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the frenchbooklover - Page 166

  • Madame Hemingway de Paula McLain

    Madame Hemingway

    de

    Paula McLain

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    "J'ai eu beau essayer de guérir de Paris, il m'a bien fallu admettre un jour qu'on ne s'en remet pas. En partie à cause de la guerre. Le monde s'était déjà écroulé une fois, ça pouvait recommencer à tout moment. La guerre était arrivée et, en éclatant alors que tout le monde disait que cela n'arriverait pas, elle nous avait changés."

    Octobre 1920: Hadley Richardson, une jeune Américaine de 29 ans, débarque à Chicago. Elle a répondu à l'invitation de Kate, son amie d'enfance et espère pouvoir oublier le dur été qu'elle vient de passer à assister à l'agonie de sa mère. Très vite, elles participent aux soirées arrosée d'un groupe d'amis. Hadley est invitée à danser par un inconnu.

    "Ernest Hemingway n'était encore qu'un inconnu pour moi, mais on aurait dit qu'il faisait le bonheur partout où il allait. Je ne discernais pas la moindre peur en lui, rien que de l'intensité, de la vitalité. Il posait des yeux pétillants sur le monde entier, et aussi sur moi quand, se penchant en arrière sur ses talons, il me fit tournoyer vers lui. Il me plaqua contre sa poitrine, son souffle chaud dans mon cou et mes cheveux"

    Après le retour d'Hadley à Saint-Louis, Ernest commence à lui écrire.

    "J'ai tellement de projets d'écriture, et il y'a tant de choses que je veux voir, sentir, faire. Dites-moi, vous souvenez-vous du moment où vous jouiez du piano, avec vos cheveux flamboyants qui retombaient en masse."

    Les deux jeunes gens se revoient, tombent amoureux et décident de se marier. Ils débutent leur vie conjugale dans "des conditions sordides" à Chicago. Ils dépendent du revenu annuel de 2000 dollars d'Hadley et des quelques articles rédigés par Ernest pour divers journaux. Ils caressent le rêve de partir à Rome pour qu'Ernest se consacre à l'écriture.

    Un dîner avec l'écrivain Sherwood Anderson et un héritage soudain leur font changer de plan. Les voilà partis tous les deux pour Paris. Ils entament alors une vie de bohême et croisent toute la "génération perdue" d'écrivains anglo-saxons expatriés: Gertrude Stein, Francis Scott Fitzgerald...

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    Cela faisait longtemps que j'avais repéré ce roman. Aussi, lorsque je l'ai aperçu samedi lors d'une de mes déambulations à Book-Off, je n'ai pas hésité longtemps.

    Paula McLain est une auteure américaine. Après avoir publié deux recueils de poésie et un roman A ticket to ride, elle s'est attelée à cet ouvrage.

    Très marquée par les pages émouvantes consacrées à Hadley dans Paris est une fête, elle a décidé d'aborder la vie d'Hemingway par le biais de sa première femme. Elle a donc parcouru de nombreuses biographies, lettres et romans (Le soleil se lève aussi, De nos jours...) avant de se lancer dans la rédaction de ce livre.

    Dès les premières lignes, j'ai été bouleversée par Hadley Richardson. Elle nous laisse clairement entendre qu'elle ne s'est jamais complètement remise de sa vie avec Ernest et de leur séjour à Paris. Et elle nous invite à la suivre dans ce retour dans le passé.

    Après ce prologue, on revient à un récit chronologique. Hadley nous raconte son histoire. Et très rarement, retentit la "voix" de son mari de l'époque. Ces ruptures narratives n'interviennent que pour mieux éclairer les événements dramatiques qui vont mener à la fin de leur vie conjugale.

    Le roman se découpe en plusieurs parties distinctes: une première phase autour de la rencontre, de la correspondance et du mariage; une seconde sur le début de la vie à Paris et la période d'apprentissage d'Ernest et enfin, la dernière sur le délitement de l'union d'Ernest et Hadley.

    Les chapitres autour de la rencontre des deux héros, de la phase de séduction et du mariage laissent entrevoir un Hemingway jeune, encore tendre. Un Hemingway passioné de boxe et déjà porté sur la bouteille et la fête. Un Hemingway qui rejette sa famille mais guette son assentiment. Un Hemingway qui aime la vie et qui est attiré par la force vitale d'Hadley.

    "Avec Hadley, la plupart du temps, les choses semblaient simples. Elle était bonne, forte et vraie, et il pouvait compter sur elle"

     

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    Puis, la vie conjugale débute. Hadley découvre de nouvelles facettes de son mari, telles que son besoin de se replier sur lui-même ou de s'éloigner pour écrire. Ernest s'impose une discipline quotidienne. Il part dans les cafés ou plus tard, à Paris, loue une chambre pour pouvoir se consacrer à son art.

    La seconde partie située dans la Ville Lumière m'a également beaucoup intéressée. J'étais ravie de me retrouver immergée dans le Paris des années folles qui m'a toujours fascinée.

    Les Hemingway rencontrent de nombreux expatriés anglo-saxons ou américains. Leurs chemins croisent ainsi Gertrude Stein, les Fitzgerald...Toute une foule d'artistes fascinants avec lesquels ils sympathisent.

     De cette période date également la passion d'Ernest pour les tauromachies. Une passion à laquelle il initie Hadley à Pampelune et qu'on retrouvera plus tard dans Le soleil se lève aussi.

    De plus, on assiste à l'éclosion d'un écrivain. Après de nombreuses péripéties plus ou moins dramatiques et au bout de nombreuses souffrances, Ernest parvient enfin à publier.

    "Ce fut la fin du combat d'Ernest avec l'apprentissage et la fin d'autres choses également. Il ne serait plus jamais inconnu. Mais nous ne serions plus jamais aussi heureux."

     

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    Et c'est là que commence la dernière partie. Une partie à la tonalité plus sombre, malgré les paysages ensoleillés de la Riviera. Une partie où on assiste au délitement de ce couple hors norme. Je n'expliciterai pas les raisons afin de vous laisser un peu de suspense.

    Ce roman permet donc une très belle incursion dans la vie du grand auteur américain. Paula McLain parvient à maintenir le juste équilibre entre  fiction et  biographie. Je n'ai jamais eu l'impression qu'elle versait ni dans un côté trop didactique ni dans un aspect trop fantaisiste.

    J'ai aussi beaucoup apprécié son style. Elle a conféré une très belle "voix" à Hadley. La première femme d'Hemingway m'est apparue lumineuse, tour à tour forte et affaiblie, profondément émouvante...

    Une fois refermé le livre, j'ai eu envie d'en savoir plus sur ce couple qui dénotait tant dans le Paris des années folles.

    Voici quelques photographies que j'ai trouvées lors de mes recherches et qui permettent de mettre un visage sur certaines personnalités croisées au fil des pages:

    -Gertrude Stein

     

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    -Pauline Pfeiffer

     

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    -Francis et Zelda Scott Fitzgerald

     

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    Bref, vous l'aurez compris: un roman passionnant qui nous fait assister aux débuts d'un grand écrivain et découvrir les "coulisses" de la publication d'un premier ouvrage. Le tout dans le Paris des années folles. Ce qui nous permet de croiser de nombreuses figures marquantes de l'époque. Je pense d'ailleurs que je ne tarderai pas à me plonger dans Paris est une fête.

    Buchet-Chastel, 2012, traduction de "The Paris wife", 478 pages, 24 € (il vient aussi de paraître en édition de poche)

    Lu dans le cadre du challenge La plume au féminin édition 2013

     

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  • Melissa et son voisin

    Melissa et son voisin

    de

    Meg Cabot

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    "Chère Melissa Fuller,

    Ceci est un message automatique du département des ressources humaines du New York Journal, le principal quotidien new-yorkais du photo-reportage. Veuillez noter que, selon votre supérieur, M. George Sanchez, directeur de rédaction, votre journée de travail au N.Y. Journal débute à 9 heures précises. Votre retard aujourd'hui est de 68 minutes. Il s'agit de votre 37ème retard de plus de 20 minutes, depuis le début de l'année, Melissa Fuller"

    Melissa Fuller tient la rubrique des potins du New York Journal. Quand commence le roman, elle est de nouveau en retard. Mais elle n'a prévenu personne. Tous ces collègues tentent de la joindre-sans succès-et élaborent divers scénarii quant à son absence. N'a t'elle pas supporté, par exemple, sa rupture avec le critique littéraire Aaron Fuller?

    La vérité est toute autre. Ce matin-là, en se levant, Melissa a remarqué des aboiements anormaux dans l'appartement de sa voisine octogénaire. Et, après avoir poussé la porte entrebaillée, elle a retrouvé Mme Friedlandler, inanimée et visiblement victime d'une agression. Elle a contacté immédiatement les urgences et s'est occupée des animaux domestiques.

    Malheureusement, après une opération réussie, Mme Friedlander est toujours dans le coma et Melissa contrainte de s'occuper de son chien et de ses deux chats. Ce qui perturbe passablement son quotidien. Elle parvient, finalement, à contacter Max Friedlander, le neveu de sa voisine, un photographe assez côté.

    Ce dernier n'a pas le moins du monde envie de s'intéresser aux problèmes de sa tante. Il dépêche donc à sa place son vieil ami, John Trent qui lui doit une faveur et accepte ainsi de se faire passer pour lui.

    La situation se complique quand John/Max tombe sous le charme de Melissa...

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    J'avais repéré ce roman dans la médiathèque où je travaille. J'avais envie de lecture toute en légèreté et il me semblait parfait.

    La structure épistolaire de cet ouvrage, paru en 2002, s'apparente à celle d' Attachement de Rainbow Rowell dont j'avais parlé précédemment. En effet, toute l'histoire est racontée sous la forme d'échanges de mails. Mais, là où ces échanges ne concernaient que peu de personnes dans Attachement, le lecteur est ici confronté à une quinzaine d'expéditeurs. Personnellement, je n'ai pas été dérangée par cette multiplicité de points de vue (surtout que l'intrigue se concentre essentiellement sur les courriels de Melissa, sa meilleure amie, John, son frère et Max).

    Je me suis assez vite attachée aux personnages. Melissa Fuller, jeune célibattante de 27 ans, m'a beaucoup fait rire, notamment lors de ses échanges avec les ressources humaines ou son directeur de rédaction.

    Comme, dans tout roman de chick lit, on retrouve face à elle le prince charmant. Un jeune homme doté de toutes les qualités mais maladroit. C'est un trait de caractère qui m'a touché et rappelé un certain Mark Darcy.

    Tous deux enchaînent les rendez-vous manqués...Bien vite, d'autres obstacles se dressent  devant eux, quand le vrai Max Friedlander refait surface. Les péripéties s'accumulent et font sourire...

    Parmi les amis, donneurs de plus ou moins bons conseils, que l'on retrouve toujours aussi dans ce genre littéraire, j'ai particulièrement accroché avec Nadine. Elle tient la rubrique culinaire du New Tork Times et doit se marier prochainement avec un chef cuisinier. Malheureusement, elle est très gourmande et ne parvient pas à rentrer dans la taille de ses rêves. Sa façon de parler de son mal être oscille toujours entre l'humour et la tristesse. Je n'ai pu m'empêcher de penser qu'elle préfigurait sans doute une autre héroïne de Meg Cabot: l'ex star de la pop Heather Wells de la série Une irrésistible envie de...

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    Je n'évoquerai pas tous les protagonistes car la liste serait trop longue. Néanmoins, je tiens à souligner que je les ai tous trouvés bien campés. Même si elle ne les fait apparaître que pendant quelques mails, l'auteure est parvenue à leur donner à tous leur propre identité.

    Bref, vous l'aurez compris: on se doute bien vite de l'issue de ce roman, comme toute chick lit qui se respecte, mais on passe un très bon moment de détente grâce à une intrigue plaisante et des personnages attachants et drôles.

    Le Livre de Poche, 2008, 380 pages, 6,50 €

    Lu dans le cadre du challenge La Plume au féminin 2013

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  • L'Etrangleur de Cater Street

    L'Etrangleur de Cater Street

    de

    Anne Perry

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    "Charlotte Ellison se tenait au milieu du salon désert, le journal à la main. Son père avait commis l'imprudence de le laisser traîner sur la desserte. Il désapprouvait ce genre de lecture, préférant lui fournir des informations qui lui semblaient mieux convenir à l'éducation d'une jeune fille. Cela excluait les scandales, d'ordre politique ou personnel, les controverses de toute nature et bien entendu, les crimes: tout ce qui, en fait, présentait un intérêt!"

    Londres, 1881, des femmes sont retrouvées etranglées dans le quartier de Cater Street. A chaque fois, on leur a arraché leurs vêtements et tailladé la poitrine. Charlotte Ellison, une jeune femme au caractère indomptable, entend parler de loin de ces crimes. Mais, un jour, le meurtrier s'attaque à une des jeunes servantes de la maison.

    Une enquête débute. Une enquête menée par Thomas Pitt, un jeune inspecteur de Scotland Yard qui n'est pas insensible aux charmes de la belle Charlotte...

     

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    Comme vous le savez, grâce à Syl, je me suis plongée récemment dans les aventures du ténébreux William Monk (j'en suis déjà au sixième tome). Mais une lecture commune avec Bianca et Céline m'a convaincue de m'intéresser à une autre série d'Anne Perry: celle des Charlotte et Thomas Pitt, entamée en 1979.

    Voici donc le premier tome de leurs exploits. J'ai retrouvé avec plaisir le talent de l'auteure pour ressusciter une époque. L'action se situe trois décennies après les histoires de Monk, Latterly, Rathbone...Mais le carcan de la société victorienne se fait toujours autant sentir.

    La description de la maisonnée Ellison et de la micro-société qui gravite autour nous permet de prendre conscience de la rigidité des codes sous le règne de Victoria. Cette rigidité s'applique plus particulièrement aux femmes qui ne peuvent être aussi instruites que les hommes ou bénéficier des même libertés.

    Cette inégalité se révèle pleinement dans les révélations d'adultères et dans les justifications apportées par l'un des coupables. Charlotte rétorque même "Vous avez des règles de conduite pour vous-mêmes et d'autres pour nous"

    J'ai justement adoré le caractère de l'héroïne. Une femme forte, franche, qui ne sait pas calculer et ne peut céder à aucune compromission. Bref, une femme qui ne correspond pas du tout à ce qui est attendu d'elle. Son comportement fait d'ailleurs peur à ses proches qui craignent de ne jamais la voir trouver le bonheur conjugal si elle ne parvient pas à mieux juguler ses émotions.

    Dans ce premier tome, on assiste à son évolution sentimentale. Dès les premières pages, on apprend qu'elle est éprise de son beau-frère.

    "Puis Dominic entra. Charlotte sentit sa gorge se serrer. Vraiment, elle aurait dû surmonter cela depuis longtemps! C'était absurde. "

    Cette inclination ne passe pas inaperçue pour certaines femmes de sa famille. En effet, la demeure des Ellison comprend, outre Charlotte, quatre autres membres féminins. La grand-mère, acariâtre, qui reproche en permanence à sa bru le comportement de ses petites filles...La mère, Caroline, une femme au caractère bien trempé qu'elle a réussi à dissimuler depuis des années..La soeur aînée, Sarah, mariée à Dominic....Et enfin, la benjamine Emilie, très calculatrice et qui tente d'épouser Lord Ashworth...Toutes ces protagonistes sont autant de reflets de la condition féminine à l'époque victorienne. Une condition de moins en moins bien acceptée au fil des générations.

    Face à elles, les hommes font pâle figure. A l'exception bien entendu de Thomas Pitt. J'ai pris beaucoup de plaisir aux scènes où le jeune inspecteur apparaissait. Je n'ai pas eu de coup de foudre comme pour William Monk mais j'apprécie son esprit vif, son sens de la répartie, son empathie. J'aurais grand plaisir à le retrouver dans de prochaines aventures.

    J'ai également suivi avec intérêt l'enquête policière. Plusieurs fausses pistes se sont présentées à moi et comme certains personnages principaux, j'ai douté. Je ne m'attendais pas du tout à cette résolution.

    Bref, vous l'aurez compris: je suis de nouveau conquise par une série imaginée par Anne Perry. Je pense d'ailleurs que je ne tarderai pas à ouvrir le second tome des Pitt.

    Editions 10/18, 1997, collection "Grands détectives", 7,50 €

    Un billet dans le cadre d'une lecture commune avec Bianca, Céline et Virgule et dans le cadre des challenges: Anne Perry, God save the livre 2013, Victorien, La plume au féminin 2013 et polar historique.           

                                  

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