Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

the frenchbooklover - Page 145

  • Le Journal du Capitaine Wentworth

     

     

    Le Journal du Capitaine Wentworth

    de

    Amanda Grange

    journal du capitaine wentworth,amanda grange,austenerie,milady,collection pemberley,oeuvres autour de persuasion

    "Jeudi 5 Juin 1806

    Me voici enfin en route vers le Somerset!

    Harville et moi avons voyagé depuis la côte ensemble, nous étonnant de voir le vert des champs autour de nous, au lieu du bleu de la mer. Si l'on excepte l'alarmante tendance du sol à rester immobile sur nos roues plutôt qu'à rouler et tanguer comme tout élément qui se respecte, notre trajet a été assez confortable, et nous avons réussi à faire passer le temps en régalant deux gouvernantes, les soeurs Brown du récit de nos aventures en mer"

    Ainsi débute le Journal du Capitaine Wentworth d'Amanda Grange qui a entrepris après Le Journal de Mr Darcy, le Journal du Colonel Brandon et le Journal de Mr Knightley de nous livrer les pensées intimes de mon héros austenien préféré.

    Certes, j'aime vraiment beaucoup le ténébreux Mr Darcy. Mais comment résister à une déclaration telle que "Vous transpercez mon âme. Je suis partagé entre l'angoisse et l'espoir. Non, ne me dites pas qu'il est trop tard, que ces précieux sentiments ont disparu à jamais"?

    Comme dans les précédents opus, la romancière reprend le principe du journal intime. Une bonne manière de suivre les espoirs et les tourments du narrateur.

    En 1806, notre héros revient de ses premières campagnes. Après être entré dans la marine à l'âge de 13 ans, il a gravi les échelons et est devenu commandant. Il s'est également illustré dans plusieurs batailles et se retrouve à la tête d'un patrimoine financier, issu de quelques prises de guerre, qu'il entend bien dépenser.

    En attendant d'être appelé pour entrer dans un nouvel équipage, il entend profiter de son séjour chez son frère dans le Somerset pour séduire de nombreuses jeunes filles. A un bal, il rencontre pour la première fois la famille Elliott. Frappé par le mépris affiché par le baronnet et par sa fille, il invite leur dame de compagnie à danser. Sous le charme, il apprend avec surprise qu'il a, en fait, valsé avec Miss Anne Elliott.

    S'ensuivent alors de nombreuses conversations. Wentworth tombe amoureux et fait sa déclaration. Malheureusement, persuadée par sa famille, Anne renonce à l'épouser.

    Sept années plus tard, après l'abdication de Napoléon, notre héros revient à la vie civile. A la tête d'un fortune confortable, il entend profiter de sa famille et trouver une épouse. Quelle n'est pas sa surprise quand il se rend compte que sa sœur a loué Kellynch Hall, la propriété de Sir Walter Elliott et qu'il va ainsi être contraint de revoir son ancien amour.

    C'est ici que les deux trames se rejoignent. Je ne vous ferai donc pas un résumé de la suite...

    J'ai beaucoup apprécié la première partie. Je trouve qu'Amanda Grange a réussi à imaginer un "jeune" capitaine Wentworth  tout à fait crédible. Ses échanges de plus en plus fournis et nécessaires avec Anne Elliott sont très plaisants à lire.

    De même, la romancière a su rendre l'atmosphère qui devait régner dans un village anglais à cette époque. Certains habitants se révèlent d'ailleurs particulièrement savoureux. Je fais notamment référence à Mrs Frost, persuadée que les Français vont envahir le pays et qu'il faut sans cesse se protéger. Elle essaie donc de suivre les conseils de certains journaux pour se prémunir de ce potentiel danger, ce qui donne lieu à des situations très cocasses.

    J'ai également apprécié qu'elle mette en scène une confrontation entre le capitaine Wentworth et Lady Russell.

    Puis, on retrouve notre héros sept ans plus tard au moment où débute le roman de Jane Austen. Amanda Grange a tout à fait respecté le canevas original. Mais elle a rajouté des scènes, là où Jane Austen faisait des ellipses. Par exemple, le voyage auprès de son frère après l'incident de Lyme. (j'ai bien aimé les relations entre le pasteur et le capitaine).

    Outre ces nouvelles péripéties, l'intérêt de ce roman réside dans le regard différent porté sur des évènements que nous connaissons bien. Là encore, toutes les pensées du héros sonnent juste et touchent (notamment lors de la rédaction de la fameuse lettre).

    Bref, vous l'aurez compris: j'ai passé un agréable moment en compagnie du capitaine Wentworth. Amanda Grange a su lui créer un passé intéressant et drôle tout en retrouvant l'esprit du personnage imaginé par Jane Austen.

    Milady, 2013, 333 pages, 7,90 €

    Billet dans le cadre des challenges Austenien, 19ème siècle, God save the livre 2013 et La plume au féminin.

     

    journal du capitaine wentworth,amanda grange,austenerie,milady,collection pemberley,oeuvres autour de persuasionjournal du capitaine wentworth,amanda grange,austenerie,milady,collection pemberley,oeuvres autour de persuasionjournal du capitaine wentworth,amanda grange,austenerie,milady,collection pemberley,oeuvres autour de persuasion

    journal du capitaine wentworth,amanda grange,austenerie,milady,collection pemberley,oeuvres autour de persuasion

     

     

     

     

     

     

     

  • Trois grands fauves

    Trois grands fauves

    de

    Hugo Boris

    trois-grands-fauves-1393209-616x0.jpg

    "Mai 1763. Ce n'est pas la Champagne humide ici, mais la pouilleuse, celle que la craie rend stérile. La petite taille de l'enfant ne lui permet pas de connaître l'étendue de la plaine. Il en entend le silence les jours sans vent. Il marche vers la vache qu'il a aperçue, là-bas, dans le pré. Il l'a reconnue, c'est la sienne, elle cherche l'ombre d'une haie. La mère de l'enfant n'a pas eu la force de l'allaiter à sa naissance. Il s'accroupit sous la lourde grappe, prend un pis dans la main pour faire gicler le lait. Il ignore qu'il va mourir dans une seconde"

    Ainsi débute le nouveau roman de Hugo Boris. Un roman consacré à trois hommes extraordinaires: Danton, Hugo et Churchill. Trois destins qui, apparemment, paraissent distincts mais que l'écrivain va rapprocher.

    hugo boris.jpg

    J'avais immédiatement remarqué Trois grands fauves parmi les 600 et quelques parutions de la rentrée littéraire. Aussi, j'ai été ravie d'avoir été sélectionnée par Babelio lors de la dernière masse critique.

    Dès les premières pages, j'ai été impressionnée par le style. J'ai trouvé qu'il s'en dégageait une grande force, tout à fait en adéquation avec le sujet traité.

    De plus, la scène d'ouverture m'a semblé particulièrement frappante. Danton, âgé de 4 ans, cherche à boire du lait de sa vache nourricière et reçoit un coup de sabot d'un taureau. Visiblement, peu échaudé par cette expérience, il retourne près d'un autre bovin et se fait écraser le nez. Un incident avec un troupeau de porcs, suivi d'une chute dans une mare et d'une petite vérole finissent par le défigurer.

    Puis, Hugo Boris s'attache à nous raconter, par bribes, l'existence de ce révolutionnaire si célèbre.

    C'est d'ailleurs le procédé qu'il utilise pour les trois grands personnages de l'histoire qu'il dépeint. Il se concentre sur certaines scènes importantes de leur existence.

    De Danton, on voit ainsi la montée à Paris, l'intérêt qu'il commence à porter à la politique...Et la scène de sa mort. Je pense que je garderai cette dernière longtemps en mémoire car l'auteur a su rendre toute la force de cet homme, toute sa bravoure et sa confiance dans la vie.

    "N'oublie pas, surtout n'oublie pas, de montrer ma tête au peuple, elle en vaut la peine"

    En ce qui concerne Hugo, on s'attarde plus sur son exil à Guernesey, ses séances de spiritisme, son goût pour les femmes  (il tenait un carnet en latin et italien de toutes ses conquêtes) et ses rapports avec sa famille (son côté vampirique avec ses enfants et protecteur avec ses petits-enfants). Je ne vous cacherai pas qu'autant je reconnais du talent à cet artiste, autant je déteste l'homme. Ce qu'en montre le romancier n'a fait que renforcer ce sentiment. Une scène m'a particulièrement marquée: celle d'un déjeuner avec des intellectuels aux côtés de son fils mourant.

    De Churchill, on apprend son enfance auprès d'un père absent et peu aimant, son courage en Afrique du Sud, sa rencontre avortée avec Hitler, son investissement à Paris pendant la débâcle française....C'est la partie qui m'a sans doute le plus intéressée et j'en suis ressortie avec l'envie de me plonger dans une biographie sur cet homme hors normes.

    En revanche, je dois avouer que j'ai plus considéré cet ouvrage comme un recueil de nouvelles que comme un roman. Certes, Danton, Hugo et Churchill sont des êtres d'une force incomparable. Ils dévorent tout ce qui les entoure et il devait être bien difficile de vivre dans leur ombre (ce qu'a particulièrement bien montré l'auteur pour les deux premiers). De même, un lien est tissé entre eux (je ne l'expliciterai pas, de peur de gâcher votre lecture). Mais, à l'exception de ces deux points, je me suis plus sentie lectrice de trois récits différents.

    Un autre bémol que je souhaiterais également souligner, c'est le côté parfois trop fragmenté de ces histoires. J'ai regretté de ne pas passer assez de temps sur certaines périodes de leur existence.

    Bref, vous l'aurez compris: ce roman ne constitue pas un coup de cœur. Néanmoins, j'ai trouvé que Trois Grands fauves était un ouvrage intéressant, doté d'un style fort et dont certaines scènes resteront gravées longtemps. Pour les amateurs de biographie romancée, il représente aussi une bonne première porte d'entrée aux destins de Danton, Hugo et Churchill.

    Merci à Babelio et aux éditions Belfond pour cette découverte!

    Editions Belfond, 2013, 201 pages, 18 euros


  • Les Tribulations d'une cuisinière anglaise

    Les Tribulations d'une cuisinière anglaise

    de

    Margaret Powell

    tribulations d'une cuisinière anglaise, margaret powell, editions payot, traduction française de below the stairs, autour de l'univers de downton abbey, source d'inspiration de julian fellowes

    "Je suis née en 1907 à Hove, près de Brighton, et j'étais la deuxième d'une famille de sept enfants. Mon souvenir le plus ancien, c'est que les autres gosses avaient l'air plus riches que nous. Mais nos parents nous aimaient tellement!"

    Née dans une famille pauvre de la région de Brighton, Margaret Powell a dû renoncer à son rêve de devenir institutrice pour entrer en condition. Tout, d'abord fille de cuisine, elle a gravi les échelons pour devenir cuisinière dans différentes familles londoniennes avant de se marier et d'abandonner cette carrière.

    C'est ce quotidien de domestique anglaise des années 20 qu'elle dépeint dans ce livre, paru en 1968 sous le titre de Below stairs.

    tribulations d'une cuisinière anglaise, margaret powell, editions payot, traduction française de below the stairs, autour de l'univers de downton abbey, source d'inspiration de julian fellowes

    Son ouvrage a d'ailleurs constitué une des principales sources d'inspiration de trois séries télévisées: Upstairs, downstairs; Beryl's lot et bien entendu, Downton abbey.

    C'est pour cette raison que je l'ai emprunté. Je suis actuellement plongée dans la nouvelle saison de l’œuvre de Julian Fellowes et je guette avec impatience sa diffusion. J'ai pensé que les souvenirs de Margaret Powell représenteraient un bon antidote à l'attente.

    Tout d'abord, je dois avouer que j'ai eu du mal à rentrer dans le vif du sujet en raison du style. En effet, le langage oral prime et certaines constructions ou expressions m'ont quelque peu décontenancée.

    Mais, une fois surmonté ce handicap, je me suis intéressée à la vie de cette ancienne fille de cuisine devenue cuisinière (avec toujours en tête les images de Daisy et de Mrs Patmore)

    Engagée à quinze ans dans une maison de Hove, Margaret fait l'apprentissage du dur quotidien de fille de cuisine. Pour preuve, voici la liste de tout ce qu'elle doit accomplir.

    "La liste commençait par: se lever à cinq heures et demie (six heures le dimanche), descendre au sous-sol, nettoyer les conduits, allumer le feu, passer le fourneau à la mine de plomb [...] Après, je devais briquer au papier de verre le pare-feu en acier et les accessoires de cheminée [...] Je devais aussi astiquer les décorations en cuivre de la porte d'entrée, récurer les marches du perron, nettoyer toutes les chaussures et mettre la table du petit déjeuner pour les domestiques. Tout cela, il fallait que ce soit fait avant huit heures du matin."

    On la suit ainsi dans toutes les tâches qui lui incombent (comme préparer la table de la cuisine, passer au tamis tous les ingrédients d'une recette, repasser les lacets...).

    Puis, elle quitte sa ville natale pour entrer au service d'une famille londonienne. Au bout de deux ans, change encore d'emploi...Elle devient cuisinière et doit apprendre à gérer des repas à chaque fois différents selon les postes qu'elles occupent.

    Ce qui reste, en revanche invariable, c'est sa relation avec le "haut". "Eux" font souvent vivre leurs domestiques dans des conditions misérables, exigent des femmes qu'elles ne soient pas frivoles, congédient celles qui ont le malheur de tomber enceintes....

    Presque toutes les familles n'échappent pas au regard acerbe de Margaret Powell.

    "Mais si "Eux "avaient entendu les bavardages que les femmes de service rapportaient de là-haut, ils se seraient aperçus que, derrière nos visages sans expression et nos manières respectueuses, il y'avait du mépris et de la dérision"

    On est bien loin de l'image des patrons bienveillants véhiculée par Downton Abbey (même si un des couples d'employeurs s'en rapproche). Et c'est justement là un des principaux intérêts de cet ouvrage: retracer la vie et les interactions du personnel de cuisine. Des domestiques à part des autres (ils doivent les servir à table). Mais contrairement aux majordomes, valets ou femmes de chambres; une cuisinière a les pleins pouvoirs dans son domaine et ne reçoit la visite qu'une seule fois par jour de la maîtresse de maison.

    De même, une des autres qualités de ce livre réside dans l'humour de son auteure. J'ai souri à de nombreux passages, à l'instar de celui-ci:

    "Ce qu'il y avait aussi avec Mrs Bowchard, c'est qu'elle souffrait d'un mal inconnu de la médecine qui s'appelait "mes pauv' jambes". A cause de "mes pauv' jambes", il y avait tout un tas de choses qu'elle ne pouvait pas faire; "mes pauv' jambes" l'empêchaient de monter l'escalier pour aller dormir au grenier comme tout le monde, "mes pauv' jambes" lui interdisaient de faire quelque chose que quelqu'un d'autre pouvait faire à sa place, et c'était toujours à moi de m'y coller."

    Bref, vous l'aurez compris: en dépit du style trop oral et souvent répétitif, le témoignage de Margaret Powell m'a semblé intéressant car il restitue, sans langue de bois, un pan de l'histoire de la domesticité anglaise des années 20.

    Si, comme moi vous êtes fans de la série de Julian Fellowes, je pense qu'il pourrait également piquer votre curiosité.

    Editions Payot, 2013, 248 pages, 20 €