quand Baronne Blixen a été proposé dans la dernière Masse critique Babelio, je me suis dit que ce serait l'occasion d'en apprendre plus sur cette femme fascinante.

    Elle est née en 1885 dans une riche famille danoise. A 9 ans, son père se suicide par pendaison.

    Après avoir éprouvé une passion non réciproque pour son cousin, elle se marie avec son frère jumeau le baron Bror Blixen-von Finecke. Tous deux partent pour le Kenya où ils doivent gérer une plantation de café.

    Bien vite, cette affaire périclite. Tout comme le couple de Karen et de Bror. Karen ne pardonne pas à Bror ses infidélités à répétition et la syphilis qu'il lui a transmise. Tous deux se séparent.

     

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     Karen et Denys Finch-Hatton lors d'un safari

    Entrée en scène de Denys Finch-Hatton. Treize ans de passion. Et puis, la ruine. Et la mort qui frappe Denys en avion.

    Retour définitif de Karen au Danemark. A Copenhague, dans la maison familiale de Rungstedlund, elle se met à écrire sous le nom de plume d'Isak Dinesen. Succès fulgurant.

    Et début d'une nouvelle existence? Ou début du déclin plutôt? Loin de cette Afrique qui lui manque tant. Quelques fulgurances de vie cependant, lors de ses voyages aux États-Unis ou lors de ce "pacte" avec Thorkild Bjornvig.

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     La maison de Karen au Danemark

    Pour raconter ce destin extraordinaire, Dominique de Saint-Pern n'as pas choisi une structure linéaire. Au début, on suit Clara dans sa découverte de Nairobi et des anciens acteurs de la vie de Karen. Rencontres. Discussions. Et une vision de Karen toujours réinventée.

    Puis, lors d'une conversation de nuit avec Meryl Streep près de la maison refuge de Karen, Clara dévide le fil des souvenirs.

    Cette construction m'a semblé très intéressante. Non seulement elle dynamise le récit mais elle reflète plus le mécanisme de la mémoire et les méandres des réminiscences.

    Au fil des pages, nous faisons donc connaissance avec la baronne Blixen. Une femme fascinante qui a marqué tous ceux qui ont croisé son chemin. Une femme cruelle, aussi. Tyrannique. Manipulatrice. Possessive. Amoureuse. Passionnée. Volontaire. Têtue. Machiavélique.

    Je dois avouer que j'ai eu du mal à complètement adhérer à ce personnage. Autant j'ai ressenti de l'admiration pour cette noble danoise partie à l'aventure en Afrique et passionnément éprise d'un homme toujours en fuite, autant j'ai été choquée par son comportement à son retour au Danemark et sa façon de vampiriser tout son entourage. Et que dire de ce pacte avec le poète Thorkild?

    Bref, vous l'aurez compris: un portrait féminin hors norme, une vie habitée par un souffle romanesque...et un ouvrage qui se lit d'une traite tant on ne peut rester indifférents aux événements qui nous sont contés. Grâce à Baronne Blixen, j'ai d'ailleurs retrouvé l'envie de me plonger dans les œuvres d'Isak Dinesen.

    Un grand merci à Babelio et aux éditions Stock pour cet envoi!

    Stock, 2015, 429 pages

    Billet dans le cadre d'une lecture commune avec Fanny et du challenge Un pavé par mois de Bianca.

     

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