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des romans anglais - Page 16

  • L'Héritage Boleyn de Philippa Gregory

    L'Héritage Boleyn

    de

    Philippa Gregory

     

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    "Jane Boleyn

    Blickling Hall, Norfolk

    Juillet 1539

    Il fait chaud, aujourd'hui; un vent brulant souffle une puanteur pestilentielle sur les landes marécageuses. Mon époux vécût-il encore, ce temps inclément ne nous retiendrait point captifs, l’œil fixé sur l'aube crayeuse et morne, mais nous trouverait à la suite du roi dans les riches provinces du Hampshire et du Sussex, juchés sur de magnifiques montures, guettant l'océan."

    Jane Boleyn se languit dans son manoir de Blickling Hall. En 1536, suite à son témoignage accablant, son époux George Boleyn et sa belle-soeur, Anne Boleyn ont été exécutés. Pour la récompenser de sa loyauté, le roi Henri VIII a préservé l'"héritage Boleyn" et lui a confié  la charge de dame d'honneur de la nouvelle reine Jeanne Seymour. Mais cette dernière est morte en couches et depuis, Jane Boleyn n'a plus de position à la cour. Elle espère être bientôt rappelée quand le souverain se remariera.

     

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    Anne de Clèves par Hans Holbein le Jeune

     

    Au même moment, dans le duché de Clèves, la jeune Anne pose pour le peintre Hans Holbein le Jeune. Ce dernier a pour mission de représenter toutes les prétendantes d'Henri VIII. Et Anne espère que son  portrait rencontrera l'agrément de ce roi.

    "Cependant, son choix doit se porter sur moi. J'y suis absolument résolue. Cela seul me permettra d'échapper à cet endroit."

    Pendant ce temps-là, à Norfolk House, Catherine Howard, une adolescente de 13 ans, confiée aux bons soins de sa grand-mère, compte les minutes qui la séparent de ses retrouvailles avec le fringant Francis Dereham.

     

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    Catherine Howard

     

    Trois femmes à un croisement de leur vie...Trois femmes dont le destin va être infléchi par le roi Henri VIII.

    Ce dernier n'est plus que l'ombre du beau et fringant jeune homme décrit par la Cour en son début de règne. Il n'a jamais pu guérir d'une blessure reçue lors d'un tournoi en 1536 et se promène désormais avec une plaie purulente et nauséabonde à la jambe. De plus, il a dû renoncer à tout exercice et a vu son embonpoint doubler.

    Aussi, quand il vient par surprise à la rencontre d'Anne de Clèves sur sa route vers la capitale et qu'il l'embrasse, il provoque chez sa promise une réaction de dégoût.  Elle ne peut s'empêcher de s'essuyer violemment la bouche et de cracher par terre.

    Choqué, décontenancé, le roi Henri VIII ne sait comment réagir. Finalement, une des suivantes d'Anne de Clèves, la petite Catherine Howard, parvient à lui rendre un peu de sa majesté par un compliment adroitement placé.

    Les épousailles d'Henri VIII et d'Anne de Clèves débutent donc sous de mauvais auspices. Le roi ne peut honorer sa femme. Et sa haine envers elle ne cesse de grandir. Alors que son attirance pour Catherine Howard ne cesse de s'accroître.

    Par conséquent, il décide de trouver le moyen de se débarrasser de la duchesse allemande. Et s'il la faisait accuser de sorcellerie?

    Dans cet ouvrage, on suit donc le règne d'Henri VIII entre 1536 et février 1542, date de l'exécution de Catherine Howard. Des années marquées par les dissensions entre Catholiques et Protestants, les luttes intestines pour le pouvoir entre le duc de Norfolk et Cromwell et deux mariages royaux.

    Deux mariages avec deux femmes radicalement opposées. Ce qui est d'autant plus souligné par la construction narrative où les points de vue de Catherine et d'Anne s'enchaînent. A la naïveté, la coquetterie, le désir de vivre et de plaire, le pouvoir de séduction, l'imprudence de l'une répondent le sens du devoir, l'intelligence, le courage, la compassion de l'autre.

    Deux pions soumis au bon vouloir des hommes qui disposent d'elle au gré des alliances et de leur bon plaisir. Deux pions souvent manipulés et utilisés pour accomplir les desseins de certains puissants.

    Deux pions tour à tour espionnés et aidés par une troisième femme qui occupe également le devant de la scène dans ce roman: Jane Boleyn qui a trahi sa belle-sœur et son époux pour conserver son rang et qui se sert des deux femmes pour conforter sa position à la Cour et dans les faveurs d'Henri VIII et du duc de Norfolk.

    Mais dispose telle de tant de marge de manœuvre? Et ne se leurre telle pas finalement?

    Trahison, désir, passion, complots, alliances, jalousie...constituent autant d'ingrédients de ce roman historique.

    On s'attache à Anne et Catherine (même si la seconde m'a paru souvent trop frivole, j'ai été émue par son destin et celui de Thomas et Francis).

    On s'indigne de la condition des femmes à cette époque.

    Et, même si on connaît le sort réservé à ces héroïnes, on est happés par ce récit, habilement découpé et écrit.

    Bref, vous l'aurez compris: un roman historique très intéressant et qui m'a permis de mieux découvrir les dernières années du règne d'Henri VIII.
    Archipoche, 2011, 500 pages

    Billet dans le cadre du challenge un pavé par mois de Bianca

     

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  • Cette sacrée vertu de Winifred Watson

    Cette sacrée vertu

    de

    Winifred Watson

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    "9h15-11h15

    La pendule sonnait neuf heures et quart, lorsque Miss Pettigrew poussa la porte du bureau de placement. Comme d'habitude, elle n'avait guère d'espoir; mais cette fois la directrice, Miss Holt, la salua d'un sourire un peu plus engageant."

    Miss Pettigrew, la quarantaine bien sonnée, est une fille de pasteur qui tente de se trouver un poste de gouvernante. En dépit de ses dernières mauvaises expériences.

    Elle sait que si le bureau de placement ne lui propose rien, elle sera à la rue ce soir car sa logeuse lui a posé un ultimatum.

    Mais, miracle!, ce matin-là à 9h15, Miss Holt lui confie une fiche. Une certaine Miss Lafosse, 5, Onslow Mansions chercherait à employer une gouvernante.

    A 10h précises, Miss Pettigrew sonne à la porte.

    A 10h05, au bout de cinq longues minutes d'attente, "une jeune femme parut. [...] Elle était belle comme une héroïne de cinéma. "

    Notre protagoniste est bien loin de se douter que cette rencontre va lui faire vivre la journée la plus mémorable de son existence.

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    J'aime bien parcourir certains blogs anglais, amateurs de littérature vintage, et lire les avis sur Whoopsy Daisy. C'est ainsi que j'ai repéré ce titre et j'ai été ravie de le croiser dans une librairie d'occasion la semaine dernière.

    Miss Pettigrew a tout de l'anti-héroïne: fille de pasteur, elle n'a jamais connu de libertés et a obéi à toutes les interdictions concernant les sorties, les fréquentations, la boisson, les tenues..

    A quarante ans, elle se retrouve toute seule. "Mais, dans le monde entier, on n'eût pu trouver ami ou parent qui sût ou se souciât de savoir si Miss Pettigrew était vivante ou morte"

    De plus, elle connaît de graves difficultés financières. Ce poste chez Miss Lafosse représente un peu sa dernière chance.

    Sa dernière chance de gagner un salaire et de payer son loyer, certes...Mais, comme elle va le découvrir au fil des heures, sa dernière chance de changer son existence et de vivre enfin...

    La jeune femme, chez laquelle elle est envoyée, exerce le métier de chanteuse dans un night club. Elle espère obtenir prochainement une revue. Et jongle entre trois amants.

    Phil, le premier, est encore chez elle à l'arrivée de Miss Pettigrew et cette dernière se voit contrainte de le chasser. Puis, elle tente de cacher toutes les traces de sa présence à Nick, le second...

    S'enchaînent ainsi de nombreuses scènes de vaudevilles. Les situations comiques sont toujours présentées avec beaucoup d'ironie et d'humour "so british".

    Tout comme la gouvernante, le lecteur en vient à guetter les coups de sonnette.

    "Un coup de sonnette, chez Miss Lafosse, était le prélude d'une aventure. Ce n'était pas un appartement ordinaire où le timbre de la sonnette annonçait le boucher, le laitier ou le boulanger. La sonnette de Miss Lafosse signifiait un évènement, un drame, une nouvelle crise à affronter."

    A chaque chapitre (découpé en plages horaires), son lot de surprises...Toutes ces nouvelles venues (et les verres qui les accompagnent) vont émousser peu à peu les principes moraux de notre héroïne.

    Cette dernière s'amuse follement. Et souvent, alors qu'elle n'a pas vécu, fait preuve d'un bon sens incroyable et règle, parfois à son corps défendant, les conflits amoureux de ses nouvelles amies.

    "Alors, pour le restant de ses jours, et surtout aux heures de détresse, elle revivrait en pensée l'unique jour de joie qu'il lui avait été donné de vivre"

    Puis, à l'instar de Cendrillon, grâce à ses bonnes fées, elle subit une transformation physique radicale et les accompagne au bal. Et si sa route croisait celle d'un prince charmant?

    On rit beaucoup à la lecture de ce roman. Les scènes, les répliques, les réflexions intérieures de Miss Pettigrew complètement sortie de sa zone de confort, l'ironie de la plume de Winifred Watson y contribuent.

    Mais, derrière cette légèreté, affleurent certaines questions et réflexions sur la pauvreté et le célibat. Au fil de la journée, notre héroïne repense à sa situation, à ce qu'elle a manqué...Par  conséquent, elle profite d'autant plus de cette parenthèse enchantée avant que son carrosse ne se métamorphose en citrouille.

    Bref, vous l'aurez compris: un merveilleux roman vintage. Un conte moderne profondément drôle et divertissant que je vous recommande.

    Seul bémol: la traduction du titre. Comme vous pouvez le lire sur cette très belle couverture des éditions Persephone Books, l'ouvrage s'intitule en VO "Miss Pettigrew lives for a day". Dommage que l'idée n'ait pas été gardée en français...

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    Editions 10/18, 2006, 221 pages

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  • Maisie Dobbs de Jacqueline Winspear

    Maisie Dobbs

    de

    Jacqueline Winspear

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    "La mince jeune femme fut la dernière à franchir le tourniquet à la station de métro de Warren Street. Jack Barker l'aurait de toute façon remarquée. Vêtue d'une longue veste bleue marine et d'une jupe plissée assortie qui laissait voir de jolies chevilles, elle avait indéniablement ce que la vieille mère de Jack appelait du "maintien". Elle marchait, épaules rejetées en arrière et tête droite, tenant comme elle pouvait un porte-documents un peu fatigué tandis qu'elle enfilait ses gants"

    A Londres, en 1929, Maisie Dobbs est une jeune femme qui vient de s'établir toute seule comme détective privé.

    Un mois après son installation, elle se voit confier sa première affaire. Un certain M. Davenham s'inquiète des absences répétées de sa femme les mardis et jeudis après-midi et souhaite découvrir les raisons qui entourent ces disparitions mystérieuses.

    "Je la découvrirai pour vous cette vérité. Mais nous devons nous mettre d'accord sur un point-quand je vous remettrai mon rapport, et que vous saurez la vérité, il nous faudra évoquer ensemble l'avenir"

    Maisie part donc sur les traces de Mrs Davenham. Elle est bien loin de se douter que cette enquête va la mener vers une ferme emplie de blessés de guerre. Et que surtout, elle va réveiller des souvenirs bien douloureux....

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    J'ai entendu parler pour la première fois de cette héroïne, née sous la plume de Jacqueline Winspear en 2003, dans le cadre du mois anglais. Mais les quelques billets lus à cette occasion m'ont convaincue et je n'ai pas tardé à m'acheter ce premier opus.

    Une fois lancée dans cet ouvrage policier, je dois avouer que j'ai été quelque peu décontenancée. En effet, j'ai trouvé que le début s'étirait en longueur et ne présentait pas grand intérêt.

    Puis, au fil des pages, je me suis habituée à cette lenteur, à cette absence d'intrigue policière proprement dite et au peu d'action.

    Ce qui prédomine dans Maisie Dobbs, ce n'est pas tant le crime et sa résolution. Non, ce qui prend le dessus, c'est tout le ressort psychologique (les liens entre les différents protagonistes, leur évolution...)

    On découvre tout le passé de notre héroïne lors d'un flashback qui occupe le second tiers du livre.

    Au début de l'adolescence, elle est engagée dans la demeure de Lord et Lady Crampton . Fascinée par la bibliothèque, elle décide de se lever en secret toutes les nuits plus tôt pour farfouiller dans les étagères et apprendre. Un soir, elle est surprise par sa maîtresse.

    Au lieu de se faire congédier, elle se voit proposer un marché: elle continuera à assurer ses devoirs de domestique tout en consacrant désormais un après-midi tous les quinze jours à ses études.

    Les années passent...L'apprentissage de Maisie se poursuit. Apprentissage savant certes....Mais apprentissage également des relations, de l'amitié, de l'amour...

    La guerre éclate. Maisie s'engage comme infirmière sur le front. Et tout son monde va se trouver bouleversé...

    Je me suis attachée à cette jeune femme si avide de culture, si droite, si pure, si intègre, si intelligente, si volontaire...Et c'est à partir de là que j'ai commencé à réellement apprécier ce roman.

    De même, j'ai aimé faire la connaissance de toutes la galerie de personnages secondaires qui gravite autour d'elle: Billy Beale, Lady Rowan, Maurice Blanche....Autant d'hommes et de femmes que je prendrais plaisir à retrouver dans le prochain volet.

    De plus, Jacqueline Winspear se révèle très talentueuse à restituer l'atmosphère qui devait régner en ce début de 1929. La crise n'a pas encore éclaté. Le choc du premier conflit ne s'est bien entendu pas estompé. Chacun sait que, désormais, tout peut basculer du jour au lendemain.

    Choc physique...Choc moral...Aucun des protagonistes ne s'est remis de cette guerre totale. Tous-pour diverses raisons- en sont ressortis profondément meurtris.

    "Je dors pas, voilà tout. C'est comme ça depuis que je suis rentré de France. Ça fait des années. Il suffit que je ferme les yeux pour que tout revienne [...] Je sens presque l'odeur du gaz. Parfois, je n'arrive plus à respirer. Et quand je finis par m'endormir, c'est pour me réveiller en train de lutter pour respirer. Et puis, il y'a ces battements dans ma tête. On ne les oublie jamais ces grondements-les obus qui explosent..."

    Les cicatrices se portent partout: tant à l'intérieur qu'à l'extérieur. Pour ceux qui ne supportent plus de se confronter au monde extérieur, des endroits ont été créés pour panser leurs plaies. A l'instar de cette "Retraite", refuge de nombre gueules cassées, où l'enquête va redémarrer...

    Bref, vous l'aurez compris: malgré un début qui ne m'a pas enthousiasmée, j'ai passé un très bon moment en compagnie de ce premier volet des aventures de Maisie Dobbs. Et je pense que je ne tarderai pas à me plonger dans la suite.

    Le Livre de Poche, 2007, 381 pages, 6,95 €

    Billet dans le cadre du Challenge Première Guerre mondiale

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