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the frenchbooklover - Page 9

  • Dame d'honneur d'Anne Glenconner

    Dame d'honneur

    d'Anne Glenconner

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    "Holkham Hall domine le nord du comté du Norfolk, avec un soupçon de mépris.  Cette demeure austère n'est jamais autant à son avantage qu'au cœur de l'été, lorsque l'herbe devient couleur de vergeoise et que le parc semble se confondre avec la maison."


    Tout commence par un coup de fil. Celui d'Helena Bonham Carter qui désire en apprendre plus sur la princesse Margaret qu'elle va incarner à l'écran.

    Trois heures de conversation plus tard et voilà une idée qui germe dans l'esprit d'Anne Glenconner. Et si elle revenait par écrit sur ses quasi 90 années de vie dont 30 passées comme dame d'honneur de la princesse ?

    Pendant plus de 300 pages se déploie ainsi la trajectoire d'Anne Glenconner.

    Les premières années dans la propriété familiale non loin de Sandringham.
    Les jeux d'enfant avec Margaret et Elizabeth.
    La guerre et le déchirement de la séparation avec ses parents.
    L'entreprise de poterie familiale et ses démarchages aux États-Unis pour vendre leurs produits.
    Le rôle de demoiselle d'honneur au couronnement de la Reine.
    Le mariage avec Colin Tennant.
    L'aventure incroyable de l'île Moustique et le projet à la fois visionnaire et fou de son époux.
    Les voyages et les missions officielles avec la Princesse Margaret.
    Les désillusions et les chagrins infinis.

    Fragments d'une existence contrastée.
    Reflets aussi d'un milieu à la fois cocon et carcan.

    Petite, j'avais une prédilection pour les mémoires de ceux qui entouraient les têtes couronnées. Femmes de chambre, gouvernantes, valets. J'appréciais ce regard plus intime posé sur des figures de l'histoire et sur une époque.

    En lisant cet ouvrage, j'ai eu l'impression de renouer avec cet intérêt là. Et de me retrouver plongée dans une saison de the Crown.

    Dame d'honneur constitue donc l'autoportrait d'une femme entre glamour et faste. Une femme qui doit se conformer aux règles tacites inhérentes à son rôle social et matrimonial. Une femme parfois en souffrance et qui n'est jamais vraiment libre d'être elle même

    Ce titre représente également un témoignage. Anne Glenconner nous permet, en effet, d'approcher la princesse Margaret et j'ai apprécié la manière dont elle parle d'elle. Avec une lucidité respectueuse. Avec une alternance de scènes drôles et plus tristes.

    Bref, vous l'aurez compris: un livre très intéressant. A la fois autobiographie et regard sur la famille royale et l'aristocratie anglaises. Un livre émouvant que j'ai trouvé également bien documenté en termes d'iconographie. Ce qui rend toujours plus vivant ce type d'œuvre. Un livre que je vous conseille donc si vous êtes fans comme moi de the Crown ou de ce type de récits.

    Traduit de l'anglais par Alice Delarbre. 

    Editions les Escales, 2021, 345 pages

  • Le Sixième ciel de L.P. Hartley

    Le Sixième ciel

    Eustache et Hilda II

    de

    L.P. Harltley

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    "J'ignorais que tu avais une sœur, Eustache.

    -Ah bon? A vrai dire, j'en ai deux.

    -Veux tu m'en parler?

    Eustache Herrington hésita. Stephen Hilliard était un ami d'une assez récente date."

     

    Après la Crevette et l'anémone, revoilà Eustache et Hilda pour un deuxième volet.

    Nous les retrouvons dans leur vingtaine, après le fracas de la Grande Guerre.

    Eustache est désormais étudiant à Oxford, après avoir obtenu une bourse.
    Et Hilda dirige une clinique où elle s'investit énormément.

    A la faveur d'un dîner, Eustache revoit Dick Staveley qui le convie ainsi qu'Hilda à Anchorstone pour un week-end en juin. L'occasion de retrouvailles avec les plages de leur enfance.
    L'occasion surtout de se confronter à une société différente.

    Je gardais un très beau souvenir de ma découverte du premier opus au printemps dernier. Aussi, j'ai été ravie de me replonger dans les nouvelles aventures de ces deux héros, toujours en compagnie de ma chère Cécile. 

    J'ai tout de suite apprécié le choix de ce saut dans le temps opéré par LP Hartley. Un choix qui se révèle habilement maîtrisé car, par le biais d'un échange inaugural entre Eustache et un comparse, tous les événements précédents nous sont résumés.

    Puis, l'action prend son envol. Une action dominée par le flux de conscience d'Eustache. En effet, entre chaque scène d'importance, surgit ce discours interne de notre héros. En proie à bien des dilemmes face à un océan de sensations qui l'assaillent. En proie aussi à un sentiment de flottement comme s'il n'appartenait pas pleinement à ce monde dans lequel il évolue. En proie finalement à bien des cauchemars. Des cauchemars qui donnent des clés de son avenir.

    Il y a un côté proustien dans cet Eustache adulte, dans les cercles qu'il dépeint et dans Hilda, cette sœur qui ne cesse de lui échapper. Un hommage d'ailleurs souligné par l'étude même de l'œuvre de Marcel Proust dans le cadre de son cursus à Oxford.

    Finalement, le seul bémol que je pourrais émettre concerne le découpage même de l'intrigue. Ce côté resserré sur quelques mois qui contraste face aux nombreuses pages autour d'un seul week-end, certes révélateur à bien des égards.

    Mais malgré cette légère réserve, je ne peux que souligner le talent de cet auteur à cerner tous les oscillements d'un être et à créer une galerie de protagonistes incarnés et marquants.

    Bref, vous l'aurez compris : une série que je vous recommande et dont j'attends avec impatience la suite.

    Traduit de l'anglais par Lisa Rosenbaum. 
     
    Editions La Table Ronde, Quai Voltaire, 2021, 294 pages
  • L'Effet Matilda

    L'Effet Matilda

    de

    Ellie Irving

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    "Je voulais commencer ce roman par une citation. M. Keegan, le directeur de mon collège, qui nous enseigne l'histoire le vendredi après-midi, dit que nos rédactions devraient toujours commencer par une citation qui plante le décor. 
     
    J'en voulais une sur les femmes de science célèbres, et vous savez quoi? Il n'en existe pas.  Pas des femmes de science; non ça, il y en a plein, même si personne n'est capable de citer le moindre nom. Sauf celui de Marie Curie, peut-être. J'ai lu des tas de choses sur elle. Non: il n'existe aucune citation sur les femmes de science. "


    Matilda est une petite fille très inventive qui ne cesse de créer et de chercher. Elle espère d'ailleurs que sa nouvelle invention sera distinguée au concours de son école. Mais c'est son ennemi qui l'emporte.

    Accablée par cette injustice, la petite fille accompagne à contrecœur son père à la maison de retraite de sa grand-mère. Et là elle découvre avec horreur que son aïeule s'est également fait dérober une récompense: celle du Prix Nobel qui va être remis dans les prochaines heures. En effet, va être récompensé un professeur qui s'est attribué la reconnaissance d'une nouvelle planète décelée par sa grand-mère.

    Pour rétablir la vérité, Matilda est prête à toutes les aventures. Et elle entraîne à sa suite sa grand-mère dans une incroyable course contre-la-montre entre l'Angleterre et la Suède.

    Ce roman jeunesse publié en 2017 s'inscrit dans toute une série de publications autour des femmes. Que ce soient par exemple avec les Culottées de Penelope Bagieu ou les Histoires du soir pour filles rebelles de Elena Favilli et Francesca Cavallo, il existe toute une mouvance de titres qui remettent à l'honneur le rôle des femmes dans les avancées.

    Ici, l'autrice s'attache plus particulièrement à l'effet Matilda, autrement dit la manière dont les femmes scientifiques ont vu leur contribution à la recherche minimisées voire oubliées. Dans son intrigue, l'effet Matilda se manifeste même doublement: à la fois pour l'héroïne et pour sa grand-mère. Comme un écho qui va structurer à la fois l'action même et permettre un rapprochement intergénérationnel.

    Outre la mise en lumière de cet effet et de ses répercussions, la relation entre la grand-mère et la petite fille a constitué un des ressorts qui m'ont le plus intéressée. Comme si ce voyage à travers l'Europe se révélait surtout un voyage initiatique. De ceux qui permettent de se révéler vraiment.

    Il n y a aucun temps mort dans cet ouvrage. Tout se succède à un rythme effréné, avec toujours une note d'humour et de burlesque. Mais c'est justement de ce tempo que surgit selon moi la faiblesse même de ce livre. Il y a trop de péripéties. Et certaines, au fil du périple, semblent sonner faux. Comme si à trop vouloir imaginer de connexions, l'autrice s'était un peu perdue.

    Bref, vous l'aurez compris : l'Effet Matilda m'a paru une lecture divertissante et très instructive (notamment par le biais des notes en tête de chapitres et par lexique final). Mais j'ai regretté le trop plein de rebondissements.

    N'hésitez pas à écouter nos avis avec Coralie dans l'épisode 117 des @bibliomaniacs. 
     
    Traduit de l'anglais par Virginie Paitrault, Castelmore, 2017, 316 pages