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the frenchbooklover - Page 169

  • Un Oscar Wilde crépusculaire

    Le Testament d'Oscar Wilde

    de

    Peter Ackroyd

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    "Hôtel d'Alsace, Paris                                                                                                       

                                                                                                                                      9 août 1900

    Ce matin, je me suis rendu une fois de plus à la petite église de Saint-Julien-le-Pauvre. Le curé, un homme charmant, est persuadé que je suis la proie d'un immense chagrin; un jour, alors que j'étais agenouillé devant l'autel, il s'est approché de moi à pas feutrés et m'a murmuré à l'oreille: "Vos prières, Monsieur, peuvent être exaucées par la grâce de Dieu". Je lui ai répondu à vois haute-je ne sais pas murmurer-que mes prières ont toujours été exaucées; que c'est justement la raison pour laquelle je viens chaque jour dans son église avec une nouvelle requête. Après cela il m'a laissé tranquille."

    Paris, 1900, Oscar Wilde entame, sous forme de journal intime, le récit de sa vie. Il est installé dans la capitale française depuis trois ans.

    Son inspiration s'est tarie. Il vivote dans une petite chambre parisienne, reçoit de jeunes amants, emprunte sans cesse de l'argent à ses amis...

    Et surtout, il souffre de plus en plus de son oreille. Chaque matin, il se réveille, les draps recouverts de pus...

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    Je n'avais jamais entendu parler de cette oeuvre avant de la voir dans la PAL de Bianca et de lui proposer d'en faire une lecture commune. J'ai toujours été fascinée par la personnalité brillante, ironique d'Oscar Wilde et je connaissais moins son existence après sa "chute".

    Peter Ackroyd est un écrivain, romancier, essayiste et critique littéraire britannique. Dans ce roman, il s'est attelé à reconstituer les derniers mois de la vie d'Oscar Wilde.

    Ce dernier a été libéré de prison le 19 mai 1897, après deux ans de travaux forcés pour homosexualité. Le lendemain, il embarque pour la France. A Dieppe, il rédige la Ballade de la geôle de Reading. Puis, il part pour Paris où il va passer la fin de sa vie.

    Dès les premières pages, on est confrontés à un Oscar Wilde "crépusculaire", dans le sens où on se retrouve face à un homme qui a perdu tout son esprit caustique, brillant; un homme poursuivi et moqué. Un homme "dépourvu de passé".

    "Depuis le jour où je me suis éloigné des portes de la geôle de Reading dans un fiacre aux rideaux baissés, j'ai découvert une liberté que je ne pouvais comprendre alors. Je suis dépourvu de passé. Mes triomphes de jadis ne comptent plus. Mon oeuvre est tombée dans l'oubli. [...] Comme l'enchanteur gisant aux pieds de Viviane, je suis "désormais étranger à la vie et n'ai plus ni usage, ni nom, ni gloire". [...] Je ne suis qu'un "reflet": le sens de ma vie n'existe plus désormais que dans l'esprit des autres"

    Oscar Wilde a perdu toute inspiration. Il se révèle désormais incapable d'écrire la moindre ligne. Et il pense que ses "confessions" vont peut-être l'aider à retrouver le goût de l'écriture.

    Au fil des quatre mois et demie d'entrées dans son journal, défilent ainsi les épisodes marquants de sa vie. On découvre les relations proches qu'il entretenait avec sa mère, sa scolarité à Oxford, son mariage avec Constance, ses premiers émois homosexuels, les bas-fonds londoniens, son idylle avec Bosie, ses procès...A ces épisodes du passé, s'entremêlent des tranches de vie parisienne qui nous montrent le poète moqué, las, malade...

    Peter Ackroyd a eu raison de choisir le journal comme mode narratif. Il plonge ainsi plus facilement le lecteur dans les supposées pensées d'Oscar Wilde.

    L'atmosphère plombée, retranscrite avec brio, m'a énormément marquée. J'ai eu beaucoup de mal à avancer cet ouvrage, tant j'avais l'impression d'être confrontée à un homme dont les masques sont tombés et qui se trouve au crépuscule de sa vie.

    L'époque est très bien resuscitée. Je pense tant à celle de Londres: les fêtes, les bals, les soirées au théâtre, les bas-fonds qu'à celle de Paris et d'une certaine bohême.

    Bref, vous l'aurez compris: un roman dur, triste sur la fin de l'existence d'un homme fascinant. Un roman qui m'a surtout envie de me replonger dans l'oeuvre d'Oscar Wilde, voire de me lancer dans une de ses biographies.

    Editions 10/18, 1991, 245 pages, 6,50 €

    Lu dans le cadre d'une lecture commune avec Bianca, du challenge God save the livre 2013 et du challenge Victorien.

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  • Cinq petits cochons d'Agatha Christie

    Cinq petits cochons

    de

    Agatha Christie

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    "Hercule Poiroit jaugea d'un oeil intéressé la jeune femme qu'on laissait entrer dans son bureau. Elle lui fit une impression favorable.

    La lettre qu'elle lui avait envoyée était fort peu explicite: c'était une simple demande de rendez-vous, brève et fonctionnelle, sans aucune allusion à son objet. Seule la fermeté de l'écriture indiquait que Carla Lemarchant était une jeune personne"

    Cette dernière souhaite que le détective enquête sur une affaire vieille de seize ans. Son père, le célèbre peintre Amyas Crane, avait été retrouvé empoisonné. Très vite, les soupçons s'étaient portés sur sa mère et elle avait été condamnée. Mais, persuadée de son innocence, Carla "veut la vérité".

    Hercule Poirot accepte cette mission. Il commence par retrouver les avocats et avoués qui ont servi l'accusation et la défense lors du procès de Caroline Crane.

    En les écoutant donner leurs avis sur les cinq autres personnes présentes sur les lieux du crime, une comptine lui revient en mémoire:

    "Premier petit cochon s'en est allé au marché

    Deuxième petit cochon n'est pas sorti de chez lui

    Troisième petit cochon a mangé tout le pâté

    Quatrième petit cochon n'a rien eu pour lui

    Cinquième petit cochon a pleuré, groui, groui, groui"

    Il s'agit maintenant pour lui de retrouver ces "cinq petits cochons"...et de déterminer si Caroline Crane a réellement assassiné son époux.

     

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    Agatha Christie a publié cette vingt-deuxième aventure d'Hercule Poirot en 1942. Elle constitue avec Une mémoire d'éléphant une des rares oeuvres où une enquête est menée sur un crime commis plus de dix ans auparavant. Un moyen pour le détective belge de prouver une nouvelle fois qu'on ne trouve pas le coupable à partir d'indices recueillis mais grâce aux "cellules grises"

    "J'ai entendu parler de vous [...] De vos succès. De la façon dont vous les avez obtenus. C'est l'élément psychologique qui vous intéresse, n'est-ce pas? Eh bien, lui ne change pas avec le temps. Ce sont les éléments tangibles qui disparaissent: un mégot, des traces de pas, des brins d'herbe couchés. Eux sont définitivement perdus. Mais rien ne vous empêche de reprendre l'affaire de zéro, de vous entretenir éventuellement avec des gens qui étaient là à l'époque-ils sont encore tous vivants. Ensuite, comme vous avez dit tout à l'heure, vous vous installerez tout à l'heure dans votre fauteuil pour réfléchir. Et vous découvrirez ce qui s'est passé."

    Ce roman policier s'articule en quatre parties distinctes: une introduction suivie de trois livres.

    Lors de l'introduction, nous sommes mis en présence de la jeune Carla Lemarchant qui réclame justice. Tout laisse à penser que sa mère a bien assassiné son père mais elle est convaincue de son innocence. En voyant le détective accepter de reprendre l'affaire, le lecteur est amené à penser qu'elle a sans doute raison.

    Mais, dès le début du livre I, cette idée est remise en cause. Dans cette partie, s'enchaînent les témoignages. Hercule Poirot rencontre, tour à tour, l'avocat de la défense; l'accusation; les deux avoués; le superintendant de police et les "cinq petits cochons". Tous sont certains que la bonne coupable a été jugée.

    Cependant, ils ont tous un avis différent sur cette femme. Elle les a tous fascinés mais pas de la même façon.

    Il en va de même pour son mari, le célèbre peintre, Amyas Crane. Un artiste égoïste, passionné, Don Juan...Un homme sans doute insupportable au quotidien mais qui ne pouvait laisser indifférent.

    Ces deux personnalités dominent toute l'oeuvre mais contrairement aux autres ouvrages de la "Duchesse de la mort", nous ne les voyons jamais directement agir, parler... Ils sont tous deux morts depuis seize ans et nous ne conserverons d'eux que les images véhiculées par leurs amis, avocats, amants...

    A l'exception des deux lettres de Caroline Crane, deux des ressorts de l'intrigue: la première pousse sa fille à relancer une affaire vieille de 16 ans et la seconde permet de mieux comprendre son geste.

    Ce premier livre est également l'occasion de rencontrer les "cinq petits cochons": Philip et Meredith Blake, les deux amis d'enfance d'Amyas Crane; Elsa Greer, la jeune maîtresse du peintre; la gouvernante Miss Williams et la soeur de Caroline, Angela Warren. On sent qu'ils ont tous été brisés par ce drame. Pour eux, c'était inexorable... Amyas allait quitter sa femme et elle ne l'a pas supporté.

    On retrouve ces cinq témoins clés dans le second livre sous la forme de leurs témoignages écrits. Leurs confessions se succèdent et éclairent encore plus les journées précédant le meurtre ainsi que la matinée de ce dernier. Des fragments de conversation sont reconstitués, des liens avoués....

    Dans le troisième livre, Hercule Poirot revient vers eux pour cinq dernières questions. Puis, arrive la conclusion...de ce drame en trois actes.

    Une fois encore, Agatha Christie montre sa faculté à nous mener de fausse piste en fausse piste. La résolution de l'énigme très psychologique m'a également beaucoup plue.

    Bref, vous l'aurez compris: un très bon cru des aventures du célèbre détective belge qui m'a donné envie de continuer mes découvertes ou redécouvertes de l'auteur.

    Le Livre de Poche Jeunesse, 2003, 349 pages, 5,50 €

    Lu dans le cadre du challenge God save the livre 2013

     

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  • Le Train de 16h50

    Le Train de 16h50

    de

    Agatha Christie

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    "Le souffle court, Mrs McGillicuddy trottinait le long du quai à la poursuite de son porteur. Mrs McGillicuddy était courtaude et replète, le porteur était grand et avançait à longues enjambées. S'il s'était chargé de la valise, Mrs McGillicuddy, qui venait de faire ses achats de Noël, croulait sous le poids d'une multitude de paquets. La lutte était donc inégale et Mrs McGillicudddy amorçait tout juste la ligne droite que déjà l'homme disparaissait, avalé par une courbe à l'autre extrémité du quai"

    Le train démarre. Après un léger assoupissement, Mrs McGillicuddy se met à observer le paysage. Puis, elle remarque un train qui semble faire la course avec le sien. En observant de plus près, elle aperçoit, dans un compartiment, une femme étranglée par un homme brun. Elle avertit immédiatement le contrôleur, ainsi qu'à la station suivante le chef de gare.

    Le voyage se poursuit. Mrs McGillicuddy est attendue dans le village de St Mary Mead où réside sa vieille amie Miss Marple.

    "Oh, Jane! Je viens d'assister à un meutre"

    Le lendemain matin, les deux vieilles demoiselles s'attendent à voir l'assassinat à la une des journaux. Mais rien...Elles alertent la police qui ne trouve pas de corps et pense que Mrs McGillicuddy a "exagéré la gravité [...] de la scène qu'elle a décrite"

    Toutefois, Miss Marple ne se laisse pas décourager....Et elle débute, avec l'aide de Lucy Eyelesbarrow, une de ses jeunes connaissances, sa propre enquête.

     

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    En voyant Bianca parler de la Dernière énigme, j'ai eu très envie de me plonger à mon tour dans un Agatha Christie. Adolescente, j'adorais cet auteur et j'avais dévoré plusieurs volumes des aventures du célèbre détective belge. Mais, autant j'avais une vraie prédilection pour Hercule Poirot, autant je n'étais pas du tout attirée par les intrigues mettant en scène Miss Marple. Je la trouvais trop envahissante, trop fouineuse...

    Et ce roman m'a prouvé que j'avais tort. Je resterai toujours fidèle à Hercule mais je me permettrai quelques incursions dans l'univers de Jane.

    J'ai trouvé le point de départ de l'intrigue très fort: un témoin assiste à un meutre commis dans un train, aucun corps n'est retrouvé et tout reste à trouver prouver.

    Les premières démarches n'aboutissent à rien. L'amie de Miss Marple aurait-elle rêvé? Notre enquêtrice est certaine du contraire

    "Posément, comme un général projetant une campagne [...], Miss Marple passa en revue les éléments, qui plaidaient en faveur d'une initiative de sa part , et ceux qui s'y opposaient. Dans la colonne des "pour", on relevait:

    1. Ma longue expérience de la vie et de l'âme humaine

    2.Sir Henry Clithering et son filleul (aujourd'hui à Scotland Yard si je ne m'abuse)

    3. Le deuxième fils de mon neveu Raymond, David, qui travaille, j'en suis pratiquement certaine, dans les chemins de fer britanniques

    4. Leonard, le fils de Griselda, qui est si calé en cartes géographiques"

    Une fois son plan de bataille établi et ses premiers pions avancés, Miss Marple va rechercher l'aide d'un alliée. Elle la trouve en la personne de Lucy Eyelesbarrow, son ancienne garde-malade. Cette jeune femme se fait engager au manoir de Rutherford Hall comme gouvernante/cuisinière.

    Ce domaine pourrait, en effet, abriter le corps mystérieusement volatilisé. Lucy se met donc en quête d'indices, observe attentivement ses employeurs...

    Comme vous vous en doutez, cette persévérance va se révéler payante...Bien vite, Lucy découvre un cadavre. Et l'enquête officielle peut enfin démarrer. Reste à déterminer l'identité de la victime étranglée et bien entendu, du coupable.

    Les investigations se poursuivent, les meurtres se multiplient, les fausses pistes s'enchaînent...Et la reine du crime se montre de nouveau à la hauteur de sa réputation. Jusqu'aux dernières pages, je n'ai pas soupçonné l'identité du meutrier.

    J'ai beaucoup aimé l'idée de Miss Marple ayant besoin de quelqu'un pour la seconder. Le choix d'une jeune aide apporte un peu de piment, dans le sens où elle va faire tourner bien des têtes à Rutherford Hall. C'est d'ailleurs un des éléments que j'apprécie chez Agatha Christie: outre sa faculté à construire des intrigues incroyables, elle imagine de jolies histoires de coeur.

    De plus, les personnages secondaires m'ont beaucoup intéressée. Certains de leurs défauts (la radinerie du père que l'on retrouve chez deux des rejetons) m'ont bien amusée.

    Même si elle est sans doute moins présente que dans d'autres tomes, Miss Marple interagit avec eux, notamment lors d'une scène de thé où l'écrivain montre tout son talent pour décrire l'hypocrisie de la bonne société. Mais notre héroïne n'est pas dupe. Elle observe, comprend et analyse avec un grand discernement les relations entre chacun. Pour émettre ses jugements, elle a souvent recours aux comparaisons avec les habitants de son village (un tic qui m'agaçait au plus haut point quand j'étais adolescente mais qui m'a fait sourire à plusieurs reprises lors de cette lecture)

    "Savez-vous à qui vous me faites penser? Au jeune Thomas Eade, le fils de mon directeur de banque. Il adore choquer son monde"

    Bref, vous l'aurez compris: j'ai passé un très bon moment de lecture avec ce roman policier habilement construit et plein d'humour so british. Ce ne sera définitivement pas la dernière aventure de Miss Marple dans laquelle je me lancerai!

    Le Livre de Poche, 2009, 254 pages, 5,20 €

    Lu dans le cadre du challenge Au service de... et du challenge God save the livre 2013 d'Antoni.

     

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