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des romans anglais - Page 6

  • Le Pianiste de Hartgrove Hall

    Le Pianiste de Hartgrove Hall

    de

    Natasha Solomons

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    "Edie chanta à ses propres funérailles. Il n'aurait pu en être autrement. La plupart des gens l'avaient d'abord connue par sa voie. Il fallait quelques semaines, voire des mois, aux nouvelles relations pour concilier cette voix, une voix qui vous électrisait avec ce petit bout de femme aux yeux gris munie d'un grand sac à main. Grive musicienne, elle chantait comme un rossignol. Ce dernier surnom -"le petit rossignol"- était celui qui, d'après moi, lui convenait le mieux."

    Poussez les portes de Hartgrove Hall et faites la connaissance de Fox, notre héros, sur deux périodes de vie très distinctes.

    Celle des années 2000 où il vient de perdre sa femme et où son inspiration musicale s'est évanouie. Comme si les notes se refusaient désormais à lui.

    Celle des années 45/50, juste après la Seconde Guerre mondiale, où il hésite entre rester avec ses frères pour sauver le manoir familial et écouter l'appel de la musique.

    Deux périodes comme des échos. Deux périodes qui s'imbriquent et se répondent.

    J'avais vraiment apprécié le roman Le manoir de Tyneford. Aussi, j'étais contente de redécouvrir la plume de Natasha Solomons. Mais nos retrouvailles ont mis du temps à s'opérer. Je crois que ce qui m'a désarçonnée, c'est cette arcane contemporaine qui donnait bien des réponses aux enjeux du passé. Comme si l' important ne se tenait pas là.

    Il m'a fallu accepter ce pacte narratif pour entrer de plein pied dans cette intrigue et me laisser porter par le charme de ce livre.

    La musique constitue le cœur palpitant de ces pages. La musique comme une passion dévorante et solitaire qui peut éloigner de sa famille. La musique comme un lien qui relie ceux qui ne vivent que pour elle. La musique comme un moyen de collecter ce temps qui passe et de garder à jamais l'atmosphère d'un lieu et de préserver les sensations. La musique comme début et comme fin. La musique et ses dérives.

    J'ai été particulièrement sensible à tous les passages autour de la collecte des chansons par notre héros. L'émotion de sentir le poids des ans dans une ritournelle.

    J'ai aimé la partie ancienne. Comme un vieux film nostalgique et élégant. Récit d'apprentissage. Récit de perte. Récit d'amour. Récit autour de ces rencontres déterminantes qui bouleversent tout. A l'ombre du manoir et des notes.

    La partie contemporaine ne m'a pas toujours autant intéressée. Même si le rapport entre Fox et son petit-fils Robin ainsi que les réunions des anciens amis m'ont touchée.

    J'apprécie quand les sentiments sont explorés avec pudeur et sensibilité. Et j'ai jugé que Natasha Solomons réussissait le plus souvent à merveille cet exercice.

    Bref, vous l'aurez compris : une jolie saga familiale autour de la musique et de la mémoire. 

    Calmann Lévy, 2017, 441 pages

     

  • La Fabrique de poupées d' Elizabeth MacNeal

    La Fabrique de poupées

    d'Elizabeth MacNeal

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    "Un soir, au heures les plus sombres et silencieuses de la nuit, une jeune fille s'installe à une petite table dans la cave d'un magasin de poupées. En face d'elle, une tête de porcelaine peinte la fixe de ses yeux vides de toute expression. La jeune fille presse deux tubes d'aquarelle, un rouge et un blanc, dans une coquille d'huître, suçote la pointe de son pinceau et oriente le miroir vers son visage."

    C'est l'histoire d'Iris, une jeune femme qui travaille dans une fabrique de poupées et se rêve peintre.

    C'est l'histoire de Silas, un taxidermiste qui nourrit l'espoir de créer un musée de ses collections.

    C'est l'histoire d'Abbie, un gamin qui survit comme il peut et aimerait tant avoir un jour les moyens de s'acheter un dentier en lamantin.

    Des ambitions différentes animent donc ces trois êtres dont les destins vont s'entrecroiser dans ce Londres victorien de l'Exposition universelle de 1850.

    Dès les premières lignes, j'ai été frappée par l'écriture très sensorielle. C'est comme si nous évoluions nous-mêmes dans les rues de la capitale anglaise. Dans une mer de sons, d'odeurs et d'impressions.

    Tour à tour, la narration se focalise sur les trois protagonistes. Pour mieux épouser chacune de leurs palpitations et chacun de leurs élans. Pour mieux tisser aussi cette trame émotionnelle qui nous tient en haleine jusqu'au dernier chapitre.

    La Fabrique de poupées constitue un ouvrage foisonnant aux thèmes riches. On croise ainsi des réflexions autour de la condition des femmes et de la beauté comme valeur essentielle et comme sésame vers un monde meilleur. Mais aussi autour de l'aliénation par son milieu et sa famille et de la difficulté de trouver son chemin vers la liberté.

    On voyage dans le milieu préraphaélite. En compagnie notamment d'Iris et du personnage de Louis Frost, sorte de condensé de tous les artistes de ce mouvement. Cette partie m'a tout particulièrement intéressée car j'ai toujours nourri une fascination pour ce groupe.

    On assiste au basculement progressif d'un des personnages dans la folie. Quand il se retrouve porté par une unique obsession. Celle d'un collectionneur en quête de cet objet ultime. Un peu à la manière du Jean-Baptiste Grenouille du Parfum.

    Un des autres atouts de ce roman réside donc dans la psychologie fouillée de ces personnages. Dans la dissection de leurs liens et de leurs sensations. Dans cette justesse qui confère l'impression qu'ils sont là à côté de nous.

    On se laisse porter par cette intrigue multiple qui converge vers ce point final attendu et pourtant si surprenant.

    Bref, vous l'aurez compris: un premier roman réussi.

    Merci Babelio pour la scénographie de cette photo!

     

     

  • Une Saison au bord de l'eau de Jenny Colgan

    Une Saison au bord de l'eau

    de Jenny Colgan

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    "Si vous avez déjà pris un avion pour Londres-au départ, j'avais écrit: "Vous savez, quand vous prenez l'avion pour Londres", et puis je me suis dit, bon, c'est peut-être un peu présomptueux quand même, du genre, salut, c'est moi, je passe ma vie dans les avions, alors qu'en réalité j'achète toujours des vols au rabais; du coup, il faut que je me lèvre à quatre heures du mat' et je ne ferme pas l’œil de la nuit, de peur de ne pas entendre mon réveil, et puis je me rends à l'aéroport à une heure insensée, où je m'imbibe de café hors de prix, ce qui finit par me revenir plus cher que si j'avais réservé un vol à une heure décente dès le début... Mais passons."

    Flora Mc Kenzie a quitté son île écossaise natale de la Mure depuis la mort de sa mère, trois ans plus tôt. Désormais âgée de 26 ans, elle vit en colocation à Londres et travaille comme assistante juridique dans un grand cabinet d'avocats. 

    Un jour, elle se retrouve chargée d'une inattendue mission: elle doit convaincre les habitants de son île natale de renoncer à un projet d'éoliennes. Impossible pour elle de refuser et la voilà repartie là où elle avait promis de ne plus jamais remettre les pieds. Et si...

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    Cet été, j'ai découvert pour la première fois la plume de Jenny Colgan avec Rendez-vous au cupcake café. Je ne vous en ai pas parlé sur le blog. Mais sur Instagram, j'ai souligné l'aspect éminemment sympathique de cet ouvrage. Autant au niveau de ses personnages que du déroulement de l'intrigue.

    Aussi, quand une de mes collègues m'a conseillé d'emprunter Une Saison au bord de l'eau, je me suis laissée tenter.

    Comme dans Rendez-vous au cupcake café, l'autrice reprend des codes de la comédie romantique. Ne serait-ce qu'avec l'héroïne. Flora est une jeune femme à un croisement de vie. Elle semble plus subir son existence que prendre en mains son destin. Elle craque pour le mauvais (son patron, grand séducteur devant l'éternel). Et boit un peu trop pour oublier ses déboires.  La nouvelle affaire dont elle est en charge va la pousser à renouer avec ses racines, un peu comme dans le film La Revanche d'une blonde. Sur son île natale, elle croise  un homme rassurant qui pourrait (pourquoi pas) se révéler le BON.

    Cependant, loin de se contenter de reprendre les règles le plus souvent en vigueur dans ce genre, Jenny Colgan s'amuse ici à égarer son lecteur. En effet, l'intrigue n'est pas exempte de rebondissements et certaines croyances instillées dans nos esprits se trouvent mises à mal pour notre plus grand plaisir. Je dois avouer que j'ai bien aimé me tromper dans mes estimations...Je ne ne vous en dirai pas plus, de peur de gâcher votre découverte.

    Outre ces surprises narratives, un des atouts de ce livre réside dans la description de l'île. J'ai beaucoup apprécié cet endroit de la Mure. Un lieu tout droit sorti de l'imagination de l'écrivaine mais qui permet de synthétiser de nombreux aspects paysagers de l’Écosse. Je défie quiconque se plongera dans ces pages de ne pas avoir furieusement envie après de partir là-bas. Les couleurs, les plages de sable blanc, la mer à perte de vue, les monts...: tout cela est très bien dépeint.

    De même, au fil de l'histoire, sont abordés des thèmes intéressants liés à l'insularité et à l'économie: la nécessité de départ pour les jeunes s'ils souhaitent trouver un travail, les risques de fermeture d'école consécutifs au vieillissement de la population, l'endettement des fermiers...Autant de sujets qui sont distillés au fil des chapitres et nous font réfléchir. Ce type de questions se fait rare dans ce genre de littérature et j'ai trouvé cet ajout particulièrement intéressant.

    De plus, j'ai été touchée par le ton qui se faisait parfois plus nostalgique ou mélancolique. Je fais particulièrement référence aux scènes sur l'absence de la mère et sur l'empreinte qu'elle a pu laisser dans la ferme ainsi que dans l'esprit ou dans le cœur des gens. Dans les lignes qui sont consacrées à cette figure absente, on sent une plus grande sincérité affleurer. Comme si l'autrice avait mis beaucoup d'elle...Et la dédicace de cet ouvrage ne fait que confirmer cette impression.

    En revanche, je dois avouer que j'ai été moins conquise par certains partis pris. Notamment, j'ai regretté la rapidité dans la résolution de certains conflits et dans l'abandon de certaines pistes scénaristiques. Selon moi, cela a ôté un peu de crédibilité à l'ensemble.

    Bref, vous l'aurez compris: malgré quelques bémols, Une saison au bord de l'eau constitue une jolie comédie romantique qui n'est pas exempte de quelques surprises. Si vous cherchez un roman doudou pour les après-midis pluvieux automnaux, ce titre sera parfait.

    Prisma, 2018, 471 pages

    Billet dans,  le cadre du challenge Un pavé par mois de Bianca.

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