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des romans anglais - Page 5

  • A rude épreuve d'Elizabeth Jane Howard

    A rude épreuve

    de

    Elizabeth Jane Howard

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    "Septembre 1939,

     

    Quelqu'un avait éteint la TSF et, bien que la pièce fut pleine de monde, il régnait un silence tel que Polly sentit, et entendit presque, son cœur tambouriner. Tant que personne ne parlait, que personne ne bougeait, la paix se prolongeait encore un peu...."

    Au mois de mars, j'avais fait la connaissance des Cazalets. Pendant une semaine, j'avais bu de nombreuses tasses de thé, partagé de multiples dîners, profité même d'une excursion à la mer en leur compagnie. Et je gardais un très beau souvenir de cette lecture.

    Aussi, j'ai été ravie de les retrouver dans le deuxième tome de cette saga.

    Cette fois-ci, la guerre est bien là. Même si elle paraît lointaine dans un premier temps, elle va très vite impacter le quotidien de la famille.

    Comme pour le précédent opus, Elizabeth Jane Howard parvient à ressusciter tout le contexte de l'époque. L'attente des bulletins d'information à la radio. Les discussions sans fin sur les avancées ou les reculs. Le rationnement. Les départs dans l'armée. Les bombardements. Les avions abattus. Dunkerque. Les hôpitaux de convalescence. L'espoir comme unique recours pour ne pas sombrer dans des abymes de douleur.

    1940/1941: années charnière de la Deuxième Guerre Mondiale.

    Années charnière aussi pour de nombreux membres de la famille des Cazalets. A commencer par les adolescents devenus grands. Louise et ses rêves de théâtre. Clary et sa manière de regarder le monde comme une gigantesque boîte à outils d'écrivain. Polly. Si attachante Polly qui entend faire le bien autour d'elle. Christopher et son pacifisme à contre-courant. Ils évoluent, espèrent, font des rencontres, peuvent être brisés.

    A l'image de la génération d'avant. Elle aussi en pleine mutation. Mise à l'épreuve tant par les tragédies de l'histoire que par les tragédies de l'intime. Qui poussent à se redéfinir.

    De nouveaux protagonistes font leur apparition. Michael. Stella. Archie. Autant d'ajouts dont l'impact va se ressentir de plus en plus. Comme nous le laisse deviner l'autrice.

    Une autrice qui réussit encore le pari, selon moi, de mettre en avant chacun de ses êtres de papier. Même les plus secondaires. Par un entrechevetrement de parties consacrées plutôt à l'un d'entre eux et des parties plus chorales. Où les transitions entre chacun se révèlent toujours aussi fluides.

    Bref, vous l'aurez compris : je demeure toujours aussi conquise par cette saga familale. Et j'ai hâte de les retrouver en mars 2021.

    Editions la Table ronde, 2020, 571 pages

  • La Brodeuse de Winchester de Tracy Chevalier

    La Brodeuse de Winchester

    de

    Tracy Chevalier

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    ""Chut!"

    Violet Speedewell plissa le front. On n'avait pas à lui faire chut; elle n'avait rien dit."

    1932, Winchester, Violet, 38 ans, vient de décider de prendre son envol. Loin de la maison familiale où elle subissait la loi de sa mère. Loin des fantômes de ceux morts à la guerre. Cortège qui ne cessait de la hanter.

    Mais elle peine à trouver sa place. Dans une société où sa position de vieille fille la relègue dans un coin et la condamne à trouver plus tard un refuge de vieillesse auprès des siens.

    Lors de ses déambulations dans cette ville nouvelle, ses pas l'attirent vers la cathédrale. Ombre tutélaire qui invite au refuge. Elle assiste ainsi un jour par hasard à un office particulier. Un office qui lui donne envie de découvrir le cercle des brodeuses. Elle est bien loin de se douter que ce choix va ainsi modifier le cours de son destin.

    Même si je n'ai pas lu encore tous ses romans, j'aime la plume de Tracy Chevalier. Sa manière de mettre en scène des portraits de femmes. Sa manière de nous faire voyager dans l'histoire.

    Ici, elle nous convie à un périple dans l'Angleterre du début des années 30. Le pays porte encore les ravages de la Grande Guerre. Avec comme conséquence notamment ces femmes qui sont contraintes au célibat après tous ces hommes morts aux combat.

    Violet fait partie de ces dernières. J'ai beaucoup aimé la façon dont l'autrice la décrit et dépeint sa situation. Contrainte à tout restreindre, à se soumettre aux désirs de sa famille, à s'oublier, elle évolue sous nos yeux vers une forme de liberté. Tout comme certaines amies de son cercle. Incarnations comme elle des visages multiples des femmes de cette époque entre tradition et modernité.

    A ces trames individuelles se noue une dimension collective. A la fois grâce à la cathédrale, personnifiée et à ces élans de groupe comme lors des cérémonies de cloches.

    Autour des femmes, se dessinent des figures d'homme. Tantôt protecteurs, tantôt démunis, tantôt menaçants, tantôt conservateurs, ils offrent des contrepoints différents et obligent les femmes à un positionnement. Comme autant de déclics sur leurs parcours.

    Certains protagonistes se démarquent. Gilda, Miss Peisel, Arthur...Mais j'ai trouvé la galerie de ceux qui évoluent autour de Violet et la relient à un ensemble, en général bien campée.

    Un des autres atouts réside dans le contexte. Contexte sociétal. Contexte politique avec l'arrivée d'Hitler au pouvoir. Et puis, ce cercle qui a réellement existé. Cette idée de refuge créatif, ancré dans une pratique séculaire.

    Bref, vous l'aurez compris: une belle expérience de lecture pour moi. Et je tiens à souligner le travail sur la couverture avec ce fil comme brodé sur le bleu.

    Editions la Table ronde, traduit de l'anglais par Anouk Neuhoff, 2020, 349 pages

  • Étés anglais d'Elizabeth Jane Howard

    Étés anglais

    d'Elizabeth Jane Howard

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    "La journée commença à sept heures moins cinq, lorsque le réveil, offert à Phyllis par sa mère pour son premier poste de domestique, sonna sans se lasser jusqu'à ce qu'elle l'éteigne. "

    La semaine dernière, je suis partie dans le Sussex. Passer deux mois des étés 1937 et 1938 dans une merveilleuse propriété.

    J'y ai fait la connaissance de trois frères: Hugh, Edward et Rupert, de leur soeur Rachel, de leurs parents, de leurs épouses, de leurs enfants...

    J'ai participé à des pique-niques sur la plage, à des jeux endiablés, à des après-midi de lecture à l'abri d'une chambre ou à l'ombre d'un hamac.

    J'ai vu des personnages évoluer, se déchirer, se rapprocher.

    J'ai senti le pouls de toute une époque pulser entre ces pages. Une époque marquée encore par le spectre de la der des ders et hantée par le basculement imminent dans la prochaine.

    J'ai quitté à regret cet endroit. En espérant pouvoir le retrouver très prochainement.

    Avec ce premier tome de la saga des Cazalets, Elizabeth Jane Howard nous plonge dans une fresque dense et extrêmement bien écrite.

    Une fresque qui sonde les oscillations intimes de chacun de ses personnages. J'ai trouvé ce procédé de s'attarder pendant quelques pages sur chacun, d'entremêler ensuite leurs destins et de suivre leurs éventuelles mutations  extrêmement abouti. On glisse ainsi d'un protagoniste à un autre dans un ballet perpétuel et sans jamais sentir les transitions.

    Certains des héros se démarquent particulièrement. Par leurs blessures, par leur veulerie, par leur trop grand sens du sacrifice, par leurs caractéristiques qui nous font sourire ou nous dégoûtent.

    J'ai été d'ailleurs particulièrement frappée par la faculté de l'autrice à créer toute une galerie de figures aussi diverses et à l'ancrage psychologique aussi fort et juste. Parfois, dans ce genre d'ouvrages, certains traits sont trop outrés ou un certain manichéisme se fait ressentir. Ici, tout sonne vrai.

    De plus, le découpage de l'intrigue se révèle très intéressant.  J'ai beaucoup aimé cette idée de centrer sur deux étés et revenir sur les blancs entre ces deux espaces temps par un jeu de retours dans le passé astucieusement disséminés.

    Bref, vous l'aurez compris: un ouvrage maîtrisé, reflet d'une période et vraiment prenant dont j'attends avec impatience la suite. Un véritable coup de cœur que je ne peux que vous recommander.

    Editions de la Table ronde, traduction d'Anouk Neuhoff, 2020, 557 pages

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