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Premier bilan du Challenge Première Guerre mondiale
Avant de relancer le challenge Au service de... en fin de semaine, je voulais dresser un premier bilan de l'autre challenge que j'organise autour de la Première Guerre mondiale.
Voilà presque six mois qu'il a débuté et voici le récapitulatif de vos billets. N'hésitez pas à me signaler tout lien manquant.
Un bilan varié, de très belles invitations à découvrir de nouveaux romans, bandes dessinées ou séries...Laissez-vous tenter et n'hésitez pas si vous souhaitez vous joindre à nous.
"Nous étions fans du moka de la salle d'attente du centre de soins de jour de l'hôpital Sloan-Kettering. Le café n'était pas très bon et le chocolat plus mauvais encore. Mais nous avions découvert, Maman et moi, en pressant sur la touche Moka, que le mélange de deux ingrédients très moyens pouvait donner quelque chose de relativement délicieux. Les crackers n'étaient pas mal non plus."
A la fin de l'automne 2007, Mary Schwalbe est diagnostiquée d'un cancer du pancréas stade 4. Alors qu'il l'accompagne pour une prise de sang, avant le début de sa chimio, son fils Will lui demande ce qu'elle lit. Et cette question, somme toute anodine, va entraîner la création d'un club de lecture informel.
"Les livres ont toujours représenté pour ma mère et moi un moyen d'aborder et d'explorer les sujets qui nous concernaient et nous mettaient mal à l'aise. De même qu'ils nous ont servi d'exutoire chaque fois que nous nous sentions tendus ou angoissés. Dans les mois qui ont suivi le diagnostic, nous avons de plus en plus parlé de livres [...] nous avons créé sans même nous en apercevoir un club de lecture inhabituel qui ne comportait que deux membres."
Très vite, ce club de lecture permet à cette mère mourante et à ce fils de se dire des choses essentielles. Comme si les échanges entre ces deux sensibilités avaient besoin de ce langage commun. Comme si les livres libéraient leur parole.
Et c'est à cette expérience émouvante que nous convie Will Schwalbe.
J'avais lu de très bonnes critiques sur le blog de Bianca et des Petites madeleines. Aussi, quand cet ouvrage est arrivé à la médiathèque, je me suis jetée dessus et je l'ai dévoré.
Dès les premières phrases, on est happés par ce récit.
Dès l'annonce du diagnostic, on sait comme Mary, Will et tout le reste de la famille que les jours sont comptés.
Certes, Le Parfum de ces livres que nous avons aimés parle de maladie. De cancer. De traitement. De lutte. D'adieux. De mort.
Certes, nous suivons Mary de salle d'attente en séances de chimio, de séances de chimio en rendez-vous avec les médecins...
Certes, nous observons son déclin physique.
Certes, la tristesse n'est jamais loin.
Mais malgré tout, ce n'est pas ce que je retiendrai de ce livre.
Non, ce que je retiendrai, c'est ce portrait d'une femme extraordinaire.
Mary Ann Schwalbe a travaillé pour les prestigieuses administrations de Radcliffe et de Harvard. Puis, elle s'est intéressée à la cause des réfugiés, a voyagé à leur rencontre, a vécu dans un camp thaïlandais, a fondé la Commission des femmes pour les réfugiées et les enfants réfugiés. Dans ses dernières années, elle a œuvré pour la création d'une grande bibliothèque à Kaboul et de bibliothèques itinérantes en Afghanistan.
Au fil des pages, lors de ses conversations avec son fils cadet ou de ses interventions dans de nombreux dîners, remises de diplômes..., on découvre ainsi son parcours et on ne peut ressentir que de l'admiration pour son destin, ses combats.
A cette déclaration d'amour extraordinaire de Will pour sa mère se greffe une autre déclaration d'amour: celle pour la lecture et les livres en général.
Les livres comme mode d'emploi/Les livres comme médicament/Les livres comme source d'expression...
"Il nous reste à tous beaucoup plus de livres à lire qu'on n'en pourra lire et beaucoup plus de choses à faire qu'on n'en pourra faire. Pourtant, Maman m'a appris que lire n'est pas le contraire de faire, mais celui de mourir. Je ne pourrai jamais plus lire les livres préférés de ma mère sans penser à elle-et je sais que lorsque prêterai ou recommanderai l'un de ces ouvrages, quelque chose de ce qui l'aura habitée passera dans leurs pages, qu'une part de ma mère vivra en ces lecteurs, qui éprouveront peut-être l'amour qu'elle a éprouvé et qui reproduiront peut-être à leur façon ce qu'elle aura accompli dans le monde."
De nombreux auteurs sont évoqués: Somerset Maugham, Irène Nemirovsky, Muriel Barbéry....Tous ceux qui ont accompagné les derniers mois de cette femme si charismatique.
Certains titres touchent notre domaine de connaissance et on s'amuse à voir si on partage leur analyse. D'autres, au contraire, suscitent notre envie et je dois avouer que je suis ressortie avec une liste de nouveaux désirs d'achats.
Bref, vous l'aurez compris: ce témoignage constitue une belle leçon de vie, de courage, d'humanité. Tout en pudeur et en sensibilité. Et un coup de cœur.
"Maman m'a appris que nous pouvosn agir sur le monde et que les livres sont vraiment importants: grâce à eux, nous savons ce que nous devons faire de nos vies et comment le dire aux autres. Maman m'a aussi enseigné, au cours de ces deux années, de ces dizaines de livres et de ces centaines d'heures passées à l'hôpital, que les livres peuvent servir à rapprocher les êtres et à maintenir la proximité, même entre une mère et un fils déjà proches, et même après la mort de l'un d'entre eux."
Pernelle se massa les épaules, ultime répit avant de se jeter dans la mêlée: malgré l'heure matinale, la fontaine de la Halle était assaillie de monde; ça chahutait, ça criait, ça se bousculait autant que dans une basse-cour à l'heure du grain."
En ce mois de mai 1499, Pernelle, une jeune fille de 13 ans, exerce le métier de porteuse d'eau. Elle contribue ainsi au mince pécule familial.
Mais ce matin-là, sa tournée va lui permettre de faire une rencontre déterminante. En effet, elle croise Enzo, un garçon italien venu étudier dans la capitale, et elle lui confie son ambition d'apprendre à lire. Et s'il le réalisait?
Mais rien n'est simple pour notre héroïne. Très vite, la maladie de son père et les accusations de sorcellerie à l'encontre de sa mère la poussent à grandir et à faire face à des responsabilités d'adultes.
Et, dans un tel contexte, comment trouver la force de poursuivre ses objectifs?
J'avais remarqué ce roman dans un des billets de Bianca et tant la couverture que le titre m'avaient donné envie de m'y plonger. Aussi, je me suis lancée dans cette lecture commune avec ma copinaute.
J'ai tout de suite accroché au personnage de Pernelle. Cette héroïne a des rêves pleins la tête et elle se donne les moyens de les réaliser. Une manière pour Anne Pouget de parler d'un sujet qui me touche tout particulièrement, comme vous le savez déjà si vous suivez régulièrement mon blog, la place des femmes dans la société et dans l'histoire.
Dans ce Paris de la Renaissance, on en apprend plus sur les conditions de vie de la gent féminine. Pernelle, sa mère Richarde et Hermance: trois figures qui tentent de survivre mais surtout de mener à bien leurs passions. Or, ce n'est jamais facile et comme le rappelle le procès de Richarde, ce n'est jamais exempt de risques.
De même, cette réflexion sur la condition des femmes s'accompagne d'une description minutieuse de la vie dans la capitale à la fin du 15ème siècle. On se promène, des rives de la Seine où les ponts menacent de s'effondrer et où le spectre de la "grenouille" plane aux des ruelles de Notre-Dame. On voyage également à Venise. Tous ces itinéraires nous permettent de découvrir les coulisses des tribunaux parisiens, les boutiques de libraires, les premiers imprimeurs, la vie dans les collèges, le milieu étudiant...
On apprend donc beaucoup de choses au fil de ces 197 pages. Et justement c'est peut-être le tort qu'on pourrait faire à ce roman jeunesse: afin de nous amener à ce degré de connaissance, l'auteur a dû multiplier les ressorts de l'intrigue, jusqu'à la rendre quelque peu invraisemblable. On a du mal à croire qu'une jeune fille de cette catégorie sociale ait pu faire toutes ces rencontres (Erasme entre autres) et obtenir tous ces soutiens.
Mais cette apparence un peu trop "conte de fées" ne doit pas pour autant occulter les indéniables qualités de cet ouvrage: outre son encyclopédisme, La Porteuse de mots comporte de jolis personnages, à l'instar de Pernelle et de Rutebeuf, l'ami simple et au cœur d'or de la famille.
Et cette œuvre met également en lumière des personnes ayant réellement existé, tels que Barthélémy de Chassanée (un avocat spécialiste des procès d'animaux. L'occasion d'assister à des scènes très drôles de tribunal) ou Aldo Manunzio, cet imprimeur de génie qui a contribué à l'essor des idées humanistes.
Bref, vous l'aurez compris: j'ai passé un bon moment en compagnie de ce roman historique très documenté et qui nous permet une incursion dans l'univers si riche de la Renaissance.