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  • Love letters to the dead de Ava Dellaira

    Love letters to the dead

    de

    Ava Dellaira

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    "Cher Kurt Cobain,

    Aujourd'hui, Mme Buster nous a donné notre premier devoir d'anglais: écrire une lettre à une personne décédée (comme si elle pouvait lui arriver au paradis, ou, mettons, à la poste des fantômes.) Son idée, c'est sans doute de nous faire écrire à un ancien président ou quelqu'un de ce style, mais moi, il me faut une personne à qui je puisse parler. Je ne pourrais pas parler à un président. A toi, si."

    Laurel vient d'entrer au lycée. Et un des premiers devoirs qu'elle reçoit de son professeur d'anglais consiste à écrire une lettre à un disparu.

    Elle choisit de s'adresser à Kurt Cobain. Parce que sa soeur May l'adorait et lui a fait découvrir. Parce que, comme elle, il est parti très jeune...

    Puis, de fil en aiguille, la liste de ses destinataires s'enrichit. Amy Winehouse, Heath Ledger, Amelia Earhart, John Keats...Autant de nouveaux interlocuteurs qui lui permettent d'exprimer ses joies, ses peines, ses doutes...

    Parce que Laurel a vécu bien des drames

    Parce qu'elle a perdu sa "fée"

    Parce que sa mère a fui

    Parce qu'elle dissimule en permanence tout ce qui bouillonne en elle

    Parce qu'elle est à l'âge des questionnements

    Parce que...

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    J'avais remarqué ce livre en raison de son titre assez intriguant. Et le billet de ma collègue Plumosaure m'avait donné envie de m'y plonger.

    Je l'ai entamé mercredi et en deux soirées, je l'ai achevé...

    J'ai beaucoup aimé la construction narrative de ce roman épistolaire. Ava Dellaira s'éloigne des schémas traditionnels pour opter pour des destinataires morts.

    Mais jamais des destinataires sélectionnés par hasard. Au contraire, leur choix semble être l'écho des émotions de la jeune femme.

    Dès les premières pages, on sent bien que cette adolescente n'a pas eu un passé des plus faciles. Outre le décès de sa sœur (suicide? accident? ), elle semble abriter d'autres fêlures. Des fêlures qui vont se révéler au fil des chapitres...

    L'année de ses 15 ans, elle va tenter d'oublier.

    L'année de ses 15 ans, elle va faire la connaissance de Nathalie, Hannah et de Sky

    L'année de ses 15 ans, elle va connaître sa première histoire d'amour

    L'année de ses 15 ans, elle va apprendre à vivre sans sa "fée" et à se définir sans elle

    L'année de ses 15 ans...

    A ce portrait sensible et extrêmement touchant d'une jeune fille qui lutte pour ne pas sombrer, se greffe une analyse de l'âge adolescent. Un âge de construction, de définition de soi...

    Chacun des protagonistes qui gravite autour de Laurel au lycée tente de trouver ses propres réponses.

    J'ai beaucoup apprécié leurs interactions, leurs dialogues, leurs révoltes...Et ils m'ont semblé être les cousins éloignés de Charlie, Alaska...

    En effet, avec cette première œuvre, Ava Dellaira se place immédiatement dans la lignée d'un John Green ou d'un Stephen Chbosky (pour lequel elle a d'ailleurs travaillé).

    Elle a su créer des personnages qui sonnent vrai et qui restent longtemps en mémoire.

    Et que dire de son style? J'ai été tout simplement bluffée par la maturité dont elle fait preuve. Je vous laisse juge avec ces quelques extraits:

    "J'espère que l'un de vous m'entend. Car ce monde ressemble à un tunnel de silence. J'ai constaté que certains moments vous restent parfois en travers du corps. Ils sont là, logés sous la peau, telles des graines, d'émerveillement, de tristesse ou d'angoisse, et autour d'elles la croissance poursuit son cours."

    Ou:

    "Aujourd'hui, après avoir lu ton poème, j'ai songé à devenir écrivain à mon tour. Même si je ne pense pas pouvoir en écrire d'aussi beaux que les tiens, je me suis dit que je pourrais peut-être faire quelque chose de tous les sentiments qui sont en moi, même de ceux qui touchent à la tristesse, à la peur et à la colère. Il suffit peut-être de raconter les histoires, même les plus dramatiques, pour ne plus leur appartenir. Pour se les approprier. Et peut-être que grandir, c'est comprendre qu'on peut être autre chose qu'un personnage qui va là où l'histoire le pousse. C'est comprendre que cette histoire, on peut aussi en être l'auteur."

    Bref, vous l'aurez compris: Love Letters to the dead se révèle un roman extrêmement bien écrit et poignant. De ceux qui sont capables de nous faire passer du rire aux larmes. De ceux qui nous rappellent l'importance d'aimer les siens. De ceux qui, une fois refermés, nous accompagnent longtemps. Une ode à la vie que je ne peux, bien entendu, que vous conseiller.

    Michel Lafon, 2014, 318 pages

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  • Un jour j'irai chercher mon prince en skate de Jo Witek

    Un jour j'irai chercher mon prince en skate

    de

    Jo Witek

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    "Il était une fois, moi. 14 ans, 1,65 m, 58 kg, une humaine du genre féminin. Tour de poitrine? Vraiment rien à signaler: c'est génétique, maman a le même. Je ne suis pas du genre à faire tourner les têtes. [...]

    Si vous avez mon âge et que vous n'avez jamais embrassé de garçon ou de fille, ne paniquez pas! Cette histoire est pour vous et pour tous ceux qui se sentent rejetés des grandes romances."

    Fred a 14 ans et des allures de garçon manqué avec ses baskets, ses jeans troués et son éternel skate.

    Pendant longtemps, elle a attendu son prince charmant...Mais depuis deux ans, elle a commencé à remettre en cause ce concept défendu par les contes de son enfance.

    "Maintenant que j'ai deux ans de plus, et une certaine maturité, je sais que nous sommes nombreuses à ne pas faire partie de ces "personnes de qualité" qu'invitent les princes de contes de fées. Trop grosse, trop maigre, trop garçon, trop moche, trop intello ou pas assez riche...nous sommes très nombreuses à être des "trop" ou des "pas assez" pour leur plaire."

    Aussi, Fred a renoncé à faire partie des heureuses élues et a préféré rentrer dans le rang des bonnes copines...

    Et si des vacances dans une maison familiale allaient la pousser à tout changer et à se révolter contre cet ordre établi?

     

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    J'avais déjà eu l'occasion de parler de trois autres titres dans la collection "Romans ados" chez Actes Sud: Blog et Replay de Jean-Philippe Blondel ainsi que Ma réputation de Gaël Aymon. C'est une collection que j'apprécie beaucoup pour son format et la force de ses écrits.

    Je n'ai donc pas hésité avant de me lancer dans cet ouvrage nouvellement acquis par la médiathèque.

    Surtout que le titre a immédiatement capté mon attention. "Un jour j'irai chercher mon prince en skate" peut résonner comme un slogan de programme.

    Un programme pour se détacher de tous les modèles ingérés dès la plus tendre enfance à la lecture des contes de fées.

    Un programme pour apprendre que le prince ne viendra pas forcément tout seul et qu'il ne faut pas se contenter d'attendre.

    Un programme pour être une jeune femme sûre de soi et de ses charmes, même si on ne ne correspond pas à la princesse décrite dans les histoires de Perrault, Grimm...

    C'est ce programme que suit Fred au fil des chapitres.

    Depuis toute petite, elle a cru au prince charmant. Dès la puberté et les premières boums, elle l'a guetté. Puis, comme il ne venait pas, elle a tenté d'abdiquer et de laisser passer ce bonheur que beaucoup vivaient.

    Mais tout va changer grâce à la rencontre avec sa bonne marraine la fée. Sauf que dans ce livre, la bonne marraine, c'est le vilain petit canard de la famille, celle qui est issue d'une relation hors mariage et qui a été élevée par la femme de son père. Elle ne vit jamais longtemps ses amours, ressemble à une punk et ne tient jamais en place.

    Néanmoins, par un coup de baguette magique, elle va réussir à donner confiance à Fred et à la placer sur le chemin de la réussite.

    Cependant, comme dans tout conte qui se respecte, ce chemin n'est pas dépourvu d'embûches...Autant d'embûches qui vont aider notre héroïne à grandir et à s'affirmer.

    J'ai beaucoup apprécié cette reprise et ce détournement de tous les codes de contes de fées: construction, personnages, schémas narratifs...Une belle manière de rendre hommage aux récits qui nous ont bercé dès la naissance tout en montrant leurs limites et les problèmes qu'ils peuvent causer dans la perception du monde et des interactions sociales.

    Amour, confiance, acceptation, peur du rejet, volonté de se conformer au modèle des autres, affirmation de son identité, mort, tristesse, sens de la famille...constituent les ingrédients de ce roman que j'ai trouvé particulièrement réussi.

    Je connais peu d’œuvres qui osent s'attaquer avec autant de justesse aux rôles répartis depuis la prime enfance, notamment en matière de rencontres amoureuses.

    Et justement c'est un titre que j'aimerais placer dans les mains de toutes celles qui doutent, qui se remettent en cause et qui ne croient plus en leur charisme...

    Une sorte de prescription qui ferait tout simplement du bien.

    Bref, vous l'aurez compris: j'ai été vraiment séduite par ce livre qui bat en brèche tous les modèles des contes de fées et qui fait réfléchir sur l'amour et la nécessité d'aller vers l'autre.

    Actes Sud Junior, 2013, 126 pages

  • Le Petit Chaperon qui n'était pas rouge

    Le Petit Chaperon qui n'était pas rouge

    un album de Sandrine Beau

    illustré par Marie Desbons

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    "Il était une fois une petite fille qui vivait au bord d'une forêt, dans le nord de la Russie.

    Sa grand-mère, qui tricotait, la gâtait beaucoup.

    Elle lui avait fait un long manteau bleu, de petits gants bleus, et lui avait cousu une chaude chapka bleue. Si bien que tout le monde l'appelait le "Petit chaperon bleu".

    Au nord de la Russie, dans une maison près d'une forêt, vivent Anouchka, surnommée le Petit Chaperon bleu, en raison de la couleur de son manteau, de ses gants et de sa chapka, et sa maman.

    Un jour, cette dernière demande à sa fille d'amener un pot de miel à sa grand-mère qui habite de l'autre côté de la forêt.

    "Porte vite ce petit pot de miel à ta grand-mère malade. Elle t'attend. Et ne traîne pas en route, Anouchka! La forêt est profonde et pleine d'animaux dangereux."

    Et voici le Petit Chaperon bleu parti...

    En chemin, elle croise un abominable ours, un menaçant tigre de Sibérie et un agressif...lapin. Autant d'obstacles qui pourraient l'empêcher d'arriver à bon port.

    Mais c'est sans compter l'ingéniosité de notre héroïne.

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    Je suis très friande de contes détournés. Aussi, quand cet album librement inspiré du Petit Chaperon rouge, est arrivé à la médiathèque, je me suis précipitée dessus.

    Sandrine Beau a choisi de situer son conte en Russie. Comme dans l'original, une petite fille doit traverser une forêt emplie de dangers pour aller rendre visite à sa mère-grand. Mais en place de la galette et du petit pot de beurre, elle doit apporter un pot de miel et sa balalaïka pour jouer ses morceaux fétiches.

    Dans les bois, elle ne croise aucun loup. Mais un ours et un tigre qu'elle parvient à apprivoiser (je ne vous révèlerai pas par quels stratagèmes). Enfin, ultime étape de son voyage: un lapin qui pourrait se révéler beaucoup plus dangereux que prévu et nous faire penser au loup de la version originale...

    J'ai beaucoup apprécié ce choix d'"ennemi". Surtout que le lapin de prime abord ne paraît pas constituer une réelle menace...

    Tout comme j'ai aimé ce dénouement tellement inattendu et si drôle. Je ne vous en dirai pas plus afin de ne pas le gâcher mais sachez quand même que chacun peut y trouver son compte.

    L'auteure a donc accompli un beau travail de transposition à la fois humoristique et original.

    Cet album permet également de voyager en Russie grâce aux magnifiques illustrations de Marie Desbons. Tant les couleurs vives que les graphismes contribuent à cette évasion. Et que dire de la grande douceur qui se dégage de ces images?

    Bref, vous l'aurez compris: Le Petit chaperon qui n'était pas rouge constitue un hommage réussi et réjouissant au conte de Charles Perrault.

    Editions Milan, 2014

    Billet dans le cadre du challenge Il était...une fois les contes de fées de Bianca.

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