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époque victorienne

  • Griffes de Malika Ferdjoukh

    Griffes

    de

    Malika Ferdjoukh

    griffes, malika ferdjoukh, ecole des loisirs, medium, époque victorienne, enquête, roman adolescent, littérature ado, littérature jeunesse, roman époque victorienne, mystère, village, meurtres

     

    Une diligence sur la route. Gêne de cette proximité qui unit les voyageurs malgré eux. Et puis, un cahot et les langues se délient. Une femme prend la parole notamment. Elle voyage en direction de Morgan's Moor car elle a assisté à un meurtre. Un meurtre dont elle a vu le meurtrier et la victime. Et puis, cette griffe surgie dans la nuit et qui a été utilisée comme arme du crime. Quand la diligence s'arrête à Morgan's Moor, tout s'enchaîne comme elle l'avait décrit : le crime, le meurtrier qu'elle a reconnu, la griffe...

     

    Puis, les années passent et les crimes reprennent. Et si on s'était trompé de meurtrier ? Scotland Yard dépêche deux de ses inspecteurs : le superintendant Tanybwlch et son jeune adjoint Pitchum Daybright. Ils vont être secondés, un peu malgré eux, par Flannery Cheviot qui entend utiliser ses capacités de déduction pour identifier le ou les coupables. En dépit du danger qui rôde dans les bois et qui pourrait surgir à tout moment dans l'obscurité.

     

    Quel bonheur de retrouver la plume de Malika Ferdjoukh dont j'ai tant aimé les Quatre sœurs ainsi que Broadway limited ! Ici, elle s'attaque au genre policier dans une ambiance victorienne crépusculaire et réjouissante.

     

    Comme toujours, son œuvre fourmille de références : que ce soit ce superintendant féru de Charles Dickens ou cette scène qu'on croirait tout droit sortie des Quatre filles du docteur March (il y a même un docteur March dans son histoire), on est immergés en territoires connus. Il y aussi ces lectures de Jane Austen et ce Henry Tilney très près d'être beau. C'est toujours amusant de reconnaître des éléments aimés et de voir comment cette autrice les incorpore à son intrigue.

     

    Malika Ferdjoukh reprend certains codes des romans policiers : un mystère de chambre close, une idée de présence fantomatique et meurtrière qui erre dans les bois, un duo d'enquêteurs qui conjugue expérience et fougue de la jeunesse. Et elle les saupoudre d'une réflexion sociétale sur la misère de certaines jeunes femmes abandonnées à leur sort.

     

    Mais je crois que comme souvent, ce que j'ai préféré, c'est sa façon de croquer ses personnages, avec un regard à la fois amusé et tendre. Quelques adjectifs, quelques répliques et ils sont là devant nous. Comme par exemple, Flannery Cheviot, cette héroïne intrépide, qui entend démontrer toutes ses capacités de déduction et se lance avec beaucoup de courage sur la piste du meurtrier. Au grand dam d'un des enquêteurs, Pitchum qu'elle surnomme d'ailleurs Pitch et qui oscille entre énervement et fascination à son contact.

     

    Malika Ferdjoukh explore les relations entre chacun de ses protagonistes : qu'elles soient fraternelles, protectrices, intergenérationnelles, amoureuses, rivales. Elle propose des variations, des ajustements. Il y a le jaune d'une robe qui en dit beaucoup trop. Il y a les yeux de ceux un peu plus expérimentés qui sentent parfois avant les intéressés ce qui se jouent entre eux. Il y a les yeux aussi des plus jeunes qui expriment avec beaucoup d'humour et de justesse ce qui.

     

    Bref, vous l'aurez compris : j'ai beaucoup aimé cette lecture. A la fois pour son atmosphère victorienne, pour son cadre villageois, pour son intertextualité, pour son style et pour ses héros. Et je ne peux que vous conseiller Griffes qui m'a fait passer une si bonne journée. Un grand merci à toi Aurélie pour la découverte !

     

    Ecole des Loisirs, 2022, 438 pages

     

     

     

     

     

  • Le coeur battant du monde de Sébastien Spitzer

    Le cœur battant du monde

    de

    Sébastien Spitzer

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    Le cœur battant du monde, c'est dans ce Londres de 1851, celui de tous les espoirs. Ceux qui palpitent au creux de Charlotte qui rêve de rejoindre bientôt son amant en Amérique. Ceux qui bruissent dans la tête d'Engels qui croit à un avenir meilleur et qui soutient sans réserve son ami le Maure dans son combat.

    Le cœur battant du monde, ce sont ses machines qui déshumanisent et piétinent les rêves enfouis. Inexorablement. Comme si les idéaux ne pouvaient pas résister longtemps face à leurs mâchoires de fer et à cet argent qui jaillit des mains des riches industriels.

    Le cœur battant du monde, ce sont tous ces faibles broyés par cette loi du plus fort.

    Le cœur battant du monde, c'est ce récit à la manière de Dickens qui nous emporte sur leurs traces dans cette Angleterre vibrante des années 1850 à la fin des années 1860.

    Au centre de l'intrigue, un garçon que nous voyons devenir homme. Freddy, le fils de Karl Marx qui aurait dû disparaître mais qui a été recueilli par Charlotte. Elle l'a élevée comme une mère et a tenté de le protéger de ceux qui lui veulent du mal.

    En développant cette relation, l'auteur continue de creuser le sillon de l'amour maternel, déjà abordé dans son premier roman avec la figure de Magda Goebbels. Charlotte et Freddy s'élèvent et résistent ensemble face à la vague de misère qui ne cesse de vouloir les engloutir. Certaines de leurs scènes sont d'une beauté qui étreint le cœur.

    Mais cette interaction n'est pas la seule explorée dans cette trame. La dynamique entre Engels et le Maure/Marx est également finement analysée. Tout comme le trio amoureux autour d'Engels.

    De même, le récit permet de plonger dans l'effervescence de cette période industrielle. Les réfugiés Irlandais, la crise du coton liée à la Guerre de Sécession, les rébellions écrasées, la pauvreté, l'opium comme échappée belle, nous sont ainsi dépeints au fil des pages.

    Le cœur battant du monde constitue donc une fresque mouvante et tout simplement passionnante. L'écriture hachée épouse au plus près les émotions, les éclats de violence, les scènes d'action et les mouvements des machines. J'ai trouvé ce choix stylistique pertinent, même si, sans doute, certaines descriptions auraient gagné à se faire plus amples.

    Le cœur battant du monde, c'est cette phrase finale. Somptueuse. Ce sont tous ces éclats de poésie lovés au creux de chaque chapitre.

    Bref, un ouvrage qui confirme tout le bien que je pense de cet auteur dont j'avais tant apprécié le précédent opus. Et si vous aimez comme moi les ouvrages où la petite et la grande histoire s'entremêlent, laissez-vous tenter rapidement.

     

     

  • La découverte d'une nouvelle héroïne récurrente

    Penelope Green tome 1: La Chanson des enfants perdus

    de

    Béatrice Bottet

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    "Je vais me retrouver toute seule. Absolument toute seule"

    Londres, années 1880: Penelope Green , jeune femme de 18 ans, assiste à l'agonie de son père, James Alec Green, emporté par une pneumonie. Journaliste et enquêteur au Early Morning News, il lui demande de lui apporter tous ses dossiers afin de les trier. A la fin, il n'en reste qu'un: celui du 21 Foxglove Court. Il le met alors à brûler dans la cheminée et demande à sa fille de l'oublier.

    Mais quelques mois après, Penelope ne peut plus résister à la curiosité et décide de mener une enquête pour découvrir ce que dissimule Foxglove Court.

    Elle est bien loin de se douter que son goût prononcé pour l'aventure va lui faire croiser  un marin français; un club de vengeurs; des enfants musiciens.... Et va surtout la mettre en danger...

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    Depuis l'enfance, je suis fan des séries où les héroïnes mènent l'enquête. J'ai dévoré les histoires de Fantômette et d'Alice et plus récemment, je suis tombée sous le charme d'Enola Holmes, la petite soeur de Sherlock imaginée par Nancy Springer (j'ai déjà parcouru les six tomes qui lui sont consacrés).

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    Aussi, lorsque j'ai entendu parler sur divers blogs et sites des trois volumes de Penelope Green, je n'ai pu résister à la tentation.

    Tout d'abord, j'ai adoré le personnage. Béatrice Bottet a su créér une héroïne très attachante, dotée d'une forte personnalité et d'un courage hors norme. J'ai beaucoup apprécié également l'irrespect qu'elle montre vis-à-vis des convenances.

    En effet, elle ne se conforme pas aux normes en vigueur dans la société rigide de l'époque victorienne. Pour preuve, elle ne porte pas de corset, ne met pas ses vêtements de deuil le temps imparti, accepte d'être dans la même pièce qu'un jeune homme en l'absence d'un chaperon...

    Ce manque de respect donne d'ailleurs lieu à des scènes très drôles. Je fais notamment référence aux dialogues entre notre héroïne et Mrs Black, la domestique de la maison. Ou bien entendu aux entrevues avec Mrs Hillier et son fils Wilfrid qui tente de la convaincre de l'épouser.

    Ce roman permet donc de se faire une idée de la vie et de la condition des femmes sous le règne de Victoria. Les explorations de Penelope dans les quartiers défavorisés de la capitale anglaise (l'East End) donnent une vision de la misère  qui prédominait dans certaines couches de la population.

    De même, l'auteure a réussi à nous offrir, grâce à Cyprien, l'autre protagoniste important du roman qui sert de garde du corps à notre héroïne, une description du monde des marins.

    De plus, j'ai trouvé que l'intrigue policière était assez bien ficelée. Jusqu'au 2/3 de l'ouvrage, je ne voyais pas comment tout allait se conclure. Puis, peu à peu, j'ai commencé à deviner l'identité du ou des coupables.

    Bref, vous l'aurez compris: j'ai passé un bon moment de lecture en compagnie de Penelope Green et je la retrouverai avec plaisir dans ses prochaines aventures.

    Ce billet marque ma quatrième participation au Challenge victorien organisé par Arieste.

     

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    Casterman, juin 2011, 15 €, 311 pages