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the frenchbooklover - Page 78

  • Pauline demoiselle des grands magasins

    Pauline, demoiselle des grands magasins

    de

    Gwenaele Barussaud-Robert

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    "Ce lundi-là, les voyageurs qui devaient prendre l'express de six heures quarante se pressaient sous la halle couverte. Il avait plu toute la nuit sur la ville du Havre et un vent froid soufflait à présent, séchant les quais éclairés d'un petit jour pâle sous un ciel de cendre."

    Le Havre, 1866, Pauline, 16 ans a décidé de tenter sa chance dans la capitale. Elle emmène dans ses bagages ses petites sœurs Lucile et Ninon, comme elle l'avait promis à sa mère mourante.

    Arrivée à Paris, elle rejoint sa tante et son oncle, qui tiennent un troquet non loin du grand magasin L'élégance parisienne.

    Un grand magasin fondé par Emile Beauvincard, un génie des affaires, toujours en avance sur les tendances et les prochaines modes.

    Pauline, qui a exercé comme vendeuse dans le magasin de parapluies de son oncle au Havre, rêve d'intégrer l’Elégance.

    Et, à la faveur d'un vol, elle rentre au rayon confection.

    Débutent alors pour elle des temps difficiles où elle se retrouve à la merci des plus anciennes, des clientes compliquées et des chiffres qu'elle fait.

    Heureusement, plusieurs rencontres viennent illuminer ce quotidien. Et le dimanche, elle peut passer la journée avec ses sœurs...

    C'est d'ailleurs avec la plus petite, au jardin des Tuileries, qu'elle conçoit une brillante idée. L'occasion pour elle de se faire remarquer et de monter les échelons du magasin.

    Mais cette promotion suscite bien des jalousies...Et Pauline devrait se méfier de certaines vengeances...

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    J'avais remarqué ce livre au Salon du Livre et en reparlant avec Emjy, j'ai eu très envie de m'y plonger.

    Forcément, quand on ouvre ce roman d'apprentissage, on ne peut que penser au Bonheur des dames, mon œuvre fétiche d’Émile Zola.

    Et je trouve qu'on sent beaucoup cette influence dans les premiers chapitres. Tout comme Denise, Pauline a des frères/sœurs à charge. Elle a travaillé dans le magasin de son oncle et est attirée par la modernité du Bonheur/Élégance. De même, elle est en butte aux préjugés et aux mauvais traitements de ses comparses. Certaines scènes m'ont fortement rappelé celle de l'ouvrage naturaliste (le compte des recettes, les clientes difficiles...)

    Même si j'appréciais le style et les personnages, j'en suis donc venue à me demander quel pouvait être l'intérêt d'une intrigue très similaire.

    Puis, l'histoire a pris un tournant différent, à commencer par la rencontre amoureuse (bien loin du modèle Denise/Octave Mouret).

    C'est le moment où j'ai oublié le Bonheur pour me délecter des péripéties à l'Elégance.

    Avec ce roman l'auteur propose de découvrir les coulisses d'un grand magasin. Lors des journées de vente ou à la faveur d'une promenade la nuit, on déambule dans les couloirs de cette boutique pas comme les autres. Petites mains, ateliers, planification, dortoirs, cantine, rang, écuries...: tout est disséqué. Et je trouve que dans ce cas, Gwenaele Barussaud-Robert propose une visite encore plus complète des rouages de ce type de commerce qu’Émile Zola. Cette partie m'a vivement intéressée.

    Tout comme je me suis intéressée au sort de l'héroïne. Avec son courage, son sens de l'abnégation, sa force de caractère, son ambition, Pauline campe une protagoniste attachante et qui se démarque des femmes de son époque. On la suit avec bonheur lors de cette année pas comme les autres.

    Bref, vous l'aurez compris: ce roman,de facture classique, se révèle très divertissant. On tourne les pages avec plaisir et on en apprend beaucoup sur le Paris d'Haussmann, les grands magasins et la vie dans les années 1860. Vivement la suite pour connaître le sort de l'amie de Pauline!

    Editions Fleurus, 2015, 320 pages

     

  • Le Cuisinier de Talleyrand

    Le Cuisinier de Talleyrand

    de

    Jean-Christophe Duchon-Doris

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    "Son pichet de vin à la main, ses joues creusées par la lumière du feu finissant, Maréchal errait dans les cuisines désertes du palais Kaunitz. Il avançait en titubant un peu, d'une allure lente de bœuf au labour, avec des gestes menaçants et fantomatiques."

    A l'automne 1814, les grandes puissances européennes sont réunies à Vienne pour discuter de l'après-Napoléon. Quelques 200 délégations s'installent ainsi dans la capitale autrichienne.

    Parmi elles, celle de la France, conduite par Talleyrand. Ce génie de la diplomatie va tenter de renverser la tendance qui l'exclurait de la table des négociations.

    Pour influencer la Russie, la Prusse, l'Angleterre et l'Autriche, il dispose de nombreux arguments, à commencer par son cuisinier: Marie-Antoine Carême.

    Mais, alors que le congrès débute, un des membres de la brigade Carême est retrouvé sauvagement assassiné devant le palais de Schönbrunn, lieu de résidence de l'impératrice Marie-Louise et de l'Aiglon.

    Est dépêché sur les lieux du crime, l'inspecteur Janez Vladeski.

    Commence alors pour lui une enquête compliquée...où le moindre faux pas pourrait entraver la bonne marche de cette réunion au sommet.

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    Le Congrès de Vienne

    Vous vous souvenez peut-être que l'année dernière, j'avais eu l'occasion de découvrir Jean-Christophe Duchon-Doris avec la Mort s'habille en crinoline. Un premier rendez-vous plutôt réussi, tant par la qualité de l'intrigue que par le sens de la reconstitution et le choix d'une héroïne aussi fascinante que la comtesse de Castiglione.

    Aussi, quand un de mes collègues a commandé Le cuisinier de Talleyrand pour la médiathèque où je travaille, je n'ai pas hésité longtemps avant de me lancer.

    Dès les premières pages, on est plongés dans l'ambiance si particulière qui devait régner à Vienne en cet automne 1814. Imaginez plus de 200 délégations rassemblées pour juger du sort de l'empire Napoléonien.

    L'auteur parvient à merveille à retranscrire cette atmosphère, ces bruits de couloir, ces joutes diplomatiques, ces renversements d'alliances et ces mouvements stratégiques de génie. On a l'impression d'assister à une immense partie d'échecs dont le roi serait finalement Talleyrand.

    J'ai toujours nourri une admiration pour cet homme au destin si incroyable et, même si on ne le voit que dans peu de scènes, Jean-Christophe Duchon-Doris lui confère une grande densité dramatique et rend hommage à sa brillante intelligence.

    On en apprend également un peu plus sur sa vie en 1814 et sur les moyens employés pour permettre à la France de jouer un rôle d'arbitre dans ce Congrès.

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    Marie-Antoine Carême

    Parmi les atouts de ce diplomate, figure en bonne place Marie-Antoine Carême. Je n'avais jamais entendu parler de ce cuisinier de génie avant ce polar historique. Et, au fil des pages, on suit le parcours de ce jeune homme parti de rien et encensé par la noblesse à moins de 30 ans.

    En effet, l'enquête de Janez Vladeski sur le meurtre de Maréchal nous amène à le rencontrer à de multiples reprises. Mais elle nous donne aussi l'occasion de visiter ses cuisines. Et d'assister aux coups de feu. Même si je n'ai pas compris l'intérêt d'entamer chaque chapitre par des intitulés de plat, je me suis passionnée pour tous ces préparatifs culinaires, toute cette organisation quasi militaire, pour ces coulisses gastronomiques du Congrès.

    En revanche, je dois avouer que je suis passée à côté de l'intrigue policière. Je l'ai trouvée quasi inexistante pendant de nombreuses pages. Et sa résolution m'a quelque peu laissée sur ma faim.

    De même, je ne me suis pas attachée au personnage principal qui m'a paru bien terne par rapport à Talleyrand, à sa nièce ou à Carême.

    Bref, vous l'aurez compris: un polar historique qui vaut surtout le détour pour sa description extrêmement fouillée et soignée du Congrès de Vienne et qui m'a donné envie d'entamer prochainement une biographie de Talleyrand.

    Éditions Julliard, 297 pages

    Billet dans le cadre du challenge Au service de...

     

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  • Le Peintre des drapeaux

    Le Peintre des drapeaux

    un album écrit par Alice Brière-Haquet

    et illustré par Olivier Philipponneau

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    « Le peintre des drapeaux adorait son boulot. Les gens les plus brillants des plus brillantes maisons venaient à sa maison pour lui passer commande. »

    C’est ainsi que notre petit peintre se retrouve à dessiner des drapeaux qui affichent haut les idéaux de chacun des commanditaires.

    « Et quand sa palette était prête, plus belle que l’arc-en-ciel, il dessinait sur le drap blanc, des croix, des traits ou des croissants, des soleils, des étoiles ou un aigle volant. »

    Mais, un jour, notre artiste est contraint de sortir de chez lui pour satisfaire les desiderata d’un de ces chefs. Et il se rend compte des conséquences de ses créations.

    « Sur le champ de bataille tout y était gris et sale : la boue, les uniformes, les gens. Et pas un rire d’enfant. A gauche et à droite, derrière et en face, flottaient les drapeaux qu’il trouvait hier si beau »

    Devant ce constat, comment peut-il réagir ?

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    Je vous parlais récemment d’un album qui m’avait enthousiasmée:Le mot qui arrêta la guerre. Un album sur les rapports entre art et guerre.

    Et, de nouveau, dans cet ouvrage, on se retrouve confrontés à cette thématique. Quelle réaction peut adopter un artiste face aux armes ? Surtout quand il est l’auteur des emblèmes des deux camps.

    Je me suis retrouvée happée par ce récit. Un récit qu’on ne peut prévoir et dont la conclusion touche. Forcément.

    Un texte qui, derrière sa simplicité apparente, nous fait réfléchir et se révèle extrêmement percutant.

    A la sobriété des mots s’allie celle des dessins. Des illustrations minimalistes, des formes simples...Du noir omniprésent et qui fait ressortir encore plus les éclats de couleur présents sur chaque page.

    Bref, encore un album très réussi ! Et que je vous recommande vivement.

    Editions Frimousse, 2012